1934-1939 : ou comment l' Europe a pris feu, Épisode I
1934-1939 : ou comment l' Europe a pris feu, Épisode II
Les relations germano-polonaises de janvier 1934 à janvier 1939
Devant l'aggravation de la tension à Dantzig, M. Beck déclarait à Sir H.Kennard qu'il considérait la situation comme "extrêmement grave" et qu'il avait demandé à l' Ambassadeur de Pologne à Berlin, de rechercher une entrevue immédiate avec le Secrétaire d' Etat allemand. Il fût cependant impossible d'arranger cette entrevue, le Baron von Weizsäcker se trouvant à Berchtegaden, et l' Ambassadeur polonais eut une conversation avec le Feldmarschall Goering, dans l'après-midi du 24 août. Le Feldmarschall regretta que "sa politique visant à un maintien des relations amicales avec la Pologne s'était effondrée, et admettait qu'il n'avait pas plus d'influence pour agir utilement en cette affaire". Le Feldmarschall indiqua que la Pologne devrait bien abandonner son Alliance avec la Grande-Bretagne et laissa au gouvernement polonais l'impression que l' Allemagne visait à avoir les mains libres en Europe orientale.Entrevue de Sir Nevile Henderson avec Herr Hitler. "Communication verbale" allemande en date du 25 août.
Le 25 août, Herr Hitler envoyait chercher Sir Nevile Henderson et lui demandait de prendre l'avion pour Londres, pour "présenter la chose" au gouvernement de Sa Majesté. "La chose" qui comprenait une offre d'amitié à la Grande-Bretagne une fois que la question polonaise aurait-été résolue, était formulée dans une communication verbale à l' Ambassadeur de Sa Majesté. Au cours de la discussion avec Herr Hitler, Sir Nevile Henderson déclara une fois de plus "que la Grande-Bretagne ne pouvait revenir sur la parole donnée à la Pologne" et insisterait sur un arrangement par voie de négociations. Herr Hitler refusa de garantir un arrangement négocié pour la raison " qu'une provocation polonaise pouvait, à chaque instant rendre inévitable une intervention allemande pour la protection de nationaux allemands".
Correspondance entre les gouvernements britannique et polonais du 25 au 27 août
Le 25 août, le Vicomte d'Halifax suggérait au gouvernement polonais la création d'un corps d'observateurs neutres qui prendraient fonction dès qu'il aurait été possible d'ouvrir des négociations. Il suggérait également la possibilité de négocier sur un échange des populations. M. Beck ne soulevait aucune objection de principe contre l'une ou l'autre de ces propositions.
Réponse du gouvernement de Sa Majesté en date du 28 août aux communications de Herr Hitler des 23 et 25 août. Entrevue entre Sir Nevile Henderson et Herr Hitler en date du 28 août : discours du Premier Ministre à la Chambre des Communes en date du 28 août.
Le 28 août, le Vicomte d'Halifax faisait informer le gouvernement polonais par Sir H.Kennard que, dans la réponse britannique à Herr Hitler, l'on tracerait "une nette distinction entre la méthode d'en arriver à un accord avec dans les différends germano-polonais, et la nature de la solution qui doit être trouvée. En ce qui concerne la méthode, Nous, le gouvernement de Sa Majesté, désirions exprimer l'opinion que les discussions directes entre les parties constituaient le moyen indiqué. La réponse du gouvernement de Sa Majesté qui suggérait une discussion directe entre les gouvernements allemands et polonais étaient présentées à Herr Hitler par Sir N. Henderson." Le gouvernement de Sa Majesté y affirmait : "qu'il avait déjà reçu l'assurance précise de la part du gouvernement polonais qu'il était prêt à engager des pourparlers", et que, si de telles discussions menaient, ainsi qu'il l'espérait, à un accord, "la voie serait ouverte à la négociation de cette entente plus étendue et plus complète entre la Grande-Bretagne et l' Allemagne, que désirent l'un et l'autre pays". Au cours de l'entrevue, qu'il eut le 28 août avec Herr Hitler, Sir N.Henderson insistait à nouveau sur le fait que la Grande-Bretagne était toute prête à réaliser une entente anglo-allemande "mais cela uniquement sur la base d'une solution pacifique et librement négociée du problème polonais". Sir N. Henderson indiquait à Herr Hitler "qu'il lui appartenait (à Herr Hitler) de décider s'il préférait une solution unilatérale en ce qui concerne la Pologne - qui signifierait la guerre - ou l’amitié britannique". Herr Hitler, qui affirmait que "son armée était prête et brûlait de se battre", refusait de répondre immédiatement sur le fait de savoir s'il négocierait directement avec la Pologne.
Le 29 août, une fois encore, le Premier Ministre expliquait le point de vue britannique à la Chambre des Communes.
L'entrevue du 29 août entre Sir Nevile Henderson et Herr Hitler et la demande allemande de l'arrivée d'un représentant polonais à Berlin le 30 août.
À 7 h. 15 du matin, le 29 août, Sir N.Henderson recevait de Herr Hitler la réponse allemande, disant que le gouvernement allemand était prêt à accepter la proposition britannique en vue de négociations germano-polonaises directes, mais comptait sur l'arrivée d'un plénipotentiaire polonais pour le 30 août. L' Ambassadeur britannique faisait remarquer que cette dernière demande "sonnait comme un ultimatum", mais, après l'échange de quelques propos assez violents, Mr. Herr Hitler et Herr von Ribbentrop assurèrent tous deux l' Ambassadeur "qu'elle n'avait d'autre intention que d’insister sur le caractère critique du moment". L'entrevue eut "un caractère orageux". Sir N.Henderson eut l'impression que Herr Hitler était "bien moins raisonnable" qu'il ne l'avait été le 28 août.
