« La très grande majorité des producteurs d’énergie renouvelable ne sont pas touchés par la crise puisque les quantités d’électricité produite dépendent de l’apport éolien et de l’ensoleillement, et que le prix d’achat est garanti sur la quasi-totalité des volumes produits »
Et le pire est à venir...pour le contribuable/consommateur, dans le monde d'après.
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Impacts de la crise du Covid-19 sur le système électrique France Stratégie
22 avril 2020
Dans le contexte de l’épidémie de Covid-19, la consommation d’électricité en France métropolitaine a chuté « de l’ordre de 15 à 20% toutes choses égales par ailleurs, consommation à conditions météorologiques équivalentes » selon le gestionnaire de réseau RTE(1). Dans la note ci-après publiée le 20 avril par France Stratégie, Marie Dégremont et Étienne Beeker(2) détaillent les conséquences pour le système électrique de l’arrêt d’une grande partie de l’activité économique en France et dans les pays voisins.
Avec la chute de la consommation, les prix de marché de l’électricité ont fortement baissé, « y compris pour les contrats à terme en 2021 et 2022, preuve que le marché anticipe une crise assez longue »(3). France Stratégie signale même « des épisodes de prix négatifs particulièrement longs » sur les marchés de gros, notamment le 13 avril, lundi de Pâques, en raison d’« une production solaire trop importante pour être absorbée par la demande » et du maintien en service de centrales pilotables dont l'arrêt serait trop coûteux(4).
L’impact négatif de la chute de consommation et des prix de gros pour de nombreux acteurs du secteur électrique, producteurs, fournisseurs, gestionnaires de réseau(5), est par ailleurs détaillé dans cette note. Celle-ci s’attarde notamment sur les conséquences de la crise sanitaire dans le cadre du mécanisme ARENH, qui permet aux fournisseurs alternatifs d’acheter une partie de la production d’EDF au prix régulé de 42 €/MWh : les fournisseurs alternatifs d’électricité avaient « massivement opté pour ce mécanisme » alors que les prix de marché étaient élevés en début d’année, environ 50-55 €/MWh, et se retrouvent aujourd’hui « piégés par un effet ciseau ». Ils ont à ce titre demandé l’activation de la clause de « cas de force majeure » pour suspendre leurs contrats d’approvisionnement dans le cadre de l’ ARENH mais leur demande a été rejetée(6).
Par ailleurs, la chute des prix de gros de l'électricité va également « augmenter mécaniquement le coût du soutien public aux énergies renouvelables(7) disposant d’un tarif d’achat garanti – soit la quasi-totalité des installations hors grande hydroélectricité ». France Stratégie note que le compte d’affectation spécial « Transition énergétique » rattaché au budget de l’État va être fortement déséquilibré, sachant qu’il est alimenté par la taxe intérieure sur la consommation de produits énergétiques (TICPE), « dont les recettes sont par ailleurs en forte diminution : les dernières estimations faisaient état d’une perte de 1,5 milliard d’euro, en raison de la chute de la consommation de produits pétroliers suite aux mesures de confinement »(8).
Lire l'étude
Sources / Notes
1. En France, la consommation quotidienne d’électricité les jours de semaine « s’apparente actuellement à ce qu’elle est un jour férié en temps normal », constate France Stratégie, « avec un effacement de la pointe matinale, preuve supplémentaire de la baisse de consommation du secteur productif ».
2. Département Développement durable et numérique de France Stratégie.
3. Cette baisse des prix sur les marchés de gros de l’électricité dans l’Union européenne a été amplifiée par la chute concomitante du prix du carbone, qui a baissé d'environ 40% entre mi-janvier, 25 €/t de CO2 sur le marché carbone européen, et la 2e quinzaine de mars, 15 €/t de CO2 le 23 mars. Le prix du quota de CO2 est depuis remonté au-dessus de 20 €/t.
4. « Arrêter une centrale – en général nucléaire, mais aussi au charbon voire au gaz – pour quelques heures coûte plus cher que de payer des consommateurs pour en absorber la production », souligne France Stratégie.
5. Pour les gestionnaires de réseau, RTE, Enedis et les ELD en France, « l’impact va être une diminution des recettes car le tarif d’utilisation (TURPE) est basé sur les kWh acheminés, dont la quantité diminue ». « Leurs dépenses étant essentiellement constituées d’investissements, le TURPE devra nécessairement augmenter en 2021 pour couvrir ces dépenses, faisant augmenter le prix du kWh au consommateur final ».
6. La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a « opposé une fin de non-recevoir à cette demande. Le 6 avril, les fournisseurs alternatifs ont toutefois attaqué la CRE devant le Conseil d’État, qui a rejeté leur requête le 18 avril. Le différend portait sur des milliards d’euros, au vu des écarts de prix et des volumes en jeu ».
7. Rappelons qu’au titre de 2020, le soutien aux énergies renouvelables électriques représente 65% des charges de service public de l’énergie, soit environ 5,2 milliards d’euros selon la CRE.
8. « La très grande majorité des producteurs d’énergie renouvelable ne sont pas touchés par la crise puisque les quantités d’électricité produite dépendent de l’apport éolien et de l’ensoleillement, et que le prix d’achat est garanti sur la quasi-totalité des volumes produits ». Seuls des producteurs de biométhane et de chaleur renouvelable font état de difficultés.
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