Précédemment
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Ils refusèrent de lui donner les clefs du collège. Sommé par les autorités religieuses, représentées par le chambrier du chapitre, Jean Girondet, de commencer ses leçons, le pauvre principal ne put que faire constater devant notaire, le 3 février 1858, son impuissance :
"...Incontinent apres sa nomination et institution en lad. charge, il sestoit pourveu de bons et suffizans regens qui avec luy estoient prestz de lyre, mais quil navoit sceu avoir les clefz du college et des classes, pour lesquelles recouvrer il sestoit retiré par devant Me Noël Facenet cy devant principal des escolles qui luy auroit faict respondre avoir icelles esté retirées par les sieurs maire et eschevins de lad. ville, ausquelles semblablement led. Heudeley judiciairement leur avoit demandé lesd. clefs, que ce faire en auroient esté reffuzans, comme il a dict apparoir par acte du vingt-neufviesme janvier dernier. Et a ce moyen ayant lesd. clefz est prest dexercer lad. charge de principal desd. escolles."36
Le problème était insoluble. Il se greffait sur la question de l'évaluation de la prébende préceptorale. Les royalistes, maîtres de la ville, n'entendaient pas abandonner, les yeux fermés, le collège a un recteur choisi par les seuls ecclésiastiques, et dont les sentiments pouvaient être mitigés, sinon totalement ligueurs. Mieux valait laisser les écoles closes. Heudeley, dont on aimerait, bien sûr, connaître les idées, ne réussit pas, semble-t-il, à forcer le blocus.
À la fin de la même année 1588, sur ordre du lieutenant générale royaliste de la province, Dinteville [ Joachim, 1538-1607 ; baron de Dinteville, Meurville, Spoy etc. Guidon de la compagnie du marquis de Pont-à-Mousson, 1569-1573, conseiller du Roi, Conseil Privé, Gentilhomme ordinaire de Sa Chambre, 1575, capitaine de 50, 1579, puis de 100 hommes d’armes des Ordonnances, 1581-1592, Lieutenant-Général au Gouvernement de Champagne & de Brie, 1579-1606, chevalier des Ordres du Roi, 1572 & 1583, conseiller d’État, 1592, Gouverneur de Troyes, 1594] Noël Facenet fut arrêté, en compagnie de quelques autres personnes, pour "avoir esté et estre encore mal affectionnez au service du Roi".37 Libéré quelques jours plus tard, il fut assez curieusement sollicité de reprendre la tête du collège et le chambrier du chapitre l'interrogea sur ses intentions. Sa réponse fut négative et la ville apprit, le 20 janvier 1589, que le chanoine "ne vouloit plus, en, prendre la peine, en desdain de ce que l'on l'avoit arresté prisonnier et pris ses papiers en son estude".38
Cette démarche insolite des notables peut se comprendre. Le prestige scientifique du recteur Facenet demeurait intact. À tout prendre, mieux valait au collège un ligueur plein de science qu'un ligueur au savoir contesté. Mieux valait un ligueur soumis à la surveillance constante de ses élèves et de leurs parents qu'un chanoine tramant ses complots à l'ombre du cloître. Installer Facenet rue Chatin, c'était une façon de le désarmer. Et puisque celui-ci refusait cette solution, il n'avait plus sa place à l'intérieur des remparts : il fut expulsé de la ville.
