Jean Abbiateci
Publié mardi 11 avril 2017
Commentaire: Les classes populaires dans le monde rural = Misère sociale + zones industrielles d'aérogénérateurs (éoliennes) = Mme Le Pen?
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Paysage désolé sur les hauteurs du Livradois-Forez dans le département du Puy-de-Dôme
© Hugo Ribes / Collectif Item
Une sociologue auvergnate dresse un portrait vertigineux de la pauvreté dans le monde rural français
Loin de la misère souvent explosive des banlieues françaises, la pauvreté des campagnes est une réalité plus silencieuse, invisible. C’est toute l’utilité du travail d’Agnès Roche, sociologue à l’Université de Clermont Auvergne et que Le Temps a rencontrée, de mettre des mots sur ces «vies de pauvres» du monde rural, ces «sans-dents» moqués par François Hollande.
Le livre qui condense ce travail est une succession vertigineuse des vies chaotiques d’habitants des villages du Puy-de-Dôme: des paysans en difficulté, des ouvriers, des jeunes néoruraux sans le sou, des petits commerçants qui ont fait faillite. Chez ces gens-là, les fins de mois sont difficiles, le surendettement une épée de Damoclès – le banquier est une figure détestée chez les agriculteurs –, l’alcool ou le sommeil une échappatoire.
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Logements indignes
Si cette pauvreté rurale trouve en partie son terreau dans la crise agricole, elle frappe aussi les jeunes des classes populaires – en France, la moitié des pauvres ont moins de 30 ans. Comme Julie et Simon, 23 et 20 ans qui vivent en couple dans un village du Puy-de-Dôme et dont la sociologue raconte l'histoire de vie. Simon a été bûcheron, mais se retrouve déjà en arrêt avec le dos en miettes: il refuse de travailler «dans un clapier» devant un ordinateur. «La priorité pour l’instant, c’est de manger à peu près à notre faim, le reste passe après…» Le tabac est le seul luxe du jeune couple: «Quand tu fumes, tu ne penses pas: «Putain, je suis dans la merde.»
La priorité pour l’instant, c’est de manger à peu près à notre faim, le reste passe après… Un jeune couple installé dans un village
Dans ces villages, les loyers sont certes très peu élevés – 290 euros pour Julie et Simon – mais les habitations sont souvent indignes et très mal isolées, dans un pays aux hivers redoutables. Simon: «On a été obligés d’installer un rideau sur la porte d’entrée pour couper le vent qui passe comme si on était dehors. Les fenêtres, c’est du simple vitrage, c’est du carton, les montants en bois prennent l’humidité, le bois gonfle, on ne peut pas ouvrir les fenêtres.» L’hiver, la température ne dépasse pas les 9 °C dans la petite maison.
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Pour survivre, «c’est ici le règne de la débrouille» pour tous. Des missions d’intérim, de l’aide à domicile, des petits trafics, de la cueillette des champignons. «A l’année, on en fait pour 500 euros, c’est toujours cela.» Au fil des pages, ce sentiment de «clôture terrible et de soumission des destins» frappe le lecteur. Malgré quelques petits miracles: mère à 17 ans, Corinne et son compagnon Gérard se sont rencontrés dans la rue. Après des années de galère et un coup de pouce du destin – l’équivalent de 10 000 francs suisses gagnés au loto –, le couple a trouvé un équilibre fragile «dans leur petit cocon» à la campagne avec leurs six enfants. Corinne cultive un potager et élève des volailles: «Mon chemin, pour moi, c’est ma fierté.»
A Lire. Agnès Roche, «Des Vies de pauvres. Les classes populaires dans le monde rural», Presses universitaires de Rennes, 2016, 340 pages.
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