Afrique, électricité : quand les pays à faibles émissions carbone se voient couper les vivres par bien plus pollueurs qu'eux

  Mes chers "amis" Africains, faîtes ce que je dis mais pas ce que je fais! Tel pour être le message des pays riches à l'encontre des 600 millions d' Africains qui n'ont pas accès à l'électricité.
  "Sur la balance de la mondialisation, une tête d'enfant du tiers-monde pèse moins lourd qu'un hamburger."
Fatou Diome, écrivain

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L'interdiction générale des fonds destinés aux combustibles fossiles aggravera la pauvreté

Vijaya Ramachandran
2021 04 22


   L'Afrique a besoin d'infrastructures énergétiques fiables, et non de l'hypocrisie du monde riche.
  La semaine dernière, sept pays européens se sont engagés à cesser d'apporter un soutien important à des projets liés aux combustibles fossiles à l'étranger. Ils se joignent aux États-Unis et à d'autres pays européens pour mettre fin au financement de projets d'infrastructures énergétiques dans les pays pauvres qui dépendent du charbon, du gaz et du pétrole. Cette interdiction générale aggravera la pauvreté dans des régions telles que l'Afrique subsaharienne, mais ne contribuera guère à réduire les émissions de carbone dans le monde.
  L'Afrique représente environ 17 % de la population mondiale, mais moins de 4 % des émissions annuelles de carbone dans le monde. Il n'est pas juste que les pays riches luttent contre le changement climatique au détriment du développement et de la résilience climatique des pays à faible revenu. Les pays riches devraient plutôt aider les gouvernements africains à se doter d'un large éventail de sources d'énergie pour un développement rapide et durable.
  L'infrastructure de combustibles fossiles qui existe déjà en Afrique est à forte intensité de carbone et dessert les pays les plus riches. L'Afrique du Sud et plusieurs pays d'Afrique du Nord détiennent ensemble les deux tiers de la capacité de production d'électricité du continent. Les 48 autres pays ne disposent à eux tous que d'une capacité de 81 gigawatts, sur un total de 244 gigawatts pour l'Afrique et de 9 740 gigawatts pour le monde. L'Éthiopien moyen ne consomme que 130 kilowattheures d'électricité par an, soit environ la quantité que consomme en moyenne un Américain en 4 jours.
  Ce déséquilibre est à la fois une cause et une conséquence du manque d'infrastructures modernes en Afrique. Pour des centaines de millions de personnes en Afrique, l'énergie est rare, la nourriture est chère et souvent importée, et il est difficile de trouver un emploi à temps plein. Une grande partie de ce qui est nécessaire au développement - routes, écoles, logements, électricité fiable - ne peut être réalisée rapidement avec la seule énergie verte.
  Le gaz naturel est un combustible fossile, mais il pourrait faire beaucoup pour sortir efficacement les communautés de la pauvreté. Il s'agit d'une source d'énergie dont l'efficacité carbonique est environ deux fois supérieure à celle du charbon, et il est abondant dans de nombreux pays africains en dehors de l'Afrique du Nord, notamment au Nigeria, au Mozambique, en Angola et en République démocratique du Congo. Le Hub Energy for Growth, un réseau de recherche international, estime que si les 48 pays triplaient leur consommation d'électricité du jour au lendemain en utilisant du gaz naturel, les émissions de carbone qui en résulteraient représenteraient moins de 1 % du total mondial, voir go.nature.com/3app2ff.
  Le gaz naturel offre également le meilleur moyen de moderniser la production et le transport des aliments. Malgré les efforts impressionnants déployés dans les systèmes d'irrigation solaire en Afrique, le gaz naturel reste le meilleur pour l'agriculture à grande échelle ; il est fiable, peu coûteux et brûle plus proprement que les autres combustibles fossiles. Il peut être stocké jusqu'à ce qu'on en ait besoin. C'est l'une des meilleures matières premières pour la production d'engrais synthétiques ; il peut alimenter les voitures, les bus, les camions et les navires, ainsi que les systèmes de stockage à froid. Cela signifie que moins de nourriture se gâte et que les agriculteurs peuvent fournir plus de nourriture avec moins de terres.
  Une interdiction générale des combustibles fossiles ne fera pas grand-chose pour stimuler la croissance des énergies renouvelables en Afrique : cette croissance est déjà en cours. L'électricité de l'Éthiopie, du Kenya, du Malawi, du Mali, du Mozambique et de l'Ouganda - qui représentent ensemble un cinquième de la population africaine - provient principalement de ressources renouvelables comme l'énergie hydroélectrique. En outre, le développement des combustibles fossiles peut être utilisé au fur et à mesure que les sources renouvelables se développent, jetant ainsi les bases de projets plus ambitieux. Une thèse de doctorat réalisée en 2020, voir go.nature.com/3tbfg25,  a montré que des générateurs à gaz mobiles et "répartissables" seraient essentiels pour que l'Afrique du Sud passe à l'électricité renouvelable, car les sources éoliennes et solaires seraient trop variables lorsqu'elles seraient développées. En effet, les sources éoliennes et solaires seraient trop variables au fur et à mesure qu'elles seraient développées. Et il y a un risque à développer trop rapidement l'électricité : l'approvisionnement intermittent d'un grand parc éolien au Kenya a rendu le réseau électrique coûteux à exploiter.
  Les détracteurs rétorqueront que ceux qui ont des intérêts dans les combustibles fossiles tenteront d'évincer les sources renouvelables et que les gouvernements pourraient être captés par les lobbies des combustibles fossiles. Je comprends ces préoccupations, mais, en tant que défenseur de la durabilité, je pense que les combustibles fossiles sont encore nécessaires. Les institutions financières internationales doivent donner la priorité au financement de projets d'énergie renouvelable chaque fois que cela est possible, et les pays riches doivent investir dans la recherche et le développement afin de faire baisser le coût des énergies renouvelables. Ils ne doivent pas non plus négliger le fléau de la pauvreté. Près de 600 millions d'Africains n'ont pas d'accès fiable à l'électricité. Les catastrophes naturelles et autres risques climatiques devenant plus fréquents, les besoins des populations en matière de routes, d'hôpitaux, de réseaux électriques résilients, de systèmes d'alerte, de réserves alimentaires robustes et autres infrastructures nécessitant une énergie fiable seront encore plus importants.
  Plutôt que d'interdire les combustibles fossiles dans les projets de développement, l'Union européenne, les États-Unis et la Banque mondiale devraient adopter des critères de financement qui tiennent compte de la croissance économique parallèlement à l'impact sur le climat. Par exemple, l'exploitation d'une ressource substantielle de 4,2 trillions de mètres cubes de gaz naturel le long de la frontière entre la Tanzanie et le Mozambique permettrait d'élargir l'accès à l'électricité et de générer des revenus bien nécessaires dans deux pays à faible revenu et à faibles émissions. Je peux imaginer un système à plusieurs niveaux dans lequel les pays ayant un faible revenu par habitant, de faibles émissions ou une forte utilisation des énergies vertes sont jugés plus éligibles aux projets de développement qui dépendent des combustibles fossiles. Toute infrastructure construite devrait être moderne et bien entretenue, afin de réduire le gaspillage causé par les fuites et la nécessité de brûler le méthane.
  La plupart des émissions historiques à l'origine du réchauffement climatique proviennent des pays riches, qui dépendent toujours des combustibles fossiles. Ce serait le comble de l'injustice climatique que d'imposer des restrictions aux nations qui ont le plus besoin d'infrastructures modernes et qui sont les moins responsables des défis climatiques de la planète.

Transition écologique : l'heure de l'addition est venue pour le "chasseur de subventions" éolien et, encore et toujours, pour... le consommateur/contribuable/automobiliste

  Mais que le consommateur/contribuable/automobiliste se rassure : c'est BIEN toujours lui qui paye à la fin!
   "La condition d’animal domestique entraîne celle de bête de boucherie. "
  ZERO EOLIENNE ET BASTA!


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Éolien : 3 à 7 milliards d'indemnités à charge des promoteurs à partir de 2024

