par Jean-Pierre Bardinet, Michel Gay et Jean-Pierre Riou
12/04/2017
Pour répondre à quelques idées reçues sur l'énergie, à l'heure où cette question est primordiale aux yeux du monde
Le CO2 est-il un polluant ?
Non. Le CO2 est un gaz indispensable à la photosynthèse et à toute la chaîne de la vie sur notre planète. Pendant 500 millions d’années, la moyenne du taux de CO2 atmosphérique a été de 2000 ppm environ. Mais grâce à l’augmentation observée de 280 ppm au début de l’ère industrielle à 400 ppm actuellement (la végétation est donc en manque), la planète reverdit et les récoltes sont meilleures, ce qui contribue à réduire la faim dans le monde. Certes, l'activité humaine émet de vrais polluants néfastes à la santé publique : oxydes de soufre et d’azote, microparticules, ...) qu'il faut réduire. Mais taxer le gaz de la vie est absurde, sauf à vouloir diminuer la consommation des énergies fossiles au profit d'autres sources non carbonées (nucléaire, hydraulique, …).
Cependant, si une filière est lancée pour satisfaire cette politique de réduction du CO2 pour ses effets potentiels sur le climat, mais qu'en fait :
- elle a un bilan carbone élevé (parce qu’elle nécessite en soutien récurrent des centrales thermiques à gaz ou à charbon),
- elle fait monter artificiellement le prix du kWh,
- et elle crée d’importants problèmes d’équilibrage des réseaux de transport d'électricité, alors elle n’a aucune justification et doit être abandonnée.
Quelle est la situation énergétique en France ?
Notre mix énergétique traditionnel (thermique, hydraulique et nucléaire) est suffisant pour couvrir nos besoins. La France exporte même environ 10% de sa production. La part du nucléaire dans la production d'électricité en 2016 s’est élevée à 72,3%, celle de l’hydraulique à 12%, celle du thermique à 8,6%, celle de l’éolien à 3,9% et celle du solaire à 1,6%.
En période hivernale, le solaire produit progressivement de 9h à 17 h, avec un pic en milieu de journée, puis ne produit rien lors de l’heure de pointe du soir et la nuit, tandis que l’éolien produit aléatoirement s'il y a du vent. Ce sont des énergies renouvelables intermittentes (EnRi) qui produisent peu (leur facteur de charge est faible : 23% pour l’éolien et 14% pour le solaire). Par exemple, le 23 janvier 2017, lors de l’heure de pointe du matin et du soir, il a fallu importer de l'électricité et augmenter les productions des centrales à gaz, à charbon et même au fioul tandis que l'éolien et le photovoltaïque ne produisaient presque rien (peu de vent et pas de soleil).
Les expériences malheureuses de nos voisins espagnols, danois et allemands montrent que les EnRi font grimper les prix (30 c€/kWh pour le Danemark et l’Allemagne, 24 c€/kWh pour l’Espagne). Le développement des EnRi conduit à un casse-tête coûteux : pour pallier une production faible d’EnRi, il faut des centrales thermiques. Mais quand la production des EnRi est forte, il faut les arrêter. Elles sont donc à la fois nécessaires et non rentables puisqu'elles produisent peu, et qu'il faut quand même payer les frais fixes (investissements, personnel,..). La décision de réduire la part du nucléaire en France dans le mix énergétique procède d’une idéologie irrationnelle. Le nucléaire n’émet pas de CO2, donc il satisfait aux exigences climatiques et il est pilotable. Les EnRi sont indirectement émettrices de CO2 et engendrent des coûts d’infrastructure rendus nécessaires par leur dispersion géographique et leur caractère intermittent : transformateurs, lignes de transport HT, smart grids...
Les surcoûts de la loi de transition énergétique se montent en 2016 à 23 Md€, et ils seront de 70 Md€ en 2030. De quoi handicaper la compétitivité des entreprises et le pouvoir d’achat des ménages...
