"...Le bilan CO2 de la méthanisation n’est pas neutre et ne conduit pas à une réduction des gaz à effet de serre..."[...] la méthanisation n’a pas pour objectif réel de soutenir l’agriculture et les agriculteurs, écrit Jean-Pierre Jouany. Sa
technologie complexe et son coût élevé sont davantage destinés à des
investisseurs intéressés par la demande croissante d’une énergie qui
sera de plus en plus chère. »
Cela ne vous rappelle rien? Mais, si, cherchez bien. Des indices :
- Bilan CO2
"...Il faut dire que "par un mémoire en défense, enregistré le 23 juin 2020, la ministre de la transition écologique et solidaire conclut au rejet de la requête en soutenant notamment que ... en ce qui concerne l’objectif d’augmentation des énergies renouvelables, celui-ci est indépendant de celle des gaz à effet de serre ... »
- Coûts élevés
"À partir de 2021 : l’article 89 de la loi de finances pour 2020 supprime le compte d’affectation spéciale transition énergétique à compter du 1er janvier 2021. Les dépenses jusqu’à présent exécutées sur ce CAS et financées par une fraction de la TICPE et de la TICC sont désormais à la charge du budget général. Toutes les charges de service public de l’énergie évaluées par la CRE sont réunies dans un unique programme composé de ces charges, le programme 345 « Service public de l’énergie » dans son nouveau périmètre.
Les charges de service public sont évaluées chaque année par la Commission de régulation de l’énergie (CRE pour l’année suivante avant le 15 juillet. Les charges au titre de 2021 du service public de l’énergie ont été évaluées à 9135,4 M€ au titre de l’année 2021, soit 12% de plus que le montant constaté des charges au titre de l’année 2019 (8151,1 M€)"
Source
Ca y est, vous avez reconnu de quoi nous parlions? Bien sûr, c'était de l'éolien! À noter, que nous aurions pu faire le même constat avec les autres EnR, solaire, biomasse, etc.
Ainsi, toutes les EnR intermittentes nécessitant OBLIGATOIREMENT un backup à base d'énergies fossiles, lignite/charbon, ex : Allemagne, ou gaz, ex : France :
- ne contribuent pas durablement à la diminution des émissions de CO2
- c'est la Nation et les contribuables qui permettent aux acteurs de ces filières, organisées, avant tout, pour être une économie
défiscalisée et spéculative bien plus que des filières énergétiques, de vivre grassement.
Source : Jean-Pierre Riou
À quand le réveil des "vaches à lait" françaises?
Va savoir, Charles!
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Gare aux effets secondaires de la méthanisation agricole, une fausse bonne idée écolo
Christophe Gatineau2021 03 19
Les unités de méthanisation agricole se multiplient en France. Mais cette technologie soi-disant verte, vendue par Engie et Total, menace les milieux naturels et l’avenir des sols.
Vue d’une unité de méthanisation des effluents d’élevage à Mayrac dans le Lot en France, septembre 2017. Il y en aurait un millier en France. Photo: GrandBout.
La méthanisation agricole, c’est quoi ? Une technologie de recyclage qui consiste à produire de l’électricité, du gaz ou du carburant à partir des fumiers d’élevages hors sol, auxquels on ajoute des plantes cultivées exprès pour ça. Cela se passe dans des machines anaérobies appelées « digesteurs », où des bactéries spécialisées, en consommant ces matières organiques, vont produire du méthane et des boues, digestat. Ces boues sont présentées au grand public comme du compost pour l’agriculture, et c’est là où se situe un des problèmes.
4 contre vérités
Pour vendre la méthanisation agricole, les multinationales telles que Total et Engie, leaders du marché en France, ont plein d’arguments positifs. Mais positifs pour la planète ou leur porte-monnaie ?
La méthanisation agricole est une farce de mauvais goût que vont payer très cher nos enfants. Étudions à titre d’exemple les 4 contre-vérités majeures présentées dès 2019 par la Chambre d’agriculture de la Moselle afin d’essayer de répondre aux alertes répétées des 210 associations et collectifs de citoyens qui luttent sur le terrain contre cette technologie :
1. La méthanisation agricole est « un procédé biologique naturel qui permet de dégrader les matières
organiques par des micro-organismes », écrit la Chambre d’agriculture.
Le procédé est naturel, c’est vrai. Mais dans les digesteurs d’Engie ou Total, cette dégradation de la matière organique n’est effectuée que par quelques espèces de bactéries spécialisées, méthanogènes. Alors que dans la Nature, cette digestion met en scène plusieurs millions d’espèces, insectes, champignons, bactéries, vers de terre…. C’est ce qu’on appelle la biodiversité – ou la diversité biologique.