À 4 heures du matin, le 30 août, Sir N.Henderson, agissant sur les instructions du gouvernement de Sa Majesté, informait le gouvernement allemand qu'il serait "déraisonnable de s'attendre à ce que le gouvernement britannique pût provoquer l'arrivée d'un représentant polonais à Berlin" pour le 30 août, et que "le gouvernement allemand ne devait pas s'y attendre".
Échange de correspondance entre le gouvernement de Sa Majesté et le gouvernement polonais en date du 30 août.
Sir H.Kennard faisait également connaître que dans son opinion le gouvernement polonais ne pouvait pas être amené à envoyer immédiatement un représentant à Berlin pour discuter d'un arrangement sur la base proposée par Herr Hitler, "certainement il préférerait se battre et périr, plutôt que de se soumettre à pareille humiliation, surtout après les exemples de la Tchéco-Slovaquie, de la Lituanie et de l' Autriche". Le même jour, le gouvernement polonais, en réponse au conseil transmis par le Vicomte d'Halifax, donnait l'assurance qu'il éviterait toute provocation, qu'il n'avait aucunement l'intention de provoquer des incidents quelconques, et cela, en dépit des provocations à Dantzig qui devenaient "de plus en plus intolérables".
Échange de correspondance entre les gouvernements britannique et allemande (30 août).
À 2 h. 45 du matin, puis à nouveau à 5 h. 30, le 30 août, le gouvernement de Sa Majesté donna des instructions à Sir N. Henderson d'avoir à informer le gouvernement allemand des représentations que le gouvernement britannique avait faites à Varsovie pour éviter tous incidents de frontières, et insistait auprès du gouvernement allemand pour qu'il prît une attitude conforme. À 6 h. 50 du matin, et étant donné l'insistance allemande sur ce point, le gouvernement de Sa Majesté répétait qu'il était "tout à fait déraisonnable" de la part du gouvernement allemand d'insister sur l'arrivée à Berlin d'un représentant polonais muni de pleins pouvoirs pour prendre connaissance des propositions allemandes et qu'il ne pouvait pas donner des conseils en ce sens au gouvernement polonais. Il suggérait que l'on adoptât la procédure normale qui consistait à faire tenir les propositions à l' Ambassadeur polonais pour transmission à Varsovie.
À minuit, dans la nuit du 30 au 31 août, Sir N. Henderson remettait entre les mains de Herr von Ribbentrop la réponse britannique intégrale, à la lettre allemande du 29 août. La réponse prenait note de l’acceptation par le gouvernement allemand de la proposition britannique en vues de discussions germano-polonaises directes, ainsi que son appréciation "de la position du gouvernement de Sa Majesté en ce qui concerne les intérêts vitaux et l'indépendance de la Pologne". La réponse prenait note également de ce que le gouvernement allemand acceptait "en principe la condition que tout règlement soit soumis à une garantie internationale". Le gouvernement de Sa Majesté indiquait qu'il informait le gouvernement polonais de la réponse du gouvernement allemand. "La méthode de contact et la procédure des pourparlers doivent évidemment être réglées de toute urgence, entre les gouvernements allemand et polonais, mais de l'avis au gouvernement de Sa Majesté il serait impossible d'établir le contact dès aujourd'hui", c'est-à-dire le 30 août.
La réponse britannique était également télégraphiée au gouvernement polonais, et le Vicomte d'Halifax exprimait l'espoir que "pourvu d'une bonne méthode, et des dispositions générales en vue d'une discussion puissent être déterminées de façon satisfaisante", le gouvernement polonais, qui avait autorisé le gouvernement de Sa Majesté à déclarer qu"il était prêt à entrer en discussions directes, serait préparé à en agir ainsi sans retard.
Dans l'entrevue qu'il eut à minuit, dans la nuit du 30 au 31 août, avec Herr von Ribbentrop, Sir N.Henderson suggérait que le gouvernement allemand adoptât la procédure normale pour établir le contact avec le gouvernement polonais, c'est-à-dire que, lorsque les propositions allemandes seraient prêtes, l' Ambassadeur polonais serait invité à se rendre au Ministère et à y recevoir ces propositions "pour transmission à son gouvernement en vue d'une ouverture immédiate des négociations".
"Pour toute réponse, Herr von Ribbentrop produisit un document d'une certaine longueur et qu'il lut à haute voix en allemand et à toute vitesse". Quand l' Ambassadeur de Sa Majesté demanda que lui fût communiquer le texte des propositions contenues dans le document, il lui fût répondu qu'il était "maintenant trop tard", étant donné qu'aucun représentant polonais n'était arrivé à minuit à Berlin (dans la nuit du 30 au 31 août). Sir N. Henderson indiqua que cette procédure était bien un "ultimatum" en dépit des assurances données auparavant par le gouvernement allemand. Il demanda pourquoi Herr von Ribbentrop ne pouvait adopter la procédure normale, lui remettre copie des propositions et demander à l' Ambassadeur de Pologne de lui rendre visite (à lui, Herr von Ribbentrop) afin d'en prendre connaissance. "Dans les termes les plus violents, Herr von Ribbentrop répondit qu'il ne demanderait jamais à l' Ambassadeur de Pologne de lui rendre visite", mais il sembla indiquer qu'il en pourrait être autrement si l' Ambassadeur polonais lui demandait un entretien.
À suivre...
Livre bleu anglais n°I, Documents concernant les relations germano-polonaises et le début des hostilités entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne le 3 septembre 1939. présenté au Parlement par Ordre de Sa majesté par le Secrétaire d’État aux Affaires Étrangères, pp. XVII à XX, Hachette, Paris 1939.
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