1934-1939 : ou comment l' Europe a pris feu, Épisode II

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1934-1939 : ou comment l' Europe a pris feu, Épisode I

Les relations germano-polonaises de janvier 1934 à janvier 1939


L'attitude britannique vis-à-vis des évènements à Dantzig (10 au 15 juillet 1938)

  Le 10 juillet, alors que la situation à Dantzig paraissait devenir critique, le Premier Ministre définissait l'attitude britannique vis-à-vis du problème de Dantzig dans une déclaration à la Chambre des Communes. Il indiquait  que le gouvernement polonais, avant même que la Pologne n'eût reçu une garantie quelconque de la Grande-Bretagne, et craignant de se trouver en face d'une action unilatérale allemande, avait répondu aux propositions allemandes en présentant certaines contre-proposition. La raison du refus polonais d'accepter les propositions allemandes se trouvait dans le caractère de ces propositions, dans la façon dont elles avaient été présentées ainsi que dans la date choisie, et non point dans la garantie britannique donnée à la Pologne.
  Le 14 juillet, Sir Nevile Henderson discutait avec le Baron von Weizsäcker, Secrétaire d’État au Ministère des Affaires Étrangères, une déclaration faite par l'un des sous-secrétaires allemands "que Herr Hitler était convaincu que l' Angleterre ne se battrait jamais à propos de Dantzig". Sir Nevile Henderson répétait l'affirmation déjà produite par le gouvernement de Sa Majesté que, dans le cas d'une agression allemande, la Grande-Bretagne soutiendrait la Pologne dans sa résistance à la force par la force.

Détente passagère de la situation à Dantzig (19 juillet au 2 août)

  Après la tension qui s'était produite à Dantzig à la fin du mois de juin, il y eut une accalmie passagère. Le Conseil Général britannique par intérim à Dantzig rapportait, le 19 juillet, que Herr Forster, Chef du parti National-Socialiste à Dantzig avait, après une entrevue avec Herr Hitler, déclaré que "rien ne serait fait du côté allemand pour provoquer un conflit" et que la question de Dantzig pourrait "attendre si nécessaire jusqu'à l'année prochaine, et même plus longtemps". Le 21 juillet, le Vicomte d' Halifax donnait des instructions à Mr. Norton, Chargé d'Affaires de Sa Majesté à Varsovie, d'insister auprès du gouvernement polonais sur la nécessité d'être prudent. M. Beck, [ Ministre polonais des Affaires étrangères] répondait, le 25 juillet, que le gouvernement polonais était tout aussi désireux d'une détente. Le jour précédent, Herr Forster avait à nouveau  affirmé que "la question de Dantzig pourrait, si nécessaire, attendre une année ou même plus". Les 31 juillet et 2 août cependant, Sir H. Kennard faisait un rapport moins optimiste sur la situation.

Nouvelle aggravation de la situation à Dantzig (4 au 16 août)

  Le 14 août, M. Beck communiquait au chargé d' Affaires de Sa Majesté à Varsovie que le Sénat de Dantzig avait, ce jour même, informé les inspecteurs de douane polonais à quatre postes de Dantzig, que dorénavant il ne leur serait plus permis de s'acquitter de leur mission. Le gouvernement polonais considéra cette mesure "comme extrêmement grave". Des informations similaires parvenaient de Mr. Shepherd [Consul Général par intérim] à Dantzig. Le 9 août, Sir H. Kennard rapportait que l'attitude polonaise était "ferme, mais d'une modération étudiée". Le lendemain, Sir H.Kennard transmettait au gouvernement de Sa Majesté  une communication faite par le gouvernement allemand au Chargé d'Affaires à Berlin sur la question de Dantzig, ainsi que la réponse polonaise à cette communication. M.Beck attirait l'attention de Sir H. Kennard  "sur la nature très grave de la démarche allemande, étant donné que c'était la première fois que le Reich intervenait directement dans un différent entre la Pologne et le Sénat de Dantzig". Le gouvernement polonais, dans sa réponse à la note verbale allemande, affirmait "qu'il réagira, en employant de tels moyens et de telles mesures de l'opportunité desquels il demeurait seul juge, contre toute tentative des autorités de la Ville Libre qui tendrait à compromettre les droits et les intérêts que la Pologne y possède en vertu de ses accords, et qu'il considéra toute intervention future de la part du gouvernement allemand au détriment de ces droits et intérêts, comme un acte d'agression".
  Le 15 août, Sir Neville Henderson discutait avec le Baron von Weizsäcker de l'aggravation de la situation à Dantzig et indiquait que si les Polonais "se trouvaient obligés par un acte quelconque de l' Allemagne de recourir aux armes pour se défendre, il n' avait pas l'ombre d'un doute que nous leur donnerions notre pleine assistance armée... L'Allemagne ferait une erreur tragique si elle s'imaginait le contraire". Le Baron von Weizsäcker, de son côté, observait que "la situation, sous un certain rapport, était même plus grave que l'an dernier, étant donné que M.Chamberlain ne pouvait pas se rendre à nouveau en Allemagne".  Le Baron von Weizsäcker mettait également en doute le caractère de l' aide russe à la Pologne et pensait "que l' U.R.S.S., à la fin, se joindrait au partage des dépouilles polonaises". 
  Entre temps, le 11 août, M. Burckhardt [ Haut-Commissaire de la Société des Nations (SdN) dans la ville libre de Dantzig] avait une conversation avec Herr Hitler à  Berchtesgaden et cela à la requête de ce dernier ; au cours de cet entretien, la question de Dantzig et la situation européenne générale furent discutées. Le Vicomte Halifax, espérant toujours que Herr Hitler pourrait éviter la guerre, conseillait au gouvernement polonais d'indiquer clairement qu'il demeurait prêt à entrer en négociations à propos de Dantzig.

