Loi climat et résilience : la France sauveuse du climat...enfin presque

Ce qui est dramatique pour la planète, c'est que ces sauveurs du climat :

  • ne peuvent légiférer... qu'en France. Quid des Etats-Unis d'Amérique, de la Chine, l' Inde, la Russie, l' Allemagne, etc.?
  • ne siègeront plus, pour une grande majorité d'entre eux, dans l'hémicycle en 2022 et que Madame le ministre de la Transition écologique ne dirigera plus son ministère.
  Le climat et les Français y survivront-ils?
  Va savoir, Charles
  À part ça, des nouvelles des émissions de CO2 en cette année 2021.
  Restez à l'écoute...

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« Loi climat et résilience » : bourrons le mou de nos enfants !

André Heitz

  C’est une priorité des régimes totalitaires que d’« éduquer » les enfants. Où en est-on en France avec l’article 2 de la loi climat et résilience, chapitre « Informer, former et sensibiliser » ?


Photo by CDC on Unsplash - https://unsplash.com/photos/GDokEYnOfnE — CDC ,


  On peut cauchemarder quand on entend une Léonore Moncond’ huy, maire de Poitiers, déclarer que « l’aérien ne doit plus faire partie des rêves d’enfants » et, implicitement, préconiser un formatage, voire une police des rêves.
  On cauchemarde également quand le responsable éditorial de Regards.fr tweete que « les rêves sont aussi les fruits de constructions sociales et il est tout à fait légitime que le politique s’attache à construire et déconstruire les imaginaires. C’est même le cœur de nombreuses batailles culturelles ».

Une inquiétante dérive
  On peut s’inquiéter pour sa République – « indivisible, laïque, démocratique et sociale » selon l’article premier de la Constitution du 4 octobre 1958 – lorsqu’une Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, déclare à l’Assemblée nationale : « Le texte que je vous présente aujourd’hui est une nouvelle pierre importante à l’édifice de la République écologique que nous voulons construire. »
  On peut avoir mal à sa France quand la même pérore – peut-être inspirée par les techniques d’endoctrinement des États totalitaires, et certainement ignorante des ravages qu’elles ont provoqué et qu’elles provoquent encore : « Le présent texte est un projet de loi de bon sens, tout simplement. Parce que tout commence par l’école, il fera entrer l’écologie dans ce pilier de la République, pour former et sensibiliser les futurs citoyens aux enjeux de la planète. »
   On peut encore être atterré quand on entend cette déclaration, disons, passionnée :
https://twitter.com/i/status/1376198536891629568

Que dit le projet de loi climat et résilience?
  Un « changement de dimension », avec des enseignements renforcés à l’école ?
  Voici le texte des nouvelles dispositions du code de l’éducation tel qu’il résulte de l’article 2 du projet de loi portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets dans la version issue de son examen par l’Assemblée nationale en séance publique :
  « Art. L. 121-8. – L’éducation à l’environnement et au développement durable, à laquelle concourent l’ensemble des disciplines, permet aux élèves de comprendre les enjeux environnementaux, sanitaires, sociaux et économiques du développement durable. Elle est dispensée tout au long de la formation scolaire, d’une façon adaptée à chaque niveau et à chaque spécialisation, afin de développer les connaissances scientifiques et les compétences des élèves en vue de leur permettre de maîtriser ces enjeux et ces savoir-faire, notamment ceux portant sur le changement climatique, le respect du vivant et la préservation de la biodiversité terrestre et marine, y compris dans les territoires d’outre-mer, et de(…) de maîtriser des savoir-faire et de préparer les élèves à l’exercice de leurs responsabilités de citoyen. Le ministère chargé de l’éducation nationale garantit les contenus, les modalités de mise en pratique de ces contenus et la cohérence du déploiement de l’éducation à l’environnement et au développement durable dans le cadre scolaire. »
[…]
  « [Art. L. 312-9, nouvel alinéa] Cette formation comporte également une sensibilisation à l’impact environnemental du numérique des outils numériques ainsi qu’un volet relatif à la sobriété numérique.»