Cependant, "les enffans perdoient leurs temps, faulte de remettre le college comme il estoit auparavant la contagion et d'y mettre ung bon recteur pour y enseigner la jeunesse".39 Il fallait trouver une solution. La municipalité fit appel à Lupian Demongeot qui exerça la charge quelques mois, avec ou sans l'accord des ecclésiastiques. Le 2 juin 1590, au cour d'une assemblée municipale consacrée au problème de la prébende préceptorale, on évoqua le remplacement devenu nécessaire de ce maître "valétudinaire". La majorité des suffrages se porta sur Simon Charpy, "homme de gravité", capable de lire le latin et le grec.40
Charpy renouait avec ses jeunes années. Mais il ne resta pas longtemps en place. En mars 1591, le collège apparaissait "délaissé de principal".41 Une fois de plus, il fallut se mettre enquête d'un candidat, prévoir un concours. En juin, la situation demeurait inchangée. Le 27 de ce mois, les représentants des dizaines furent convoqués à la maison de la ville pour trouver une solution. Des noms furent avancés, celui du chanoine Richard Roussat, celui de l'avocat Claude Sautot. Mais on décida finalement de s'en remettre à "l'avis des doctes et expérimentez" par le moyen d'un concours.42 Le siège royal rendit un jugement dans le même sens, mais, le 2 octobre, les échevins cherchaient encore un principal "entre ceulx qui se sont presentez en l'examen".43
Le dénouement intervint quelques semaines plus tard, lié sans doute au règlement du problème de la prébende préceptorale. Lors de la signature de l'accord passé entre le chapitre et la municipalité sur ce sujet, le 23 décembre 1591, chacun reconnaissait comme recteur du collège un certain Nicolas Nicolas. 44
Malgré le silence des sources pour les années suivantes, on peut douter que les Langrois aient alors été pleinement satisfaits de la situation. Le collège fonctionnait, mais de façon routinière et sans grand rayonnement. Au lendemain de la victoire d'Henri IV, les autorités ecclésiastiques et civiles de la ville sentir la nécessité d'un "restablissement".45 C'est certainement à la date de 1597-1598 qu'il faut situer la démarche de Jean Roussat auprès du chapitre, pour obtenir de celui-ci la concession d'une part du jardin des Trépassés [tous les ans, l'office du tourismes du Pays de langres organise une visite guidée : "À la recherche des anciens cimetières de Langres : " Les cimetières de Langres et de sa proche périphérie, qu'ils soient encore en fonction comme celui de la Collinière ou disparus depuis longtemps comme St-Grégoire ou les Trépassés, nous renseignent sur la façon dont nos ancêtres abordaient la question de la mort et leur rapport aux défunts."], dépendant de la cure de Saint-Pierre, en vue d'améliorer la résidence du principal. Ses remarques sur l'état du collège de Langres montrent la volonté des notables de revivifier l'établissement :
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Ils refusèrent de lui donner les clefs du collège. Sommé par les autorités religieuses, représentées par le chambrier du chapitre, Jean Girondet, de commencer ses leçons, le pauvre principal ne put que faire constater devant notaire, le 3 février 1858, son impuissance :
"...Incontinent apres sa nomination et institution en lad. charge, il sestoit pourveu de bons et suffizans regens qui avec luy estoient prestz de lyre, mais quil navoit sceu avoir les clefz du college et des classes, pour lesquelles recouvrer il sestoit retiré par devant Me Noël Facenet cy devant principal des escolles qui luy auroit faict respondre avoir icelles esté retirées par les sieurs maire et eschevins de lad. ville, ausquelles semblablement led. Heudeley judiciairement leur avoit demandé lesd. clefs, que ce faire en auroient esté reffuzans, comme il a dict apparoir par acte du vingt-neufviesme janvier dernier. Et a ce moyen ayant lesd. clefz est prest dexercer lad. charge de principal desd. escolles."36
Le problème était insoluble. Il se greffait sur la question de l'évaluation de la prébende préceptorale. Les royalistes, maîtres de la ville, n'entendaient pas abandonner, les yeux fermés, le collège a un recteur choisi par les seuls ecclésiastiques, et dont les sentiments pouvaient être mitigés, sinon totalement ligueurs. Mieux valait laisser les écoles closes. Heudeley, dont on aimerait, bien sûr, connaître les idées, ne réussit pas, semble-t-il, à forcer le blocus.