De plus, les digesteurs artificiels sont incompatibles avec l’agroécologie, la permaculture et l’agriculture durable car ils confisquent leurs aliments aux petits animaux et micro-organismes qui vivent dans le sol. À cause d’eux, les vers de terre vont bientôt crier famine ! Le 12 décembre 2020, lors de l’émission « Climat, chaud devant » sur France Inter, la directrice de la multinationale gazière Engie a annoncé que toute la nourriture des vers de terre aura été réaffectée en 2050 à quelques espèces de bactéries méthanogènes ! En échange, 100 % du gaz français sera vert et renouvelable.
Bien entendu, elle ne l’a pas dit aussi crûment, et personne ne lui a opposé cette note de l’ INRAE [Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement] publiée le 20 avril dernier : « La mortalité de vers de terre retrouvés à la surface immédiatement après épandage de digestats de méthanisation est un phénomène qui pose question… »
2. La méthanisation agricole peut « se targuer d’un bilan carbone neutre quand on met dans la balance la construction, le fonctionnement, le transport et la production des cultures dédiées Certaines installations, gérées au plus fin, ont même un bilan carbone positif », affirme la Chambre
d’agriculture.
Sauf que, dans un document en ligne, Jean-Pierre Jouany, directeur de recherche honoraire à l’ INRAE, et vice-président du Groupe scientifique de réflexion et d’information pour un développement durable, écrit le contraire : « Le bilan CO2 de la méthanisation n’est pas neutre et ne conduit pas à une réduction des gaz à effet de serre (…) Dès lors, l’activité agricole et le processus de méthanisation auquel elle est associée, analysés dans leur globalité, consomment davantage d’énergie qu’ils n’en produisent. »
3. L’humus, lui, produit « un gaz à effet de serre puissant qui contribue au réchauffement climatique. Il a un impact sur l’effet de serre 25 fois supérieur au dioxyde de carbone (CO2) », prétend la publicité.
L’humus, cette fine couche supérieure du sol, là où la majeure partie de la biodiversité animale et végétale se nourrit, cette source de jouvence de la vie terrestre contribuerait au dérèglement climatique? Les défenseurs de la méthanisation agricole n’ont vraiment peur de rien. Sans humus, la vie sur la terre ferme n’est pas durable. Même l’érosion des sols prend sa source dans l’absence d’humus ! Et eux nous disent qu’il est le problème et la méthanisation la solution.
Un désert est l’exemple type d’un sol sans humus. La folie de la méthanisation agricole est finalement de vouloir changer le fonctionnement naturel des écosystèmes, alors qu’un écosystème cultivé – ou pas d’ailleurs – dépend de la qualité de son humus.
4. La méthanisation « produit entre 5 et 9 fois plus d’énergie qu’elle n’en consomme ».
La Chambre agricole de la Moselle énonce cela comme une évidence. Alors que c’est une ineptie puisque, comme on l’a vu plus haut, prise dans sa globalité, la méthanisation consomme plus d’énergie qu’elle n’en produit. On rirait presque, mais le problème c’est que le baratin, ça marche. Les plus anciens se souviendront du fameux slogan publicitaire pour la lessive qui lavait plus blanc que blanc…
La marque existe toujours et elle continue de faire la fortune de sa multinationale.
Conclusion
En son temps, la famille de mon père pratiquait l’agroécologie, et les productivistes disaient que nous étions des arriérés, des freins au progrès agricoles. Aujourd’hui, les mêmes disent que la méthanisation est un procédé écologique gagnant-gagnant pour l’agriculteur : « La méthanisation est un des meilleurs vecteurs de réduction des gaz à effet de serre agricole par la valorisation des déchets. » C’est faux.
Et le mot déchet est au cœur de la mystification.
Hier, les marchands d’engrais chimiques usaient du même stratagème pour vendre leur camelote, désignant les fumiers d’élevage comme des déchets. Alors que les fumiers sont une ressource précieuse pour l’humus et la biodiversité. C’est d’ailleurs grâce aux fumiers ajoutés aux engrais verts, aux rotations et aux jachères, que les paysans ont réussi à protéger et de valoriser leurs terres pendant des
millénaires.
Le romantisme de la méthanisation agricole
« On constate donc que la méthanisation n’a pas pour objectif réel de soutenir l’agriculture et les agriculteurs, écrit Jean-Pierre Jouany. Sa technologie complexe et son coût élevé sont davantage destinés à des investisseurs intéressés par la demande croissante d’une énergie qui sera de plus en plus chère. »
Épilogue. Pour ancrer définitivement le romantisme de la méthanisation agricole dans la tête des gens, le Sénat vient de lancer une mission d’information, présidée par Pierre Cuypers un sénateur (LR) betteravier, pro biocarburants et FNSEA. Et, comme un cliché, parmi les dernières questions de ce sénateur au gouvernement, pas la réouverture des lieux de culture, mais de culte ! La messe est dite, comme on dit.
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