10/02/2017
B.Durand *
* Ancien directeur de la division Géologie-Géochimie de l’IFPEN, puis de l’ENS de Géologie, ancien président du Comité Scientifique de l’European Association of Geoscientists and Engineers.
Depuis environ 15 ans, la plupart des pays d’Europe s’efforcent à des degrés divers d’augmenter la part des électricités renouvelables intermittentes (ELRi), essentiellement l’éolien et le photovoltaïque, dans leur production d’électricité. Les raisons officiellement invoquées sont de réduire substantiellement dans ces pays les émissions de CO2 , et d’accroître leur indépendance énergétique.
L’étude d’un groupe de 15 pays d’’Europe de l’Ouest, à peu près homogène sociologiquement, technologiquement et économiquement, montre que les résultats de cette politique sont mauvais :
Les émissions de CO2 de la production électrique sur cette période y ont davantage diminué grâce au remplacement progressif de centrales à charbon par des centrales à gaz à cycle combiné, que grâce aux ELRi. En fait, les seuls pays qui ont des émissions faibles, sont ceux dont le mix électrique repose maintenant principalement sur l’hydraulique et/ou le nucléaire. Ils n’ont donc eu nullement besoin des ELRi pour abaisser leurs émissions.
Le prix de l’électricité payé par les ménages y a augmenté de façon directement proportionnelle aux capacités installées d’ELRi .
Enfin, le développement des ELRi a nécessité dans les pays sans ressources très importantes en hydroélectricité et/ou en nucléaire, de garder en soutien (« back-up ») de grandes capacités de centrales à charbon et/ou à gaz pour gérer leur intermittence. Le développement des ELRi y a ainsi lié l’avenir de la production électrique à la disponibilité future de ces combustibles fossiles. Mais en Europe, les productions de ceux-ci sont maintenant en déclin rapide. L’avenir de la production électrique et l’avenir des ELRi seront donc dans ces pays de plus en plus liés à la disponibilité de charbon et de gaz importés.
Si la politique actuelle de développement à marche forcée des ELRi est guidée par des motivations climatiques ou économiques, comme le prétendent les milieux politiques et les médias, c’est alors une grave erreur. Elle ne réduit pas de façon significative les émissions de CO2 . En France, où les émissions sont déjà de loin les plus faibles de tous les grands pays industrialisés, elle les fera même augmenter. Elle y fera aussi augmenter le prix de l’électricité pour les ménages, et rendra la France de plus en plus dépendante au charbon et au gaz importés.
Cette politique énergétique anéantira également l’avantage que possède la France sur les grands pays industrialisés de pouvoir mettre en place une mobilité électrique globalement peu émettrice de CO2. Or cet acquis est précieux, étant donnée l’incertitude croissante sur la disponibilité future du pétrole sur le marché international, et la diminution de déjà 50 % de la production européenne qui est observée depuis 2000;
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http://www.epaw.org/documents/Electricitesintermittentes3b.pdf
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