L' union de l'énergie, donnant aux consommateurs de l'UE, ménages et entreprises, une énergie compétitive et abordable : mythe ou réalité?

  Si, dans beaucoup de domaines, comme le disait Pierre Desproges : " Si l'union fait la force, la force n'a jamais fait l'intelligence.", on peut légitimement s'interroger pour savoir si, dans le cas de l' électricité, on peut même parler de force?
  Va savoir Charles!

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Union européenne : quelques éléments de réflexion sur les réseaux électriques !

 No fake science

  La première chose à dire c'est que même, pour nous, Français, la bonne échelle pour raisonner sur les réseaux électriques, c'est, aujourd'hui, a minima, l'échelle européenne.

 

 

  En effet, parmi les missions de l'Union européenne figure la stratégie de l'union énergétique qui "vise à construire une union de l'énergie qui donne aux consommateurs de l'UE, ménages et entreprises, une énergie compétitive et abordable."

 

 

 

Sécurité, solidarité, diversification des sources ... 

 Pour l'électricité, cela passe inévitablement par les réseaux électriques !

 

 

    L'aspect le plus visible est la multiplication des interconnexions 

 

 

 L'objectif des interconnexions est de rendre le réseau plus robuste en multipliant le nombre de groupes producteur d'électricité et aussi, de permettre à certains pays de bénéficier de ces outils de production, l'exportation pouvant aussi être lucrative, même si cela ne fait pas tout.

 

  Mais, paradoxalement, si le réseau s'en trouve renforcé, par certains aspects, il est aussi exposé à de plus en plus de potentielles perturbations ...

 

 

 

 À ces possibles perturbations, vient s'ajouter la politique d'insertion des sources de production électriques intermittentes / variables dans le réseau. Et depuis quelques temps, les alertes des gestionnaires de réseaux de transport (GRT) européens se font plus nombreuses. Exemple 2018.

 

 

Source : Appel commun de dix associations de l'industrie européenne de l'énergie, en Allemand.

 

  En 2019 : 

   "La solidarité « électrique » n'est pas innée. Elle peut être mise en péril si les politiques énergétiques nationales et l'évolution des mix énergétiques ne tiennent pas suffisamment compte de l'équilibre global du système." Europe de l'électricité : notre avenir est commun

  Réseau de transport d'électricité (RTE), à l'époque, par la voix de son président, M. Brottes, résumait bien la situation : RTE invite les décideurs politiques à discuter du bouquet énergétique avec leurs homologues européens, en Anglais

 

 

 

 

 Un des problèmes majeurs pointé du doigt, c'est effectivement, sur la période 2012-2018, à la fois, la dimunition des moyens de production dits "pilotables", - 18.5 GW, couplée à l'augmentation faramineuse des énergies renouvelables, intermittence et variables, + 92.5 GW! Et ce, dans plusieurs pays européens.

 

 

 Et on retrouve le même genre d'éléments dans les documents de l' European Network of Transmission System Operators (ENTSOE) avec des alertes pour l'hiver 2019-2020.

 

 

Si on regardait ce qui se passe de l'autre côté du Channel, chez nos amis Britanniques

  Ils ont connu un évènement réseau assez important durant l'été 2019, le 9 août.

 Cet incident réseau avait déclenché une belle pagaille en impactant les transport publics, train et métro, les feux de signalisation, les hôpitaux, etc ... Pour résumé, les prévisions étaient que la demande pour cette journée serait semblable à celle du vendredi précédent. La production devait être constituée de ~30 % d'éolien, 30 % de gaz, 20 % de nucléaire et 10 % des interconnexions. Mais... des orages étaient aussi prévus . D'ailleurs, le rapport de l' Office of Gas and Electricity Markets (Ofgem) fait le lien entre un foudroiement qui a touché le système de transport à 16 h52 et la coupure qui a eu lieu à 16 h 54. En effet, la foudre est tombée au nord de Londres sur une ligne occasionnant la perte d'environ 500MW.

 

 

  Dans ce même rapport, l'inertie du réseau électrique anglais est dénoncée du fait du "remplacement de la production thermique synchrone à grande échelle par un mélange de production renouvelable à petite échelle sur les réseaux de distribution et de production non synchrone à grande échelle" "ring a bell ?" , "ça me dit quelque chose"comme ils disent ...Au final, les gestionnaires de réseau ont reçu une amende, 10 m.5 millions de Livres sterling soit un peu de... 11 millions d' €!

 Mais surtout des améliorations aux réseaux vont être apportées pour renforcer la sécurité de celui-ci.

  Dommage que cela n'ait pas été fait avant ... 

   En attendant, au pays du Brexit, les marges sont réduites surtout par les fortes variations de l'éolien et quand surviennent des périodes importantes de froid.

  Pour en savoir plus sur l'avenir énergétique outre-Manche 

 

Regardons maintenant ce qui se passe outre-Rhin, chez nos amis Allemands 

  L'année 2020, bien que marquée par la pandémie de la Covid, restera certainement une année mémorable car c'est la première où les Energies renouvelables électriques couvrent plus de 50%, à consolider, de la demande annuelle nationale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   On constate que la puissance nominale installée des énergies intermittentes, éolien et solaire, est en augmentation à 116 GW et, que, pourtant, dans le même temps, au contraire de nombreux pays européens, on constate que l'intégration de ces nouveaux moyens de production variables, n'ont quasiment pas modifié la puissance installée pilotable, sur la période 2012-2020.

