1934-1939 : ou comment l' Europe a pris feu, Épisode IV et FIN

Précédemment :
1934-1939 : ou comment l' Europe a pris feu, Épisode I
1934-1939 : ou comment l' Europe a pris feu, Épisode II
1934-1939 : ou comment l' Europe a pris feu, Épisode III 


 
Les relations germano-polonaises de janvier 1934 à janvier 1939


Echange de correspondance entre les gouvernements britannique et polonais en date du 31 août, en ce qui concerne les négociations directes

  En prenant connaissance de la réponse du gouvernement de Sa Majesté au gouvernement allemand, au sujet des négociations directes germano-polonaises, M.Beck indiquait qu'il ferait "tout ce qui était en son pouvoir pour faciliter les efforts du gouvernement de Sa Majesté". Il promettait que la "réponse formelle de son gouvernement" serait donnée le 31 août à midi. Plus tard, dans la journée du 31 août, le Vicomte Halifax conseillait au gouvernement polonais de donner immédiatement des instructions à l' Ambassadeur de Pologne à Berlin pour qu'il puisse être prêt à transmettre à son gouvernement toute proposition émanant du gouvernement allemand de façon à ce que lui, le gouvernement polonais, "puisse les étudier immédiatement et faire des suggestions pour ouverture rapide des pourparlers". 
  Le 31 août, à 6 h. 30 du matin, Sir H.Kennard communiquait à Londres la confirmation polonaise formelle indiquant que le gouvernement polonais était prêt à entrer en discussion avec le gouvernement allemand sur les bases proposées par la Grande-Bretagne. M.Beck indiquait "qu'il donnait maintenant les instructions à M.Lipski, Ambassadeur de Pologne à Berlin, de demander un entretien soit au Ministre des Affaires Étrangères, soit au Secrétaire d’État", de façon à établir un contact pour le début des discussions directes, mais que l' Ambassadeur de Pologne ne serait pas autorisé à prendre réception d'un document contenant les propositions allemandes, "étant donné qu'à la lumière des expériences du passé, il se pourrait qu'elles fussent accompagnées de quelque sorte d'ultimatum". Dans l'opinion de M.Beck, "il était essentiel avant tout d’établir le contact" pour discuter tout d'abord en détail où, avec qui et sur quelles bases les négociations devaient commencer.

Propositions allemandes en vue d'un arrangement germano-polonais présentées à l' Ambassadeur britannique à Berlin, le 31 août, à 9 h. 15 du matin, et invasion de la Pologne le Ier septembre.

  Ce ne fut pas avant le 31 août, à 9 h. 15 du matin, que le gouvernement allemand remis à Sir N. Henderson copie de ses propositions, qui lui avaient été lues si rapidement par Herr von Ribbentrop, la nuit précédente. Le gouvernement allemand indiquait que la note contenait les 16 points de leur proposition d'arrangement, mais que, étant donné que le plénipotentiaire polonais, nanti des pouvoirs nécessaires, " non pas seulement pour discuter, mais également pour mener des négociations et pour les conclure", n’était pas arrivé à Berlin, il considérait ces propositions comme " étant pratiquement rejetées". À II heures du soir, le Vicomte Halifax donnait à Sir N. Henderson  des instructions téléphoniques d'informer le gouvernement allemand que le gouvernement polonais prenait des mesures pour établir le contact avec lui, par l'entremise de l' Ambassadeur de Pologne à Berlin.
  À 9 heures du soir, heure d'été britannique, le gouvernement allemand avait cependant diffusé ses propositions accompagnées d'une déclaration indiquant qu'il les considérait comme ayant été rejetées. Cependant, elles n'avaient jamais été communiquées au gouvernement polonais et tous les moyens de communication entre l' Ambassadeur de Pologne à Berlin et le gouvernement polonais avait été coupés. 
  En guise d'ultime tentative pour aller au-devant des exigences allemandes, le Vicomte Halifax télégraphia à Sir H.Kennard dans la nuit du 31 août au Ier septembre qu'il croyait que l'Ambassadeur de Pologne à Berlin pourrait prendre réception d'un document pour transmission à son gouvernement et pourrait dire :
"a) que s'il contenait quoi que ce soit de la nature d'un ultimatum, le gouvernement polonais serait certainement hors d'état de discuter sur une telle base,
et,
b) qu'en tout cas, dans l’opinion du gouvernement polonais , les questions se rapportant à l'ouverture de négociations, la base sur lesquelles il fallait les conduire et les personnes qui auraient à y prendre part, devaient être discutées et résolues d'un commun accord entre les deux gouvernements.
  En réponse à ce télégramme, Sir H.Kennard répondait le Ier septembre, que M.Lipski "avait déjà rendu visite au Ministre des Affaires Étrangères allemand à 6 h. 30 du soir, le 31 août. Etant donné ce fait qui fut suivi de l'invasion allemande de la Pologne à l'aube du même jour,  Ier septembre, il était nettement inutile pour moi de faire la démarche suggérée".
  Ces faits étaient portés le Ier septembre à la connaissance de la Chambre des Communs par le Premier Ministre. Une "Note explicative, sur le cours réel des évènements", puisée dans le Livre Blanc, doit être lue, en comparaison avec la version des évènements, telle qu'elle fut donnée par Herr Hitler au cours de son discours du Ier septembre au Reichstag et dans sa "Proclamation à l' armée allemande".

