320 000 sites industriels à dépolluer, en attendant ceux de la Transition énergétique

  À ce nombre déjà fort impressionnant de 320 000, il conviendra d'y ajouter à l'avenir celui tout aussi effrayant des sites industriels, sur terre comme sur mer, engendrés par la Transition énergétique et les EnR.
Ce pays est miné...

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Ces 320 000 anciens sites industriels à dépolluer de toute urgence 

Iris Petitjean
2021 03 02

   Une carte de France interactive recense les centaines de milliers de sites pollués par d’anciennes activités industrielles ou minières en métropole. Il y en a forcément un près de ch

Image de la revolution industrielle

Durant la Révolution industrielle, la France a vu pousser des usines partout, avec une concentration dans le Nord et dans l’Est, ainsi qu’en Ile-de-France et en Aquitaine (voir la carte interactive plus bas).

  Le développement des activités industrielles en France à partir de 1840 a transformé notre pays. Pour assouvir le besoin de charbon des machines, des milliers de mines ont été creusées, principalement dans le Nord de la France, et diverses usines ont été érigées un peu partout.
  Aujourd’hui, malgré les tentatives de réhabilitation des terrils ou les réutilisations d’usines   désaffectées, les séquelles de plus d’un siècle de mécanisation sont impressionnantes : la France métropolitaine compte plus de 320 000 anciens sites d’activités industrielles et près de 3 000 anciens sites miniers, qui continuent de générer des pollutions dans le sol. Il y en a forcément un près de chez vous !
  Grâce à la base de données fournie par le ministère, l’auteur du blog Chroniques cartographiques s’est consacré il y a quelques années à la réalisation d’une carte interactive des principaux polluants que l’on peut trouver dans le sol après le passage de ces industries :

  En France métropolitaine, on peut constater grâce à ce document exceptionnel que la pollution des sols n’épargne aucune région. Métaux, hydrocarbures, pesticides… la liste des substances toxiques qui se retrouvent dans nos sols est accablante. Et comme on commence enfin à le comprendre, le sol n’est pas juste une masse inerte sur laquelle on pose nos usines et on creuse nos mines. Le sol bouge, vit, l’eau y circule, et les substances qui s’y trouvent migrent également. C’est ainsi que l’on peut retrouver
des polluants bien loin de leur lieu d’émission.

Intoxication

  Le billet de blog fournit également une carte des sols pollués à la chlordécone en Martinique et en Guadeloupe. Ce pesticide a massivement été utilisé dans les bananeraies de 1972 à 1993, alors même qu’il a été interdit en France en 1990, après avoir été classé neurotoxique et cancérigène ! Tout au long de ces années d’utilisation criminelle il s’est donc infiltré dans les sols et a contaminé les nappes d’eau
souterraines. On lui doit des naissances prématurées, des cancers de la prostate.
   La dégradation de la chlordécone prendrait entre cent cinquante… et six cents ans ! Sa toxicité n’est donc pas près d’être éliminée, contrairement à ce qu’affirment les communiqués gouvernementaux. Aujourd’hui, il continue d’intoxiquer les cultures et les pâtures, au-delà même des aires connues d’épandages.

 


Synthèse des analyses de la chlordécone dans le sol de la Martinique. Tous les petits points indiquent un lieu de contamination. Oui, il y en a partout! Source: Chroniques cartographiques.

  Est-on donc condamné à attendre que le sol intègre lentement nos polluants et nous les restitue comme il se doit via l’eau, la nourriture, les pâtures ? Il existe de nombreuses voies pour dépolluer les sols, mais avant de pouvoir les mettre en place, il faut savoir qui doit le faire. Or le code minier, qui définit les conditions d’exploitation de nos sous-sols, mais également la compensation ou la réparation des séquelles de ces exploitations, prévoit des modalités de remise en état des sols souvent obsolètes en raison de l’évolution des méthodes d’exploitation et des connaissances.
  Par exemple, il n’est pas interdit de combler les mines avec des déchets pour restituer le volume prélevé ! D’autres ambiguïtés perdurent également, notamment sur le droit applicable sur les sites ou les installations. De plus, la directive-cadre européenne sur la protection des sols adoptée en 2007  contraint la France à des résultats, pour lesquels il serait judicieux de voir harmonisés les codes minier et environnemental. Des réformes législatives sont donc régulièrement envisagées, mais jamais effectuées.

 

Une usine Lesieur désaffectée. Photo: Pxhere.

  En 2019, le Sénat a créé une commission d’enquête sur les problèmes sanitaires et écologiques liés aux pollutions des sols qui ont accueilli des activités industrielles ou minières, et sur les politiques publiques et industrielles de réhabilitation de ces sols. Cette commission a rendu son rapport le 10 septembre 2020 et les sénateurs ont débattu de ses conclusions le 13 janvier 2021. En résumé, ils souhaitent voir améliorée l’identification des sites et sols pollués, ainsi que leur surveillance
administrative.

Trop de blabla...

  À la suite de ce débat, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a annoncé un certain nombre d’évolutions législatives : la fameuse réforme du code minier, attendue depuis des années, serait envisagée. Plus important encore, il est question de redéfinir le socle juridique encadrant la pollution des sols, afin de mieux cerner qui, des collectivités territoriales ou de l’État, devra résoudre les nuisances et mettre la main au portefeuille.
  Pour l’heure, rien n’a été concrètement décidé, et jour après jour les polluants s’infiltrent. En attendant que les blablas fassent potentiellement avancer des choses, les seuls à vraiment souffrir, ce sont encore et toujours nos sols, et avec eux la santé de ceux qui les foulent. 


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