La Haute-Marne pendant la Révolution : Les Jacobins de Bourmont, 1791-1794, épisode II

Précédemment
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Avant-propos
   La Haute-Marne n'a pas été le cadre, pendant la Révolution, d'évènements spectaculaires ou de bouleversements d'ampleur nationale. Est-ce à dire que l'histoire du département pendant cette période n'est qu'une page blanche? Un pays qui n'a subi sur son sol ni guerre civile, ni guerre étrangère, qui n'a donné à la scène politique nationale aucune tête d'affiche, où la Révolution a fait couler plus d'encre que de sang mérite-t-il que l'historien s'intéresse à lui? Ce serait oublier que l'histoire n'est pas faite que du fracas des batailles et du tumulte de la "grande" politique, mais que les modifications lentes et discrètes du social, du culturel et de l'économique y ont aussi leur place. La Haute-Marne a subi comme le reste de la France les conséquences des bouleversements révolutionnaires et elle en porte encore l'empreinte.  Elle méritait donc elle aussi de susciter la curiosité du chercheur et les réflexions de l'historien...

Les Jacobins de Bourmont, 1791-1794

Jacques Bernet
p.11-17

À plusieurs reprises le club entendit bien délimiter le champ de son activité et se défendit de jamais empiéter sur les prérogatives des autorités constituées. Ainsi il rapporta, à la fin de brumaire an II, un arrêté nommant deux de ses membres comme commissaires adjoints à la municipalité pour surveiller la distribution des grains sur le marché : "... il n'existe aucune loi qui obligeât les Sociétés populaires surveillantes d'abord par leurs instructions à assister à ces opérations...(elle) se repose entièrement sur le zèle et les soins du conseil général ", 27 brumaire an II. De la même façon, le 5 ventôse an II, on combattit la motion faite par un membre d'afficher le nom des sociétaires et des habitants n'ayant pas encore payé leurs impôts : "la police de la société ne peut s'étendre que sur ses membres, à l'administration seule appartient la surveillance immédiate et spéciale du recouvrement des impôts". Loin de fonctionner comme un groupe de pression ou de municipalité parallèle, le club de Bourmont pourtant peuplé de nombreux fonctionnaires publics, a toujours combattu ceux qui, en son sein, voulaient lui donner un rôle plus actif et quasi-institutionnel. Il se défendit par ailleurs d'exercer une quelconque censure sur d'autres clubs : en témoignent ses réponses aux Jacobins de Chaumont, qui prenaient des renseignements sur une demande d'affiliation d'une "société des sans-culottes" de Breuvannes, en pluviôse, an II 16, ou encore à la société populaire de Lamarche, Vosges, sollicitant des commissaires de Bourmont pour aider à son épuration, en floréal an II 17. En revanche le club refusa d'accéder à la demande des jeunes de la commune, en ventôse puis floréal an II, qui proposaient de créer une "société des élèves de la patrie", peut-être par crainte de concurrence, comme à Latrecey, dans le district de Chaumont 18 : tout en applaudissant au "zèle des jeunes républicains", on ajourna indéfiniment leur proposition et on se contenta de leur réserver des bancs dans la salle des séances, où ils venaient accompagnés par leurs instituteurs et récitaient fréquemment des articles de la Déclaration
des Droits de l' Homme.
  Affiliée précocement aux Jacobins de Paris, la société de Bourmont entretint d'actives relations avec la "société-mère" de la capitale jusqu'à l'époque thermidorienne. Elle ne semble pas avoir eu d'autres affiliations, au moins en 1793-1794, et n'eut que peu de liens avec d'autres clubs, même voisins, à la différence des sociétés de Chaumont, Bourbonne ou Saint-Dizier, qui rayonnaient largement sur leur district ou le département. On note des relations de correspondance, ou à l'occasion de passage des membres d'autres clubs, avec quelques sociétés de la Haute-Marne : Bourbonne, Saint-Dizier, Chaumont, Langres, Courcelles-Saint-Loup, Andelot et une seule autre société champenoise, celle de Troyes ; de par ses traditions lorraines, le club de Bourmont était plus volontiers en relations avec ses consœurs de l' Est de la France : Nancy, Strasbourg, Beaune, Verdun, "Mouzon-Meuse", ci-devant Neufchâteau, Lamarche, Darney, Gray,  Saint-Dié, Semur-en-Auxois, Arnay-sur-Arroux. Mais la correspondance avec les autres sociétés le mettait en contact avec toutes les régions de la France, de Marseille à Rouen, de Toulouse à Bordeaux. Outre le bulletin de la Convention, le club recevait des feuilles parisiennes et l'on signale son réabonnement au "Journal des Hommes libres", 5 nivôse an II.

