Etats-Unis d'Amérique : les panneaux solaires chinois soumis à l'esclavage

  Pour rappel, en France, depuis 2018, pour augmenter leurs bénéfices, les acteurs de la filière solaire ont obtenu la suppression des taxes, favorisant ainsi l' invasion des panneaux solaires chinois.

 
Centres de détention présumés au Xinjiang © Laurence CHU © 2019 AFP

  Allô, monsieur le président de la République et madame le ministre de la Transition écologique?

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 Enfin, l'administration Biden envisage des sanctions contre les panneaux solaires chinois "esclavagistes".

 L'expérience des énergies renouvelables touche à sa fin pour des raisons physiques intrinsèques

Michael Shellenberger

2021 05 14

 Au cours des dernières semaines, j'ai écrit sur la question moralement urgente de l'arrêt de l'importation de panneaux solaires fabriqués dans des conditions de travail forcé en Chine, où le département d'État américain affirme qu'un génocide est en cours. Hier, l'administration Biden a enfin abordé cette question lors d'une audition au Congrès.

 

 
John Kerry, l'envoyé du président Joe Biden pour le climat

   "Comment pouvez-vous nous assurer", a demandé le représentant Michael McCaul [élu républicain du Texas] à John Kerry, l'envoyé du président Joe Biden pour le climat, , "que les panneaux solaires fabriqués dans des conditions d'esclavage en provenance de Chine, où un génocide a lieu en ce moment même, ne feront jamais partie de la solution climatique aux États-Unis ?"
  L' Associated Press a rapporté  que Kerry "a cherché à désamorcer l'un des principaux arguments invoqués par les républicains du Congrès". C'est peut-être ce qu'il a cherché à faire, mais en réalité, il lui a insufflé une plus grande urgence.
  "C'est un problème", a reconnu Kerry, ajoutant que McCaul avait "absolument raison" de soulever la question. Kerry a déclaré que la Maison Blanche envisageait des sanctions contre "les panneaux solaires qui, selon nous, sont dans certains cas produits par le travail forcé".
  Il existe encore aujourd'hui des démocrates progressistes, comme l'économiste Jeffrey Sachs,  qui nient l'existence d'un génocide, et, effectivement, nous devrions toujours être extrêmement prudents avant d'utiliser des mots puissants comme "esclavage" et "génocide".
  Il serait irresponsable d'utiliser ces mots pour décrire des choses qui ne sont en fait ni de l'esclavage ni un génocide, comme certains l'ont fait par le passé. Bernie Sanders, par exemple, a un jour comparé les travailleurs majoritairement blancs de son État natal du Vermont aux Afro-Américains réduits en esclavage. Ses remarques étaient inexactes et non justifiées.
  Mais il est tout à fait possible d'usiter ces mots quand la situation réelle d'esclavage et de génocide est avérée comme dans le cas de la province du Xinjiang en Chine ; le département d'État, sous les administrations Biden et Trump, a qualifié les pratiques du gouvernement chinois de "génocide".
  Aujourd'hui, Kerry a fait ce qu'il fallait en qualifiant les pratiques du gouvernement chinois de forme d'esclavage, même s'il n'a pas pu se résoudre à utiliser ce mot.
  Mais l'esclavage, tel que défini, est avéré. Le gouvernement chinois force la minorité musulmane ouïghoure à vivre dans des camps de concentration,et lui donne ensuite le "choix" de ne pas y vivre, en travaillant dans des usines de panneaux solaires. C'est du travail forcé, et le type d'esclavage qui a été utilisé dans les génocides passés.
  Kerry propose des "sanctions", mais toutes les importations de panneaux solaires en provenance de Chine doivent être stoppées jusqu'à ce qu'elles puissent être certifiées comme étant fabriquées dans des conditions exemptes de génocide et d'esclavage.
  L'industrie solaire américaine a laissé entendre qu'elle pourrait facilement déplacer ses usines hors du Xinjiang, mais les quatre plus grands fabricants de panneaux solaires, JinkoSolar, JASolar, TrinaSolar et LONGi, s'approvisionnent tous en polysilicium dans cette région à majorité musulmane.
  "Les quatre fabricants de polysilicium de la région ouïgours sont impliqués dans le travail forcé des Ouïgours, soit par leur participation directe à des programmes de travail forcé, soit par leur approvisionnement en matières premières", déclarent des chercheurs de l'université britannique de Sheffield Hallam dans un nouveau rapport important.
  Ils ont recensé quatre-vingt-dix entreprises chinoises et multinationales impliquées dans des pratiques de travail forcé. Les chercheurs disent avoir enquêté sur l'ensemble de l'approvisionnement solaire mondial "du quartz aux panneaux finaux".
  "À ce stade, le public est bien conscient des atrocités commises à l'encontre du peuple Ouïghour, et il n'y a aucun moyen pour ces entreprises de faire preuve d'une diligence raisonnable précise dans la région ouïghoure", a déclaré un représentant de l' Uyghur Human Rights Project, "nous devons donc supposer que tous les matériaux provenant de la région sont entachés de travail forcé."
  Et si l'industrie solaire était délocalisée hors du Xinjiang, les camps de concentration et le travail forcé seraient-ils également délocalisés ?
  Pendant ce temps, les principaux groupes environnementaux américains [Organisations Non Gouvernementales (ONG)], le Sierra Club, le Natural Resources Defense Council (NRDC), le Environmental Defense Fund, font activement pression pour une plus grande utilisation des panneaux solaires et n'ont toujours pas dénoncé ce qui se passe au Xinjiang, en Chine.