Ludovic Grangeon
2021 06 25

  Les promoteurs éoliens ne pouvaient reporter indéfiniment leurs obligations. Ils vont devoir casser leur tirelire et ce n’est que le début. Dès 2024, ils devront supporter le coût de l'impact environnemental de leurs éoliennes. Leurs marges vont fondre, et ils vont devoir payer une note de 3 milliards qui va grimper à 7 milliards et plus.
  Il est probable qu'un promoteur sur quatre n'en sera pas capable et disparaitra. Depuis plusieurs années, et sa première analyse "Coûts et rentabilité des énergies renouvelables" d'avril 2014 , la Commission de Régulation de l'Energie insiste sur l'absence d'enquête sérieuse sur la solidité financière de ce domaine hautement spéculatif et sa gestion peu transparente. Comme le disait la Députée Rapporteure générale de la commission d'enquête parlementaire au Congrès 2019 de France Energie Eolienne : on ne peut mentir indéfiniment aux Français sur les éoliennes.
  Dès son article du 3 mai 2017, Économie Matin a été parmi les tout premiers sites d’information à sonner l’alerte, et décrire les dangers pour 60 000 propriétaires d’accueillir un projet d’éoliennes et de se retrouver ruinés ou spoliés. Largement inspiré par les visiteurs du soir des ministères et les lobbies, le Décret du 23 août 2011 ignorait considérablement l’impact réel de ces installations industrielles sur l’environnement. 70% des projets éoliens sont attaqués en justice, c'est le record national absolu, tous projets confondus.
  Après plusieurs années d’alerte, l’Administration a commencé à comprendre les enjeux de ce problème. Un premier arrêté publié le 22 juin 2020, vient en partie corriger quelques anomalies. Désormais, le démantèlement concerne les installations de production d’électricité, des postes de livraison ainsi que les câbles. Les fondations béton doivent à présent être éliminées dans leur totalité. Les aires de grutage et les chemins d’accès devront aussi être remis en état.
  Ce premier progrès élimine le « cadeau empoisonné», longtemps relégué au déni, que représentait le socle en béton laissé sur le terrain des propriétaires, dont l’enlèvement représente de 200 à 250 000 € par éoliennes. Pourtant tous les problèmes ne sont pas réglés et des dangers subsistent pour les propriétaires. Il va falloir encore respecter la Directive 2008/98/CE du Parlement européen et du Conseil relative aux déchets et le Décret n° 2016-811 du 17 juin 2016. Les provisions de démantèlement sont sous-estimées de 90%. Le trou représente 1 an de chiffre d'affaires à rattraper en seulement 2 ans, autrement dit mission impossible.
  Certains promoteurs suggèrent que les pieux des fondations pourraient ne pas être enlevés. Ce serait un grave danger car les parties profondes sont les plus en contact avec la nappe phréatique des ressources en eau. Les provisions financières restent fixées à 50 000 €, somme ridicule face au coût réel de démantèlement et de recyclage d’une éolienne, entre 550 000 et 850 000 € selon les modèles. A quoi bon exiger une garantie financière sur une somme aussi ridicule qui ne représente que 5 à 10 % du coût réel de démantèlement ? De plus la majorité de ces installations dépendent de sociétés étrangères qui pourront facilement s’échapper de cette obligation. Sinon, la France risque de vite se retrouver avec 2 000 éoliennes rouillées, abandonnées en rase campagne, comme les 14 000 autres aux USA entre la Californie, Hawaï et le reste. Il ,est à noter dans ce cas que les propriétaires des terrains devraient s'acquitter de toutes les obligations à la place du promoteur défaillant, soit au moins 700 000 € par éolienne, sans compter le recyclage.
  Une astuce fixerait le recyclage à 35% de la masse des rotors, et non de ses pièces. Pourquoi 35% seulement ? Cette astuce ne résout rien car elle masque le problème principal. Les pales sont plus légères que l’axe mais elles sont l’élément le plus encombrant, le moins recyclable et le plus gênant. Il est notoire qu’il n’existe actuellement aucune filière d’élimination ou de recyclage des pales, avec un immense problème de plus de 250 000 tonnes. Bien pire, les promoteurs voudraient être autorisés à faire éliminer ces déchets dans des « filières autorisées », ce qui reviendrait à les faire payer deux fois par le contribuable. Les matériaux hautement toxiques des pales d'éoliennes posent aujourd'hui un problème voisin de celui de l'amiante qui reste sans filière efficace immédiate. Les promoteurs éoliens doivent trouver une solution et très vite la mettre en oeuvre à leur charge.
  L’Administration fiscale est fermement opposée au traitement des déchets éoliens dans les filières publiques, qui serait une double peine pour le contribuable : Il va falloir rapidement introduire par un texte législatif une obligation de responsabilité élargie du producteur éolien (REP) pour les pales sur le modèle de la REP véhicules hors d’usage (REP-VHU), dans un premier temps sans éco-organisme ni éco contributions associés pour les éoliennes actuelles et futures. Sinon on va assister très vite à l’enfouissement anarchique de pales géantes qui vont polluer des centaines d’hectares sur des durées très longues et stériliser des terres agricoles. Ce serait un désastre tant dans la Beauce que dans les Hauts de France ou les espaces naturels du Massif Central élargi. Les récents sondages montrent que 70% des Français refusent désormais l'anarchie des éoliennes.
  Les prévisions de démantèlement restent donc largement sous estimées. Les premiers projets de repowering appelleront également l’élimination des premières installations à remplacer, mais seulement une installation sur deux sera éligible. Les indemnités directes à charge des promoteurs ne seront pas inférieures à 3 milliards, mais surtout elles atteindront 7 milliards avec les contraintes de recyclage. La casse va être brutale. On oublie un peu vite l'exemple du krach de Scan energy, promoteur éolien qui n'a pas pu faire face à ses engagements techniques et a provoqué une cascade de neuf défaillances bancaires dont celle de la Mors Fjordbank qui a fait faillite avec un trou de 400 millions, 275 employés; 75 000 clients. Les banquiers et les investisseurs risquent de ne pas y trouver leurs comptes alors que les durées d'amortissement ne seront pas atteintes. En France, réduisant sa maintenance environnementale et technique au détriment de la sécurité, Gamesa a provoqué l'effondrement de la société de maintenance wind technics avec plusieurs millions d'impayés et la perte de 80 emplois. Le seul fabricant français de mâts d'éoliennes, Franceole, a été mis en liquidation en 2019. En Allemagne, la fin de Senvion supprime 4000 emplois mais surtout la chute de ses sous traitants qui possédaient la maitrise technique et environnementale comme SSC ou Ambau, ce qui est un danger considérable pour l'avenir des sites éoliens gérés par cet opérateur. Ces premiers exemples ne sont que l'annonce des nombreux sinistres qui ne manqueront pas de survenir d'ici deux ans, avec la fin programmée de la rentabilité artificielle des éoliennes et, enfin, leur alignement sur les normes environnementales qui n'a été que trop différé.

Haute-Marne : Chaumont à la La Belle Époque, épisode IV

Précédemment
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   L'heure sera d'aller boire la bière et siroter le quinquina [vin apéritif aromatisé de diverses plantes dont, traditionnellement, de l'écorce de quinquina] chez Belime qui, route de Langres, tient le "Casino Chaumontais", ou chez Salomon, sur le Champs de Mars, ou encore, si l'on a une "classe" suffisante, au "Café du Commerce", temple du billard-quillé, des joueurs de cartes et des cercleux du cru.
  Les Messieurs, prisonniers du celluloïd jusqu'au oreilles, commanderont d'une voix forte :
  - Julien!... Julien!...mais qu'est-ce qu'il f... cet animal! Julien! pour moi, un bock!... sans faux-col!...
  En se passant l'index entre le cou et son carcan...
   Les dames avant de boire et soupirant, s'éventeront de leur dérisoire mouchoir brodé en priant secrètement tous les saints du paradis de les délivrer - ô, Seigneur! une minute seulement! - de l'impitoyable baleinage de leur corset.
 

 Affiche 1900. Artiste : Misty. Source 

  Mais les saints qui le sont devenus parce qu'étrangers à ces contingences femelles ne les entendront pas et le martyre prendra fin seulement à la maison retrouvée quand, dans sa chambre, Madame pourra se délacer enfin, frictionner et gratter au sang l'épiderme de sa taille et de ses hanches, avec quels soupirs de soulagement et de volupté! avant de s'abandonner, toutes chairs enfin relâchées, aux molles délices du peignoir ou de la robe de chambre.
  Monsieur aura accroché son canotier à la patère de palier, dégrafé sa cravate, déboutonné son col 
- aide-moi donc un peu, Thérèse! voyons! - ouvert le plastron de sa chemise blanche plissée sur le devant en soufflant son soulagement à travers ses moustaches lasses.
  Madame, bien à l'aise maintenant, reprend la maîtrise de soi et, du même coup, la direction des opérations :
  - Mais...mais... dit-elle en fronçant les sourcils soupçonneux, approche donc un peu, toi!
  Chien battu d'avance, le "toi" obéit, le nez bas et Madame ayant glissé une main infirmière sous la chemise entrebâillée, la retire aussitôt dans un grand geste de théâtre :
  - Qu'est-ce-ce que je disait! Mais voyons! Alfred! te voilà trempé comme une soupe! Veux-tu bien filer te changer, mon ami!
  Et courant à l'espagnolette de la porte-fenêtre entr'ouverte :
  - Ah! soupire-t-elle, comme pour soi, ah! mon pauvre ami! je me demande bien ce que tu deviendrais si je n'étais plus là!
  - Thérèse! ronchonne Alfred à la cantonade. Thérèse!... J'trouve pas ma flanelle propre?
  - Ah! les hommes! murmure Thérèse - et combien alors lui est cher son rôle maternel - mais ils ne trouveraient pas d'eau dans la mer!
  Ainsi se font en 1900 les bons ménages. Et peut-être aujourd'hui?

Le progrès en marche
  Ces angoisses ménagères ne peuvent, heureusement, entraver la marche victorieuse du progrès.
  Au 7 de la rue de Choignes, le progrès monte à l'attaque. Messieurs Mennetrier et Brion déclenchent une vaste offensive vélocipédique avec leur bicyclette "Clément n° 1-1900" au prix extraordinaire de 265 francs avec pédalier de 34 dents ou 275 francs avec pédalier de 40 dents.
  "Outre cette merveille, poursuivent les sympathiques mécaniciens, nous livrons les machines les plus roulantes, munies du célèbre pneumatique Dunlop [En 1888, John Boyd Dunlop invente le pneumatique, brevet français n° 193281 déposé par John Boyd Dunlop le 1er octobre 1888 : « Garniture de jante applicable aux roues de véhicules. », qui contribue à améliorer encore le confort du cycliste. Édouard Michelin perfectionne cette invention en déposant en 1891 un brevet de « pneu démontable », la chambre à air] , garanti un an, au prix de :
  • Bicyclette de luxe : 450 F 
  • Bicyclette sans chaîne : 450 F.
  • Les petites bourses ne sont pas oubliées : Mennetrier et Brion vendent aussi une "bicyclette sans marque mais équipée de pneumatiques, la seule que ne nous garantissons pas, voilà l'honnêteté, au prix de 175 F seulement".
   À l'étage au-dessus, celui des gros portefeuilles, il est désormais permis d'acquérir, à la même adresse, le tricycle à pétrole de 2 CV 1/4 pour 1 500 F, le quadricycle 2 CV 1/4 pour 2 000 F et la déjà fameuse 4 CV Clément ; brevet Panhard et Levassor, pour 5 000 F. 
 

"Cycles Clément était un fabricant de bicyclettes français créé par Adolphe Clément-Bayard. Les ateliers étaient situés au n°20 rue Brunel à Paris..." Source

La vitesse, déjà!
  Une qui observe avec un flegme tout britannique ces prétentions aux rapides déplacements routiers en automobile, c'est la Compagnie des Chemins de Fer de l' Est.
  Laconique et sûre d'elle, elle se borne à informer les usagers en mai 1900, qu'elle vient de mettre en service un nouveau train sur Paris et retour.
  Cette flèche véloce quittera Chaumont à 4 h 53 du matin et touchera la capitale dès 10 h 16. Au retour, on s'embarque à 6 h5 55 du soir. À 1 h 19 du matin, on est preque chez soi.
  Hep! taxi! s'il y en a...

La mangeuse de côtes à l'expo
  L'automobile, encore vagissante, et avec quels bruyants soupirs, sent bien qu'elle n'entraine pas encore l'aveugle adhésion des foules. Cet engin pétaradant, nauséabond, grand remueur de vent et de poussière, ennemi des chiens libres et fléau des basses-cours, oh! ma meilleure pondeuse!, l'automobile est le privilège coûteux des riches, des épateurs et des casse-cou.
  À Paris, cependant, l' Exposition universelle déploie ses prestiges et fouette l'orgueil provincial.
  La Haute-Marne tient à honneur d'y montrer ses industries de base, la métallurgie, la fonderie, la ganterie.
  Un ingénieur lyonnais, du nom de Côte, a mis au point un nouveau type de voiture automobile, qui retient l'attention des métallurgistes du nord du département. Ces industriels, associés à des personnalités locales en vue, fondent incontinent une Société anonyme pour l'exploitation à Saint-Dizier, de l'invention de M. Côte. Résultats concrets, la Société a fabriqué dans ses ateliers deux prototypes de l'auto Côte : l'une à deux places, genre Duc, de force de 3 CV 1/2 au prix de 4 000 F ; l'autre, à trois places, genre vis-à-vis, 5 CV environ, au prix de 5 000 F.
 
1900, 1ere usine à Saint Dizier, Côte 3 CV 2 cylindres, refroidissement par eau. 1908, 2eme usine à Pantin (Seine-Saint-Denis), moteurs 2 temps Violet 2 ou 4 cylindres. Source

  Notre excellent journaliste Delécolle, bien que poète tel que nous le connaissons déjà, ne dédaigne pas d'enfourcher ce nouveau Pégase à quatre roues. Sa sensibilité frémissante déborde dans l'encensoir :
  "Disons, écrit-il à propos des deux machines, qu'elles justifient leur nom d'automobile Côte, aucune côte de la Haute-Marne n'étant susceptible de les faire rester en panne car elles grimpent gaillardement des rampes de 16%. La côte de Buxereuilles, près Chaumont, n'est qu'un jeu pour ces intrépides montagnardes".
  Et plus loin :
  "C'est une bonne machine de route, très discrète dans sa respiration et dans ses...odeurs, le parfum qu'elle laisse derrière elle étant réduit au minimum".
  Notre reporter, passé au rang d’essayeur professionnel, nous communique sa fiche technique :
  "Moteur à double cylindre avec une explosion d'hydrocarbure par tout. 3 vitesses : 8, 18 et 32 km/h. L'action du moteur est transmise directement au différentiel sans l'intermédiaire de courroies. La mise en marche ne recourt à aucune manivelle et se fait par levier à portée de la main du chauffeur assis à son siège. Les freins sont au pied. On peut les faire agir ensemble ou séparément. Un petit levier, mû également au pied, empêche le recul de la voiture".
  Est-elle trop en avance sur son siècle? De l'auto Côte, nous n'entendrons plus jamais parler...