II) Les effectifs et la composition du club, 1793-1794

  Si les effectifs de la première Société des Amis de la Constitution de 1791 paraissent avoir été exceptionnellement importants, en raison d'un recrutement étendu à tout le district, nous ignorons en revanche la composition exacte des quelque 1 500 à 1 600 Jacobins cités par la municipalité en juillet 1791. Un grand nombre d’habitants de Bourmont, dont une bonne partie d'administrateurs et d'élus, sans doute, mais aussi de forts contingents ruraux, si l'on en croit l'exemple de Breuvannes, 113
adhésions en juillet 1791 et de Saint-Thiébault.
  Les adhérents de la société populaire de 1793-1794 nous sont mieux connus puisque le registre des délibérations nous fournit des listes nominatives d'admission, à partir du 21 vendémiaire an II, 12 octobre 1793, date à laquelle fut intégrée une première fournée de 83 sociétaires, qui peuvent être considérés, comme le noyau fondateur de la seconde société. On note parmi eux plusieurs personnalités administratives de premier plan comme l'avocat Jean-Denis Henry, maire en 1790, le maire de l'époque François Marteau, le procureur-syndic du district  Charles-Nicolas Vincent 19, le président du comité de surveillance Jean-Charles-Léopold Henri-Marcilly, l'instituteur Antoine Hennequin, greffier municipal, ainsi que des juges du tribunal, des administrateurs du district, des membres du conseil général de la commune ; hommes de loi, instituteurs ou prêtres figurent en bonne place dans cette liste, malheureusement trop imprécise quand à l'origine socio-professionnelle de la majorité des noms cités.
Les admissions se poursuivent à un rythme soutenu au cours des séances suivantes :
- 23, le 29 vendémiaire, dont le procureur de la commune Claude-Jean-Baptiste Parmentier ;
- 6, le 2 brumaire, parmi lesquels le curé assermenté de Bourmont Christophe-Hilaire Bourgogne, membre de la municipalité depuis 1790, et Edme-Nicolas Boileteau, administrateur du département
- 23, le 6 brumaire ;
- 13, le 11 brumaire ;
- 6, le 13 brumaire ;
- 13, le 20 brumaire ;
- 2, le 27 brumaire ;
- 10, les 2 & 4 frimaire ;
- 5, les 9 & 11 frimaire ;
- 13, les 14 & 16 frimaire ;
- 5, le 18 frimaire ;
- 10, les 23 & 25 frimaire.