À la fin de la même année 1588, sur ordre du lieutenant générale royaliste de la province, Dinteville [ Joachim, 1538-1607 ; baron de Dinteville, Meurville, Spoy etc. Guidon de la compagnie du marquis de Pont-à-Mousson, 1569-1573, conseiller du Roi, Conseil Privé, Gentilhomme ordinaire de Sa Chambre, 1575, capitaine de 50, 1579, puis de 100 hommes d’armes des Ordonnances, 1581-1592, Lieutenant-Général au Gouvernement de Champagne & de Brie, 1579-1606, chevalier des Ordres du Roi, 1572 & 1583, conseiller d’État, 1592, Gouverneur de Troyes, 1594] Noël Facenet fut arrêté, en compagnie de quelques autres personnes, pour "avoir esté et estre encore mal affectionnez au service du Roi".37 Libéré quelques jours plus tard, il fut assez curieusement sollicité de reprendre la tête du collège et le chambrier du chapitre l'interrogea sur ses intentions. Sa réponse fut négative et la ville apprit, le 20 janvier 1589, que le chanoine "ne vouloit plus, en, prendre la peine, en desdain de ce que l'on l'avoit arresté prisonnier et pris ses papiers en son estude".38
Cette démarche insolite des notables peut se comprendre. Le prestige scientifique du recteur Facenet demeurait intact. À tout prendre, mieux valait au collège un ligueur plein de science qu'un ligueur au savoir contesté. Mieux valait un ligueur soumis à la surveillance constante de ses élèves et de leurs parents qu'un chanoine tramant ses complots à l'ombre du cloître. Installer Facenet rue Chatin, c'était une façon de le désarmer. Et puisque celui-ci refusait cette solution, il n'avait plus sa place à l'intérieur des remparts : il fut expulsé de la ville.
Cependant, "les enffans perdoient leurs temps, faulte de remettre le college comme il estoit auparavant la contagion et d'y mettre ung bon recteur pour y enseigner la jeunesse".39 Il fallait trouver une solution. La municipalité fit appel à Lupian Demongeot qui exerça la charge quelques mois, avec ou sans l'accord des ecclésiastiques. Le 2 juin 1590, au cour d'une assemblée municipale consacrée au problème de la prébende préceptorale, on évoqua le remplacement devenu nécessaire de ce maître "valétudinaire". La majorité des suffrages se porta sur Simon Charpy, "homme de gravité", capable de lire le latin et le grec.40
Charpy renouait avec ses jeunes années. Mais il ne resta pas longtemps en place. En mars 1591, le collège apparaissait "délaissé de principal".41 Une fois de plus, il fallut se mettre enquête d'un candidat, prévoir un concours. En juin, la situation demeurait inchangée. Le 27 de ce mois, les représentants des dizaines furent convoqués à la maison de la ville pour trouver une solution. Des noms furent avancés, celui du chanoine Richard Roussat, celui de l'avocat Claude Sautot. Mais on décida finalement de s'en remettre à "l'avis des doctes et expérimentez" par le moyen d'un concours.42 Le siège royal rendit un jugement dans le même sens, mais, le 2 octobre, les échevins cherchaient encore un principal "entre ceulx qui se sont presentez en l'examen".43
Le dénouement intervint quelques semaines plus tard, lié sans doute au règlement du problème de la prébende préceptorale. Lors de la signature de l'accord passé entre le chapitre et la municipalité sur ce sujet, le 23 décembre 1591, chacun reconnaissait comme recteur du collège un certain Nicolas Nicolas. 44
Malgré le silence des sources pour les années suivantes, on peut douter que les Langrois aient alors été pleinement satisfaits de la situation. Le collège fonctionnait, mais de façon routinière et sans grand rayonnement. Au lendemain de la victoire d'Henri IV, les autorités ecclésiastiques et civiles de la ville sentir la nécessité d'un "restablissement".45 C'est certainement à la date de 1597-1598 qu'il faut situer la démarche de Jean Roussat auprès du chapitre, pour obtenir de celui-ci la concession d'une part du jardin des Trépassés [tous les ans, l'office du tourismes du Pays de langres organise une visite guidée : "À la recherche des anciens cimetières de Langres : " Les cimetières de Langres et de sa proche périphérie, qu'ils soient encore en fonction comme celui de la Collinière ou disparus depuis longtemps comme St-Grégoire ou les Trépassés, nous renseignent sur la façon dont nos ancêtres abordaient la question de la mort et leur rapport aux défunts."], dépendant de la cure de Saint-Pierre, en vue d'améliorer la résidence du principal. Ses remarques sur l'état du collège de Langres montrent la volonté des notables de revivifier l'établissement :