Évolution du nombre des véhicules en France et à Paris, 1899-1913, d ’après les éditions de l’Annuaire statistique de la Ville de Paris, Paris. Source

Au concours général
  Rentrons à Chaumont.
  En 1900, le Concours Général des lycées de France s'est achevé le 26 juillet. Chaumont salue avec une légitime fierté le lauréat du Premier prix de Mathématiques Élémentaires, Maurice Guillaume, troisème fils du docteur Louis Guillaume.
  Le bon docteur Louis Guillaume qui avait cabinet dans la rue de Choignes, dans l'immeuble aujourd'hui [1970] occupé par le boucher M. Potot, à l'angle de la rue Voie-Beugnot avant de se transporter route de Langres, avait plus d'une histoire dans sa trousse et, surtout, une bien jolie plume qu'il maniait avec autant de maîtrise que son bistouri. Il ne dédaignait pas de donner des consultations aux Muses ; sa lyre ne s'accordait pas en hypocondrie. Si vous voulez bien courir tout de suite à l'appendice " Notre historique sur La Motte", vous reconnaitrez que le cher docteur traitait ses cas "allegro vivace".
  Il jouait aussi, en dilettante, d'un autre petit violon d'Ingres, la politique municipale à laquelle, un instant, il prêta son nom, bientôt désabusé. Il nous en restera au moins un petit chef-d’œuvre caustique et bon enfant qu'en appendice vous savourez également : Le Roulement.

 "La Motte" était constitué par un pâté de maisons construites sur un terre-plein de forme ellipsoïdale qui avait valu le nom de "Pierre à l'Huile", ou pierre à aiguiser. Édifiée au XVe siècle devant la "Grand Place, actuelle Place de l' Hôtel de ville, elle était cernée à l'ouest par la rue de la Pierre à l' Huile débouchant sur la Voie de l' Eau, rue Pasteur, au sud, par la rue de la Croix des Halles et regardait à l'est, vers la Cour Dauphin, au nord vers la portion de la rue de Buxereuilles qui, de La Motte à la rue de Reclancourt, s'appela pour un temps rue de l' Etape-au-Vin. [...] Quand à La Motte, la municipalité Tréfousse-Lisse [maire de 1882 à 1894] signa son arrêt de mort en 1883 en considération de la gêne extrême qu'elle procurait à la circulation. [...] Le 23 décembre 1884, de La Motte ne restait pas une pierre debout..."

   "Le docteur Louis Guillaume avait quelque peu tâté de la politique municipale sous la bannière de Victor Fourcaut [maire de 1894 à 1900] et rapporté de cette expérience des notations très personnelles dont "l'oraison sur La Motte" nous a fourni un vigoureux échantillon. Médecin, Louis Guillaume n’ignorait rien non plus de la vie de l' Hospice ni du "roulement" institué dans ses murs à l'usage des médecins de service. Et c'est "Le Roulement" que je propose à votre délectation..."



   Quand à notre mathématicien lauréat du Concours Général, les Chaumontais s'étonneront peut-être de le retrouver sous la blouse et la calotte blanche familière du chirurgien de l' avenue Carnot. Mais ainsi sont les choses. C'est en 1912 que le docteur Maurice Guillaume fonda son modeste établissement : il en peignit lui-même les lits de fer. Puis vint 1914 qui rompit son élan. Et ce fût, à nouveau, "la clinique Guillaume". La bonté de l'homme, le talent du "maître" l'ont rendu inoubliable et inoublié. Signe distinctif : le docteur Guillaume cultivait son jardin, soignait ses roses d'un bistouri habile et achevait de perfectionner son art chirurgien en taillant, pleine peau, les reliures des livres qu'il aimait.

Pauvres mais honnêtes
  L'histoire d'une ville n'est pas un monument fait des seules œuvres d'art dignes de la chronique recherchée. Chaumont, je l'ai retrouvée aussi dans l'obscure et très humble chronique des objets perdus. "Épaves" disait l'un. "Le coin des distraits" disait l'autre. En dépouillant cette rubrique tout aussi digne d'intérêt que celle de nos anciens "chiens crevés", j'ai en quelque sorte palpé la matière dont est fait le Chaumontais : riche ou pauvre mais généralement honnête.
  Et j'essaie de rebâtir en chair et en visage cette personne aujourd'hui dissoute dans quelque cercueil démantelé qui, habitant au n° 2 de la rue Saint-Louis fait savoir, par le canal de son journal habituel, qu'elle a trouvé une pièce de monnaie. Cette pièce est à la disposition de son propriétaire. Un sou? Un franc? Un écu de cents sous? Nous ne le saurons jamais.
  Autre honnête homme, c'est ami des bêtes qui dit avoir recueilli chez lui "un jeune chien noir avec les pattes blanches". C'est probablement en les montrant que le brave animal avait réussi à entrer là?
  Et combien confiante en la probité de ses semblables cette Lucie qui, le 24 mars, avoue ingénument avoir perdu au bal de l' Hôtel de Ville "son mouchoir de batiste garni de dentelle des Vosges avec son prénom brodé dans le coin".
  Combien négligeable cet émoi au regard de cette autre mésaventureuse étourdie qui larmoie avoir "perdu entre la rue de Choignes et l'église Saint-Jean un boa gris avec tête d'animal".
  J'entends bien que le vent qui souffle là, remontant de la côte des Tanneries est un vent bien capable de vous emporter un boa gris. Mais avec une tête d'animal en plus, drôle d'ouragan!

Poignée de nouvelles
  Flashes dit le journal d'aujourd'hui.

À suivre...

Robert Collin, Chaumont à la Belle Époque, Les Presses de l'Imprimerie de Champagne, Langres, 1970, p. 25-31
 
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Suède : quand la mer fout le camp...

  "La mer
Qu'on voit danser le long des golfes clairs
À des reflets d'argent...
"
  Extrait de la mer, paroles de Charles Trenet, Musique de Charles Trenet, Albert Lasry © Raoul Breton Éditions - 1945

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Au large de la Suède, le niveau de la mer a baissé de 2 mètres depuis 1731

Kenneth Richard 
2021 06 24

  Depuis plus de deux siècles, une baisse spectaculaire du niveau général de la mer est enregistrée le long des côtes suédoises. Celle-ci est principalement due au mouvement des sols. Les "rochers à phoques" témoignent de l'ampleur du phénomène.
  Une des explications possible pour comprendre la situation, qui affecte aussi une grande partie de l'Europe du Nord, est que les terres de cette région du monde s'élèvent plus rapidement que le niveau eustatique [variation lente du niveau des océans et des mers, d'origine tectonique ou climatique de la mer, Larousse] de la mer.
  Les " rochers à phoques" - des roches qui étaient indispensables pour pratiquer la chasse aux phoques (Weisse et al., 2021), sont les témoins privilégiés de la baisse régulière du niveau de la mer depuis plusieurs siècles. Remarquez la date "1731" sur l'image ci-dessous : elle indique qu'à cette époque, le niveau de la mer était plus élevé de...2 mètres.

 

Source Weisse et al., 2021

   Les marégraphes [appareil enregistreur permettant de mesurer le niveau de la mer, ou d'un fleuve, à un endroit donné sur une durée déterminée] montrent également que le niveau de la mer en Suède a constamment baissé - parfois de près de -8 mm/an - le long de ses côtes.

 

Source NOAA

   Il est intéressant de noter que la Suède a non seulement connu une baisse du niveau de la mer au cours des derniers siècles, mais que les températures y sont aujourd'hui plus froides, d'environ 3°C, à celles de la quasi-totalité des 9 000 dernières années.
  Selon une autre nouvelle étude (Sjögren, 2021), lorsque le CO2 n'était que de 260 ppm [« partie par million ». Il s’agit d’une unité de mesure communément utilisée par les scientifiques, notamment pour calculer le taux de pollution dans l’air et plus globalement dans l’environnement], il y a 10 000 à 5 000 ans, les arbres poussaient à des altitudes plus élevées de 500 à 700 m qu'aujourd'hui ;  des forêts bordaient la côte de l'océan Arctique et 40 zones en Norvège, en Finlande, en Suède, en Russie, dans les mers de Norvège et de Barents, au Svalbard [regroupement d'îles en Norvège] au Groenland... étaient tous de 1,5 à 7°C plus chauds qu'aujourd'hui.

 

 Source Sjögren, 2021

Haute-Marne, Pisseloup : c'est encore et toujours NON à l'éolien

  En 2017, le conseil municipal avait déjà refusé la demande d'implantation d'éoliennes sur le territoire de la commune. En 2021, bis repetita! Cette fois-ci, le refus intervient dans le cadre de l'instruction du projet, 7 éoliennes, situé sur les communes de Chauvirey-le-Châtel et le-Vieil (Haute-Saône). Distantes de 6km maximum de ces deux villages, Pisseloup a la possibilité de donner ou non son avis.
  Belle continuité de l'équipe municipale.
  Toutefois, un petit bémol : si en 2017, une nette majorité avait dit non, 5 voix contre, 1 pour, 1 abstention, il n'en a pas été de même aujourd'hui puisque le conseil était partagé en 2 :
  • 3 élus ont dit non 
  • 3 élus sont abstenus
  • 1 élu, oui?
  Ce léger tassement du  "front anti-éolien" serait-il dû au remaniement du conseil municipal intervenu lors des élections de 2020? Va savoir, Charles!

Conseil municipal 2020-2026
- Laurence Pertega, maire, ouvriers qualifiés de type industriel
- Gilles Lhuillier, anciens cadres
- Didier Magnien, anciens artisans, commerçants, chefs d'entreprise
- Guy Marzoc, anciennes professions intermédiaires
- Floriane Gauthier, cadres de la fonction publique
- Joëlle Marzoc, anciens ouvriers
- Hubert van Kempen,professions libérales
 
- inscrits : 64 / 42 en 2014
- abstentions : 22 / 6
- votants : 42 / 36
- blancs ou nuls : 0 / 0
- exprimés : 42 / 36
À noter :
- en 2014, deux tours de scrutin avaient été nécessaires
- la forte progression du nombre des inscrits : + 22!
  Source

 jhm 2021 06 24


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Transition énergétique : INÉLUCTABLEMENT, son coût est supporté par les citoyens

  "En Allemagne, où le gouvernement a imposé une transition électrique compliquée depuis huit ans, le coût de l'électricité est de 30 centimes le kWh, près du double du prix français, qui contient une taxe en faveur du renouvelable (EEG) de 7 centimes le kWh, trois fois supérieure à la CSPE française.
   Cet exemple montre comment, INÉLUCTABLEMENT, le coût de la transition énergétique est supporté par les citoyens. [...] Les Gilets jaunes ont refusé la taxe carbone en demandant que ce soient les entreprises qui supportent ces coûts. Mais en réalité, par les forces du marché, ces coûts supplémentaires subis par les entreprises renchérissent déjà les prix payés par les consommateurs. Les entreprises n'ont pas de trésor secret dans lequel puiser pour financer les investissements verts. [...] Mais l' avantage de ces politiques, contrairement à une taxe carbone, c'est que les électeurs ne réalisent pas vraiment qu'elles réduisent leur pouvoir d'achat. [...] L'imposition d'un prix unique du carbone se substituerait évidemment à toutes ces politiques incohérentes et très coûteuses pour les contribuables et les consommateurs...
"
  Christian Gollier, le climat après la fin du mois, PUF, 2020.
  À bien y regarder, quelque soient les moyens utilisés pour sauver la planète, c'est toujours le contribuable/consommateur qui paye à la fin.
  Adieu va!

