RTE : la croyance en un mix électrique 100% EnR

  "...Quelle que soit la faisabilité technique, il n'a pas été regardé combien ça coûterait, si ce serait rentable, acceptable socialement. On apprend plus loin que les conséquences environnementales n'ont pas été regardées non plus..."
   Tout est résumé!
   RTE, et, donc, la France, me rappelle le personnage de Vin Tanner, Steve McQueen, dans le film The Magnificent Seven, Les 7 mercenaires (1960), qui parle de : "C'est comme l'histoire de ce type qui s'est jeté d'un immeuble de dix étages. A chaque étage, les gens l'entendaient dire : "Jusqu'ici, ça va. Jusqu'ici, ça va. Jusqu'ici, ça va."
  Mais sérieusement, comment la France, sur le podium de la production mondiale d'électricité, avec les USA et la Chine, en est arrivée à confier l'avenir énergétique de 68 millions de citoyens au gré du vent et du soleil? Mais le pire est que la majorité des Français, surtout les plus jeunes, y croient!
  Ce pays est foutu.

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RTE, Rapport : la faisabilité technique d'un mix 100% EnR, une analyse

Alexis Quentin
Membre de Voix du nucléaire
2021 01 28

   Vous le savez peut-être, mais RTE France a sorti aujourd'hui un rapport avec l'Agence internationale de l'énergie (IEA) sur les conditions et prérequis en matière de faisabilité technique pour un système électrique avec une forte proportion de renouvelable à l'horizon 2050. Outre ce rapport, RTE a mis en ligne les documents relatifs à une consultation publique portant sur 8 scénarios à horizon 2050. Tous les documents sont disponibles ICI
  Je viens de finir la synthèse du rapport, et le moins que l'on puisse dire, c'est que je ne partage pas l'enthousiasme de certains sur "la faisabilité technique d'un mix 100% EnR" pourtant claironné depuis quelques heures.
  Le rapport précise que 4 conditions doivent être doivent être remplies pour permettre l'intégration d'une très forte part d' ENR dans le mix électrique :
  1. Stabilité du système électrique
  2. Sécurité d'alimentation 
  3. Des réserves opérationnelles 
  4. Développement des réseaux
  Mais un petit paragraphe a attiré mon attention. Quelle que soit la faisabilité technique, il n'a pas été regardé combien ça coûterait, si ce serait rentable, acceptable socialement. On apprend plus loin que les conséquences environnementales n'ont pas été regardées non plus.


  Ces différents éléments devraient venir à l'automne, avec les études plus précises sur les 8 scénarios de RTE.

1) La stabilité du système électrique
  Aujourd'hui, elle est assurée par les rotor des centrales électriques qui tournent de manière synchrone.  Quand il y a un soucis, les rotors s'adaptent automatiquement, en tournant un peu plus vite ou moins vite, et cela permet au système de se rétablir, on parle de "grid forming", "formation d'un réseau". Vous le savez ou pas, les EnR, comprendre ici, l'éolien et photovoltaïque, ne fonctionnent pas comme ça.

  La plus forte part de "grid following", "réseau suivant" par rapport au grid forming va avoir besoin de solution. Le rapport précise qu'il existe des solutions à différents stades de maturité, certaines étant encore au stade de la R&D, en tout cas pas déployées à grande échelle.
  Le rapport précise aussi qu'il faudra mettre en place des nouveaux outils de régulations et de réglementation. Un point d'attention est cependant donné sur les scénarios à forte part de photovoltaïque, car il y aurait un impact fort sur les réseaux de distribution. Donc, pour résumé :

 

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  Donc même si, en théorie, on sait faire, dans les faits, les solutions à grande échelle ne sont pas disponibles commercialement. Donc, aujourd'hui, cette condition n'est pas satisfaite.

2) La sécurité d'alimentation

  Où comment gérer l'intermittence de production, étant donné qu'on exploite l'hydraulique presque à son maximum. Jusqu'en 2035, suivant la PPE, il ne devrait pas y avoir de problème. Pour après ...
Plusieurs solutions proposées :
1) de nouvelles unités de pointe, fonctionnant aujourd'hui au gaz fossile mais devront demain fonctionner à l'hydrogène ou au biogaz ; ben oui, sinon on n'est plus dans le... renouvelable!
2) des installations de stockage à grande échelle : batteries, STEP, P2G2P.
3) la flexibilité de la demande, c'est-à-dire capacité d'effacement et pilotage intelligent de la consommation
4) plus d'interconnexion.