"La chose la plus necessaire est de restablir et mettre sus les escolles qui se sont abatardiz par le moien de la contagion advenue en ladicte ville, mesme au quartier où estoient establies lesdictes escolles... Lesquelles escolles par voz bons moiens les supplians desiroit (sic) faire restablir comme elles ont esté du passé et mieulx sil leur est possible. Ont ja tant faict que à voz prières qui servent de commandement le sieur Facenet continuera les bonnes œuvres et doctrines qui a commencées."46
Facenet! Nom magique. Ce fut en effet de son côté que se tournèrent, unanimes, évêque, chanoines, échevins et notables soucieux de "rétablir" le collège. En ces jours de pacification, chacun voulait oublier les divisions, proclamer l'unité retrouvée. Roussat expliquait par la seule peste le déclin de l'enseignement à Langres ; il se disait serviteur des chanoines dont les "prières" lui servaient de "commandements". En juillet 1596, le chapitre avait adressé une supplique au lieutenant général Dinteville, pour lui demander d'autoriser Noël Facenet à rentrer en ville, dès qu'il aurait obtenu du roi des lettres d'absolution.47
Facenet! Nom magique. Ce fut en effet de son côté que se tournèrent, unanimes, évêque, chanoines, échevins et notables soucieux de "rétablir" le collège. En ces jours de pacification, chacun voulait oublier les divisions, proclamer l'unité retrouvée. Roussat expliquait par la seule peste le déclin de l'enseignement à Langres ; il se disait serviteur des chanoines dont les "prières" lui servaient de "commandements". En juillet 1596, le chapitre avait adressé une supplique au lieutenant général Dinteville, pour lui demander d'autoriser Noël Facenet à rentrer en ville, dès qu'il aurait obtenu du roi des lettres d'absolution.47
Dinteville ou les bases d’une autorité nouvelle
Un an plus tard, c'était chose faite. Le 4 novembre 1597, sur proposition de l'évêque et du chapitre,
" et convocation faicte de quarante des plus signalez tant des corps de justices ordinaire et extraordinaire, officiers de Monseigneur de Langres et Mrs du Chapitre avec quelques borgeois, de l'advis pris des presents qui estoient Messieurs Roussat, De Fontaine, Roussat, Medard, Du Molinet, Maignien bailly et Noirot lieutenant en la mayrie. Simon Andrieu, Heudelot esleu, Milleton maire antique, Regnier, Bourrelier, Legros, Fourrel, J.Bocquin, Parisot, Busset, Brossard, De L'Aumosne et plusieurs autres, tous unanimement et de mesme advis ont opiné debvoir estre procedé à la demission du precepteur d'à present et pourveu d'ung autre. A l'effect de quoy ils desirent que Monsieur Facenet soit prié d'accepter la charge et à son reffus pouvoir du plus propre et capable qui sera possible."48
À situation exceptionnelle, procédure exceptionnelle. La révocation du recteur en titre ne posait de problème à personne : le malheureux Nicolas fut-il victime de cette restauration? Il est impossible de le dire. Mais ce départ ne provoqua aucune contestation. Quand à l'acceptation de Noël Facenet, elle fut finalement obtenue et, le 23 décembre 1597, l'échevinage précisa les conditions financières de son mandat. Celui-ci devait commencer "au premier de janvier prochain" et durer trois ans.49 Mais en juillet 1600, le recteur acceptait de prolonger sa tâche trois années encore.50 En réalité, il n'y renonça définitivement qu'en juillet 1605.51
De 1598 à 1605, la confiance des trois "corps" envers Noël Facenet ne diminua pas. Elle se reporta sans problèmes sur son jeune neveu, Michel Facenet, qui reprit le flambeau de 1605 à 1618. Bien vite pourtant l'unanimité s'effrita. D'abord, semble-t-il, le neveu ne valait pas l'oncle, et les critiques rapidement gonflèrent. Mais, surtout, le problème se trouvait désormais posé d'un éventuel recours aux jésuites [nom des membres de l'ordre religieux fondé, sous le nom de clercs réguliers de la compagnie de Jésus, par saint Ignace de Loyola en 1534 ; cet ordre porte aussi le nom de société de Jésus ; il fait profession d'élever la jeunesse et de s'employer aux missions. Le général des jésuites. Il étudia chez les jésuites. Les jésuites furent expulsés de France en 1764, supprimés par le pape Clément XIV le 21 juillet 1773, et rétablis le 14 août 1814 par le pape Pie VII] Les passions à nouveau s'éveillèrent, le débat public s'anima, les vieux clans du temps de la Ligue se renforcèrent, opposant "politiques" et dévots".