 

 

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Le prix de l’électricité augmente… et ça ne devrait pas s’arrêter !

Maxence Cordiez
ingénieur dans le secteur de l’énergie
2021 06 22


    
Centrale à charbon de Belchatow en Pologne. Crédit photo ©Shutterstock

  L’augmentation du prix des quotas d’émission de CO2 et du gaz tire le prix de l’électricité vers le haut. Cette tendance ne devrait pas s’inverser dans les prochaines années. Il s’agit d’une nouvelle donne que les Etats et entreprises vont devoir intégrer.
  Le prix spot, prix de gros au comptant pour livraison immédiate, de l’électricité a fortement augmenté ces derniers mois jusqu’à franchir à plusieurs reprises la barre de 100€/MWh. Il oscille actuellement entre 60€/MWh et 100€/MWh contre 20-50 €/MWh ces dernières années à la même époque[1].
  Quelles raisons peuvent expliquer cette soudaine et forte augmentation du prix de l’électricité ? Est-elle pérenne ? Et quelles peuvent en être les conséquences ? Trois questions auxquelles cet article s’efforcera d’apporter quelques éléments de réponse.

Petit rappel sur l’ordre d’appel des capacités électriques sur le réseau
  Avant de parler des raisons expliquant la hausse du prix de l’électricité, rappelons que les capacités électriques sont appelées sur le réseau par ordre des coûts variables croissants jusqu’à satisfaire la demande. Les coûts variables sont ceux qui dépendent de la production, c’est-à-dire surtout le prix du combustible et d’achat de droits à émettre du CO2, on y reviendra plus tard.
  En l’absence de prix du CO2, les capacités sont ainsi appelées dans l’ordre suivant

  1. renouvelables, hors hydraulique de lac qui ne peut pas tourner à pleine puissance 100% du temps, car il faut gérer la ressource en eau, 
  2. lignite, charbon de mauvaise qualité mais très peu cher, 
  3. nucléaire, houille, charbon noir, gaz puis fioul[2].

  Dès que le prix du CO2 atteint quelques euros par tonne, le nucléaire devient plus compétitif que le lignite, mais il faut dépasser 20-30 €/tCO2 pour que les centrales à gaz les plus efficaces commencent à devenir plus compétitives que les centrales à charbon les moins efficaces, dont le combustible coûte moins cher que le gaz, mais qui émettent environ deux fois plus de CO2 par kWh.

La hausse du prix du CO2 en première ligne

  La principale raison expliquant la hausse du prix de l’électricité tient à celle des quotas d’émission de CO2. En effet, en Europe les exploitants de centrales électriques – de même que les industriels et compagnies aériennes – doivent acheter autant de droits d’émission de CO2 que ce qu’ils émettent dans l’atmosphère. Ces quotas peuvent être soit achetés aux enchères lorsqu’ils sont émis, soit reçus gratuitement, de moins en moins, soit achetés sur un marché européen secondaire, auprès d’autres détenteurs de quotas. Les quotas sont donc échangeables et, point important, ils ne sont pas périssables : tant qu’un quota n’a pas été utilisé, il reste valable.
  Jusqu’en 2018, le marché du CO2 européen était dysfonctionnel. Noyé sous un nombre trop important de quotas après la crise de 2008, le prix de la tonne de CO2 s’est établi à moins de 10€ entre 2012 et 2018, ce qui est très insuffisant pour inciter les producteurs d’électricité à faire évoluer leur parc de production. En 2018-2019, l’Union européenne a corrigé ce défaut en dotant son marché du carbone d’une réserve de stabilité. Concrètement, les quotas non demandés lors de la mise aux enchères sont mis de côté et peuvent être annulés au bout d’un certain temps. Ce mécanisme a permis de revaloriser à la hausse la tonne de CO2, qui s’est établie à 25-30€ en 2019-2020.
  À ce niveau de prix, certaines centrales à gaz sont devenues plus compétitives que certaines centrales à charbon. Avec l’augmentation des capacités éoliennes et solaires photovoltaïques, cela explique le déclin du charbon en Europe en 2019 et 2020.

Renforcement des objectifs climatiques de l’UE et prix du CO2

  L'Union européenne a récemment décidé de renforcer ses objectifs climatiques afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050 et de réduire ses émissions de CO2 de 55% en 2030 par rapport à 1990, cet objectif remplaçant l’ancien, moins ambitieux, de moins 40% d’émission à cette échéance.
  Pour atteindre ses nouveaux objectifs, l’Union européenne va devoir renforcer le déclin du nombre de quotas d’émission de CO2 mis sur le marché tous les ans. Or… le marché du CO2 est un marché ! Les quotas étant non périssables, un phénomène d’anticipation/spéculation a propulsé le prix de la tonne de CO2 à plus de 50€ depuis avril. Concrètement, un certain nombre d’acteurs se sont dit que le prix de la tonne de CO2 allait augmenter du fait de la diminution prévisible du nombre de quotas mis sur le marché. Ils en ont donc acheté et cela a fait augmenter le prix de la tonne de CO2.
  À 50€/tCO2, les centrales à cycle combiné gaz modernes deviennent plus compétitives que certaines centrales à charbon et lignite. Les vieilles centrales à gaz restent moins compétitives, l’inversion de compétitivité charbon / gaz n’étant pas encore complète, d’autant moins que le prix du gaz est élevé.
  À 50€/tCO2, le prix d’un MWh produit par une centrale à cycle combiné gaz moderne se trouve augmenté de 20€, celui d’une centrale à charbon de 40€ et celui d’une centrale à lignite de 60€[2]. Or le prix spot de l’électricité dépend dans une large mesure du coût de production des dernières capacités électrogènes appelées sur le réseau, c’est-à-dire les centrales à gaz et à charbon.

L’augmentation du prix du gaz contribue également à tirer vers le haut le cours de l’électricité
  Le prix du droit d’émission d’une tonne de CO2 n’est pas le seul à avoir augmenté ces derniers mois. Le prix du gaz a été multiplié par cinq depuis un an et continue d’augmenter[3]. Cela affecte également à la hausse le coût variable de production des centrales électriques à gaz, donc le prix de l’électricité.
  Il est probable que cette tendance haussière du prix du gaz soit relativement durable. En effet, une pénurie pétrolière est probable dans les prochaines années[4,5], résultant du déclin depuis 10 ans de la production conventionnelle, du peu de découvertes conventionnelles, elles sont inférieures aux extractions depuis les années 80, du sous-investissements dans l’amont, etc. Le prix du gaz étant encore en bonne partie dépendant de celui du pétrole, la hausse prévisible du cours du pétrole dans les prochaines années devrait au moins partiellement se répercuter sur le prix du gaz.
  La hausse du prix du gaz contrebalance en partie l’effet de la hausse du prix du CO2 sur le rapport de compétitivité charbon / gaz. Autrement dit, elle tend à favoriser l’usage de charbon…

Bilan des courses par filière
  Sous réserve de l’évolution future du prix du gaz, l’augmentation du cours des quotas de CO2 devrait faire un grand perdant : le charbon. Ses émissions de CO2 élevées pèsent lourdement sur ses coûts de production, ce qui le rend de moins en moins compétitif par rapport au gaz. Cette tendance est toutefois atténuée par l’augmentation du prix du gaz.
  Dans une moindre mesure que le charbon, le gaz pâtit aussi de surcoûts liés à la hausse du prix du CO2. Cependant, les parts de marché qu’il devrait prendre sur le charbon et la forte hausse du prix de l’électricité rendent cette évolution favorable pour les exploitants de centrales à gaz, là encore, sous réserve que le prix du gaz n’augmente pas trop. Rappelons d’ailleurs que l’industrie gazière est pour cette raison une défenseuse historique d’un mécanisme de tarification du carbone.
  En théorie, les exploitants de centrales nucléaires européennes devraient également profiter de cette situation. Le facteur de charge déjà très élevé des réacteurs ne devrait pas être significativement affecté, cependant, leur rentabilité va fortement s’accroître. En effet, leurs coûts variables demeurent faibles et inchangés avec la hausse du prix du CO2 et du gaz. La hausse du prix de l’électricité se traduira donc par une augmentation de la marge des exploitants des centrales nucléaires. En pratique, cette situation doit être sérieusement nuancée dans plusieurs pays. En France, EDF ne profitera pas de cette hausse du prix de l’électricité pour les 100 TWh vendus via l’ ARENH à 42€/MWh, prix fixe, ni pour l’électricité vendue au tarif régulé. De même, en Espagne le gouvernement prévoit de taxer lourdement l’électricité nucléaire afin de capter cette plus-value[6].
  Du côté des énergies renouvelables, la hausse du prix de l’électricité aura un impact indirect. En effet, la plupart des installations renouvelables vendent leur électricité hors marché via un mécanisme de complément de rémunération : si le prix de marché est inférieur à un prix fixé, l’État paie la différence au producteur, et s’il est supérieur, le producteur se contente de vendre au prix fixé. La hausse du prix de l’électricité entraînera une réduction mécanique des subventions versées par l’État aux exploitants d’installations renouvelables, ce qui sera favorable aux finances publiques. En outre, cela pourra inciter l’État à mettre aux enchères davantage de projets éoliens et solaires
pour une même enveloppe budgétaire.

Cette situation peut-elle faire évoluer les politiques électriques européennes ?
  La hausse du prix du CO2 et du gaz constitue une incitation forte, car économique, pour les États à investir dans des moyens de production d’électricité bas carbone, tout en leur envoyant un avertissement ferme vis-à-vis d’un usage significatif du gaz fossile. On peut espérer que cela ramène à la raison certains États ayant fait le choix d’un usage massif et de long terme du gaz fossile, tels que la Belgique et l’Allemagne.
  Notons que si les politiques allemande et belge de sortie du nucléaire au profit du gaz fossile sont menées à leur terme, elles entraîneront mécaniquement une hausse des émissions, donc de la demande de quotas. Cette hausse risque d’entraîner à son tour celle du prix des quotas, donc de l’électricité.
  La hausse du prix spot de l’électricité devrait rapidement se traduire par celle des factures pour les consommateurs particuliers et industriels. Pour les premiers, une aggravation des situations de précarité énergétique est à craindre, même si les tarifs réglementés constituent un moyen d’en limiter l’impact. Pour les seconds, il est essentiel que l’Union européenne se dote rapidement d’un mécanisme de compensation carbone à ses frontières, afin d’éviter que cette situation ne se transforme en hémorragie industrielle.
  Le système électrique européen semble être arrivé à l’aube d’une ère nouvelle. La hausse du prix de la tonne de CO2 et du gaz entraînant celle de l’électricité ne semblent pas être des éléments conjoncturels mais plutôt le début d’une tendance structurelle que les États et entreprises vont devoir intégrer à leurs calculs. S’il est encore trop tôt pour en voir les effets sur les politiques énergétiques des États, il est probable que cette évolution rappellera un certain nombre de pays à leurs engagements de neutralité carbone. Une évolution des politiques publiques européennes vers davantage de pragmatisme en faveur de la décarbonation peut être l’une des conséquences de cette nouvelle donne. On peut tout du moins l’espérer.