  Le point central du rapport sur ce thème, c'est vraiment la flexibilité de la demande, en particulier sur les véhicules électriques. Par contre, les véhicules électriques, c'est du grid follower, "suiveur de réseau", il faudra faire d'autant plus attention à la stabilité du réseau.
  Autre point, celui des coûts. Arrêtez de nous bassiner avec les Levelized Cost of Energy (LCOE), signifiant « coût actualisé de l’énergie », plus faible des EnR car le calcul ne prend pas en compte tous les paramètres. La Cour des Comptes le disait aussi dans son rapport sur la filière EPR.

   Donc, il faut dénoncer la "fake new" du lobby des EnR, prétendant que "l'éolien est moins cher au MWh ou le solaire est moins cher au MWh" que le nucléaire. Une bonne révision s'impose!

Lire sur le même sujet : Rapport de la Cour des comptes sur Le soutien aux énergies renouvelables
 
  Ces scénarios posent aussi des questions industrielles : " il est nécessaire de s’intéresser à la maturité de ces solutions [batteries, smart grid, hydrogène] et de vérifier qu’elles ont le potentiel d’être déployées à grande échelle dans les délais escomptés." Voilà, c'est dit. Le dernier paragraphe se passe de commentaires :

  Il est clair que l'on est plus près de l'incantation à la "providence" que de solutions clefs en main. On n'a pas le cul sorti des ronces.  

 
3) Les réserves opérationnelles
  Ce sont celles qu'on peut activer en cas de problèmes réseau pour éviter les black out. Sur ce point là, pas grand chose à dire, on est déjà pas mal, à part que... À part que les EnR pourraient être sollicitées pour faire partie de la réserve, mais pour ça, il faudrait qu'on sache exactement qui produit quoi, et ce n'est pas le cas. Par exemple :
  "... Puisque tu en parles, mettons franchement les pieds dans le plat : une centrale solaire de 230 MWc normalement tenue de publier sa disponibilité Et bien non : ce sont en fait 25 centrales de 9.2 MW déclarées au même endroit. Astucieux !" https://opendata.reseaux-energies.fr/explore/dataset/registre-national-installation-production-stockage-electricite-agrege/table/?disjunctive.epci&disjunctive.departement&disjunctive.region&disjunctive.filiere&disjunctive.combustible&disjunctive.combustiblessecondaires&disjunctive.technologie&disjunctive.regime&disjunctive.gestionnaire&sort=codeinseecommune&q=CONSTANTIN

 http://

 

 
 
  Bref, ici pas grande inquiétude à avoir, on sera surtout sur de l'adaptation réglementaire. Et puis la transparence, cela a du bon : 



4) Le développement des réseaux électriques
  Il faudra fortement adapté le réseau mais une partie des investissement est déjà prévu. Un "mur" d'investissement de 50 milliards  Sauf que dans le cas qui nous intéresse, celui-ci, étrangement, n'est pas considéré comme un obstacle, mais...comme une opportunité. L’effet " quoiqu'il en coûte"?
  Mais revenons à nos moutons. Il y a deux réseaux principaux, 225kV-400kV & 63kV-90kV. 
  Pour le premier nommé, pas de soucis d'après le rapport. Ce réseau, construit pour le parc nucléaire historique, sera toujours là et n'aura pas besoin de beaucoup d'adaptation.
  En revanche, le second lui devra être repensé d'ici 2050 mais ça risque fort d'être une autre mayonnaise d'un point de vue de l'acceptabilité sociale.
 

   À part ça, il n'y a pas ici de grosse incertitude d'arriver aux fins voulues, à condition d'y mettre les moyens financiers, le fameux "mur" d'investissement :
 
 
 
Conclusion
   Sur les 4 critères, les deux derniers ne posent pas spécialement de problème. En ce qui concerne le deuxième, les installations de stockage à grande échelle, il a encore besoin de démonstration industrielle sur les solutions de stockage. Quand au premier, la stabilité du système électrique, même s'il existe une solution théorique, personne ne sait si cela fonctionnera à grande échelle. Comme un médicament qui marcherait in vitro mais dont on ne sait pas s'il fonctionnera in vivo.
  Toute ressemblance avec une situation déjà existante, tout ça ...
  Bref, bien loin de montrer la faisabilité technique d'un mix à forte pénétration EnR, sans même aller jusqu'aux 100%, le rapport montre surtout que de la théorie à la réalité il y a encore beaucoup d'obstacles à franchir et, sans avoir, mazette, la certitude de pouvoir réussir dans cette entreprise.   Surprise! Dans ce "plan sur la comète" aucune étude approfondie n'apparait sur l'impact environnemental et économique. Mais pire, rien sur l' acceptabilité sociale. Pourtant, ce paramètre ne devrait-il pas être une des priorités d'un gouvernement démocratique?



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