Traitement de la minorité allemande en Pologne (24 au 27 août)

  Au cours de la correspondance brièvement rapportée dans ce chapitre, Sir H.Kennard communiquait que la campagne de presse allemande, à propos de la persécution de la minorité allemande en Pologne, constituait "de grossières déformations  et exagérations des faits", le 26 août,  Sir H.Kennard mentionnait des incidents de frontières qui avaient été provoqués par les Allemands. Ils n'avaient pas amené les Polonais à se départir de leur "calme et forte attitude, défensive". Des rapports concernant les allégations allemandes injustifiées  contre les Polonais étaient également envoyés par  Sir H.Kennard, les 26 et 27 août. 

Les développements de la situation conduisant directement au commencement des hostilités entre la Grande-Bretagne et l' Allemagne (24 août au 3 septembre)

  La lettre du Premier Ministre à Herr Hitler (22 août) et entrevue de Herr Hitler avec Sir Nevile Henderson (23 août)

  Le 22 août, après publication de la nouvelle que Herr von Ribbentrop partait pour Moscou pour signer un pacte de non-agression avec l' U.R.S.S., le Premier Ministre envoyait une lettre personnelle à Herr Hitler. M.Chamberlain donnait à nouveau une claire définition des obligations britanniques envers la Pologne et affirmait que "quelle que puisse être la nature du pacte Germano-Soviétique, il ne saurait modifier les obligations de la Grande-Bretagne". Il ajoutait que "il avait été prétendu que si, en 1914, le gouvernement de Sa Majesté avait indiqué plus clairement sa position, la grande catastrophe aurait été évitée. Que cette allégation, soit ou non bien fondée, le gouvernement de Sa Majesté était résolu à faire en sorte qu'à cette occasionne se produise pas un aussi tragique malentendu". Le 23 août, Sir Nevile Henderson faisait rapport de la première entrevue qu'il avait eue avec Herr Hitler, plus tôt dans la journée. Herr Hitler était " nerveux et intransigeant", son langage était "violent et exagéré, tout aussi bien envers l' Angleterre qu'envers la Pologne", Herr Hitler avait observé en réponse aux avertissements répétés de l' Ambassadeur de Sa Majesté que toute action directe contre la Pologne signifierait la guerre avec la Grande-Bretagne, que, "l'Allemagne n'avait rien à perdre, la Grande-Bretagne par contre beaucoup ; qu'il ne désirait pas la guerre mais au besoin ne reculerait pas devant elle, et que son peuple se tenait bien plus serré derrière lui qu'en septembre dernier".
  Herr Hitler apparut plus calme lors d'une seconde conversation, mais non pas moins intransigeant ; il rejetait l'intégrale responsabilité de la guerre sur la Grande-Bretagne et maintenait que la Grande-Bretagne était résolue à détruire et à exterminer l'Allemagne. Il était, disait-il, âgé de 50 ans, il préférait faire la guerre maintenant plutôt que lorsqu'il aurait 55 ou 60 ans. Il dit que "l'Angleterre combattait pour des races inférieures, alors que lui ne combattait que pour l' Allemagne".
  La réponse allemande à la lettre du Premier Ministre fut remise à l' Ambassadeur de Sa Majesté le 23 août. Herr Hitler y déclarait que la promesse britannique de venir à l'assistance de la Pologne ne pouvait  influer en rien sur la détermination du Reich de sauvegarder les intérêts allemands, et que les mesures militaires britanniques préventives, annoncées dans la lettre du Premier Ministre en date du 22 août, seraient suivies de la mobilisation des forces allemandes. 
  Herr Forster, par un décret du Sénat de Dantzig en date du 23 août, était nommé chef de l' Etat (Staatsoberhaupt) de la Ville Libre de Dantzig, le gouvernement polonais protestait auprès du Sénat contre l'illégalité de cette nomination.

Discours du Premier Ministre et du Vicomte d'Halifax sur la situation à Dantzig et les rapports Germano-Polonais en général et sur la ferme décision de la Grande-Bretagne de faire honneur aux obligations britanniques envers la Pologne (24 août).
Tentatives du gouvernement polonais d'établir le contact avec le gouvernement allemand (24 août). 

À suivre...

Livre bleu anglais n°I, Documents concernant les relations germano-polonaises et le début des hostilités entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne le 3 septembre 1939. présenté au Parlement par Ordre de Sa majesté par le Secrétaire d’État aux Affaires Étrangères, pp. XIV à XVII, Hachette, Paris 1939.  


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