 

 

 

 Cette situation leur permet de ne pas rencontrer les problèmes énoncés ci-dessus par les autres GRT européens  ... mais ils ont d'autres soucis. Ils doivent fournir en électricité le sud du pays, bien doté en photovoltaïque, par le nord, bien doté en éolien. Pour cela, il ont créé des "autoroutes" de l'électricité entre le nord et le sud. 

 

 

 

  Sauf que lorsque le soleil ne se montre pas généreux, associé à la sortie du nucléaire, alors, effectivement, l'approvisionnement du sud du pays pose problème. Dans ce cas, deux solutions se présentent :
- soit faire appel à des centrales thermiques fossiles,
- soit utiliser le réseau existant, au risque de le congestionner, y compris, les interconnexions.

 

 

 Quelque soit la solution choisie, elle ne donne pas entière satisfaction. Aussi, il a été décidé de tirer de nouvelles lignes, des großes lignes ! On en revient encore...au réseau! Et, il y a urgence, car la loi oblige à de plus en plus de renouvelables ... Comment dit-on déjà? "Ring a bell ?" Oh! pardon ... "einem Glöckchen klingeln ?" Elles seraient au nombre de 3 avec un coût de construction estimé, compris entre 27 et 34 Mds€.

 

 

 

  Le hic ... c'est que ce gigantesque chantier fait face à une très forte opposition de non-acceptabilité de la part des populations et d'une majorité d' élus des territoires traversés. Cela se traduit par des retards dans la construction qui engendrent eux-mêmes le besoin de nouveaux tronçons pour respecter les objectifs gouvernementaux, ce qui entrainent, une augmentation de l'addition. https://www.spiegel.de/international/germany/german-failure-on-the-road-to-a-renewable-future-a-1266586.html

 

  

 

 En 2019, le coût estimé était de 52Mds€! En 2020, il est question de 95 Mds€ et de...110Mds€ annoncé pour 2050! https://www.bloomberg.com/news/articles/2019-02-04/germany-s-power-autobahns-will-cost-billions-more-than-expected https://www.bloomberg.com/news/articles/2020-11-03/german-green-grid-price-tag-increases-to-111-billion
  À titre de comparaison, en France, la filière nucléaire se "flagelle", à juste titre, et les commentateurs de tous horizons crient au scandale parce que l' EPR en construction a vu son budget passé de 3.8Mds€ à 12.4Mds€. Mais, apparemment, parmi tous ces "aboyeurs", ça n'intéresse personne que l' Allemagne explose les coûts de ses "autoroutes" du renouvelable?

  Mais le pire est à venir! À force de se targuer d'installer des EnR à tour de bras ... il faut bien finir par les gérer et, surtout, il faut impérativement assurer la stabilité du réseau. Parce que, pendant ce temps là, l'arrêt des centrales nucléaires, lui, ne souffre d'aucun retard. Et comment qu'ils assurent, nos amis Allemands? En construisant des... petites centrales à gaz!https://www.powermag.com/rwes-300-mw-grid-stability-gas-plant-will-debut-ge-lm2500xpress-technology/
Entre nous, j'ai hâte de voir les comparaisons entre le Levelized Cost of Energy (LCOE)* d'origine du solaire, au sud de l'Allemagne originel et, le réel d'aujourd'hui ...

* " coût actualisé de l'énergie" " Il correspond, pour une installation de production d’énergie donnée, à la somme des coûts actualisés de production d’énergie divisée par la quantité d’énergie produite, elle aussi actualisée. Il s’exprime typiquement en c€/kWh (ou autre monnaie) et est fréquemment employé dans le secteur électrique. https://www.connaissancedesenergies.org/quest-ce-que-le-lcoe-170908

Terminons, si vous le voulez bien, ce tour d'horizon, par la France, le pays du "en même temps"

  Quelle est la situation actuelle?

• dimunition des moyens pilotables, fossiles et... nucléaire, avec l' arrêt de Fessenheim, juin 2020,
• construction de la centrale à gaz de Landivisiau, Finistère,
• + d'interconnexions,
• + de production d'électricité des EnR, éolien & solaire.

 

   Pour conclure, quand certaines ou certains passent leur temps sur les plateaux télé ou sur les réseaux sociaux à flageller telle ou telle filière, abuser du yakafonkon et rester, pour finir, dans le seul incantatoire, d'autres, sur le terrain, font le taf; en accord avec les enjeux de leur temps qui est de sauver le Climat, en réduisant les émissions de gaz à effet de serre (GES).

 

 

 
Et, n'oubliez pas de DEMANDER, quand on vous balancera à la figure :

1. la puissance installée! À qualité de service égal?
2. seul, le LCOE compte! Toutes externalités comprises?
3. le temps de construction! Et, les capacités d'insertion dans le réseau?