Le Haut-Commissariat au plan nous prédit le crash de la politique énergétique made in RTE

   p.8 : " ...Il apparaît donc en réalité, que sous couvert de promesses optimistes, nous nous dirigeons vers un certain nombre d’impasses extrêmement préoccupantes pour l’avenir..."
  Dans cette note, pas d'utopie, pas de mensonges, pas de plan sur la comète, pas de politiquement correct, pas de compromissions! Rien que de la...lucidité.
  On prend la réalité de notre funeste avenir en plein visage et, ça fait mal! Mais c'est INDISPENSABLE!
   L'élection présidentielle de 2022 peut-elle changer la donne?
  Va savoir, Charles!
   Et dans le même temps, le Réseau de transport de l' énergie (RTE) sort son Bilan prévisionnel, édition 2021, de l’équilibre offre - demande d’électricité en France sur les 10 prochaines années, que l'on pourrait sous-titrer par : ou "l'utopie au pouvoir et la lumière fut."
Ce pays est foutu...


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Note du Haut-Commissariat au Plan, François Bayrou : « électricité le devoir de lucidité »

Extraits :
   p.2 : Les scénarios compatibles avec nos objectifs climatiques de neutralité carbone en 2050 impliquent qu’elle représente plus de 50 % de notre approvisionnement à cet horizon. Or une telle trajectoire suppose que soient résolues des contradictions généralement passées sous silence mais qui risquent pourtant de conduire à de graves désillusions. [...] Tous les scénarios s’accordent sur une augmentation massive de la part d’électricité dans le mix énergétique.
  p.3 : Soit une augmentation de quelque 40 à 45 %. Il s’agit là d’une augmentation programmée considérable de la consommation d’énergie électrique. Or, dans le même temps, selon une deuxième série de scénarios, notre capacité de production d’énergie électrique d’origine nucléaire doit être drastiquement réduite.
  p.4 : Or la loi relative à l’énergie et au climat de 2019 établit un objectif de 50 % d’électricité d’origine nucléaire à l’horizon 2035 et la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) vise 36 % d’électricité d’origine renouvelable en 2028. Cela signifie une amputation d’ici 2035 de notre capacité de production électronucléaire de l’ordre de 30 % et une augmentation probable de la part d’électricité d’origine fossile au-delà des 8 % actuels.
[...] Augmentation massive de la consommation d’un côté, diminution massive de nos capacités de production de l’autre, le simple rapprochement de ces deux orientations montre qu’il existe un gouffre entre l’évolution annoncée de notre consommation électrique et celle de notre production. Il est inéluctable que nous allons droit à des difficultés considérables et même à une impasse, nous empêchant techniquement de remplir en même temps les objectifs que nous prétendons solennellement avoir fixés ! Certes un certain nombre d’études,[RTE,AIE] examinant sous l’angle purement théorique des scénarios-limite, laissent croire que ces deux évolutions peuvent être conciliées.
  p.5 : De ces quatre conditions, une seule, la troisième, apparaît techniquement réalisable, mais elle exige la construction de nouvelles centrales thermiques, par hypothèse à gaz, en nombre suffisant, pour tenir lieu de tampons (« buffers »), afin de compenser l’intermittence des énergies renouvelables. Mais la construction et l’usage de ces centrales à gaz entraîneraient inéluctablement de nouvelles émissions de gaz à effet de serre, ce qui est exactement le contraire de l’objectif de réduction poursuivi.
  p.6 : Il en va a fortiori pour l’éolien terrestre : les atteintes au paysage, l’empreinte environnementale avec le recyclage encore limité des installations, l’artificialisation des sols sont à l’origine de fortes oppositions. De même, les centrales photovoltaïques de grande puissance, telles que celles construites en Gironde, sont consommatrices de grandes superficies de terres arables ou boisées. Elles nécessitent le déploiement de réseaux électriques basse tension notamment, dont l’insertion dans les espaces naturels est pour le moins délicate (et dont les pertes en ligne sont relativement élevées). A ces problèmes d’acceptabilité sociale, non résolus pour l’instant, s’ajoute un bilan carbone ambivalent, pour le solaire en particulier. Les cellules photovoltaïques utilisées pour les panneaux solaires installés en France sont pour la plupart produites à l’étranger, notamment en Chine. Leur fabrication suppose le raffinage de silicium à très haute température, donc avec une forte consommation d’énergie, qui est essentiellement aujourd’hui en provenance de centrales thermiques à charbon et n’est donc en rien décarbonée. Dès lors, le gain environnemental résultant de la production électrique d’origine solaire est incapable de compenser les émissions entraînées par cette fabrication. Au terme de la durée de vie de ces panneaux (quelque 25 années de production), le bilan total des émissions tout au long du cycle de vie est probablement défavorable.
  p.8 : Il apparaît donc en réalité, que sous couvert de promesses optimistes, nous nous dirigeons vers un certain nombre d’impasses extrêmement préoccupantes pour l’avenir...
  • Est-il possible d’obtenir au terme considéré de 15 ou 30 ans une production suffisante d’énergie électrique, dans le respect de nos engagements en matière de décarbonation et en cohérence avec la hausse considérable et programmée de la consommation, tout en supprimant tout ou partie de notre parc de production nucléaire ? La réponse est assurément non
  • La conclusion serait d’ailleurs la même si l’on voulait, pour les mêmes objectifs, renoncer au développement ambitieux de la production d’électricité d’origine renouvelable. En raison de l’obsolescence de notre parc de centrales nucléaires, aucune des deux sources d’électricité d’origine décarbonée ne peut se passer de l’autre ! 
  • Pour obtenir une augmentation massive de la production d’électricité renouvelable, une des principales difficultés résiderait dans l’artificialisation de grandes surfaces foncières par des unités de production photovoltaïques et l’altération des paysages par des éoliennes à terre ou en mer. La réponse à ce défi est-elle facile ? Probablement non. 
  • Est-il possible de construire les réseaux de transport et de distribution d’électricité qu’exige cette production renouvelable sans de très lourds investissements et sans empiéter sur des surfaces naturelles ? La réponse est certainement non. 
  •  De plus, c’est une contrainte et un risque élevé de confier notre avenir électrique à des solutions encore jamais éprouvées à grande échelle.
  • Enfin la dimension des investissements en question (a minima plusieurs centaines de milliards d’euros) suppose une adhésion démocratique qui n’est pour l’instant, c’est le moins qu’on puisse dire, pas acquise. 
  Devant une telle somme d’incertitudes et de difficultés d’ores et déjà identifiées, devant l’ampleur de l’effort à conduire pour la Nation, un immense travail de programmation est à mener. Or tout se passe comme si des objectifs ambitieux et moralement fondés avaient été recherchés avec optimisme et une certaine insouciance, sans que personne parmi les citoyens ait été averti des contraintes certaines, des efforts considérables à fournir et des risques encourus. Or l’occultation des contraintes, naturelles, physiques, scientifiques, budgétaires ne peut conduire, lorsque notre pays sera devant l’obstacle, qu’à un rejet brutal des objectifs mêmes qui sont publiquement recherchés. Un tel effort ne peut donc s’envisager qu’à la condition d’une transparence complète vis-à-vis des citoyens.

La note en entier, c'est ICI



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