  Le Natural Resources Defense Council est directement investi dans des entreprises de panneaux solaires et fait activement pression à Washington, dans l'Illinois et en Californie pour fermer les centrales nucléaires américaines et les remplacer par du gaz naturel et des panneaux solaires, comme elle l'a fait pour Indian Point [centrale nucléaire, située à Buchanan, dans l'État de New York], qui a fermé le mois dernier.
  En revanche, les journalistes et les chercheurs qui se sont rendus sur place et ont effectué des recherches approfondies sur la situation au Xinjiang, écrivent avec passion et des mots forts. Les chercheurs de l'université de Sheffield ont qualifié leurs conclusions de "sinistre vérité sur l'industrie solaire".
  J'ai largement documenté la façon dont les énergies renouvelables rendent partout l'électricité plus chère. Les panneaux solaires prétendument bon marché ont augmenté le prix de l'électricité en Californie sept fois plus que les prix n'ont augmenté dans le reste des États-Unis au cours de la dernière décennie. Mais l'épisode du Xinjiang montre une fois de plus que les affirmations selon lesquelles les panneaux solaires constituent une électricité bon marché sont frauduleuses.
  La nécessité d'utiliser la main-d'œuvre la moins chère possible, réduite en esclavage, et l'énergie la moins chère, le charbon provenant de centrales électriques construites spécialement pour attirer ces usines, a mis en évidence le problème physique sous-jacent du solaire et de toutes les énergies renouvelables, à savoir leurs très faibles "densités de puissance".
  La densité de puissance est la quantité d'électricité produite par unité de surface. Mais nous découvrons maintenant que l'industrie solaire tente de faire face à ces coûts physiques élevés en cherchant à faire des économies dans d'autres domaines, comme la main-d'œuvre.
  Le nucléaire est l'énergie à plus forte densité de puissance, ce qui permet aux salaires des employés des centrales nucléaires américaines d'être si élevés malgré le faible coût de l'électricité livrée aux consommateurs. La France montre qu'un système à majorité nucléaire fournit de l'électricité pour près de la moitié du coût d'un système à forte intensité d'énergies renouvelables comme celui de l'Allemagne. La quasi-totalité du coût de l'électricité nucléaire va à la main-d'œuvre, une très petite partie servant à acheter un peu d'uranium pour chaque lot de combustible tous les 1,5 ans.
  Les gouvernements nationaux, régionaux et locaux peuvent continuer à subventionner ou à rendre obligatoire les énergies renouvelables industrielle telles que l'éolien et les panneaux solaires pour les années à venir. À titre d'exemple, le Congrès a renouvelé le mandat pour l'éthanol de maïs, qui est pire que le pétrole en termes de pollution et d'utilisation des terres, depuis 1978.
  Mais tout le monde aujourd'hui, en dehors du lobby du maïs, sait que la subvention à l'éthanol est une dépense en pure perte et que la production est dégradante pour l'environnement. En fait, c'est le World Resources Institute, un groupe de réflexion progressiste et écologiste, qui a démoli le mythe selon lequel l'éthanol était meilleur pour l'environnement.
  Aujourd'hui, tous les grands groupes environnementaux, y compris Greenpeace, sont opposés à l'éthanol et aux autres biocarburants, tout comme les groupes de réflexion conservateurs Cato  et Heritage.
  L'éthanol n'est donc plus considéré comme bon pour l'environnement et a peu de chances de se développer. Sa production et son utilisation sont restées stables au cours  de la dernière décennie, et il y a peu de chances qu'elles repartent à la hausse.
  Il est inévitable que la même chose se produise avec les panneaux solaires et les éoliennes industrielles, ce n'est plus qu'une question de temps. L'éthanol, le solaire, l'éolien et les autres énergies renouvelables sont, toutes, confrontées au même problème : elles ont une faible densité de puissance et sont donc inefficaces.
  Le solaire et l'éolien présentent l'inconvénient supplémentaire d'être encore plus dépendants des conditions météorologiques que l'éthanol issu des cultures, ce qui les rend plus qu'inutiles en cas d'événements météorologiques extrêmes, puisqu'ils détournent l'argent des sources d'énergie qui peuvent fonctionner pendant les vagues de chaleur et les vagues de froid.
  Dans ses remarques, Kerry a tenté de donner un aspect positif à la situation. "La meilleure chose que nous puissions faire est d'être plus compétitifs" lorsqu'il s'agit de fabriquer des panneaux solaires. Mais si les États-Unis tentaient de fabriquer des panneaux solaires sur le territoire national, le coût de l'énergie solaire ferait un bond soudain pour s'aligner sur nos normes de travail et environnementales.
  La leçon à tirer des génocides passés est que nous devons rendre leurs visages d' humain à toutes les personnes qui sont sans voix et invisibles. Mais l'islam est une religion impopulaire aujourd'hui et l'orthographe et la prononciation du ouïghour sont difficiles.... En conséquence, la cause des Ouïghours n'attire pas l'attention d'Hollywood, ni des acteurs célèbres, ni des rock stars, etc. Ces mêmes si prompts hier à dénoncer, à juste titre, les massacres au Darfour et au Tibet. Apparemment, tous les génocides ne se valent pas.
   C'est une raison de plus pour défendre les Ouïghours.

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