Comment l' Union européenne "flingue" le nucléaire français...

"Le mensonge et la crédulité s'accouplent et engendrent l'Opinion."
Paul Valéry, 1871-1945

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Union Européenne : les 4 hostilités "sourdes" au nucléaire français

J.F Raux
Connaisseur du système électrique
13/04/2020

Après l'excellent article de D.Finon sur l'étouffement du nucléaire,
Union européenne, neutralité carbone : quand la France joue... contre son propre nucléaire et EDF, voici le dessous des cartes : le jeu des acteurs ! 

A l'origine, il y a quatre hostilités "sourdes".
La première de ces hostilités et la plus déterminante est celle... de l'Allemagne. Elle n'a jamais digéré le succès industriel fulgurant de la France dans le nucléaire avec le succès que l'on sait :
- moins de dépendance au pétrole, 
- moins de poids sur la balance commerciale, 
- compétitivité industrielle.
Pendant ce temps là, l'Allemagne avait un peu de nucléaire, mais surtout portait le boulet de son charbon avec des réserves pour plus de 100 ans. Le charbon en Allemagne à la fin du XXè était une affaire nationale. Elle l'est devenue encore plus après la réunification et l'accueil de la RDA et sa lignite épouvantable.
Les industriels Allemands considéraient d'un très mauvais œil la performance nucléaire française. Et on a jamais vu, à cette époque, un gouvernement allemand tiré contre son industrie.
Quand après la catastrophe de Fukushima
provoquée par un séisme de magnitude 9 suivi d'un tsunami qui a dévasté les côtes du Japon, et entrainé l'accident de la centrale de Fukushima Daiichi (2011), il a fallu choisir : nucléaire ou charbon, Angela Merkel a pris une de ses nombreuses décisions irrationnelles, sur le plan climatique, mais rationnel sur le plan de politique intérieure, faire alliance avec les Verts (Grünens) : elle a choisi... le charbon. Coté allemand, le fusil était armé.

La deuxième hostilité "sourde", c'est évidemment celle des Grünens, Verts radicaux européens. Nés et biberonnés à l'antinucléarisme, celui-ci reste et demeure leur combat premier, leur identité, que l'on pourrait résumer par le slogan : "Tout, sauf le nucléaire"!,  y compris du gaz. C'est connu.

La troisième
, c'est évidemment, les gaziers, surtout en France. Une fois le pétrole largement chassé de France et l'économie ayant comme la nature horreur du vide, il restait une énergie à déplacer vers l'électricité nucléaire, le gaz. Le gaz, avant, c'était GDF largement marié avec EDF, au point que l'on aurait pu les fusionner. Mais depuis la vente des actifs gaz d' ENGIE à Total, le paysage a changé... totalement. Total est un gros monstre hyper puissant, qui a investi depuis dans l'électricité en rachetant Direct-Energie. ENGIE reste investit dans les réseaux, des revenus récurrents, pas question de lâcher ses actifs ou d'en faire des coûts échoués.

La quatrième et dernière hostilité, c'est celle de la Commission européenne qui, par doctrine et idéologie, déteste les monopoles ou les oligopoles. EDF est une REUSSITE et un... monopole : l'horreur absolue. Et la force d'EDF étant le nucléaire, il faut donc étouffer le nucléaire pour... asphyxier EDF. Au-delà de son succès incontestable, disons le clairement, EDF "arrogante et dominatrice" a aussi fait des grosses bourdes comportementales, notamment à Bruxelles... Comme par exemple donner des "leçons" à la Commission ; ce n'est pas très malin. Le "jeu de rôle" au niveau de Bruxelles n'a rien à voir avec celui en France. D'autant qu'à la Commission, la France a toujours été politiquement faible. 

En résumé, l'Allemagne "tenait" la Commission avec l'aide des pays libéraux d'Europe du Nord, pour qui le mot monopole est un gros mot, et la France portait le poids de son déficit et de sa dette. Sans oublier, que le silence de la CE a coûté cher. 

Le décor de la pièce est posé. Faites entrer les acteurs pour laminer le nucléaire et... EDF
- Les industriels des ENR ont compris que le nucléaire français était un obstacle à leur développement. Avec l'aide de l'Allemagne et des Verts, antinucléaires, comme force de frappe, ils ont réussi à imposer des objectifs de moyens : un pourcentage d' ENR dans le mix énergétique ! 