Sources

[1] RTE éco2mix, https://www.rte-france.com/eco2mix/les-donnees-de-marche
[2] RTE et ADEME, Signal prix du CO2 – Analyse de son impact sur le système électrique européen, mars 2016
[3] https://ycharts.com/indicators/europe_natural_gas_price
[4] T. Paraskova, Oil Major Total Sees 10 Million Bpd Supply Gap In 2025, Oil Price, 10/02/2021
[5] O. Rech, M. Blaizot et A. Lehner, Pétrole : quels risques pour les approvisionnements de l’Europe ?, The Shift Project, 27 mai 2021
[6] R. Roca, El Gobierno desoye las recomendaciones de la AIE sobre el futuro de la nuclear con el nuevo recorte a sus ingresos, El Periódico de la energía, 07/06/21

TEXAS : LA CLIMATISATION EST " NATIONALISÉE "

  "...ces programmes réduisent la demande lorsque l'offre est faible. "Le réseau est dimensionné pour maintenir l'offre et la demande en équilibre instantané, car le stockage de l'électricité est très coûteux..."

Rappel
  • le Texas est le premier producteur de pétrole brut et de gaz naturel du pays
  • c'est le seul Etat dont le réseau de distribution fonctionne, volontairement, en vase clos, ce qui l'empêche d'importer de l'énergie depuis le reste du pays
  • la place des énergies renouvelables dans le mix électrique y est de plus en plus importante
 
  Au Texas les risques de blackout, c'est l'été mais, aussi...l'hiver !
 Texas, février 2021 : récit d’une débâcle énergétique de grande ampleur
  " Il n’est jamais inutile de lorgner sur ses voisins avant de lancer, chez soi, des changements de grande ampleur. Alors que l’Etat français réfléchit actuellement à réformer son système de production électrique, traversons l’Atlantique pour découvrir les récents déboires qu’a subi le réseau électrique texan à l’occasion d’une vague de froid exceptionnelle... "
  Préparons-nous, nous aussi, au pire !
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Pourquoi les services publics prennent-ils le contrôle de votre climatisation?

Matt Simon
2021 06 22

  Ne jouez pas avec la climatisation des Texans! Où comment certains clients de l'État ont vu leurs
thermostats manipulés à la hausse à distance par...les services publiques.
   L'une des certitudes les plus satisfaisantes de la vie moderne est de régler la climatisation et d'attendre que la pièce maintienne comme par magie la température de son choix. Mais la semaine dernière, des propriétaires de thermostats intelligents au Texas ont signalé que la magie avait disparu : leurs appareils se réglaient à 4 degrés au-dessus de la température souhaitée par leur propriétaire, comme pour les gronder d'avoir voulu vivre dans une maison par trop fraîche pendant une vague de chaleur. Une grande indignation s'en est suivie.

 

Photographe: Justin Sullivan/Getty Images

  Les Texans bien au chaud étaient entrés dans la spirale complexe de l'offre et de la demande d'électricité. Lorsqu'ils avaient adopté leurs thermostats intelligents, ils avaient opté pour un programme volontaire appelé Smart Savers Texas, proposé par EnergyHub, une société de logiciels qui gère le programme pour les clients des services publics, dont CenterPoint Energy. En cas de forte demande, comme lors d'une vague de chaleur incessante, ils avaient accepté d'autoriser cette augmentation de 4 degrés. Lors d'un tel "événement d'ajustement de la température", l'utilisateur peut annuler manuellement l'augmentation, selon EnergyHub, mais il perdra sa participation à un tirage au sort - jusqu'à 5 000 dollars payés sur une année de factures d'électricité. Quiconque souhaite se retirer de ce programme de réponse à la demande peut simplement se désinscrire.
  En gros, vous endurez une température un peu plus chaude pour vous assurer que votre climatisation ne contribue pas à faire sauter le réseau ; car, si tel était le cas, vous et tous les autres devraient supporter alors de vivre dans une maison sans climatisation, donc extrêmement plus chaude. EnergyHub est l'une des nombreuses entreprises qui gèrent des programmes de réponse à la demande à l'échelle nationale, et leur programme est indépendant des appareils, de sorte que ce ne sont pas les utilisateurs d'une seule marque de thermostat qui remarqueront une augmentation. "Le véritable avantage de ces programmes est un inconvénient minime, voire nul, qui permet de s'assurer que tout le monde dispose d'un système de chauffage, de ventilation et de climatisation et d'un système d'éclairage lors de ces événements météorologiques extrêmes qui, à mon avis, sont de plus en plus fréquents", explique Erika Diamond, vice-présidente des solutions clients chez EnergyHub.
   Un représentant de CenterPoint Energy a envoyé par courriel une déclaration à WIRED expliquant le partenariat : "Lorsque CenterPoint Energy déclenche un événement de restriction basé sur des températures élevées ou une forte demande, EnergyHub lance alors la restriction d'énergie par le biais des clients qu'il a inscrits à son programme."
  Selon l'e-mail, le service public effectue un "test de réduction" deux fois par an, et il en a effectué un le 16 juin de 14h à 17h. Vu la façon dont s'est déroulée l'indignation à l'échelle du Texas, on pourrait penser que tout ceci est une surprise. Or, non seulement EnergyHub gère ce programme depuis huit ans dans ce pays, mais elle a mis en place des programmes similaires avec 50 autres services publics dans tout le pays, avec environ 500 000 foyers inscrits. Il déclenche deux à huit ajustements de température par été au Texas, soit à peu près la même chose que la moyenne nationale. Les incitations à l'inscription peuvent varier d'un service public à l'autre, des remises sur les factures d'énergie par exemple, mais l'objectif est le même : inciter les clients à contribuer à empêcher le réseau de se dérégler.
   En d'autres termes, ces programmes réduisent la demande lorsque l'offre est faible. "Le réseau est dimensionné pour maintenir l'offre et la demande en équilibre instantané, car le stockage de l'électricité est très coûteux", explique David Victor, politologue à l'université de San Diego, qui a coécrit un important rapport sur le réseau américain. Toute électricité produite doit être utilisée immédiatement. "Si le stockage devenait omniprésent et bon marché, cela pourrait totalement transformer la façon dont le réseau fonctionne", poursuit-il. "Mais à l'heure actuelle, pour faire circuler les électrons dans le réseau, et pour que le réseau reste stable, il faut faire correspondre l'offre et la demande."
  Les services publics sont parfaitement conscients de la pression qu'une vague de chaleur exercera sur le réseau, avec toutes ces unités de climatisation qui ronronnent. Ils peuvent même prévoir les fluctuations de la demande au cours de la journée, par exemple lorsque les gens rentrent du travail vers 17 ou 18 heures et allument leurs systèmes. C'est également à ce moment-là que l'offre se resserre : les services publics ne peuvent produire qu'une quantité limitée d'électricité à un moment donné. "Pendant ces périodes, le réseau est très sensible : un ou deux pour cent de la demande totale peuvent avoir un impact énorme", explique Victor. "C'est pourquoi il est si important de trouver des stratégies permettant de réduire un peu la demande ou de la déplacer à un autre moment de la journée. Cela aurait alors un impact important sur la demande totale d'électricité."
  Dans la vraie vie, si un seul foyer monte son thermostat intelligent de 4 degrés cela ne permet pas d'économiser une quantité colossale d'énergie. Mais si les ménages de toute une ville font de même, ces économies s'additionnent. "Nous veillons à ce que le réseau continue de fonctionner", explique M. Diamond, d' EnergyHub.
   Au Texas, la situation est particulièrement complexe, car l'État exploite son propre réseau, séparé des deux principaux réseaux qui divisent les États-Unis en deux : l'interconnexion occidentale et l'interconnexion orientale. Ces réseaux peuvent partager un peu d'électricité à travers leurs frontières, mais ne sont pas conçus pour transférer d'énormes quantités d'énergie. Ainsi, lorsque la demande explose lors d'une vague de chaleur au Texas, l'État ne peut pas importer une quantité suffisante d'électricité d'ailleurs.
  Une gestion efficace de la demande pendant une vague de chaleur est essentielle pour la santé publique. On n'en a pas toujours l'impression, mais le corps humain est remarquablement doué pour se rafraîchir. Lorsque vous avez chaud, le sang se déplace dans votre peau et vous commencez à transpirer. Lorsque la sueur s'évapore, elle refroidit la peau, et donc le sang. "Nous devons avoir un système cardiovasculaire vraiment sain pour que notre cœur soit capable de pomper ce volume de sang vers notre peau", explique Lacy Alexander, physiologiste à l'université d'État de Pennsylvanie. "Cette capacité très élevée à le faire provoque également une tension sur le système cardiovasculaire".
  Cela signifie que les personnes âgées et les personnes souffrant de problèmes cardiaques sont particulièrement sujettes au stress thermique. Il en va de même pour les nourrissons, dont le corps n'a pas encore totalement développé ce système de refroidissement. Si le réseau cède sous l'effet de la demande accrue pendant une vague de chaleur, les températures intérieures peuvent rapidement devenir dangereuses pour ces groupes vulnérables, ainsi que pour ceux qui dépendent de l'électricité pour alimenter leurs appareils médicaux.
   Même une hausse de 4 degrés peut ne pas être idéale pour les personnes ayant des besoins médicaux particuliers. Une personne qui a passé du temps à l'extérieur sous la chaleur a besoin de températures suffisamment fraîches une fois à l'intérieur. "Cela peut devenir plus difficile, en particulier pour ces populations plus vulnérables", déclare M. Alexander. Et d'autres personnes pourraient être plus gênées : Si vous décidez d'annuler manuellement le réglage de votre thermostat, vous risquez de vous endormir et de vous réveiller dans une maison plus chaude, comme l'a déploré un Texan auprès de sa famille. Les médias sociaux ont également rapporté que des clients n'ont pas été en mesure de passer outre le réglage. Le représentant d' EnergyHub dit qu'ils ne peuvent pas commenter des incidents spécifiques, d'autant plus que d'autres entreprises gèrent des programmes de réponse à la demande au Texas.
   La construction d'un meilleur réseau national, capable de maintenir la climatisation pour les populations vulnérables même pendant les pics de demande et nos étés de plus en plus chauds, nécessitera le renforcement de l'infrastructure nationale pour partager l'énergie solaire abondante du Sud-Ouest et le vent du Midwest sur de longues distances. Il faudra peut-être aussi trouver de meilleurs moyens de stocker l'énergie dans des réseaux distribués ou des micro-réseaux.  Mais s'adapter à un monde plus chaud, c'est aussi répondre à la demande par des stratégies comme les événements d'ajustement de la température. "La question de la réponse à la demande est l'une des questions en suspens - une question en suspens très importante", déclare Victor. "Dans la gestion des réseaux électriques, on s'est tellement intéressé à l'offre et pas assez à la demande."