Lorsqu'en 1618 Michel Facenet sollicita un congé pour aller poursuivre ses études théologiques à Paris, le choix de son successeur s'avéra difficile. Facenet n'envisageait qu'une absence de deux ans ; il proposa aux échevins de désigner "ung econome", simple intérimaire, jusqu'à son retour : Jean Paultheret, l'un des régents, ferait l'affaire. La municipalité penchait pour l'acceptation lorsque l'évêque Sébastien Zamet proposa d'installer les jésuites et désigna "par provision", pour terminer l'année jusqu'à la Saint-Remy, le frère du recteur défaillant, Noël Facenet le jeune.52
Une partie de la population manifesta immédiatement son hostilité aux projets épiscopaux. Zamet comprit rapidement que l'arrivée des Pères ne se ferait pas sans luttes et qu'il fallait, en attendant, donner au collège une direction plus solide que celle du jeune Facenet. Il convoqua donc, le 26 juillet 1618, une assemblée des trois "corps" qu'il présida lui-même. Le chapitre, par la voix du chanoine Théodecte Tabourot, opina en faveur de François Heudelot.53 L'évêque soutint le même candidat. Mais au nom de la ville le maire Voinchet déclara qu'il ne pouvait se prononcer sans avoir pris "advis du conseil et des principaulx bourgeois et habitans de la dicte ville". Il obtint une suspension de séance et réunit à midi " en l'hostel commung de la dicte ville les officiers du Roy de l'ordinaire et extraordinaire et tous les principaulx bourgeois et habitans de la dicte ville", évoqua les projets de l'évêque et le choix de François Heudelot comme principal "par provision".
"Dict qu'il estoit presenté plusieurs honnestes hommes suffisans et capables pour l'exercice de ceste charge, comme les srs Oudinet, principal au collège de La Marche à Paris, qui désire se retirer en cest ville, Paultheret, Dolbeau et ledict Heudelot et qu'il s'en pourroit encores présenter aultres."
Les discussions furent longues. Manifestement le choix des ecclésiastiques ne plaisaient guère aux laïques. La majorité se prononça finalement pour la continuation du jeune Facenet jusqu'à l'organisation d'un concours destiné à départager les concurrents.54 Celui-ci se déroula sans doute en septembre et fut favorable à Jean Oudinet, à qui allaient toutes les sympathies des notables.55 Mais ce dernier dut rester un an encore à Paris, et Noël Facenet continua d'assurer l’intérim.
En octobre 1619, Jean Oudinet arriva pour prendre possession de sa charge. Il rencontra d'abord l'hostilité déclarée de Sébastien Zamet. Celui-ci visait sans doute d'abord l'échevinage que l'évêque devait trouver trop indécis dans l'affaire de l'installation des jésuites. Elle s’adressait peut-être aussi à un maître trop prestigieux, peu malléable, assez indépendant pour se permettre de se présenter avec un an de retard. Cependant le prélat ne s'opposa pas à l'installation du recteur. En l'absence du chantre, la cérémonie fut présidée par le grand archidiacre, l'ancien, et, sans doute, toujours très influent recteur, Noël Facenet, l'oncle du prédécesseur immédiat de Jean Oudinet.56
Celui-ci exerça sa mission jusqu'en 1625. En 1623, croyant que les jésuites allaient enfin pouvoir prendre le collège en charge, il avait offert sa démission. 57 Mais les opposants ne désarmant point, il avait été prié de continuer sa tâche.58 En 1625, il fallut lui trouver un successeur, et, une fois de plus, les avis divergèrent. Les échevins proposèrent de renouveler le bail de Jean Oudinet, mais les ecclésiastiques offrirent le poste à Bénigne Sanrey, docteur en théologie.59
Ce dernier devint donc officiellement recteur. Mais beaucoup de fils de notables continuèrent de suivre les leçons que voulait leur donner, en dépit du monopole rectoral, Jean Oudinet. Bénigne Sanrey s'en plaignit amèrement.60 Ses difficultés ne s'arrêtèrent point là, car il finit par s'attirer l'inimité de Sébastien Zamet.