On reçut encore 35 nouveaux membres en nivôse, dont le président du district Claude Elophe Messager, dont l'adhésion, le 28 nivôse an II, paraît curieusement tardive. Au début de pluviôse an II, le club de Bourmont comptait déjà près de 250 membres et l'on peut considérer qu'il avait fait à peu près le plein de ses adhérents, puisque l'on n'enregistra guère plus de 25 adhésions supplémentaires jusqu'à la date avancée du 12 vendémiaire an III, 3 octobre 1794. 20 À partir de pluviôse an II, il est vrai, que les conditions d'admission furent un peu plus restrictives - certains auraient même voulu les interrompre complètement pour Bourmont - on exigea désormais un certificat de civisme pour les postulants extérieurs à la ville et la présence effective en séance, sauf pour les "défenseurs de la patrie" originaires du district automatiquement et symboliquement intégrés au club, sur simple présentation par leurs
parents.
  Au total, nous avons pu recenser dans le registre 275 membres ayant adhéré au club en l'an II et l'an III, dont 205 domiciliés à Bourmont - ce qui constitue un chiffre très important pour quelque 1 100 habitants - et 70 originaires d'une trentaine de communes rurales du district, principalement Saint-Thiébault, Bourg-Sainte-Marie, Huillécourt, Graffigny, Breuvannes, Chalvraines, Levécourt ou Goncourt. 21 Le club de Bourmont fut incontestablement un des plus nombreux du département, surtout si l'on considère la taille modeste de la ville chef-lieu ; les effectifs paraissent en revanche plus modestes à l'échelle du district, dépourvu, semble-t-il, d'un réseau de club-relais dans les chefs-lieux de cantons ou les villages éloignés, sous la réserve du cas mal éclairci de la société de Breuvannes, don t
nous avons déjà cité la tentative, en pluviôse an II.
  Le registre ne nous donne que des indications fragmentaires sur l'origine socio-professionnelle des clubistes de Bourmont et nous n'avons pas retrouvé la liste des membres établie en vertu du décret de la Convention du 25 vendémiaire an III. 22 Aussi, ne pouvons-nous établir que des estimations partielles. Le club intégra une dizaine de curés et vicaires de Bourmont et des environs, cités jusqu'en floréal an II comme "ministres du culte catholique", et dont certains, tel le vicaire Collin, se virent attribuer des responsabilités de commissaire de la société pour le recensement des subsistances ; le club n'a jamais pris de mesure d'exclusion à leur encontre - alors que l'on décidera, tardivement il est vrai, 12 thermidor an II, d'en éliminer " la ci-devant noblesse... parce qu'elle n'entend point le droit de l'égalité et qu'elle ne peut point être libre" 22 bis ; cependant on se plaignit, le 22 floréal an II, " de ne point voir au club des prêtres qui en sont membres dans un moment où leur présence serait nécessaire pour éclairer le peuple sur les illusions qu'il se fait relativement aux cultes des églises" : cette attaque coïncidait avec les mesures très tardives prises par l'administration locale à l'encontre du culte catholique, et qui provoquèrent de vives résistances de la population. Le club compta aussi de nombreux militaires : outre les gendarmes du lieu, il s'agit des jeunes recrues du district, revenues en convalescence ou présentes aux armées, mais affiliées au club sur présentation par leurs parents. Les hommes de loi et autres gens à talents - avoués, avocats, juges... - furent également nombreux et l'on retrouva le plus souvent leurs noms dans le bureau ou les comités - les Blanchelaine, Lepage, Becus, Huot ou Pontarlier - ; on note aussi la présence des instituteurs de Bourmont et des environs, notamment Claude-Charles Diez, responsable du collège et Antoine Hennequin, aussi greffier municipal, qui venaient au club accompagnés de leurs élèves. La société comptait encore des commis de l'administration et d'une manière plus générale de nombreux élus : pratiquement tous les administrateurs du district, l'ensemble du comité de surveillance de la ville 23, une bonne partie du conseil général de la commune de Bourmont et du tribunal du district, des maires et procureurs de communes rurales, des juges de paix de cantons extérieurs à la ville. Cette relative confusion entre le club et les administrations révolutionnaires de l'an II est, à vrai dire, assez classique. Nous connaissons moins bien le poids des classes plus populaires dans le club : il ne fait pas de doute qu'il ait nécessairement intégré de nombreux artisans et commerçants du bourg - on cite des tailleurs de pierre, tonneliers, couvreurs, des "marchands" et "négociants", un fondeur de cloches, un "architecte"... - et pour les campagnes un certain nombre de "cultivateurs", sans plus de précisions. La composition sociale du club de Bourmont parait donc avoir été classiquement hétérogène en l'an II : peuplé par la masse de petits producteurs indépendants de la ville, avec un appoint rural sans doute plus élitiste, il fut dominé par les gens à talents, hommes de loi, professions libérales et intellectuelles, "bourgeois" rentiers, qui tenaient aussi
l’essentiel des administrations locales.
  Le nombre d'adhérents au club ne doit pas non plus faire illusion : l'assistance aux séances était, en dehors de quelques grandes occasions, beaucoup moins fournie. Plus exactement, elle tendit à fléchir après les premières semaines ou les premiers mois d'euphorie et de mobilisation consécutifs à la "régénération" du club en octobre 1793. Le registre de délibérations témoigne bien de ces fluctuations : en brumaire, frimaire, nivôse an II, les assemblées sont qualifiées de "nombreuses", voire "en très grand nombre". Lors de la fête du 10 nivôse an II, célébrant la reprise de Toulon [en 1793, Bonaparte commande l'artillerie de l'armée républicaine assiégeant Toulon, livrée aux Anglais par les royalistes], on se réjouit de "l'affluence extraordinaire ds citoyens de Bourmont et des campagnes" ; 150 citoyens, "tous membres de la société populaire" se rendent dans la grande salle des séances du district pour un repas civique puis entament une marche aux flambeaux dans la ville.   