Réunion de Dantzig au Reich (Ier septembre).

  Le Ier septembre, Herr Forster, dans une proclamation au peuple de Dantzig, annonçait le rattachement de Dantzig au Reich. Il rendait compte télégraphiquement de son action à Herr Hitler, qui répondait immédiatement, acceptant le rattachement et ratifiant l'acte prétendument légal par lequel elle avait été réalisée.

Action du gouvernement de Sa Majesté après la réception des nouvelles concernant l'attaque allemande sur la Pologne (Ier au 3 septembre).

  Le Ier septembre, après que le gouvernement de Sa Majesté eût reçu la nouvelle de l'invasion allemande en Pologne, le Vicomte Halifax donnait à Sir N.Henderson des instructions aux fins d'informer le gouvernement allemand que les gouvernements du Royaume-Uni et de la France considéraient que l'action allemande avait "créé un état des choses, c'est-à-dire, un acte d'agression violente contre la Pologne, menaçant son indépendance, qui exigeait des gouvernements de Grande-Bretagne et de France l'exécution de l'engagement pris par eux envers la Pologne de se porter à son secours". À moins que le gouvernement allemand ne suspendit toute action agressive contre la Pologne et retirât rapidement ses troupes du territoire polonais, le gouvernement de Sa Majesté dans le Royaume-Uni "remplirait sans hésitation ses obligations envers la Pologne". Sir N.Henderson était autorisé à expliquer, si la question lui était posée, que cette communication était de la nature d'un "avertissement"  et "ne devait pas être considéré comme un ultimatum", mais le Vicomte Halifax ajoutait, pour information particulière de Sir N.Henderson, que si la réponse allemande n'était pas satisfaisante, "la mesure suivante serait soit un ultimatum avec limite de temps, soit une déclaration de guerre immédiate". 
  Dans la nuit du Ier au 2 septembre, Sir N. Henderson  rapportait qu'il avait fait la communication nécessaire à Herr von Ribbentrop à 9 h. 30 du soir en demandant une réponse immédiate.
  Herr von Ribbentrop répondit qu'il soumettrait la communication à Herr Hitler. Entre temps, le Ier septembre, le gouvernement polonais annonçait au gouvernement de Sa Majesté qu'en dépit du fait que l'Ambassadeur de Pologne à Berlin avait vu Herr von Ribbentrop à 6 h. 30 du soir, le 31 août, et lui avait annoncé que le gouvernement polonais était prêt à entrer en des négociations directes, le territoire polonais avait été envahi et que par conséquent, le gouvernement polonais avait été contraint à rompre les relations avec l' Allemagne. À 10 h. 50 du matin, le Ier septembre, le Vicomte Halifax envoyait chercher le Chargé d'Affaires allemand à Londres, attirait son attention sur les rapports qui avaient été communiqués au gouvernement de Sa Majesté en ce qui concernait l'action allemande envers la Pologne et l'informait que ses rapports avaient "crée une situation très sérieuse". 