L'électricité "verte" est-elle vraiment moins chère à produire?

"...la production d'énergie verte à partir de centrales éoliennes et solaires est désormais moins chère que celle des centrales conventionnelles..." Mais visiblement encore trop chère, puisque le lobby EnR n'a jamais proposé à l' Etat de débrancher son soutien, d'ordre technique et financier, qui assure la pérennité et la rentabilité de la filière. Dernier exemple en date : la levée de boucliers de la profession quant l'Etat a annoncé "lancé la concertation publique sur la révision des tarifs des contrats solaires antérieurs à 2011" qui, selon le ministère de l'Ecologie "bénéficient d’une rentabilité excessive".

 Une certitude toutefois : en bout de chaîne, le Français finance, 7 Mds €/an, cette gabegie par l'impôt, sa facture d'électricité et...en faisant le plein de son véhicule.

 
 
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L'énergie verte est-elle moins chère que l'énergie conventionnelle ?

Blackout News
2021 06 21

  Le lobby de l'énergie verte fait passer le message par tous les canaux disponibles que la production d'énergie verte à partir de centrales éoliennes et solaires est désormais moins chère que celle des centrales conventionnelles. Comme toujours lorsqu'il s'agit de centrales électriques vertes, les arguments sont très simplifiés et ne donnent au mieux que la moitié de la vérité. L'électricité verte est-elle moins chère que celle produite par les centrales conventionnelles ? C'est la question que nous voulons explorer plus en détail dans cet article.

Coûts de production de l'électricité
  Pour pouvoir répondre à cette question, nous devons brièvement examiner comment calculer le prix de l'électricité pour une centrale électrique conventionnelle ou une centrale verte. Les coûts dits de production de l'électricité sont les coûts avec lesquels une installation peut être exploitée de manière économique pendant toute sa durée de vie.
  Ces coûts marginaux sont calculés en déterminant la quantité d'électricité produite pendant toute la durée de vie de la centrale. Celle-ci est ensuite mise en relation avec les coûts encourus sur la même période. Les coûts comprennent tous les coûts de construction, de maintenance et de réparation, mais aussi les coûts d'amortissement de l'ensemble de l'installation, les coûts de financement, la compensation de l'inflation, ainsi que les réserves pour le démantèlement et, bien sûr, le bénéfice attendu pour l'exploitant de l'installation.

Levelized Cost of Energy [Coût nivelé de l'énergie] (LCOE) du point de vue de l'exploitant de la centrale
  Du point de vue des exploitants de centrales, les quantités d'électricité produites et injectées dans le réseau peuvent être très bien estimées sur toute la durée de vie. Les centrales vertes ont la priorité sur le réseau et ne doivent pas être basées sur la demande. Les gestionnaires de réseau doivent prendre l'électricité, qu'elle soit nécessaire ou non. Si nécessaire, les gestionnaires de réseau doivent transférer l'électricité excédentaire à l'étranger par le biais de prix négatifs, mais les exploitants de centrales reçoivent toujours le tarif de rachat garanti. Comme les centrales d'électricité verte sont de moins en moins chères et de plus en plus efficaces, les coûts de production d'électricité des différentes centrales diminuent également.

Les coûts de production de l'électricité du point de vue de la sécurité d'approvisionnement

  Toutefois, il n'est pas possible d'exploiter de manière stable un réseau électrique composé uniquement de centrales électriques vertes. En cas de panne de courant, des centrales électriques de secours appropriées doivent être disponibles. Ils doivent intervenir lorsque le vent et le soleil ne sont pas en mesure de couvrir la demande d'électricité actuelle. En règle générale, il s'agit de centrales électriques au gaz qui ne fonctionnent que pendant une très courte période et dont les coûts de production d'électricité sont donc très élevés. Cependant, les coûts de cette double infrastructure doivent être ajoutés aux centrales électriques vertes dans un calcul sérieux. Cependant, seuls les coûts de production des différentes centrales sont communiqués, les coûts des sauvegardes nécessaires sont simplement supprimés ou ajoutés aux centrales conventionnelles. Les centrales électriques conventionnelles n'ont pas besoin de ces centrales de secours, car elles peuvent produire de l'électricité de manière fiable 24 heures sur 24.

Coûts de production des centrales électriques conventionnelles
  Les centrales électriques classiques pourraient encore produire de l'électricité à moindre coût si elles pouvaient également l'injecter dans le réseau. Comme décrit ci-dessus, les centrales vertes sont prioritaires dans le réseau électrique. Les centrales électriques conventionnelles doivent réduire la quantité d'électricité qu'elles injectent dans le réseau en cas de surproduction, ce qui réduit la quantité d'électricité qu'elles produisent au cours de leur durée de vie. Cela se répercute sur les coûts de production d'électricité de ces centrales, qui augmentent inévitablement en raison de la réduction de leur durée de vie. Les coûts des centrales électriques conventionnelles sont délibérément augmentés par les politiciens pour des raisons idéologiques en garantissant l'achat de l'électricité verte, plus chère. L'augmentation annuelle de la taxe sur le CO2 intensifiera encore cet effet dans les années à venir. Comme il n'y a pas de conditions de marché sur le marché de l'électricité, les politiciens augmentent constamment les coûts des centrales électriques conventionnelles. Par conséquent, les centrales électriques vertes sont de moins en moins chères par rapport aux centrales électriques conventionnelles. Toutefois, le prix de l'électricité se stabilise ainsi à un niveau record en comparaison internationale.

L'électricité verte est-elle moins chère que celle produite par une centrale électrique classique ?

  En résumé, on peut dire que l'électricité produite par les centrales vertes devient moins chère en raison de la baisse des prix des centrales. Cependant, les coûts de production sont toujours bien supérieurs au prix moyen de la bourse européenne de l'électricité, même du point de vue des centrales individuelles. Le prix y est déterminé selon les critères de l'économie de marché, principalement par les centrales nucléaires et à charbon européennes de nos pays voisins.
  Un réseau électrique composé uniquement de centrales vertes ne peut garantir la sécurité d'approvisionnement. C'est pourquoi des centrales électriques de secours coûteuses sont nécessaires, dont les coûts doivent être pris en compte dans un calcul sérieux des coûts de l'électricité verte. Toutefois, ce n'est délibérément pas pour des raisons idéologiques. Si l'on considère la situation dans son ensemble, les centrales vertes en Allemagne ne sont toujours pas en mesure de produire de l'électricité à un prix plus avantageux que les centrales conventionnelles. Et cela est d'autant plus vrai si l'on considère les coûts en comparaison internationale. En raison des coûteuses centrales de secours nécessaires et de la double infrastructure qui en résulte, nous avons également l'électricité la plus chère du monde.

Haute-Marne, Rochefort-sur-la-Côte : l'éolien, bien sûr!

   Dans la Zone d'installation classée pour la protection de l'environnement (ZICPE) qu'est devenue le nord de Chaumont, où les conseils municipaux accueillent les ZI d'éoliennes comme ils empilent les lotissements, les élus de Rochefort-sur-la-Côte ne dérogent pas à la règle générale, sauf cas par trop exceptionnels.
  Pour celles et ceux qui voulaient préserver leur qualité de vie, protéger l'environnement et lan Biodiversité et laisser un avenir à la Haute-Marne, demain sera extraordinairement difficile.
  Pour qui sonne le glas!

 

 Ici gît le 52! Crédit

1. Situation géographique
   La commune est située à 12km à vol d'oiseau au nord de Chaumont dans la réserve dédiée à l'éolien industriel par les autorités publiques, la classe politique et par une minorité de propriétaires terriens et autres exploitants agricoles : pas de terres = pas d'éoliennes!

Et autour de Rochefort-sur-la-Côte, le "taux d'incidence"de la "pandémie" éolienne toujours plus haut.
- en instruction
- autorisées
- refusées
- construites ou en service
- * dossier refusé
- * projet déclaré sans suite
  Source

2. Situation financière
   Dans les histoires d'éoliennes, il y a belle lurette que les conseils municipaux ont fait passer par-dessus bord l'argument du "sauvetage de la planète", s'il a vraiment été un argument un jour, pour mieux vendre à leurs administrés le soi-disant "ruissellement" d'argent pour les finances de la commune grâce aux retombées fiscales engendrées par ce type de projet*. Pour le cas qui nous occupe, il est clair que les finances ne se portent pas bien du tout : à une tendance à la baisse de la dette, -13%/an, depuis 2014, s'invitent, dans le même temps, une hausse des impôts fonciers, +4.2%/an, et des dépenses de fonctionnement du même ordre, + 4.3%/an. Attention que le "remède" qui consiste à l'installation d'une ZI d'éoliennes ne s'avère pas pire que le mal...
- population permanente : 62 habitants / totale : 63.
- note par rapport aux dépenses : 03/20 : mairie dépensière...
- montant des dépenses par habitant, 2019 : 909 €. La médiane des communes de même taille est de 557€.
   Pour plus de détails, c'est ICI.

   *Si la commune peut potentiellement engranger de nouvelles ressources supplémentaires, le propriétaire d'un bien résidant à proximité d'éoliennes, peut, lui, prétendre à la baisse de sa taxe foncière sur les propriétés bâties (TFB), suite à la dévaluation de son bien, compte tenu de cette proximité :
"..l’article 1495 du CGI prévoit que « chaque propriété ou fraction de propriété est appréciée d’après sa consistance, son affectation, sa situation et son état, à la date de l’évaluation » [...] Or, voici qu’un jugement du TA de Nantes vient de considérer qu’en effet, la proximité d’éoliennes, moins de 1000 m ; en covisibilité, pour une maison peut entrainer un amoindrissement de ce calcul et, donc, une baisse de TFB..."
  Source : Voisinage d’éoliennes et taxes foncières 

3. Situation électorale
  En 2020, le conseil municipal a fait l'objet d'un grand nettoyage de printemps puisque seuls 3 élus sur 7 ont conservé leurs sièges. Pour autant, la nouvelle équipe poursuit l'entente cordiale avec le "chasseur de subventions publiques" éolien.

Conseil municipal 2020-2026
- Hélène Haltz, maire, employés administratifs d'entreprise
- Jean-Paul Kihm, agriculteurs sur moyenne exploitation
- Eric Speller, employés civils et agents de service de la fonction publique
- Chantal Fromont, ouvriers qualifiés de type industriel
- Jérôme Boutry, ingénieurs et cadres techniques d'entreprise
- Joël Fromont, professions intermédiaires administratives de la fonction publique
- Xavier Rolland, cadres administratifs et commerciaux d'entreprise
  En gras, les réélus 2020

- inscrits : 59 / 52 en 2014
- abstentions : 14 / 8
- votants : 45 / 44
- blancs ou nuls : 5 / 0
- exprimés : 40 / 44
  Source

jhm 2021 06 18

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Projet de loi Climat et résilience : énergie, puissance, pour les sénateurs, c'est du chinois...

