Les zones rurales européennes doivent entrer à l’ère numérique

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Par : Sarantis Michalopoulos | 
Traduit par: Manon Flausch
06/09/2016


Commentaire: En France,  les zones rurales entrent plutôt dans l'ère éolien!
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Phil Hogan  

L’avenir du développement rural européen dépend des technologies numériques, essentielles pour combler l’écart avec les régions urbaines, estime Phil Hogan, le commissaire à l’agriculture et au développement rural. Il y a presque 20 ans, décideurs politiques et représentants agricoles européens avaient adopté la déclaration de Cork, qui souligne que le développement rural durable doit être une priorité de l’Union européenne. Le texte a permis la création de la politique de développement rural, le deuxième pilier de la politique agricole commune (PAC).

La crise agricole actuelle a poussé la Commission à organiser une deuxième conférence européenne sur le développement rural, à nouveau à Cork, les 5 et 6 septembre. Phil Hogan, le commissaire irlandais, y a rappelé qu’il existait encore des disparités entre les zones rurales et urbaines dans l’UE.

« Une nouvelle déclaration de Cork permettrait d’attirer l’attention sur l’émancipation des zones rurales et sur le fait qu’un développement rural durable dépend de la prospérité des zones rurales », a-t-il insisté, ajoutant que ces dernières avaient un potentiel énorme pour des partenariats avec les espaces urbains.

Accès Internet  

« 300 millions de citoyens européens vivent dans des régions rurales, mais seuls 25 % d’entre eux ont un accès Internet rapide ou très rapide. Dans les zones urbaines, la proportion est de 70 % », a fait remarquer Phil Hogan, qui souhaite remédier à cette situation rapidement, afin d’offrir au monde rural toutes les possibilités du numérique.

L’objectif de l’UE est de fournir à tous les foyers et entreprises un accès à Internet d’au moins 30MB/s d’ici 2020. Le Comité européen des groupements de constructeurs du machinisme agricole (CEMA) a récemment expliqué à EurActiv qu’un accès Internet était une condition essentielle à la transformation numérique du secteur agricole.

« Il y a toujours un retard dramatique concernant l’accès haut débit dans beaucoup de zones rurales et peu densément peuplées de l’UE », a expliqué le secrétaire général du CEMA, Ulrich Adam.


 
Découragement des jeunes agriculteurs

Phil Hogan a également parlé spécifiquement des jeunes, qui ont tendance à quitter les zones rurales à cause des taux d’emploi très bas. « Si nous voulons limiter l’exode des jeunes, nous devons nous assurer que les régions rurales sont des endroits où il fait bon vivre et travailler », insiste-t-il.


>> Lire : Les jeunes agriculteurs, une espèce en voie de disparition?

L’an dernier, Eurostat, l’agence de statistique européenne, a publié une étude indiquant qu’en 2013, les agriculteurs de moins de 35 ans ne représentaient que 6 % des gestionnaires d’exploitations dans l’UE.

Sur un total de 10,8 millions d’exploitations agricoles, près de 3,5 millions (soit 31,1 %) étaient gérés par des personnes de 65 ans et plus, et 2,6 millions (24,7 %) par des agriculteurs âgés de 55 à 64 ans. Les 6 % de jeunes exploitants n’augurent rien de bon pour la viabilité du secteur.

Alan Jagoe, président du Conseil européen des jeunes agriculteurs (CEJA), l’accès aux prêts est un élément essentiel du retour aux zones rurales pour les jeunes. « Pour les jeunes agriculteurs, il faut mettre en place une réforme ambitieuse de la PAC, une réforme ciblée, efficace et progressive qui soutient la croissance de l’agriculture à l’avenir », assure-t-il.

 

Virage numérique  
Le numérique et la mondialisation ont transformé la vie en zone rurale. « Nous devons profiter de cette transformation », plaide Phil Hogan, qui ajoute que les économies vertes, circulaires et bio offrent autant de nouvelles possibilités.

« Que ce soit dans la production alimentaire et le gaspillage, le développement de biomatériaux ou l’énergie renouvelable, les zones rurales sont les mieux placées pour offrir de nouvelles possibilités d’emploi de qualité », continue le commissaire.

>> Lire : La PAC doit encourager l’agriculture intelligente

Phil Hogan a également souligné à nouveau la nécessité d’améliorer l’efficacité des ressources dans le secteur, afin de produire plus avec moins. « Les approches novatrices et les nouvelles technologies devraient contribuer au développement des outils nécessaires », fait-il remarquer.

Le concept d’agriculture numérique, ou agriculture de précision, a pris une place de choix dans les discussions liées à la CAP post-2020. Selon les spécialistes contactés par EurActiv, après 2020, la Politique agricole commune (PAC) de l’UE devrait mobiliser tant les paiements directs que les piliers du développement rural pour introduire les technologies numériques nécessaires dans le secteur agricole.

« Les deux piliers de la PAC pourraient être mobilisés pour encourager les investissements dans de nouvelles techniques. Avec le verdissement, l’UE pourrait encourager l’agriculture numérique en reconnaissant ces technologies comme une réelle contribution aux objectifs climatiques », a expliqué Luc Vernet, soulignant qu’un plan d’investissement de grande envergure de l’UE pour les nouvelles technologies était nécessaire, avec les programmes de développement rural.

« Il faut mettre en place un plan d’investissement européen ciblé sur les nouvelles technologies, via des programmes de développement. »

>> Lire : Hogan: « Il est crucial d’encourager les agricultrices dans les pays en développement » 


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