Anne-Laure Barral
02/09/2016
Commentaire: Menacés de tous côtés, quand allons-nous nous réveiller et prendre les choses en main?
«N'est-il
pas évident que tous les gouvernements sont les empoisonneurs
systématiques, les abêtisseurs intéressés des masses populaires?»
Mikhaïl Bakounine (1814-1876)
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Français et Suisses, main dans la main pour dire non au gaz de schiste : les habitants des deux rives du lac Léman manifestent contre des projets de forage, samedi 3 septembre près de Montreux. Un nouvel exemple de la fronde contre ce gaz naturel qui touche toute la planète.
L'opposition à l'extraction du gaz de schiste touche de nombreux pays : ici lors d'une manifestation en Seine-et-Marne, près de Paris (MAXPPP)
Mais les riverains du lac, qu'ils soient Suisses ou Français, refusent ce projet : une manifestation binationale est prévue ce samedi à Villeneuve, une commune suisse située tout près de Montreux.
Pourquoi cette inquiétude ? Pour les mêmes raisons que celles qui poussent les habitants de la Drôme, d'Ardèche, du Vaucluse – tous ceux qui vivent à proximité d'un gisement de gaz de schiste – à se mobiliser : la technique utilisée pour chercher ces hydrocarbures n'est pas conventionnelle.
Elle utilise des produits chimiques et de grandes quantités d'eau pour fracturer la roche compacte qui contient le gaz, mais surtout, comme tous les forages pétroliers, cette méthode comporte des risques que les membres du collectif "Halte aux forages" n'ont pas envie de prendre.
«Il pourrait y avoir le feu au lac, ce n'est pas complètement» exclu Pierre Martin
Collectif Halte aux forages
Dans le canton de Vaud, on a cinq projets de forage, dont l'un est déjà exécuté. Il va sous le lac, où des ressources en gaz ont été repérées. S'il y a un accident dans le forage, si par exemple la fissuration remonte à proximité d'une réserve d'eau, ou si des produits chimiques percolent à travers le sous-sol, c'est irrécupérable. Faire prendre un tel risque à une région comme la nôtre, c'est impensable !"
La mobilisation suisse est soutenue par plusieurs collectifs français, notamment dans les deux départements de Savoie et dans l'Ain. Les Suisses aimeraient que, comme en France, ces projets de recherche d'hydrocarbures sur leur territoire fassent l'objet d'un débat politique, voire soient soumis à une loi protégeant mieux l'environnement.
Des oppositions à travers l'Europe...
Même en Pologne, où la protection de l'environnement n'a pas souvent gain de cause face aux centrales ou aux mines de charbon, le gaz de schiste fait grincer des dents, surtout quand les industriels ont découvert qu'il n'y avait pas autant d'or noir que ce qu'ils espéraient.
L'opposition au gaz de schiste est également forte en Allemagne, où les écologistes ne veulent de forage près des nappes phréatiques stratégiques, en Écosse, ou encore au Danemark, où Total a renoncé à exploiter son gisement. Les réserves étaient peu intéressantes et l'un des produits utilisés a été proscrit par le gouvernement danois, qui en a profité pour annoncer, en 2015, qu'il n'accorderait plus de nouveaux permis d'exploitation.
... et dans le reste du monde
De nombreux gisements de gaz de schiste ont été découverts dans des pays peu densément peuplés, et pourtant : même si les forages sont supposés être moins gênants pour les populations, plusieurs autorités ont fait interdire les projets. Des villes de l'est des États-Unis ont été les premières à manifester leur opposition en interdisant la fracturation hydraulique. L'Afrique du Sud a été l'un des fers de lance de la contestation mondiale, avant que le Canada ne s'y mette, depuis que des chercheurs ont prouvé que la fracturation hydraulique augmentait le risque sismique.
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