  "En politique, une absurdité n'est pas un obstacle."
  Napoléon Ier
  Ce pays est perdu!
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Énergie : le Sénat ne sait pas faire la différence entre KW et KWh

Michel Negynas

 
Câbles électriques et éoliennes. Crédits baerchen57, licence Creative Commons

  Le texte de la loi Climat et résilience parle d’énergie, pas de puissance, alors que c’est bien la puissance, c’est-à-dire la capacité instantanée à produire, qui compte en matière de sécurité d’approvisionnement.
  Un vif débat vient d’avoir lieu au Sénat lors des discussions sur la Loi Climat et résilience.
L’amendement du Sénat
  Un article additionnel a été déposé, dont voici le texte :
  Article 22 bis BA (nouveau)
  Le I de l’article L. 100-4 du Code de l’énergie est complété par un alinéa ainsi rédigé :
  " Les fermetures de réacteurs nucléaires, prévues par la programmation pluriannuelle de l’énergie mentionnée à l’article L. 141-1 ou en application du 4° du I de l’article L. 100-1 A, ne peuvent intervenir qu’à l’issue de la mise en service de capacités de production d’énergies renouvelables, définies à l’article L. 211-2, permettant de produire un volume d’énergie équivalent à la production des réacteurs nucléaires dont la fermeture est programmée. "
  Les journaux en font des gorges chaudes, criant à la rébellion du Sénat envers le programme français de l’énergie (PPE).
  La plupart ont titré :
  "Lors de l’examen en première lecture du projet de loi climat ce vendredi, le Sénat a ajouté un article qui conditionne l’arrêt de réacteurs nucléaires et la fermeture de centrales à la mise en place de production d’énergies renouvelables et bas carbone équivalente."
  Le texte est présenté comme une garantie de sécurité d’approvisionnement. Or, que dit le texte ?
  Le texte parle d’énergie, pas de puissance, alors que c’est bien la puissance, c’est-à-dire la capacité instantanée à produire, qui compte, en matière de sécurité d’approvisionnement.
  En fait, ni un MW, ni un MWh d’énergie intermittente et aléatoire ne sont équivalents à un MW pilotable de nucléaire.
  Bien sûr, l’amendement interdirait de tout passer en énergie renouvelable, puisqu’il faudrait 240 GW d’éoliennes, ou 600 GW de solaire pour avoir une énergie équivalente à nos 60 GW de nucléaire.  C’est quasiment physiquement impossible.
  Mais il ne sécurise rien dans un avenir proche. L’État prévoit d’arrêter 10 GW de nucléaire à assez court terme. En énergie, cela représente 40 GW d’éoliennes. Le mix prévu à 2035 est de 45 GW d’éoliennes et 35 GW de solaire. En énergie, cela remplace plus que 10 GW de nucléaire mais cela ne
change rien pour les nuits d’hiver sans vent, comme nous l’avons montré à maintes reprises.

Le féroce débat
  Le débat qui vient d’avoir lieu au Sénat vaut son pesant de cacahuètes. On ne sait pas s’il faut en rire ou en pleurer.
  Parmi les journaux qui ont rapporté l’affaire, voici ce qu’en dit 20 Minutes :
  "La disposition fait débat et il n’est pas impossible qu’elle ne passe pas à l’Assemblée. Parmi ses détracteurs, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili qui s’est vivement opposée à « un article ni fait ni à faire ». « J’aimerais tellement que ce soit si simple ! », s’est-elle exclamée, soulignant que « la politique énergétique est beaucoup plus complexe que ça. "
  On a envie de lui dire : tellement complexe que personne n’y comprend rien dans les hémicycles !
  En réalité, c’est pourtant très simple, contrairement à ce que dit la ministre : on a besoin d’environ 100 GW à la pointe d’hiver. Pour approvisionner à coup sûr, il faut 100 GW de capacité pilotable à la demande. Si ce n’est pas du nucléaire, ce sera du gaz.
  Notre monde politique débat depuis 20 ans sur la question sans encore avoir compris cela. Même le rapporteur de l’amendement pédale dans la choucroute puisque dans sa réponse à la ministre, il parle de capacité équivalente ; soit il n’a pas lu son propre texte, soit il confond lui aussi puissance et énergie.
  L’écologiste Ronan Dantec avertit :
  "On ne pourra pas – sauf à prendre décennie par décennie et année par année de plus en plus de risques – garder le stock actuel de centrales nucléaires, c’est une illusion française."
  C’est aussi ce que dit Jean-François Carenco, Président de la Commission de régulation de l’énergie, lors d’une audition parlementaire :
  "Miser sur le 100 % nucléaire n’est pas sérieux, car nous ne sommes pas en capacité de construire 62 gigawatts de nucléaire, que ce soit pour des raisons industrielles, mais aussi d’acceptabilité."
  Cela s’appelle des prévisions auto-réalisatrices : si on dit qu’on ne peut pas, évidemment qu’on ne pourra pas ! Ce manque de confiance d’un pur fonctionnaire envers le monde de l’entreprise de son propre pays pourrait être reçu comme une insulte.
  Mais on pourrait commander des centrales aux Chinois, non ? On vient d’en construire deux chez eux qui marchent très bien, même si on fait tout pour les discréditer avec des incidents mineurs.

Haute-Marne, Faverolles : c'est un NON municipal à l'éolien

  Coup d'arrêt pour la "pandémie" éolienne en cours en Haute-Marne.
  Au pays des vestiges du grand mausolée Gallo-romain du sud haut-marnais, le conseil municipal a pris une sage décision à n'en pas douter. Maintenant, nous savons qu'une poignée de propriétaires privés ou/et des exploitants agricoles, pourraient, eux, à contrario, privilégier leurs intérêts personnels au détriment de l' Histoire de France. On dit ça, on dit rien! À suivre...

 

 "Situé en forêt, à l'extérieur du village, le site archéologique où furent découverts les vestiges du mausolée de Faverolles, offre une agréable promenade entre histoire et nature..." Photo : @Jean-François Feutriez. Source


   Merci à tous les élus, excepté pour les deux abstentionnistes et celui favorable au projet.

Conseil municipal 2020-2026
- Jocelyne Cressot, anciens cadres,
- Virginie Devilliers, employés de commerce,
- Josiane Krill, employés administratifs d'entreprise,
- Sandrine Logerot, professions libérales,
- Raphaël Péchiodat, maire, agriculteurs sur grande exploitation,
- Alain Aubry, cadres administratifs et commerciaux d'entreprise,
- Romain Delienne, commerçants et assimilés,
- Jacky Lécuyer, professeurs, professions scientifiques,
- Thierry Ledieu, ouvriers qualifiés de type artisanal,
- Michel Meuret, anciens ouvriers,
- Denis Stivalet, contremaîtres, agents de maîtrise.

Source 

jhm 2021 06 19


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Haute-Marne : Chaumont à la La Belle Époque, épisode III

Précédemment
https://augustinmassin.blogspot.com/2021/06/haute-marne-chaumont-la-la-belle-epoque.html
https://augustinmassin.blogspot.com/2021/06/haute-marne-chaumont-la-la-belle-epoque_13.html


  Le 21 juillet 1900, Monsieur Jannel épouse en justes noces Elisa Simonnel. Monsieur Jannel et sa "future" sont de condition modeste. Ils sont tous deux employés à la Maison Lisse, en face du lycée, là où s'élève l' Hôtel des Postes dont je ne dirai rien de plus que ce qu'en dit tout le monde.

 

 

L'Hôtel de la poste, début du XXe siècle. Source 

Aujourd'hui. Source 



  Monsieur Jannel y est comptable avec M. Marchand dont la femme tient une petite boutique de mercerie à deux pas. Aujourd'hui Mme Balson, soeur de Mme Marchand, est toujours là, pour vous y servir du fil, de la laine, des aiguilles, de la tresse élastique pour son soutien-gorge et du ruban.
  La "future" est cuisinière du personnel, car la maison Lisse nourrit son monde et le loge aussi dans une vaste dépendance bordant au nord de la grande cour intérieure de l'immeuble. Il n'y a pas moins de trente employés.
  Fermant cette cour, avec issue sur la rue Bouchardon, c'est l'Hôtel particulier de M. Lisse, actuellement Direction des P.T.T. À la hauteur du premier étage, vous pourrez encore lire dans un prétentieux cartouche, l'inscription :
"Hôtel des Rose et de Gondrecourt, restauré par Lisse, 1877".


                

L'ancien hôtel des Rose et de Gondrecourt. Photo : Aurélien. Source

  Car les Gondrecourt et les Rose ont, à leur façon, fait, pour part, l'histoire du vieux Chaumont... C'est en ces lieux que nobles dames, princes et dignitaires et les rois aussi mettaient pied à terre quand la pensée leur venait de s'arrêter dans leur bonne ville de Chaumont.
  C'est là aussi que, dans le grand salon du premier étage - un vitrail de l'escalier commémore l'évènement - aurait été signé le traité de 1814, consommant l'abaissement de Napoléon.

                   
Magnifique vitrail rappelant le traité de Chaumont du 1er mars 1814 où l'Autriche, l'Angleterre, la Prusse et la Russie se coalisent contre Napoleon 1er. Photo : Aurélien. Source

  Mais Mme Jannel quittant ses fourneaux, a le coeur et l'esprit occupés bien ailleurs.
  Tout à l'heure, elle et lui auront passé devant le maire et échangeront les anneaux bénis dans un plat d'argent par M. le curé.
  La cérémonie sera de cinquième classe, en est-il une en-dessous encore? Je l'ignore.
  La Fabrique, administration civile des intérêts de l'église de Saint-Jean-Baptiste, ne tardera pas à leur envoyer sa facture : pour le clergé : 6,75 F ; pour les employés : 1,75 F ; pour la Fabrique : 2 F. Total : 10,50 F.
  Diable! J'allais oublier les frais d'orgue : l'organiste et le souffleur ont reçu chacun un sou. Total rectifié : 10,60 F.

Chez Salomon
  Les archives de la famille ne nous délivrent aucun document circonstancié sur les épisodes de cette journée de fête.
  Je sais seulement que M. Salomon qui tient grand restaurant place du Champ-de-Mars, tout au fond, là où s'amorce la vieille côte de la Maladière, traitera et traitera bien les invités. La salle du premier étage un moment abandonnée, il est deux convives que l'on ne reverra plus guère, les deux neveux de la nouvelle Mme Jannel, les jumeaux Dufour, qui, encore qu'âgés de quatre ans seulement, ont inventorié soigneusement la table des agapes et sifflé tous les fonds de verres.
  La noce, de retour, les découvrira fraternellement enlacés au pied de l'escalier, saoûls comme grives. On les portera coucher. Incident clos. Et vive la mariée!

