Haute-Marne, Pressigny : le mystère de la "piscine" de l'éolienne E21, sur le chantier de la zone industrielle Vannier amance, épisode XI

Précédemment
https://augustinmassin.blogspot.com/2020/12/haute-marne-pressigny-le-mystere-de-la.html
https://augustinmassin.blogspot.com/2021/01/haute-marne-pressigny-le-mystere-de-la.html

Etat des lieux à la date du 2021 01 11
  Elles brillent comme un miroir de bordel!

  E21 ; Pressigny ; section ZH ; parcelle 55 ; propriétaire : Maillarbaux Manuel




Le tuyau pour pomper est à disposition...


E22 : Pressigny ; section ZI ; parcelle 16 ; propriétaire : Vincent Gilles



E23 : Pressigny ; section ZI ; parcelle 17 ; propriétaire : Maillarbaux Marc

 

 E24 : Pressigny ; section ZI ; parcelle 25 ; propriétaire : commune de Pressigny
 
 
 
 

Mais d'où provient tout cette eau? Petit cours pour les Nuls sur les systèmes aquifères😉

  "... Les roches qui abritent de l’eau sont dites aquifères. L’eau y forme des nappes qui s’écoulent lentement, parcourant parfois de longues distances, sous la surface. Les nappes interagissent avec les milieux aquatiques, qu’elles alimentent en eau douce. Le processus inverse s’observe en hiver lors de la période de recharge.[...] Trois types d’aquifères peuvent se distinguer sur la base de ces paramètres. Les roches imperméables ne constituent pas un aquifère, puisque l’eau ne peut pas y pénétrer."

 




Pour le cas qui nous concerne, intéressons-nous au système aquifère karstique.
  "...Suite aux processus de karstification, les aquifères karstiques acquièrent une morphologie spécifique, en surface avec la présence de dolines, de vallées sèches, de lapiez, de gouffres et à l’intérieur du massif carbonaté avec l’existence de réseau de conduits pénétrables ou non par l’homme. Ces réseaux de conduits sont verticaux et horizontaux ; ils peuvent être étagés. Leur développement s’est effectué au cours des temps géologiques, influencés par les conditions externes tels que le climat, la végétation, les variations de niveau marin et donc du niveau de base avec le creusement des vallées, la nature de la roche et la tectonique. La karstification organise progressivement les écoulements et la structure des vides au sein de l’aquifère... "
  À la différence de nous, les Humains, l'eau ne subit aucun confinement, elle se déplace et parfois sur de longues distances.
  "L’eau n’est pas figée dans les aquifères, elle se déplace. Une goutte peut parcourir une même distance en quelques jours dans les milieux les plus perméables (les aquifères karstiques), ou en plusieurs centaines d’années dans les milieux les moins perméables (certains aquifères poreux, comme la craie)."

Comment ça marche?
  "... Le fonctionnement d’un aquifère karstique traduit différentes caractéristiques (Bakalowicz, 1999) :
  •  (i) variabilité spatiale et temporelle importante des paramètres hydrodynamiques du milieu aussi bien dans la zone d’infiltration que dans la zone noyée ; 
  • (ii) existence de forts contrastes de perméabilité
  • (iii) existence de vitesses d’écoulement souterrain très rapide (quelques centaines de m/h) et 
  • (iv) des crues importantes rapides et de forte intensité, suivies d’une décrue rapide et d’un long tarissement...
[...] L’eau crée ses propres structures de drainage en utilisant des fissures et fractures, aboutissant à la création de systèmes karstiques (Mangin, 1975) ; le système karstique constitue une entité à part entière au sein d’un aquifère karstique, sur laquelle les paramètres de la vulnérabilité intrinsèque doivent être définis"
  Un dessin, pour nous les béotiens, c'est mieux, non ?


   L'aquifère karstique comprend globalement deux zones principalement dans la verticalité : zone d'infiltration et zone noyée et une 3 eme dit zone épikarstique ou épikarst :
"... L' épikarst rassemble l'eau d'infiltration dans une nappe perchée locale et discontinue, drainée vers le bas soit par les vides les plus larges en un ruissellement souterrain rapide, soit par les vides de petites dimensions, en une infiltration lente écoulant un mélange d'air et d'eau. Par ailleurs, au contact de formations imperméables et du calcaire, des pertes absorbent les écoulements de surface et constituent une alimentation directe par ruissellement à fort débit de la zone noyée..."



  Illustration 2: Illustration d’un épikarst (Mangin, 1975)

 Cela ressemble...


E21, le 23 juillet 2020...

Les deux types de systèmes karstiques
"... Lorsque des écoulements de surface contribuent à l’alimentation de la zone noyée à partir de pertes, le système karstique comprend d’une part la partie aquifère proprement dit et le bassin de surface drainé par des pertes. On distingue donc (Illustration 3) :
- les systèmes karstiques unaires (système karstique = aquifère karstique),
- les systèmes karstiques binaires (système karstique = aquifère karstique + bassin de surface drainé par des pertes)...
"


Comme tout système, politique, économique, social, sportif, etc., l'aquifère karstique est intrinsèquement vulnérable.
"...Toutefois, l’occupation croissante des terrains karstiques ainsi que leur vulnérabilité intrinsèque liée à leur structure et fonctionnement caractéristiques, nécessitent la mise en place de politiques de protection adaptées. Ces politiques passent nécessairement par la mise en place de périmètres de protection des captages d’eau destinées à la consommation humaine... [...] De nombreuses difficultés pour l’établissement des périmètres de protection pour les captages d’eau en milieu karstique ont été analysées dans le cadre de travaux coordonnés par les Agences de l’Eau Rhône-Méditerranée&Corse
et Adour-Garonne..."