Non, la majorité ne supprimera pas l’article 2
  La majorité a rejeté 51 propositions d’amendement, dont quatre tendant à supprimer cet article et émanant, sans surprise, des bancs des Républicains.
  Voici un extrait d’exposé des motifs :
   « Si le principe est louable, il n’en demeure pas moins que l’Éducation nationale n’a pas vocation à dispenser des enseignements pour répondre à des problématiques qui dépassent largement celles de l’acquisition des compétences fondamentales que sont le français, les mathématiques, les langues étrangères, les sciences humaines et celles économiques et sociales, l’histoire et la géographie notamment.
  Il convient d’ailleurs de souligner que cette éducation à l’environnement et au développement durable est déjà réalisée via les enseignements des sciences et vie de la terre.
»
  Un autre a ajouté :
  « Aussi et surtout, le respect de l’environnement, le développement durable et l’écologie sont avant tout des devoirs de citoyens qui doivent être appris tout au long de la vie et notamment en famille. »

Loi climat et résilience : ce à quoi nous avons échappé
  Selon l’article 34 de la Constitution, « La loi détermine les principes fondamentaux » dans divers domaines, dont l’enseignement et la préservation de l’environnement.
  À l’évidence, l’article 2 du projet de loi dépasse très largement le cadre des « principes fondamentaux ». Mais pour certains députés et certaines formations, le micro-management n’était pas encore suffisant.
  Voici donc ce à quoi nous avons échappé.

La consommation, l’alimentation
  Selon une proposition issue curieusement des rangs des Républicains, y compris de députés qui préconisaient la suppression de l’article, mais aussi socialistes, l’éducation à l’environnement et au développement durable devait aussi s’étendre à « la consommation responsable et équitable ».
  Ou seulement « durable » pour des membres du groupe Agir ensemble, lié à la majorité.
  Ou encore à « l’alimentation » (les Républicains), avec notamment ce motif :
« La gestion du gaspillage et des pertes alimentaires, la sécurité alimentaire à toutes les échelles, les modes de production agricoles et leurs effets sur l’environnement constituent également des enjeux d’avenir dans le cadre d’une responsabilité collective impliquant la formation et la sensibilisation de citoyens responsables.
  Cet amendement vise à affirmer le rôle fondamental et continu de l’éducation à l’alimentation du primaire jusqu’au lycée.
»
  Les socialistes étaient sur une ligne similaire avec une phrase entière :
 « Cette éducation à l’environnement, en complément avec l’éducation prévue à l’article L. 312-17-3 du présent code, comporte notamment un parcours de sensibilisation à l’alimentation durable, au bien-manger et à la lutte contre le gaspillage alimentaire. »
  L’article cité prévoit un enseignement, « une information et une éducation à l’alimentation et à la lutte contre le gaspillage alimentaire, cohérentes avec les orientations du programme national relatif à la nutrition et à la santé […] et du programme national pour l’alimentation »

Les enjeux planétaires et la « bifurcation écologique »

  Du côté de Mme Delphine Batho et de ses collègues, a priori tous non-inscrits, la notion de « développement durable » est dépassée et il faut lui substituer : « [les] enjeux liés à la diversité biologique et [le] changement climatique dans le cadre des limites planétaires ». Dans une autre proposition, c’est une référence à « la sobriété dans l’usage des ressources dans le cadre des limites planétaires » qu’il fallait introduire.
  La France insoumise – dont on ne se privera pas de faire remarquer une fois de plus que cette  désignation est une insulte à la République – est partisane d’un autre vocabulaire : « la bifurcation écologique ». Selon un exposé des motifs :
« Le terme bifurcation suppose une restructuration de fond en comble de nos économies, un changement de direction. Elle exige la planification d’une nouvelle organisation du territoire et de nouveaux schémas de consommation et de production. La bifurcation écologique doit également être synonyme de conquêtes sociales.
  L’enjeu du dérèglement climatique et de la préservation de l’environnement doit être enseigné dans son entièreté.
»
  Là, on est en plein dans l’endoctrinement ! Mais on peut aussi penser à la collectivisation et la dékoulakisation…
  Les socialistes ont proposé une référence à « la protection de l’environnement et des limites planétaires ».
  Pour Mme Florence Provendier (LaREM) et collègues, il faut être encore plus précis :
  « À cet égard, les élèves sont sensibilisés à la réalisation des dix-sept objectifs de développement durable du programme de développement durable à l’horizon 2030. »
  Que signifie « la réalisation » ? Serait-ce une sorte de catalogue des bienfaits dispensés par le gouvernement et plus généralement les pouvoirs publics ?