En ménage
  À peine dans leurs meubles, M. et Mme Jannel se préoccupent d'améliorer la garde-robe. Qu'ils se servent. M. Lisse leur consent un rabais substantiel.
  Dès le 18 août, ils ont acheté un tapis de 3,50, trois chemises à 4,25 F l'une. En octobre, Monsieur s'offre un complet de 33,35 F, un chapeau de 8 F, ce doit être, pour le moins un gibus à ressorts?, un faux-col de 65 c ; une paire de chaussures de 2,75 F, une cravate de 19 sous, une paire de manchettes de 20 sous. Remise de 15% sur le tout. Voilà notre bourgeois équipé!
  Le petit ménage semble s'organiser au mieux. En février 1901, Mme Jannel fait acquisition de 4.50 m de dentelle à 0,60, 1.10 m de peluche à 1,30, 1.40 m de ruban à 0,35. Dites donc le contraire que les jolies filles, un rien les habille!
  M. Jannel dont l'élégance se montre plus exigeante, va augmenter son vestiaire de deux caleçons à 2,80 pièce, de deux flanelles à 4,75, il a dû se faire voler car je les ai vu affichées ailleurs à 4,50!, et d'une paire de chaussettes à 95 c.
  Passe encore le temps, et en 1906, Mme Jannel se lance résolument dans les folies. D'un seul coup, voici un chapeau de 3,45, un corsage de 18,90, une "fantaisie" de 1,75 et une ombrelle de 6,95.
  En 1910 enfin, M. Jannel changera de complet et paiera pour cela 49,00. Ses chaussures, 18,75 et son chapeau 3,75.
  Mais dès 1906, les Jannel se sentent assez "bien de chez eux" pour tâter de l'argenterie, suprême consécration ménagère! Ils ont acheté chez Dechêne 6 couverts mousseline pour 31 F assortis de la louche du même métal pour 11,50 F.

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  Et nous allons les perdre de vue...
  M. Jannel mourra prématurément en 1929.
  Plus tard encore, je connaitrai seulement Mme Jannel sur la fin de sa vie. Elle fut un instant ma voisine. Elle est morte en 1953. Elle avait 78 ans.2

 

Un complot contre la République
  On ne saurait décrire et faire revivre une ville, même modeste comme le Chaumont de cette époque si, de temps à autre, on ne la replaçait dans le contexte environnant. En 1900, Chaumont compte 13 500 habitants [aujourd'hui 21 945 habitants, population totale Insee 2017 ]. Elle n'est pas une entité en soi, un morceau du monde abrité dans la coquille de ses anciens remparts. Les mouvements politiques l'agitent, les courants d'idées et le tumulte des passions secouent ses murailles et vont jusqu'à diviser les familles.
  Nous sortons à peine du drame déchirant que fut l'affaire Dreyfus [scandale judiciaire et politique qui divisa l'opinion française entre 1894 et 1906] ; nous sommes aux veilles de la Séparation de l' Eglise et de l' Etat ["Promulguée le 9 décembre 1905, la loi concernant la séparation des Églises et de l’État est l’aboutissement d’un long processus de laïcisation et de sécularisation engagé depuis la Révolution française. Elle proclame la liberté de conscience, garantit le libre exercice des cultes et met en place un nouveau régime des cultes..."]. Quelques années encore, et tout le monde, de gré ou de force, se réconciliera dans le bain de fer et de feu du conflit mondial.
  Mais à Paris, en 1900, un ténébreux complot vient d'être découvert dont l'instigateur est le vieux clairon Déroulède [Paul, écrivain et homme politique, 1846-1914 ; fondateur de la Ligue des patriotes (1882) ; il tenta un coup d'État pour renverser la république parlementaire, 23 février 1899. Arrêté, acquitté puis condamné à dix ans de bannissement, 1900, déchu de son mandat de député, 1901, il fut amnistié en 1905] fondateur de la "Patrie française", éternel enfant de choeur du culte de Jeanne d'Arc et des chères Provinces Perdues.
  La Haute-Cour [" sous l’empire des lois constitutionnelles de 1875, le Sénat peut se constituer en Cour de justice. Il peut juger soit le président de la République, responsable que dans le cas de haute trahison, soit les ministres, pour les crimes commis dans l’exercice de leurs fonctions, qui doivent être mis en accusation par la chambre des députés. De plus, il peut être constitué en Cour de justice par un décret du Président de la République, rendu en Conseil des ministres, pour juger toute personne prévenue d’attentat contre la sûreté de l'État..."] a eu à connaître de l'affaire. Membres de droit de ce tribunal suprême, les deux sénateurs de la Haute-Marne, Bizot de Fonteny [Pierre, 1825-1908, sénateur de 1888 à 1908, année de sa mort] et Darbot [Jean, 1841-1921 ; sénateur de 1888 à 1920, non réélu] - deux "dreyfusards" souligne le quotidien d'opposition - votent la condamnation des conjurés. 

                                         

Source

  L'un de ceux-ci, Jules Guérin [Jules, Napoléon,1860-1910 ; homme d'affaires et journaliste. Directeur de "L'Antijuif". Directeur du Grand Occident de France. Animateur de la Ligue nationale antisémitique], est frappé de dix ans de réclusion dans une enceinte fortifiée sur le territoire national. On lui assigne la maison de force de Clairvaux, installée depuis 1808 dans les bâtiments subsistants de la vieille abbaye de saint Bernard.

 

 Jules Napoléon Guérin


                         

Jules Guérin barricadé au siège du journal L'Antijuif situé rue de Chabrol, à Paris. Réfugié dans ce qui sera appelé Fort Chabrol, il résiste pendant plusieurs semaines aux assauts des forces de l'ordre. Reproduction d'une photographie de Roger-Viollet avant l'arrestation de Jules Guérin. Source

  À peine entré dans ses domaines, Guérin qui s'est vu attribué la cellule auparavant occupé par le duc d’Orléans, la plus belle, s'inquiète de l'Intendance et compose le menu de son dîner et de son souper.
  Pour midi, le prisonnier déclare se contenter de deux œufs à la coque, d'une côtelette, d'une salade, de fromage de gruyère, d'une poire, d'une bouteille de Bordeaux rouge, d'une bouteille d'eau de Vichy, ou, à défaut, de Vals, et de pain blanc.
  Le soir, après le potage gras aux pâtes, Guérin demande une deuxième côtelette, des haricots verts, du gruyère, une poire, une bouteille de Bordeaux rouge, du Vichy, ou Vals, et du pain blanc.
  La bienveillante administration pénitentiaire qui, en cette affaire, fait office de maître d'hôtel du moment que le client est solvable, dispose heureusement dans la proximité, de l' hôtel Saint-Bernard dont le patron est habitué à traiter les prisonniers politiques.
  Une ombre légère, pourtant, à ce tableau de saine gastronomie cellulaire : Guérin n'aura ni poire ni eau minérale, non que le règlement interdise de tels raffinements mais pour la bonne raison que Clairvaux ne dispose pas de fruits frais et s'étonne de voir demander du Vichy alors que l'eau du ciel emplit les citernes du vieux couvent. Il faut bien être de Paris pour avoir des exigences pareilles!

En selle! en selle!
  Que ces évènements cisterciens ne nous retardent pas davantage dans notre propos.
  Tous nos Messieurs Chaumontais n'ont pas servi dans les cuirassiers ou dans les dragons - mais, la mode le veut, il n'est que chic et distinction pour l'homme "urf" ou "smart" qu'une selle de vélocipède sous le séant.
  Les couturiers ont déjà créé le costume pour cet usage : culottes semi-bouffantes, épais bas cyclistes, non moins épais tricot à col roulé, casquette profonde en tissu "sport". Les élégants y ajoutent les grosses lunettes de l'automobiliste.

 

 Cycliste inconnu vers 1900.


  Les dames entendent bien goûter aussi à ces griseries vacillantes, quittes à pâmer dans le tourbillon de la vitesse. Pour elles, la Haute couture a inventé je ne sais quels jupons pantalonnesques ou autres jupes-culottes qui, tout en sauvegardant la sainte pudeur du mollet toujours masqué, donnera suffisamment d'aisance à la bottine mutine s'énervant sur le pédalier. Le haut cadre triangulaire de la machine à deux roues fait pour les hommes seulement qui vous sautent là-dessus comme sur l'échine d'une cavale indomptée, va, en l'honneur de ces dames, s'ouvrir et s'incurver dans le gracieux ploiement du col de cygne et, pour monter sur la selle élargie aux proportions de leurs aimables fessiers, elles auront alors des élans de croupe, des souplesses de reins à faire rêver plus d'un saint.
  Toutes concessions vestimentaires arrêtées à la taille de guêpe, il reste bien entendu que la bicycliste sportive 1900 portera corsage avec manches à gigot, chapeau fleuri vaste comme cabotin au jardin des ruches et voilette strictement tendue et nouée derrière la nuque pour filtrer le vent de la course et ménager ses bronches, si fragiles des brûlures glacées de l'air si vite fendu.
  La "vélo-vignette" n'arrêtera pas le progrès. La bicyclette, avec ou sans chaîne, enchaîne toutes les classes de la société. Elle est "sport" ; elle est "hygiénique" ; sa pratique vaut les meilleures leçons de gymnastique.

" En 1942, la plaque fut imprimée sur du carton comme fac-similé de la plaque en métal. Le tarif passa cette année à 25 francs. Ce tarif était visible sue la plaque pour la première et dernière fois. Dans les communes où cette plaque en carton n’était plus disponible, les autorités locales ont émis une immatriculation pour voiture avec la mention qu’il s’agissait de vélo. Ces dernières pièces sont rares, même si des centaines de milliers ont probablement été émises...."

   "À partir du 1er juin 1893, il sera perçu une taxe annuelle de dix francs (10 fr.) par chaque vélocipède ou appareil analogue. Sont affranchis de cette taxe :
1° Les vélocipèdes possédés par les marchands et exclusivement destinés à la vente ;
2° Ceux qui sont possédés en conformité de règlements militaires ou administratifs.

  La taxe est due pour les vélocipèdes possédés par les loueurs et destinés à la location."
Source

   Entre eux, les champions déjà se mesurent, les moustaches aussi fièrement cambrées que leur guidon nickelé. Le dimanche, les mollets bien pris dans les bas de coton, ou plus bourgeoisement, le paletot négligemment posé sur le guidon, en gilet et panama ou canotier, ils condescendront à faire partager ces joies viriles à ce sexe faible dont ils se gaussent discrètement.
   Et ils s'en iront, en procession zigzagante, par couples assortis, défier les périls de la route du Viaduc ou les traîtres tournants du chemin de Semoutiers. Seuls les pratiquants, solitaires, enfin au mieux de leur forme, oseront s'attaquer à la côte de Buxereuilles en minutant leur temps...
   Au retour de ces expéditions au demeurant périlleuses, on rentrera en ville ivres encore de vitesse, les joues enflammées d'air vif.


Deux femmes près de leur vélo dans les années 1900

La bicyclette, facteur de démocratisation et d'émancipation


À suivre...

Robert Collin, Chaumont à la Belle Époque, Les Presses de l'Imprimerie de Champagne, Langres, 1970, p. 20-25

2. Pour qui en douterait, tous les chiffres et faits ci-dessus évoqués sont authentifiés tant par les souvenirs personnels des proches de Mm Jannel que par les factures des Éts Lisse faisant foi. 

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BOURDONS-SUR-ROGNON : LE CONSEIL MUNICIPAL Y VEUT ET... Y VEUT PAS DES USINES ÉOLIENNES

  Précédemment :  CIREY-LÈS-MAREILLES & MAREILLES : LE PROJET DE L' USINE ÉOLIENNE EST AUTORISÉE PAR LA PRÉFECTURE LANQUES-SUR-ROGNO...