HAUTE-MARNE, LANGRES : IL ÉTAIT UNE FOIS LE COLLÈGE, VIII ET FIN

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   L'on aimerait pouvoir évoquer assez longuement la personnalité de l'un ou l'autre de ces modestes seconds rôles. L'état des sources permet seulement de citer quelques noms. Une exploration méthodique des registres paroissiaux ou des actes notariés permettrait sans doute d'allonger sensiblement la liste des maîtres langrois ; il apparait douteux qu'elle puisse conduire beaucoup plus loin.
  Certains de ces régents étaient prêtres. Ainsi, Claude Desnecours, logé en 1595 au prieuré de Saint-Gengoulph, s'y trouvait encore en 1630.111 Le fils de Jean Paultheret, Valérien Paultheret, prêtre, suppléait pendant six mois, en 1620, le maître titulaire, Simon Dolebeau : la ville lui versait, à titre de gratification, une somme de 18 livres.112
  Mais la plupart des régents connus étaient des laïques, issus des milieux de la petite et moyenne bourgeoisie de la ville. Ou bien il s'agissait de jeunes gens qui poursuivaient leur formation en secondant le recteur, ainsi avait fait aussi Bénigne Sanrey. Ou bien l'on confiait à des hommes d'expérience le soin d'enseigner. Certains firent sans doute des séjours assez courts au collège; d'autres y consacrèrent une partie de leur existence.
  •  Le 9 janvier 1581, l'on baptisait à Saint-Pierre, le petit Simon, fils de Jacques Regnauld, régent, et de Quantine Fouret. Le parrain s'appelait Simon Dolebeau, également régent. C'est sans doute ce même Dolebeau que remplaçait en 1620 Valérien Paultheret ; ce même Dolebeau, avocat en 1610, époux d'Isabeau Mance, père en 1612 d'un petit Charles, en 1616, d'un petit François... 
  • Jean Boilletot, régent en 1604, 1605, 1609, 1610, 1611, avait épousé Sébastienne Milleton.
  • Adrien Minguet, régent en 1603, 1608, 1609, 1614, 1617, 1619, 1622, 1623, était le mari de Guillemette Petit, dite sa veuve le 9 novembre 1626. 
  • Nicolas Nicolas, mari d'Antoinette Floriot, professait en 1604 et 1609. 
  • Antoine Valette cumulait en 1623 les fonctions d'avocat et celles de professeur. 
  • Renaud Voinchet enseignait en 1609, 
  • Nicolas Braconnier en 1627.113
  Parmi les maîtres du collège, trois émergent davantage : ils furent un temps chargés d'administrer la maison et d'exercer, avec ou sans le titre, le rôle de principal.
  En 1588-1589, Lupian Demongeot fut choisit par les échevins pour remplacer Facenet. Il leur paraissait " homme de bien, fort catholique, bien versé en grecque, poésie, oratoire et exercé en la charge, pour en avoir tousjours fait profession ". Ainsi ce médecin, de faible complexion, " valétudinaire [qui a une santé chancelante, Larousse] et pulmoniaque ", avait longtemps enseigné. Fils de Pierre, il avait épousé Quantine Bonnet, dite sa veuve le 12 septembre 1591. Leur fils Gabriel, né vers 1575 et docteur en médecine, devait devenir professeur à l'université de Pont-à-Mousson et médecin des ducs de Lorraine. Demongeot marqua suffisamment ses élèves pour rejoindre au palmarès de Gaultherot, les meilleurs des recteurs.114
  Pour succéder à Michel Facenet, les ecclésiastiques désignèrent en 1618 François Heudelot, alors chargé de la seconde classe du collège. " Enfant de la ville ", selon l'avocat Depetasse, " n'ayant que sa seulle personne, estant homme de doctrine ", il semblait capable d'assurer l'intérim. Mais ce choix fut contesté. Aussi Zamet préféra-t-il confier le collège au frère de Michel Facenet. François Heudelot continua-t-il d'assurer la bonne marche d'une classe ? Nous l'ignorons.115
  Le troisième régent appelé à diriger le collège fut aussi le dernier recteur, Jean Paultheret. Longtemps, semble-t-il, ce dernier avait enseigné : le 11 septembre 1585, il portait déjà le titre de régent. Il se peut qu'il ait exercé quelques temps ses talents à Vesoul, car, à la fin du XVIe siècle, la maison, sise actuellement au n°18 de la rue Barbier-d'Aucourt, appartenait à Jean Paultheret, " principal au collège de Vesoul ".116

Rue Barbier-d'Aucourt. Source : Office de tourisme Pays de Langres

Le n°18 rue Barbier-d'Aucourt aujourd'hui. Source : Google

  En 1618, il enseignait à Langres puisque Michel Facenet proposait de lui abandonner la direction du collège pendant son absence. Jean Paultheret, également avocat, marié à Anne Petitjean, avaient plusieurs enfants dont Valérien, prêtre en 1620, Jacquette, baptisée le 29 juin 1588, Jean, baptisé le 17 novembre 1594, Edme, baptisé le 10 mars 1604. Régent en 1623, il était chargé de la seconde classe du collège lorsqu'il fut choisi comme recteur en place de Sanrey.117
  Lorsque les jésuites prirent possession du collège en 1630, Jean Paultheret, principal et régent de la première classe, fit les honneurs de l'établissement aux nouveaux maîtres des lieux. Il rassemblait en sa personne les deux lignées de recteurs et régents qui, depuis les temps héroïques du XVe siècle, s'étaient succédés au service de la jeunesse langroise. Une certaine nostalgie dut s'emparer du professeur déchu.
  Des temps nouveaux venaient pour le collège et pour les Langrois. C'en était fini des longues discussions autour du choix des maîtres. Sans doute ne s'agissait-il pas d'une réelle " démission " des notables face à leurs responsabilités. Mais n'était-ce point un peu de la vie de la cité qui s'éteignait ?
FIN

111. A.D.H.M., D 16/3 ; F 664. B.M.L., Ms 169, t. I, f° 100.

112. B.M.L., Ms 217.

113. Noms relevés au cours de notre enquête et à la suite de quelques plongées dans les registres paroissiaux.

114. A.D.H.M., 2 G 110. 22 J 4, Fonds de l'Horme, dossier 73.

115. F.Heudelot était peut-être le petit-fils du marchand Richard Heudelot et de Madeleine Privé, baptisé à Saint-Pierre le 22 juillet 1588. Peut-être s'agit-il du futur oratorien. Cf. A.D.H.M., 22 J 5, fonds de l'Horme, dossier 130. B.M.L., Ms 169, t. I, f° 270, 273.

116. L.Guyot, Les maisons de Langres, t. III, p. 453-454, Bibliothèque de la S.H.A.L., Ms 79 c.

117. A.D.H.M., D 16/3. B.M.L., Ms 169, t. I, f° 270 ; Ms 217.

 Georges Viard, Le collège de Langres avant l'installation des Jésuites, seconde moitié du XVIe siècle - début du XVIIe siècle, Bulletin de la Société historique et archéologique de Langres, SHAL, n° 265, tome XVII, 4° trimestre, 1981, pp. 489-504.

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