L’économie sociale et solidaire
  L’éducation à l’environnement et au développement durable doit permettre de maîtriser une série d’enjeux précisés par une liste non limitative. Les socialistes et les Républicains ont proposé d’ajouter « ceux relevant des principes de l’économie sociale et solidaire tels que définis par la loi du 31 juillet 2014 ». C’est dans les deux cas le fruit du lobbying d’ESS France.

N’oublions pas la santé
  Pour M. Éric Alauzet et des collègues LaREM, la santé devait aussi être au programme. Ce qui est intéressant ici est la motivation :
  « Initier et former dès le plus jeune âge les enfants aux questions relatives à l’environnement et au développement durable c’est l’assurance non seulement de créer des générations de citoyens respectueux et impliqués par ces questions, mais c’est également permettre d’apporter ces enjeux au sein des foyers. […] »
  C’est un peu le principe des Gardes rouges et du Komsomol, non ?

L’appel à l’émotion

  L’éducation a pour objectif de préparer les élèves à l’exercice de leurs responsabilités de citoyen. Pour le groupe Agir ensemble, il y avait lieu de préciser : « et de développer leur lien physique et émotionnel à la nature ».

Instruire les gens du ministère de l’Éducation et leur tenir la main
  L’éducation à l’environnement et au développement durable doit donc être dispensée « d’une façon adaptée à chaque niveau et à chaque spécialisation ». C’est si peu évident que cela doit figurer dans la loi…
  Mais ce n’est pas assez pour Mme Delphine Batho et ses amis. Il aurait fallu ajouter : « de façon pratique et théorique » !
  Le ministère chargé de l’Éducation est bien évidemment chargé de la bonne mise en application du dispositif. Notons que le texte adopté emploie le mot « garantit », ce qui « imposerait aux pouvoirs publics une quasi-obligation de résultat » selon l’avis rendu par le Conseil d’État sur un projet de loi constitutionnelle complétant l’article 1er de la Constitution et relatif à la préservation de l’environnement !
  Et le rédacteur du projet de loi n’a pas été avare de microgestion et a énuméré quelques points auxquels le ministère devait veiller, des fois qu’il oublie….
  Jean-Noël Barrot (Mouvement démocrate) a voulu compléter la liste avec « ainsi que l’information, la formation et la sensibilisation du corps enseignant à ces enjeux ».
  Pour d’autres, toujours pour le cas où ces gens du ministère seraient distraits, il fallait leur intimer l’ordre de prévoir « précisément le temps qui doit être imparti à cet enseignement ».
  Relevons aussi qu’une série de députés a voulu inclure le ministère chargé de l’Enseignement supérieur, etc. et ainsi, implicitement, par une sorte de stratagème, étendre aux étudiants l’éducation à l’environnement et au développement durable.

Végétalisons !

  Voici une autre proposition issue sans doute d’un lobbying multidirectionnel : pour des Républicains, ainsi que pour un groupe de proposants qui semble divers, il aurait fallu ajouter : « Elle [l’éducation] s’appuie, notamment, sur des projets concrets tels que la végétalisation du bâti scolaire, composante essentielle de l’éducation au développement durable. »
  Une végétalisation dont on s’est plu à décrire les bienfaits indirects sur le microclimat et le bien-être des gens du quartier.