Siège de Toulon (1793), par Siméon Fort @napopedia.fr

Mais à partir de pluviôse le club connut une défection croissante, au point que l'on débattit lors des séances des 21 et 28 de ce mois sur le quorum nécessaire pour délibérer et voter : celui-ci fut fixé au chiffre bien modeste de 25 membres présents pour prendre des arrêtés "même provisoires" ; "pour ceux de la dernière importance, il fallait la preque quasi totalité des sociétaires qui seraient convoqués à cet effet " ; cette éventualité était jugée preque impossible pour certains, "surtout dans les séances qui tombent les jours ouvriers". On discuta donc sur les dates et heures de séances, sans trouver de solution vraiment satisfaisante. Lors du débat du 5 ventôse, alors que l'on proposait de fixer à l'avance l'heure des assemblées "ignorées de beaucoup de sociétaires étrangers" et de " l' annoncer à son de cloche", un membre répondit que ces derniers venaient surtout à l'heure du courrier pour apprendre les nouvelles, ce qui provoqua cette réplique amère d'un autre sociétaire, déplorant l'essoufflement du militantisme : "... sans doute les sociétaires ne s'assemblaient point seulement pour entendre les nouvelles, qu'ils avaient d'autres motifs plus essentiels, celui de nourrir l'esprit public dans les campagnes et d'en stimuler les citoyens et propager les principes en leur faisant sentir les bienfaits de notre institution, si chère à de vrais républicains". Le 7 messidor [19 juin au 18 juillet] an II un membre dit : " de la manière la plus énergique qu'il remarquait depuis longtemps que les séances de la société n'étaient point nombreuses" et s'efforça d'expliquer ce "refroidissement apparent" en mettant en relations " l'insouciance que l'on avait d'assister aux séances" avec " l' indifférence que l'on marquait pour la célébration des jours de décades" : c'était avouer l' impopularité de la déchristianisation et témoigner d'un rejet ou au moins d'une lassitude de la masse, en une période de soudure particulièrement difficile. Le club s'efforça de redresser la situation en organisant une pompe solennelle pour les cérémonies décadaires et, misant avant tout sur le patriotisme national, multiplia les fêtes civiques en l'honneur des victoires militaires du début de l'été 1794 : il paraît avoir remporté quelques succès en ce domaine, jusqu'au lendemain du 9 thermidor [les 9 et 10 thermidor an II, 27-28 juillet 1794, virent la chute de Robespierre et mirent fin à la Convention montagnarde et à la Terreur] dont la nouvelle provoqua quelques séances nombreuses et animées.