Les premiers acteurs, "porte-flingues", ce sont... les Verts. Ils sont au service de gros intérêts industriels qui ont parfaitement compris que chaque victoire électorale écolo, consolidaient leurs positions économiques, d'où leur financement pour services rendus. Le Pacte vert ( Green deal) en est la démonstration éclatante. Et hop, c'est gagné. Nous sommes plusieurs à avoir traiter de l'aubaine financière des ENR : 150 milliards de subventions, des prix d'achat garantis, des ventes garanties. C'est pas "Big pharma", c'est "Big ENR".

Les deuxièmes "porte-flingues" sont les industriels dits électro-intensifs. Leurs objectif : à nous la rente nucléaire. D'où la création du Marché de gros, "
le marché où l’électricité et le gaz sont négociés, achetés et vendus, avant d’être livrés aux clients finals, particuliers ou entreprises, via le réseau." qu'ils espéraient très bas au départ, surcapacité. Puis ça été  l' Accès régulé à l'électricité nucléaire historique (ARENH), c'est à dire le transfert de la rente nucléaire aux industriels. Pour arriver à leurs fins, ils ont bien sûr fait pression sur la Commission qui a fait pression sur Paris pour mettre en place un mécanisme qui lamine le nucléaire et EDF.

Les troisièmes "porte-flingues", ce sont les concurrents d'EDF, secteur commercialisation : la Commission juge de l'ouverture des marchés au pourcentage de clients qui ont changé de fournisseur. Comme cela ne marchait pas, les fournisseurs alternatifs, "alliés" aux industriels électro-intensifs ont fait pression sur Bruxelles pour piller EDF et profiter du nucléaire. La France, politiquement faible, a donc inventé un système où EDF finance ses concurrents ! 

Lire également 
Coronavirus : les fournisseurs d'énergie alternatifs s'attaquent au régulateur

Après, est arrivé ce qui devait arriver : les Verts, grassement nourris par des Industriels, les gaziers, l'Allemagne..., ont occupé l'espace médiatique et les réseaux sociaux, surfant sur la vague du Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l 'Evolution du Climat (GIEC), état des connaissances sur l’évolution du climat, ses causes, ses impacts, limiter l’ampleur du réchauffement et la gravité de ses impacts, etc. ; ils ont réuni de plus en plus de militants, supporters, sympathisants et... d'électeurs, une grande partie de la jeunesse et des "urbains" avant tout, pour obtenir des résultats probants aux dernières élections, qui en font aujourd'hui un parti influent de la scène politique en France et dans l' Union européenne. 

Mitterrand avait sacrifié la surgénération à son alliance avec l'Allemagne. Hollande et Macron ont sacrifié Fessenheim. Et, ils ont inventé cette chose stupide : le 50% de nucléaire pour quelques voix de plus. Le président Macron, lors des dernières élections européennes, a placé sur la liste Renaissance, liste de La République en Marche (LREM), Pascal Canfin en n°2. 
"Membre de Europe Écologie Les Verts jusqu'en 2015, il est ministre délégué au Développement dans les gouvernements de Jean-Marc Ayrault de 2012 à 2014. Entre juillet 2014 et janvier 2016, il est conseiller principal pour le climat du World Resources Institute (WRI), think tank américain spécialisé dans les questions environnementales. À ce titre, il travaille à la préparation de la COP21, la Conférence de Paris de 2015 sur les changements climatiques. Le 20 novembre 2015, il est nommé directeur général du WWF France, dont il prend la tête le 6 janvier 2016.Il quitte son poste le 25 mars 2019 pour se consacrer aux élections européennes. Il est élu en mai 2019 sur la liste Renaissance de La République en marche et devient président de la commission de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire. À son initiative, le Parlement européen déclare le 28 novembre 2019 l'État d'urgence climatique."
Source :  https://fr.wikipedia.org/wiki/Pascal_Canfin

Sa mission? : "flinguer"!

Restent les gaziers : le gaz est l'allié des ENR en Europe pour pallier à leur intermittence. Il bénéficie de financement particuliers et d'aides publiques.

Rien de tout cela pour le nucléaire! La messe est dite.

Voilà comment, des alliances de circonstance avec des intérêts convergents auront laminées petit à petit le nucléaire français, jusqu’à lui faire rendre l'âme prochainement? C'est un NOUVEAU coup dur porté
à "LA" grande puissance techno-scientifique, leader européen, qu'était la France dans les années 70 : TGV, Concorde, Ariane, Airbus, Eurocopter, force de dissuasion, etc. . Mais le pire dans tout ça, c'est qu'à partir des années 2000, beaucoup d'acteurs français ont joué, avec l'aide de l'Allemagne et de Bruxelles, contre les intérêts fondamentaux de la France.

Le reste n'est qu'habillage pour les ploucs.

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