2017 : année de bataille autour du gaz de schiste en France

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by Julia Beurq
29/09/2016 

Commentaire: Après le bétonnage éolien PS + Europe Écologie Les Verts, voici que se profilent à l'horizon les forages des gaz de schiste LR et cie. Les agressions contre nos territoires se font légion. Demain, que restera t-il?

Pour info: 
Les principaux bassins de gaz de schiste début 2012. À noter que les mêmes départements éoliens +, sont candidats.

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Les principaux bassins de gaz de schiste en Europe © UFIP
  
« Douce France
Cher pays de mon enfance
Bercée de tendre insouciance
Je t'ai gardée dans mon coeur!
Mon village au clocher aux maisons sages
Où les enfants de mon âge
Ont partagé mon bonheur
Oui, je t'aime
Et je te donn' ce poème
Oui, je t'aime»

Extrait de la chanson Douce France» de Charles Trenet 

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La préoccupation des militants écologistes, et l’un des enjeux de la prochaine élection présidentielle française, est de savoir si le futur président sera pour ou contre le gaz de schiste.


Les récentes positions climato-sceptiques de Nicolas Sarkozy ont eu pour effet de lancer la campagne électorale sur les chapeaux de roues. Le 14 septembre, l’ancien président de la République a ainsi annoncé que « l’homme n’était pas le seul responsable » du changement climatique, énième changement en la matière de celui qui brigue la primaire du parti Les Républicains (LR).



De telles structures pourraient faire une apparition en France dans les prochaines années si la bataille sur le gaz de schiste est remporté par les partis politiques et les multinationales de l'énergie qui sont en faveur de la la fracturation hydraulique
(AP/Eric Gay) 


Certes, c’était sous sa présidence que la fracturation hydraulique avait été interdite en juillet 2011 – une décision plaçant la France à l’avant-garde des préoccupations écologistes.

Mais le contexte politique de cette année-là explique pourquoi la « loi Jacob » avait été votée sous un gouvernement de droite. À l’époque, des milliers de personnes avaient manifesté contre les gaz de schiste et la fracturation hydraulique, forçant la classe politique à prendre position sur le sujet.

« Comme l’opinion publique était largement contre, la droite n’a pas vraiment eu le choix, elle s’est alignée sur l’avis de la population, » rappelle Juliette Renaud, chargée de campagne sur les industries extractives au sein de l’association des Amis de la Terre France.

« Aujourd’hui, LR, qui est toujours plus sensible aux lobbys pétroliers que le Parti socialiste (PS), a finalement retrouvé sa place « naturelle » sur cette question. »

Comme en témoignent les propos de Luc Chatel, le président du Conseil national de cette formation qui a déclaré en février que son parti devait être celui « des gaz de schiste et des OGM ».


 

Des industriels en position d’attente 
Les multinationales françaises qui opèrent dans le domaine des hydrocarbures et de la chimie attendent beaucoup de ce scrutin. En fait, elles s’y préparent depuis plusieurs années déjà.

Ainsi, plusieurs géants du secteur comme Total, Engie et Vallourec se sont regroupés en 2014 pour créer « un organisme de documentation et d’information » sur les gaz de schiste : le Centre pour les hydrocarbures non-conventionnels (CHNC).

« Nous ne menons pas d’action de lobbying » soutient son président, Jean-Louis Schilansky, également à la tête du Mouvement des entreprises de France (MEDEF) Paris. Il ne cache pas les motivations du CHNC pour autant. « Ce centre a été créé en réaction au débat beaucoup trop passionnel qu’il y a pu avoir autour des gaz de schiste en 2011, » détaille-t-il. « En perspective des élections présidentielles, nous voulions aussi qu’un organisme soit capable d’éclairer les hommes politiques sur le sujet. »


L’un des gros enjeux pour les industriels est de savoir si le prochain gouvernement autorisera l’utilisation de la fracturation hydraulique à des fins scientifiques. Car c’est là où réside la faille de la loi Jacob : si l’article 1 interdit la fracturation hydraulique, l’article 2, lui, l’autorise pour de la recherche.