Définition de la vulnérabilité
"...La vulnérabilité, terme définie notamment en 1970 par Albinet et Margat, est la possibilité qu’a un contaminant de percoler de la surface jusqu’au réservoir d’eau dans des conditions naturelles (transfert vertical).[...]

  • La vulnérabilité intrinsèque est ainsi définie comme étant le terme utilisé pour représenter les caractéristiques géologiques et hydrogéologiques naturelles qui déterminent la sensibilité des eaux souterraines à la contamination par les activités anthropiques. C’est une propriété générale, non mesurable et sans dimension. 
  • La vulnérabilité spécifique quant à elle est définie comme la vulnérabilité d’un aquifère à un contaminant particulier ou à un groupe de contaminants. Elle prend en compte les propriétés des contaminants et leurs relations avec les divers composants de la vulnérabilité intrinsèque (COST 620, Zwahlen et al. 2004). 
  • Deux distinctions doivent également être faites, d’une part la vulnérabilité de la ressource et d’autre part la vulnérabilité de la source. La vulnérabilité de la ressource: il s’agit de caractériser la vulnérabilité du transfert potentiel du contaminant au sein de la zone d’infiltration jusqu’à la surface de l’eau souterraine. Il s’agit de caractériser des zones qui influencent la qualité de l’eau à la source, de manière permanente, constituant un bruit de fond (pollution diffuse). La vulnérabilité de la source ou du captage doit être caractérisée en prenant en considération les caractéristiques du transit vertical et horizontal jusqu’à l’exutoire du système. Il s’agit d’identifier des zones plus vulnérables vis-à-vis de pollutions accidentelles et qui vont permettre le transit rapide et massif vers le captage (source, forage)."
   Pour mesurer cette fragilité, la méthode utilisée à pour nom PaPRIKa, « Protection des aquifères karstiques basée sur la Protection, le réservoir, l' infiltration et le degré de Karstification »
  "... La méthode PaPRIKa est une méthode multicritère de cartographie de la vulnérabilité intrinsèque d’un aquifère karstique. Les cibles de cette méthode sont d’une part la ressource et d’autre part le captage. L’essentiel des critères permet de caractériser le transfert depuis la surface vers la zone saturée, donc la ressource..."
  "... Les critères sont au nombre de 4, à savoir
  • (i) le critère P pour couverture protectrice résultant de la combinaison la plus protectrice entre les critères S Sol s.l., la lithologie, l’épaisseur et la fracturation de la zone non saturée et le critère E pour fonctionnement épikarstique, 
  • (ii) le critère R pour la nature de la roche du réservoir souterrain, 
  • (iii) le critère I pour la nature de l’infiltration, diffuse ou ponctuelle au niveau de phénomènes exokarstiques, et 
  • (iv) le critère Ka pour le degré de karstification et le fonctionnement du système karstique (Illustration 4 et Illustration 5)..."

 

 
  Dans le cadre de source ou de captage, ces indices, P, E, R, I & Ka, doivent être parfaitement maîtrisés : "... L’attribution des différents indices pour chacun des critères nécessite une bonne maîtrise des concepts de l’hydrogéologie karstique ainsi qu’une approche naturaliste sur le terrain, afin de pouvoir prendre en considération les caractéristiques physiques de l’aquifère... [...] Les cartes de vulnérabilité obtenues à l’aide de la méthode PaPRIKa ne doivent pas être utilisées pour l’implantation d’un site industriel ou agricole sans passer par l’établissement d’une étude détaillée d’impact sur l’environnement..."


  Maintenant, nous connaissons, un peu plus, le fonctionnement d'un système aquifère karstique. Aussi, nous comprenons mieux pourquoi les trous accueillant les socles d'éoliennes se remplissent, plus ou moins d'eau! Ils drainent une partie de l'eau souterraine qui était destinée à la consommation
humaine (captage).
  Nous pouvons logiquement penser que le fait d'avoir creusé ces énormes trous a bouleversé l'ordre établi et que cela n'a pas été sans conséquences négatives sur un système aquifère à la vulnérabilité
exacerbée.

  Et l'on mesure alors, les responsabilités des propriétaires terriens, exploitants agricoles, élus, services de l'Etat, population, etc., tous ceux, actifs ou passifs, qui ont, chacun à son niveau, cautionné ces dégâts irrémédiables.


À suivre...

Pour en savoir encore plus, rendez-vous à la source, c'est ici
Cartographie de la vulnérabilité intrinsèque des aquifères karstiques
Guide Méthodologique de la méthode PaPRIKa

Inventaire départemental des cavités souterraines hors mines de la Haute-Marne (52)

Photos éoliennes : PHP

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