Le 19 août 1628 en effet, les trois "corps" se prononcèrent enfin unanimement en faveur de l'installation des jésuites au collège.61 Mais il fallait encore obtenir l'autorisation royale.
À suivre...
36. A.D.H.M., 4 E, Langres, étude Caillet-Rivière, 1118, minute Labrun. - Jean Gironnet, chanoine de 1572 à 1593. Cf. Roussel, op. cit., t. IV, p. 102.
37. B.M.L., Ms 169, t. I, f° 49.
38. Ibid., f° 51 v°.
39. Ibid.
40. Ibid., f° 71.
41. Ibid., f° 79 v°. Contrairement à ce que pensait l'abbé Roussel, Charpy n'est donc point resté en place jusqu'à 1597.
42. Ibid., f° 80.
43. Ibid., f°82.
44. A.D.H.M., 2 G 110.
45. Le mot est placé par l'échevinage dans la bouche de l'évêque et du chapitre ; mais le même échevinage adopte l'idée puisqu'il prend les dispositions nécessaires. B.M.L., Ms 169, t. I, f° 106.
46. A.D.H.M., F 664. La requête n'est pas datée ; mais postérieurement à la peste, Roussat étant maire et Facenet recteur, elle doit se situer aux alentours de 1597-1598.
47. A.D.H.M., 2 G 16, f° 136 v°, 23 juillet 1596.
48. B.M.L., Ms 169, t. I, f° 106. Dans sa composition même, l'assemblée se veut manifestation d'unanimité. Aux côtés des "politiques", conduits par Jean Roussat, siègent des représentants avoués du parti ligueur, tel le bailli ducal Maignien, qui avait été arrêté en même temps que Facenet.
49. Ibid.
50. Ibid., f° 110 v° - 111.
51. A.D.H.M., 2 G 18, f° 86 v°, 26 juillet 1605.
52. B.M.L., Ms 169, t. I.
53. Théodecte Tabourot, neveu de Jean, chanoine en 1583, chantre de 1593 à 1620, official de 1620 à 1631. Cf. Roussel, op. cit., t. IV, p. 103.
54. B.M.L., Ms 169, t.I, f° 273.
55. A.D.H.M., 2 G 22, f° 18 v°.
56. A.D.H.M., 2 G 23, f° 29 ; B.M.L., Ms 169, t. II, f° 12 v°.
57. A.D.H.M., 2 G 23, f° 246, 15 décembre 1623.
58. B.M.L., Ms 169, t. II, f° 60.
59. A.D.H.M., 2 G 25, f° 61 v°, 17 août 1625. B.M.L., Ms 169, t. II, f° 88 v°, septembre.
60. B.M.L., Ms 190, copie XIXe siècle.
61. A.D.H.M., 2 G 111.
Les discussions furent longues. Manifestement le choix des ecclésiastiques ne plaisaient guère aux laïques. La majorité se prononça finalement pour la continuation du jeune Facenet jusqu'à l'organisation d'un concours destiné à départager les concurrents.54 Celui-ci se déroula sans doute en septembre et fut favorable à Jean Oudinet, à qui allaient toutes les sympathies des notables.55 Mais ce dernier dut rester un an encore à Paris, et Noël Facenet continua d'assurer l’intérim.