9 Thermidor - décret de la Convention nationale - mise hors de la loi des robespierristes.jpg

Les mois d'été, consacrés aux travaux agricoles, amenèrent un nouveau fléchissement de la fréquentation du club, que l'on ne parvint guère à redresser à l'automne. Le 7 vendémiaire an III, un membre déplora  " la tiédeur qui avait paru dans tous les actes relatifs à la célébration de la fête des sans-culottides", stigmatisa " l'insouciance de la conduite de quelques membres " et réclama une organisation "pompeuse" de la fête décadaire du 10 vendémiaire, consacrée aux victoires de la République. Mais visiblement le coeur n'y était plus : après cette date les séances publiques du club, malgré leur rythme toujours soutenu, paraissent de plus en plus vides et brèves : on se contente d'y lire les nouvelles et de chanter des hymnes républicains. Lors de l'ultime séance dont nous possédons le procès-verbal, le 26 brumaire an III [22 octobre au 20 novembre], les quelques présents eurent "la douleur et peine de voir l'assemblée déserte" et demandèrent en vain des mesures de redressement. Il semble bien que cette désaffection du public ait eu raison du club et qu'il cessa de se réunir après cette date, faute de combattants.

III) Un club conformiste et modéré

 
À suivre...

La Haute-Marne pendant la Révolution, Actes des 10eme Journées d'art et d'histoire Chaumont, Langres, Saint-Dizier, 21-23 avril 1989, Chaumont, 1989. 

16. 17 pluviôse an II, cf. note 4.

17. 18 & 20 floréal an II : la société de Lamarche avait invité celle de Bourmont à lui envoyer des commissaires "pour s'assurer des principes républicains qu'elle professe et la juger d'après témoignage du peuple" ; les Jacobins de Bourmont demandèrent leur avis aux Jacobins de Paris avant d'envoyer un représentant à Lamarche.

18. Le projet, présenté le 1er ventôse an II par le jeune Bailly applaudi mais "ajourné définitivement" ; il est présenté à nouveau le 18 floréal : " déjà nous avons demandé à la Société populaire de nous réunir sous le nom  de Société des élèves de la Partie mais notre pétition a été rejetée parce que l'on a pensé que cela pouvait avoir des inconvénients. Maintenant excités par l'exemple de ces jeunes républicains, nous venons avec confiance vous réitérer notre demande ". Nous ne connaissons qu'un seul autre exemple de société de jeunes en Haute-Marne, celui de la " Société des Jeunes Amis de la Liberté " de Latrecey, qui regroupait des enfants de 10 à 20 ans et entra en concurrence avec la société populaire des adultes de ce village. A.D.H.M., E dep. 216, registre de délibérations de la Société des Amis de l' Unité de la République et de l' Égalité 26 frimaire an II - 26 brumaire an III.

