Par Michel Gay
Au nom de la protection du climat, la loi de transition énergétique accumule des promesses excessives, ruineuses et inefficaces
La loi de transition énergétique (LTE) votée le 22 juillet 2015 par l’Assemblée nationale est destinée à préserver (au moins en apparence) les engagements électoraux du gouvernement. Elle s’efforce également de donner une image environnementale exemplaire de la France en prévision de la 21e conférence internationale sur le climat 1 (COP 21) qui se tiendra à Paris en décembre 2015.
L’objectif principal de cette conférence est de parvenir à une réduction des émissions de gaz à effet de serre, et notamment du gaz carbonique (CO2), au niveau mondial. Mais, le gouvernement français continue à soutenir le développement des énergies renouvelables (EnR) électrogènes intermittentes, aux dépens de la production d’électricité nucléaire décarbonée et compétitive pour réduire la consommation des combustibles fossiles.
Or, il est mensonger d’attribuer une réduction des émissions de CO2 au déploiement des EnR électrogènes en France.
L’analyse des productions actuelles des énergies intermittentes montre que les gigantesques programmes de développement de l’éolien et du solaire photovoltaïque prévus par la LTE (environ 10 milliards € d’investissements par an) augmenteront les émissions de CO2, comme en Allemagne.
Ces programmes conduiront aussi à une forte augmentation du coût de production et de distribution de l’électricité. Ce surcoût sera payé par le consommateur via une taxe, la Contribution au Service Public de l’Électricité (CSPE), qui finance désormais principalement le solaire et l’éolien. Si la LTE est mise en application sans modification des prix d’achat des productions intermittentes, cet « impôt innommé« 2 s’élèvera à près de 13 milliards € par an en 2025, et plus de 16 milliards € en 2030.
De plus, ce programme perturbera gravement la stabilité du réseau et amplifiera le déficit commercial du pays en augmentant les importations d’équipements (éoliennes, panneaux photovoltaïques), de gaz et même de charbon pour faire face aux fluctuations de la production.
Par ailleurs, les conséquences économiques et sociales de cette loi ont été largement masquées dans sa présentation.
Elle se caractérise par :
-Un gaspillage de la production nucléaire,
-Une gabegie à cause du développement non maîtrisé des énergies renouvelables électrogènes,
-Une ambition d’amélioration de l’efficacité énergétique techniquement irréaliste.
Au nom de la protection du climat, la LTE accumule des promesses excessives, ruineuses et inefficaces, alors que la France est déjà une des nations les plus performantes d’Europe en matière d’émission de gaz à effet de serre. Nos émissions de CO2 du secteur électrique sont seulement d’environ 40 g/kWh 3.
À titre de comparaison, l’Allemagne a émis 477 g/kWh (en 2013), soit… 12 fois plus de CO2 que la France pour produire son électricité ! Elle a pourtant déployé un vaste parc d’énergies renouvelables électrogènes intermittentes et… elle a diminué sa production nucléaire. Mais elle a compensé ses choix par des centrales à gaz et au charbon pour répondre à la demande. L’essentiel de sa production électrique provient du lignite et de la houille (43,6% en 2014), mais une subtilité allemande consiste à séparer la production d’électricité à partir de lignite et de houille pour faire croire que les productions des renouvelables électrogènes sont en tête avec 25,8%…
La loi de transition énergétique ne donne que des objectifs généraux pour 2030. L’étude 4 d’impact qui l’accompagne manque de justifications et sa faiblesse est flagrante. Pourtant des députés et des sénateurs ont voté cette LTE sur ce fondement. La faisabilité technique et l’estimation du coût de cette loi pour la collectivité sont tout simplement impossibles à établir.
Attendre de cette loi une réduction des émissions de CO2 en même temps qu’une contribution à la défense du niveau de vie du consommateur est illusoire. Cette loi « idéologique » nie sciemment les réalités techniques et économiques pour plaire à une frange écologiste alliée du gouvernement, et aussi pour pouvoir « briller » à la COP 21, mais elle ne peut conduire qu’à un échec retentissant. « Circulez, il n’y rien à dire ! »
- Organisation de la 21ème conférence des parties de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques à Paris début décembre 2015.
- Rapport de la Cour des comptes janvier 2012.
- RTE, Bilan électrique 2014 : 19 MteqCO2 pour 540 TWh produits (35g/kWh), ou pour 465 Twh consommés (41 g/kWh).
- « Quand la science ignore certains faits pour servir une idéologie, ce n’est plus de la science, c’est de la propagande pour un dogme ». Keneth Hilborn, 1996.
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