Une nouvelle synthèse, tout aussi remarquable que les précédentes, démontre, encore une fois, que la
filière éolienne est UNIQUEMENT organisée pour être une économie
défiscalisée et spéculative bien plus qu'une filière énergétique. Et comme toujours, "c'est à nos frais que seront les dégâts..."*
À lire et à partager sans modération
* Tiré de "Qui paiera les dégâts?" NTM, 1993
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Le TURPE nouveau est arrivé
Jean Pierre Riou2020 01 08
102 milliards pour permettre au réseau de marcher sur la tête
L’intermittence des énergies renouvelables réclame la restructuration du réseau électrique pour lui permettre de marcher sur la tête, c'est-à-dire de fonctionner dans l’autre sens que celui pour lequel il
avait été conçu.
En effet, la quasi-totalité des éoliennes et des panneaux photovoltaïques sont raccordés sur le réseau de distribution de Enedis qui doit en refouler la majeure partie sur le réseau de transport de RTE [1] qui doit lui-même multiplier les interconnexions pour maintenir la stabilité du réseau malgré l’intermittence croissante de la production.
Dans son document de cadrage [2] RTE illustre parfaitement cette situation en montrant la valeur et le sens des flux, négatifs en rose jusqu’à 2012 dans le graphique ci-dessous, destinés à alimenter les consommateurs, et les pics de production éolienne, 5 fois plus important qui doivent être acheminés dans l’autre sens, positif, en bleu, depuis 2017 et la mise en service des éoliennes.
Source RTE [2]
La restructuration du réseau pour refouler ce courant localement indésirable a un coût. Il y a tout juste 1 an, Jean François Carenco, président de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), lançait un pavé dans la mare [3] en déclarant à la presse : “RTE m’annonce 33 milliards sur 15 ans. Dit comme ça, c’est non !”
La CRE vient de publier son projet de décision [4] sur l’augmentation des taxes liées au réseau, et notamment à cette restructuration
Et ce ne sera pas 33 milliards d’euros, mais 102 milliards pour les réseaux, puisque Enedis doit aussi restructurer le sien, soit 33 milliards sur 15 ans pour RTE et 69 milliards pour Enedis.
Grosso modo [5] la production représente le tiers du prix du kWh, un tiers représentant les taxes et le dernier tiers représente les coûts d’acheminement. L'acheminement est financé par le Tarif d'Utilisation des Réseaux Publics d'Électricité (TURPE).
C’est ce TURPE (6) qui entrera en vigueur pour 4 ans dans nos factures le 1er août 2021.
À ces 102 milliards, on peut accoler les 121 milliards de surcoût estimés par la Cour des Comptes pour les tarifs d’achat et compléments de rémunération des seuls contrats d’ EnR passés avant 2018. Depuis le 1er janvier 2021 leur financement sera plus discrètement affecté au budget général de l'Etat dans un unique programme composé de ces charges, le programme 345 « Service public de l’énergie » dans son nouveau périmètre [6].
Demain on rase gratis
En 2007, le représentant du Syndicat des énergies renouvelables (SER) annonçait devant le Sénat [7] :
« En tablant sur une augmentation régulière des prix de 5 %, la contribution à la CSPE s'avère positive jusqu'en 2015. Les consommateurs seront donc obligés de payer plus cher pour le développement de l'éolien. Ensuite, la contribution devient négative. Les producteurs éoliens génèrent alors une rente pour la collectivité ».
Tout se passe comme si la quantité d’énergie renouvelable imposée au réseau avait un statut sacré, quel qu’en soit le prix à payer, quelles qu’en soient les conséquences pour le réseau, quels qu’en soient les risques pour le système électrique.
La fuite en avant
Chaque maillon de la chaine a mission de montrer qu’il est faisable d’en injecter toujours plus. Sans qu’à aucun moment il ne paraisse envisageable de juger de la pertinence d’un dogme du siècle dernier et dont plus personne en France ne semble se souvenir de ce qu’on en attendait au juste.
Épilogue : mise à jour de 19h30
À l'heure où cet article venait d'être publié, le gestionnaire européen Entsoe informait d'un incident sur le système électrique européen qui a amené la coupure du réseau en 2 zones distinctes pour éviter un blackout généralisé et préserver la stabilité de "la plupart des pays européens".
RTE a participé aux efforts en déconnectant les "industriels interruptibles".
L'enquête est en cours sur les causes de l'incident.
En tout état de cause celui-ci doit évoquer l'inconvénient de l'extension du réseau vers des zones instables tout en se privant de l'inertie des grosses machines tournantes des centrales conventionnelles qui en fait les seules à permettre une stabilité dynamique au réseau.
(Source Georges SAPY et Patrick MICHAILLE)
L'équilibre du réseau est fragile, et dans son excellente vidéo, RTE confesse que « plus la part d’ EnR est grande, plus cet équilibre est fragile. Leur introduction est un vrai challenge que RTE devra relever » Notamment via le projet européen MIGRATE, encore au stade expérimental.
Dans cette vidéo, RTE ne cache pas la difficulté de cette intégration.
Celle-ci a vocation à refouler toujours plus loin un courant toujours plus indésirable localement vers des zones toujours moins stables.
Sans présumer des risques de cette fuite en avant, gageons qu'elle ne sera pas gratuite.
1 http://lemontchampot.blogspot.com/2020/11/leolien-une-energie-locale.html
2 https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwi2ssXOj6PtAhUjyYUKHRJODC0QFjABegQIBBAC&url=https%3A%2F%2Fwww.concerte.fr%2Fsystem%2Ffiles%2Fdocument_travail%2F2020-04-28-GT8-Fonctionnement-du-systeme-electrique-Document-de-cadrage.pdf&usg=AOvVaw3yeqRjN2xerj_HrQdRjemR
3 https://lenergeek.com/2020/01/24/cre-plan-modernisation-rte-reseau-electrique/
4 https://www.cre.fr/Actualites/la-cre-publie-ses-projets-de-decisions-sur-le-futur-tarif-d-utilisation-des-reseaux-d-electricite-turpe-6
5 https://prix-elec.com/energie/comprendre/turpe
6 http://lemontchampot.blogspot.com/2019/04/la-cspe-ou-les-3-cspe.html
7 https://www.senat.fr/rap/r06-357-2/r06-357-212.html
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