En octobre 1619, Jean Oudinet arriva pour prendre possession de sa charge. Il rencontra d'abord l'hostilité déclarée de Sébastien Zamet. Celui-ci visait sans doute d'abord l'échevinage que l'évêque devait trouver trop indécis dans l'affaire de l'installation des jésuites. Elle s’adressait peut-être aussi à un maître trop prestigieux, peu malléable, assez indépendant pour se permettre de se présenter avec un an de retard. Cependant le prélat ne s'opposa pas à l'installation du recteur. En l'absence du chantre, la cérémonie fut présidée par le grand archidiacre, l'ancien, et, sans doute, toujours très influent recteur, Noël Facenet, l'oncle du prédécesseur immédiat de Jean Oudinet.56
Celui-ci exerça sa mission jusqu'en 1625. En 1623, croyant que les jésuites allaient enfin pouvoir prendre le collège en charge, il avait offert sa démission. 57 Mais les opposants ne désarmant point, il avait été prié de continuer sa tâche.58 En 1625, il fallut lui trouver un successeur, et, une fois de plus, les avis divergèrent. Les échevins proposèrent de renouveler le bail de Jean Oudinet, mais les ecclésiastiques offrirent le poste à Bénigne Sanrey, docteur en théologie.59
Ce dernier devint donc officiellement recteur. Mais beaucoup de fils de notables continuèrent de suivre les leçons que voulait leur donner, en dépit du monopole rectoral, Jean Oudinet. Bénigne Sanrey s'en plaignit amèrement.60 Ses difficultés ne s'arrêtèrent point là, car il finit par s'attirer l'inimité de Sébastien Zamet.
Le 19 août 1628 en effet, les trois "corps" se prononcèrent enfin unanimement en faveur de l'installation des jésuites au collège.61 Mais il fallait encore obtenir l'autorisation royale.
À suivre...
36. A.D.H.M., 4 E, Langres, étude Caillet-Rivière, 1118, minute Labrun. - Jean Gironnet, chanoine de 1572 à 1593. Cf. Roussel, op. cit., t. IV, p. 102.
37. B.M.L., Ms 169, t. I, f° 49.
38. Ibid., f° 51 v°.
39. Ibid.
40. Ibid., f° 71.
41. Ibid., f° 79 v°. Contrairement à ce que pensait l'abbé Roussel, Charpy n'est donc point resté en place jusqu'à 1597.
42. Ibid., f° 80.
43. Ibid., f°82.
44. A.D.H.M., 2 G 110.
45. Le mot est placé par l'échevinage dans la bouche de l'évêque et du chapitre ; mais le même échevinage adopte l'idée puisqu'il prend les dispositions nécessaires. B.M.L., Ms 169, t. I, f° 106.
46. A.D.H.M., F 664. La requête n'est pas datée ; mais postérieurement à la peste, Roussat étant maire et Facenet recteur, elle doit se situer aux alentours de 1597-1598.
47. A.D.H.M., 2 G 16, f° 136 v°, 23 juillet 1596.
48. B.M.L., Ms 169, t. I, f° 106. Dans sa composition même, l'assemblée se veut manifestation d'unanimité. Aux côtés des "politiques", conduits par Jean Roussat, siègent des représentants avoués du parti ligueur, tel le bailli ducal Maignien, qui avait été arrêté en même temps que Facenet.
49. Ibid.
50. Ibid., f° 110 v° - 111.
51. A.D.H.M., 2 G 18, f° 86 v°, 26 juillet 1605.
52. B.M.L., Ms 169, t. I.
53. Théodecte Tabourot, neveu de Jean, chanoine en 1583, chantre de 1593 à 1620, official de 1620 à 1631. Cf. Roussel, op. cit., t. IV, p. 103.
54. B.M.L., Ms 169, t.I, f° 273.
55. A.D.H.M., 2 G 22, f° 18 v°.
56. A.D.H.M., 2 G 23, f° 29 ; B.M.L., Ms 169, t. II, f° 12 v°.
57. A.D.H.M., 2 G 23, f° 246, 15 décembre 1623.
58. B.M.L., Ms 169, t. II, f° 60.
59. A.D.H.M., 2 G 25, f° 61 v°, 17 août 1625. B.M.L., Ms 169, t. II, f° 88 v°, septembre.
60. B.M.L., Ms 190, copie XIXe siècle.
61. A.D.H.M., 2 G 111.
Georges Viard, Le collège de Langres avant l'installation des Jésuites, seconde moitié du XVIe siècle - début du XVIIe siècle, Bulletin de la Société historique et archéologique de Langres, SHAL, n° 262, tome XVII, trimestriel-I, I98I, p. 409 à 426.
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