Installons des bacs de compostage !
  Mme Perrine Goulet (La Rem) a eu une autre idée inspirée par une rencontre avec des élèves de CM2. Elle a été traduite comme suit, l’exposé des motifs est plus explicite :
  « Les collectivités territoriales peuvent concourir à l’accomplissement du présent article par le développement de projets spécifiques initiés par l’équipe pédagogique et visant à l’appréhension des enjeux environnementaux, du développement durable et de la valorisation des déchets. »

Faisons des classes en plein air
  Mme Delphine Batho et ses amis ont aussi été imaginatifs sur cet ensemble de sujets :
  « Les enseignements en plein air et sous forme de classe dehors font partie intégrante de la formation scolaire primaire et secondaire dans le cadre de l’éducation à l’environnement mentionnée au premier alinéa. »

Sensibilisons à l’écoconduite et à ses bénéfices
  C’est une proposition de Mme Fiona Lazaar (non inscrit).

Et encore…
  D’autres propositions tendaient à introduire des références aux « projets éducatifs territoriaux », au « changement climatique », à la « transition écologique », aux « spécificités naturelles et géographiques de chaque territoire », la France n’est-elle pas une et indivisible, et les Français ne sont-ils pas amenés à voyager et, le cas échéant, déménager ?, à « la sobriété numérique ».
  « Par cet amendement nous [la France insoumise] intégrons à la formation…
    C’est une rafale d’alinéas que la France insoumise a proposé d’ajouter au Code de l’éducation :
  « Cette formation comporte un volet sur les biens communs (eau, air, alimentation, vivant, etc.), leur gestion ainsi que leur importance dans la lutte contre le dérèglement climatique et la perte de biodiversité. »
  « Cette formation comporte un volet sur les liens entre climat et biodiversité, entre changement climatique et érosion de la biodiversité. »
  « Cette formation comporte un volet sur les objectifs que se sont fixé la France, l’Union européenne et les États membres des Nations unies, en termes de réduction des émissions de baisse à effet de serre et de préservation de la biodiversité. »
  « Cette formation comporte un volet sur les éco-gestes individuels et leurs limites pour lutter contre le réchauffement climatique et la perte de biodiversité. »
  « Cette formation comporte un volet sur l’impact environnemental de la publicité ainsi qu’un volet sur le rôle de la publicité dans les pratiques de surconsommation. »
  « Cette formation comporte une sensibilisation à l’impact environnemental et social des modes alimentaires ainsi qu’à l’impact de l’agriculture, et notamment de l’élevage. »
  « Cette formation comporte une sensibilisation à l’impact environnemental des choix technologiques, notamment sur la 5G. »
  « Cette formation comporte un volet sur l’impact des différentes mobilités en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Elle comprend également un volet sur les investissements qu’il est nécessaire de faire pour effectuer la bifurcation écologique. »

Ce n’est pas sérieux !
  Ainsi se conclut pour nous ce voyage en Absurdistan. Le constat est implacable : notre système démocratique est vraiment malade.
  « La loi détermine les principes fondamentaux… » selon l’article 34 de la Constitution et « Les matières autres que celles qui sont du domaine de la loi ont un caractère réglementaire » selon l’article 37 ? L’article et les propositions d’amendement que nous venons d’examiner démontrent que ce principe fondamental est devenu une coquille vide et que le gouvernement et les députés ont perdu la raison.
  Cela contribue au rejet de la classe politique par une part de plus en plus importante de la population. Et quand le législateur n’est plus respecté, sa production ne l’est plus aussi.
  S’agissant du système éducatif, la charge mise sur lui ne pourra que réduire encore davantage sa capacité à prodiguer les compétences fondamentales et former des citoyens capables de penser par eux-mêmes.
  Quand on sait qu’il y a des politiciens en vue incapables de calculer la surface d’un cercle ou de convertir un hectare en mètres carrés…

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