Cependant, celle-ci doit être encadrée par une commission qui, jusqu’à aujourd’hui, n’a pas vu le jour car les ONG ont bloqué sa création en refusant d’y participer. Au grand dam des compagnies pétrolières qui prêchent la nécessité d’évaluer les ressources du sous-sol français.

« Même si certains pays européens ont décidé de ne pas exploiter les gaz de schiste, ils ont au moins évalué leurs ressources, » soutient Jean-Louis Schilansky. « Nous en France, avec cette doctrine du « on ne veut pas savoir, on ne veut pas voir », le principe de précaution est utilisé de manière un peu trop extrême. »

La faille de la loi Jacob et la possibilité d’un changement de couleur politique poussent donc les industriels à tout faire pour conserver leur permis de recherche et à en obtenir de nouveaux.

Preuve en est, l’obstination avec laquelle Total s’est battu pour récupérer son permis de Montélimar – une zone de 4732 km2 couvrant trois départements – qui avait été abrogé en 2011. En janvier dernier, la justice le lui a rendu mais l’État a fait appel.

Autre indice de la persévérance des industriels : cent trente-six nouvelles demandes sont en cours d’examen au ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie.


Le Code minier français ne fait pas de différence entre les hydrocarbures conventionnels et ceux non conventionnels, mais les militants écologistes maintiennent que la plupart de ces nouveaux permis concernent des gaz ou des huiles de schiste. Car la majorité des ressources conventionnelles ont déjà été exploitées sur le territoire français.

« Le fait que les industriels continuent à demander des permis est le signe qu’ils n’ont pas totalement renoncé à exploiter du gaz de schiste, et cela malgré l’interdiction de la fracturation hydraulique, » soutient Juliette Renaud. « Les industriels sont clairement dans une position d’attente, notamment que le prix du pétrole remonte et que les conditions économiques et politiques soient réunies pour leur permettre d’exploiter. »

Les derniers permis acceptés par ce ministère ont été validés à deux mois de la COP21, provoquant de vives critiques de la part des militants écologistes qui accusaient le gouvernement d’être « ambigu » sur le sujet.

Ces reproches sont toujours d’actualité, même si le gouvernement socialiste a toujours clamé être contre les gaz de schiste.


2017 : une année cruciale pour l’environnement 

Les ONG sont également très actives car la mise est de taille.

« De manière générale, 2017 sera une année cruciale au niveau de l’environnement, » soutient Maxime Combes, membre d’Attac.

« On peut imaginer que, s’il y a un changement politique en France, la question des gaz de schiste revienne sur le devant de la scène. »

Les militants écologistes œuvrent donc à ce que les enjeux climatiques s’immiscent dans la campagne. Mais la tâche est ardue car, pour le moment, des thématiques centrées sur la sécurité ou la religion monopolisent l’attention.

Certains essaient d’engager la bataille sur le terrain législatif. C’est le cas de Sabine Buis, député d’Ardèche et vice-présidente du groupe d’étude de l’Assemblée nationale sur le gaz de schiste, qui a récemment fait une proposition de loi afin de pallier les défauts de celle de 2011.

Elle propose d’inscrire dans le Code minier l’interdiction d’exploiter et d’explorer les hydrocarbures liquides et gazeux non conventionnels, et d’abroger la législation de 2011.

« Il faut fermer la porte au gaz de schiste et tourner la page des énergies fossiles, » soutient-t-elle.

« Même s’il pourrait exister des solutions alternatives à la fracturation hydraulique, là n’est pas la question. Il faut trancher politiquement et non pas en débattant des techniques utilisables. »


Maxime Combes rappelle aussi l’importance du contexte international : « À l’heure de la COP21 et au regard des engagements internationaux qui ont été pris concernant l’urgence climatique, il faut mobiliser nos ressources intellectuelles et économiques, afin de mettre en place la transition énergétique et de miser sur les énergies renouvelables », soutient-il.

Lors de la dernière élection présidentielle, les candidats avaient été amenés à se positionner en terme d’écologie, ce qui n’était pas sans rappeler le Pacte écologique proposé par Nicolas Hulot en 2007.

Si l’écologie a eu une place centrale dans les deux dernières campagnes électorales, aujourd’hui, il semble que ces préoccupations soient bien loin de la classe politique.

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