La situation énergétique en France se dégrade à cause du développement inconsidéré des EnRi et de la volonté politique de réduire le nucléaire sans se préoccuper de le remplacer par des filières rationnelles décarbonées.
L’indépendance énergétique d’un pays passe-t-elle forcément par l’utilisation des énergies renouvelables ?
Non. L’Agence de l'environnement et de maîtrise des énergies (Ademe) a publié une étude irréaliste, cependant largement diffusée par les médias, qui prévoit 100% de renouvelable en 2050.
En fait, l'indépendance en électricité de la France pourrait être réalisée par des centrales à surgénération à uranium appauvri (238U) et à thorium (232Th). Il existe actuellement 300 000 tonnes d'uranium appauvri sur notre sol, soit 3000 ans de consommation électrique en France (moins de 100 tonnes par an) car le processus de surgénération permet de recycler une grande partie du combustible.
Voici les caractéristiques de toute production rationnelle d’énergie électrique :
-Elle doit être pilotable. En particulier, elle doit être capable de gérer les moments de forte et de faible consommation.
-Elle doit être indépendante des caprices de la nature (vent, soleil, marées, précipitations,…).
-Elle doit avoir un impact mineur sur l’environnement et la biodiversité.
-Le réseau de transport ne doit pas être soumis à des fluctuations brutales et aléatoires.
-Le prix doit être compétitif
-La sécurité d’approvisionnement doit être garantie.
Est-il réaliste de penser que la France, à l’image du Costa Rica, pourra bientôt tourner uniquement grâce aux énergies renouvelables ?
Non. La France et le Costa-Rica ne sont pas comparables (population, PIB, économie). Le profil énergétique du Costa-Rica est très différent de celui de notre pays. Il dispose d'importantes ressources hydrauliques et géothermiques. Le Costa Rica doit en effet son électricité à 75% à l’hydraulique et 12% à la géothermie. Soit 87% grâce à des énergies pilotables et un peu plus de 10% d’éolien intermittent. Pour passer à 100% le barrage de Siquirres qui vient d’inonder une vallée en pleine jungle a récemment été inauguré. C’est le deuxième plus gros chantier d’Amérique centrale après le canal de Panama. Sur le plan énergétique c’est assurément un investissement qui offrira aux costaricains une électricité pilotable de qualité. Mais avec très peu d’éolien intermittent et onéreux.
Les liens suivants analysent les cas désastreux de la transition énergétique en Espagne par l’économiste Rémy Prud’homme, et en Allemagne par Jean-Pierre Bardinet.
Le cas de la centrale solaire Myrte, implantée en Corse, montre que, une fois mis de côté les aspects séduisants de la propagande, les coûts sont démesurés : plus de 50 fois le prix du marché,… sans les taxes.
Quel serait l’équilibre énergétique idéal pour un pays ?
En énergie produite : 80% de nucléaire (mix fission EPR et surgénération), 11% d’hydraulique, 7% de thermique, 2% d’agro-énergies, et… 0 % d’EnRi. Les pays qui ont un important réservoir hydraulique, comme le Canada, la Suède et la Norvège (qui gère l’intermittence des EnRi du Danemark) ont besoin de moins de nucléaire.
Quelle sera la situation énergétique mondiale en 2050 ?
Les perspectives du GIEC et de l’AIE sont totalement divergentes. Le GIEC rêve d'un monde reposant sur les EnRi, alors que l’AIE annonce que l’utilisation des combustibles fossiles va continuer à augmenter dans les prochaines décennies. Les pays en développement ne se laissent pas berner par les sirènes des EnRi, sauf pour en tirer de juteuses aides financières. A l’instar de la Chine et de l’Inde, ils construisent de nombreuses centrales fossiles et nucléaires. Et les pays africains et du sud-est asiatique feront de même pour offrir à leurs populations une énergie électrique fiable, peu chère et pilotable, seul moyen de favoriser le développement économique, donc de réduire la pauvreté et d’améliorer le niveau de vie.
php
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire