Par : Aline Robert
La fonction présidentielle intéresse beaucoup d'eurodéputés |
7
élus européens sur 74 se sont déclarés candidats à la présidence de la
République. La majorité d’entre eux porte un message plus souverainiste
qu’européen.
Le
Parlement européen serait-il un refuge pratique pour préparer une
élection présidentielle ? A voir le nombre de candidats au poste suprême
également eurodéputés, la question peut sembler légitime. 7 d’entre eux
sont officiellement candidats pour l’élection présidentielle de 2017.
La
première raison de cette large offre tient sans doute dans le fait que
le mode de scrutin des élections européennes, qui est à la
proportionnelle, permet aux partis qui n’ont pas d’envergure nationale
d’être représentés, parfois très bien. Alors que le FN n’a que deux
députés en France, il a la première délégation au Parlement européen,
avec une vingtaine d’élus, même s’il en a perdu 4 depuis 2014. De même,
le Front de Gauche ou les Verts obtiennent de meilleurs résultats avec
la proportionnelle.
Des candidats souverainistes et clés aux extrêmes
Et
l’une de ces candidates est en tête des intentions de vote au premier
tour (26 %), si l’on en croit le dernier sondage réalisé par Sofres: il
s’agit de Marine Le Pen. Lors d’une conférence de rentrée, en
Haute-Marne, le 3 septembre, la fille de Jean-Marie Le Pen n’a eu de
cesse de tenter de se démarquer du passé sulfureux de son parti. Elle
s’est à l’occasion débarrassée de son nom de famille : son site de
campagne s’intitule Marine2017, le nom du Front national n’y est pas
inscrit, et encore moins le logo en forme de flamme. Elle a promis
d’être « la voix de ceux qui n’en ont pas », ainsi
qu’un referendum sur la sortie de l’Union européenne. « Ce référendum
sur l’appartenance à l’UE, je le ferai en France car vous avez le droit à
la parole » a-t-elle précisé, dans un discours nationaliste dans lequel
ses attaques ont plus concerné les politiques que l’Union européenne.
En France, le parquet national financier enquête actuellement sur le cas
d’une vingtaine d’assistants parlementaires FN, soupçonnés de
travailler sur l’échéance présidentielle plus que sur les questions.
A
l’autre extrême de l’échiquier politique, Jean-Luc Mélenchon est de
nouveau candidat ; les sondages lui donnent 10 % des voix pour l’heure,
un score important vu des performances de la gauche en général en
France. C’est à peine moins que Hollande ou Emmanuel Macron. Le candidat
se positionne surtout sur une ligne anti-Hollande et souverainiste, et
espère avoir le soutien du Parti communiste qui a néanmoins indiqué
avoir été pris de vitesse par la candidature du leader du Front de
gauche proposée unilatéralement, selon le secrétaire national du Parti
communiste français, Pierre Laurent.
Deux candidates peu europhiles à droite
Chez
les Républicains, l’unité politique de la délégation s’annonce
compliquée avec deux candidates représentées au sein de la délégation,
Nadine Morano et Michèle Alliot-Marie, représentant des courants
distincts. Ancienne ministre et proche de Nicolas Sarkozy, qui a pris
ses distances avec elle lorsqu’elle a déclaré que la France était « un
pays de race blanche », Nadine Morano joue cavalier seul pour l’heure.
Selon Le Monde, les sarkozystes n’excluraient pas de se rapprocher d’elle pour mieux séduire l’électorat frontiste.
Ancienne
ministre de la Défense puis des Affaires étrangères de Sarkozy, Michèle
Alliot-Marie ne s’est guère illustrée au Parlement européen depuis son
arrivée en 2014, si l’on en croit les statistiques de l’institution :
elle n’a posé que 7 questions parlementaires, dont une sur la chasse aux grives et une la chasse aux canards, et se voit classée 343ième sur
780 pour sa participation aux votes. Elle n’a pris que 18 fois la
parole en plénière, contre 601 fois pour sa co-listière Nadine Morano.
Et sa participation se borne aux questions relatives aux affaires
internationales. En France, elle a toutefois lancé, en avril, un
mouvement baptisé « Nouvelle France », dont la forme et la couleur du
logo rappelle celui du FN.
Des Verts europhiles et nombreux
Chez
les Verts, la moitié de la délégation au Parlement européen est
candidate aux primaires du parti : Karima Delli, Yannick Jadot et
Michèle Rivasi, aux côtés de deux anciens candidats, José Bové et Eva
Joli. Et pour les trois candidats, qui veulent faire entendre une voix
différente de Cécile Duflot, la 4ième candidate,
la question européenne est cruciale. « Cette élection va se jouer
autour de l’enjeu de la souveraineté. Mais au lieu de fantasmer une
souveraineté perdue, je crois qu’il faut mettre en avant l’ambition de
l’Europe. Aucun État n’aurait été capable de tenir tête à Apple comme le
fait l’UE, ou de mettre une règlementation environnementale aussi
ambitieuse » rappelle Yannick Jadot.
En
marge de ce souhait de parler d’Europe et d’écologie, la participation
aux primaires des Verts est aussi « une façon de se positionner pour
négocier des candidatures pour le futur, par exemple pour les
législatives » persifle un membre d’EELV. Sachant que les Verts ne font
théoriquement pas plus de 2 mandats, les trois élus ne devraient pas se
présenter aux européennes de 2019.
Les
délégations socialistes et centristes au Parlement européen se
démarquent par l’absence de candidats dans leurs rangs : les centristes
sont fidèles à Bayrou, qui devrait se présenter si Alain Juppé n’est pas
élu à la primaire de la droite. Chez les socialistes, le processus de
candidature est encore à ses débuts, mais aucun eurodéputé ne semble
vouloir se déclarer.
Les
candidats potentiels ont jusqu’au 17 mars 2017 pour rassembler 500
parrainages d’élus, qui leur donneront le droit d’être officiellement
candidats.
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