  Le Premier Ministre, en date du 2 septembre, faisait une déclaration à la Chambre des Communes, au cours de laquelle il l' informait qu'aucune réponse n'avait été reçue au message envoyé au gouvernement allemand à la date du Ier septembre, et exigeant la cessation de l'agression allemande et le retrait des troupes allemandes de Pologne. Le Premier Ministre informait également la Chambre des propositions qui avaient été mises en avant par le gouvernement italien en vue d'une cessation des hostilités, mais il indiquait clairement que le gouvernement de Sa Majesté ne pourrait prendre part à aucune conférence, à moins que l'agression allemande ne fût suspendue et que les troupes allemandes ne fussent retirées de Pologne. À 5 heures du matin, le 3 septembre, Sir N. Henderson reçut des instructions en vue de demander une entrevue à Herr von Ribbentrop  pour 9 heures du matin et de l'informer qu'en dépit du fait que le gouvernement de Sa Majesté avait mis en garde le gouvernement allemand contre les résultats qui se produiraient si l' Allemagne ne suspendait pas son agression contre la Pologne, aucune réponse n'avait été reçue de la part du gouvernement allemand. En conséquence, le gouvernement de Sa Majesté déclarait que, faute pour lui d'avoir reçu du gouvernement allemand des assurances satisfaisantes, et cela au plus tard à II heures du matin, l'état de guerre existerait entre le Royaume-Uni et l' Allemagne. 
  À II h. 20 du matin, le 3 septembre, le gouvernement allemand répondait par un exposé de sa cause, qui suggérait in fine que le gouvernement de Sa Majesté désirait la destruction du peuple allemand et se terminait par ces mots : "Nous répondrons à toute agression de l' Angleterre par les mêmes armes et dans la même forme". Peu de temps après, le Premier Ministre annonçait à la Chambre des Communes que la Grande-Bretagne était en guerre avec l' Allemagne. 

Tentatives de médiations de la part d'autres Etats 

  Texte in extenso de messages entre :
- Le Président des Etats-Unis d' Amérique [Franklin Delano Roosevelt] et Sa Majesté le Roi d'Italie [Victor-Emmanuel III] , 23 août, et réponse de Sa Majesté, le 30 août 1939 ;
- Le Président des Etats-Unis d'Amérique à Herr Hitler, 24 août 1939 ;
- Le Président des Etats-Unis d'Amérique au Président de Pologne, 24 août 1939, et réponse adressée par le Président Moscicki, 25 août 1939 ;
- Le Président des Etats-Unis d'Amérique à Herr Hitler, 25 août 1939, second appel ;
- Appel radiodiffusé de Sa Majesté le Roi des Belges [ Léopold III ] au nom des Chefs d’État des Puissances signataires du "Groupement d'Oslo", du 23 août 1939, avec réponse du gouvernement de Sa Majesté, 24 août 1939, du Président Roosevelt, 25 août 1939, du gouvernement français, 26 août, de la Pologne, 25 août 1939, de Sa sainteté le Pape [Pie XII] , du gouvernement Italien ;
- Appel radiodiffusé en faveur de la paix par Sa Sainteté le Pape, 24 août 1939 et réponse du gouvernement de Sa Majesté.


Extraits du Livre bleu anglais n°I, Documents concernant les relations germano-polonaises et le début des hostilités entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne le 3 septembre 1939. présenté au Parlement par Ordre de Sa majesté par le Secrétaire d’État aux Affaires Étrangères, pp. XX à XXIV, Hachette, Paris 1939
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