19. Procureur-syndic du district depuis l'automne 1792, confirmé par les représentants Roux et Perrin de passage à Bourmont début avril 1793, Ch.N.Vincent apparait comme un des rares Jacobins intransigeants de la ville à cette époque : en mai 1793, il stigmatisa la "faiblesse" de la municipalité, qui avait radié de nombreux noms de la liste de suspects établie par le premier comité de surveillance, notamment les anciennes religieuses Annonciades, très hostiles aux curés constitutionnels et à l'origine d'incidents en 1791-1792 : " c'est quand le tocsin des patriotes sonne que vous courez auprès de vos ennemis. Vous ne voyez pas qu'ils sont frappés de la terreur la plus profonde et dans votre faiblesse que vous prenez pour de l'humanité, vous croyez qu'une conduite dont l'incivisme a marqué tous les pas, depuis les premiers moments de la Révolution, s'effaçait par une démarche aussi insignifiante qu'elle est lâche ; vous exigez des serments! les parjures vous en feront du matin au soir ; ils nous ont prouvé qu'ils regardaient comme une vertu le crime de les trahir. S'ils n'étaient encore qu'aristocrates, mais ceux que vous préconisez sont des fanatiques, de vils valets de la malveillance sacerdotale et qui, malgré vous, réuniront leurs pensées sanguinaires du désir d'une profonde vengeance. Votre indulgence est coupable, d'ailleurs elle est contraire à la loi... et le peuple qui connait ses ennemis, le peuple qui vous fait marcher à sa tête pour lui servir de sentinelle, verra que vous avez placé dans son sein des rebelles qu'il ne vous pardonnera pas d'avoir patriotisés". Délibérations communales de Bourmont, 2 mai 1793. Ce personnage fut élu le 20 mai président du comité de surveillance de Bourmont et agent national du district ; on le trouve à plusieurs reprises à la présidence de la société populaire en l'an II.

20. Il s'agit en l' occurrence d' Etienne-Léopold-Nicolas Delapaix, originaire de Manois, nouveau président du district, à la suite de l'épuration thermidorienne.

21. Tous les chefs-lieux de canton étaient représentés, ce qui permet de confirmer que ces communes, à l' exception de Breuvannes, ne s'étaient pas dotées de sociétés populaires. On note même un adhérent d' Andelot, dépendant du district de Chaumont.

22. Afin de briser l'opposition des anciens Jacobins, la Convention thermidorienne avait demandé aux autorités constituées de fournir des listes nominatives des clubs, dont on pourrait ainsi estimer la réelle représentativité. Le décret interdisait par ailleurs les pétitions collectives et imposait la signature individuelle de chaque adhérent pour toute adresse. Nous n'avons pas trouvé trace de l' application de cette loi à Bourmont.

22bis. Le club comptait un certain nombre d'officiers militaires de petite noblesse, tel l'ancien maire Ch.N. Henry, qui figurait d'ailleurs à ce titre sur la première liste de suspects établie en avril 1793. Délibérations communales, 18 avril 1793.

23. Le 21 prairial an II [ 20 mai au 18 juin] , au lendemain de la fête de l' Être suprême [en avril 1794, après l’élimination des Hébertistes, après les mesures prises à l’encontre des sans-culottes (épuration de la Commune de Paris, démantèlement des sections, etc.), le comité de Salut Public se trouvait privé d’un soutien populaire dont il avait craint les excès. La Révolution était « glacée », selon l’expression de Saint-Just. Quelques gages donnés à la bourgeoisie dans le domaine économique ne pouvaient suffire à élargir les bases sociales du régime. C’est pour dépasser les divergences idéologiques et les oppositions de classes par le recours à un consensus d’ordre moral et même métaphysique, que, dans le discours du 18 floréal an II, au cours d’une véritable profession de foi déiste, très imprégnée des idées de Rousseau, Robespierre réclama l’instauration d’une religion de l’Être Suprême. La célébration du nouveau culte fut admise par la Convention au nombre des fêtes nationales et décadaires. Cette religion de substitution devait théoriquement pallier les effets de la déchristianisation croissante, ceux qu’entraînait la disparition du principe d’ordre sous-tendu par le catholicisme. Fondée en nouvelle théologie, la Vertu devient alors garante de la pratique politique puisque, selon Robespierre, « le fondement unique de la société civile, c’est la morale » et que « l’idée de l’Être suprême et de l’immortalité de l’âme est un rappel continu à la justice : elle est donc sociale et républicaine », Rapport du 18 floréal ... Le but de la procession était un rocher artificiel au sommet duquel était planté un arbre de la Liberté]




Fête de l'Être suprême au Champ de Mars le 20 prairial an II, 8 juin 1794.
Thomas Charles Naudet, 1778 - 1810. Musée Carnavalet - Histoire de Paris 1793

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