1934-1939 : ou comment l' Europe a pris feu, Episode I

Les relations germano-polonaises de janvier 1934 à janvier 1939

   L’élément essentiel des relations entre l' Allemagne et la Pologne pendant cette période était l' accord germano-polonais du 26 janvier 1934. Cet accord, prévu pour une validité de 10 ans, stipulait qu'en aucune circonstance, l'une ou l'autre des parties "ne recourait à l'emploi de la force, dans le but d'obtenir une décision" dans tout conflit entre elles. Au cours des cinq années qui suivirent la signature de ce pacte, Herr Hitler a fait un certain nombre de discours amicaux envers la Pologne. La Pologne était "la patrie d'un grand peuple conscient de sa nationalité" (21 mai 1935). Il serait "déraisonnable et impossible" reconnaissait Herr Hitler, "de refuser tout accès à la mer à un Etat d'une importance pareille à celui-ci" (7 mars 1936). L'accord "s'était montré avantageux pour les deux parties" (30 janvier 1937).

Aggravation de la situation européenne et la suite de l'action de l' Allemagne contre la Tchéco-Slovaquie le 15 mars 1939

   La situation existant après l'occupation allemande de la Tchéco-Slovaquie a été résumée dans les discours prononcés par le Premier Ministre à Birmingham le 17 mars et par le Vicomte Halifax, Secrétaire d' Etat des Affaires Étrangères, à la Chambre des Lords, le 20 mars 1939. M. Chamberlain déclarait que l'occupation allemande était "faite en contradiction absolue avec les principes posés par le gouvernement allemand lui-même" et demandait ; "Ceci est-il la fin d'une ancienne aventure? Ou est-ce le commencement d'une nouvelle? Est-ce la dernière attaque contre un petit Etat? Ou sera-t-elle suivie d'autres?" Lord Halifax affirmait que l'action du gouvernement allemand constituait "une répudiation complète de l'accord de Munich, et une négation de l'esprit dans lequel les négociateurs dudit accord s'étaient engagés à coopérer en vue d'un règlement pacifique". Le 23 mars, le Premier Ministre déclarait à la Chambre des Communes que le gouvernement de Sa Majesté, s'il entendait ne pas "faire obstacle aux efforts raisonnables de l' Allemagne pour développer son commerce d'exportation", était résolu "par tous les moyens en notre pouvoir", de s'opposer à "une procédure par laquelle les Etats indépendants sont soumis, sous menace de la force, à une pression telle, qu'ils se voient contraints à renoncer à leur indépendance". Au cours d'une conversation qui eut lieu le 27 mai entre Sir Nevile Henderson, ambassadeur de Sa Majesté à Berlin, et le Feldmarschall Goering, l' ambassadeur avertissait le Feldmarschall que la Grande-Bretagne et la France seraient entrainées dans une guerre contre l' Allemagne, si cette dernière essayait de mettre fin aux différends germano-polonais "par une action unilatérale telle qu'elle forcerait les Polonais à recourir aux armes pour sauvegarder leur indépendance".

Les discussions germano-polonaises (avril-mai 1939)


   Dans un discours prononcé au Reichstag, le 28 avril, Herr Hitler annonçait qu'il avait soumis au gouvernement polonais des propositions visant au retour de Dantzig dans le cadre du Reich en qualité de "Ville Libre" et à l'octroi à l' Allemagne d'une route et d'un chemin de fer nantis d'un statut d' extraterritorialité à travers le Corridor, en échange d'un pacte de non-agression conclu pour 25 ans, et d'une reconnaissance du caractère définitif "des frontières germano-polonaises actuelles". Le même jour, un mémorandum à cet effet était remis au gouvernement polonais. Les propositions allemandes, qui avaient été présentées pour la première fois le 21 mars 1939, c'est-à-dire moins d'une semaine après l'occupation de Prague par l' Allemagne, était qualifiée maintenant "le minimum des demandes à formuler au point de vue des intérêts allemands". Herr Hitler prétendait aussi que l'accord germano-polonais de janvier 1934 était incompatible avec les promesses anglo-polonaises d'assistance mutuelle et cessait par conséquent d'être en vigueur :
   À la date du 5 mai, le gouvernement polonais répondait au gouvernement allemand en fournissant une explication de son propre point de vue. La note polonaise reprenait les contre-propositions que le gouvernement polonais avait mises en avant comme base pour une négociation en réponse aux propositions allemandes, et réfutait l'argumentation allemande selon laquelle la garantie anglo-polonaise était, sous quelque rapport que ce soit, incompatible avec l' accord germano-polonais. Le Ministre polonais des Affaires Étrangères exposait longuement la position de son pays, dans un discours prononcé au Parlement polonais le 5 mai. Le Ministre déclarait que le gouvernement polonais considérait les propositions allemandes comme une demande de "concessions unilatérales". il ajoutait que la Pologne était prête à étudier "objectivement" et avec "la plus extrême bonne volonté" tous les points soulevés par le gouvernement allemand, mais que deux conditions étaient nécessaires si ces discussions devaient avoir une réelle valeur :
1. Intentions pacifiques ;
2. Méthodes de procédure pacifiques.
Le mémorandum polonais rappelait au gouvernement allemand que, depuis un mois, aucune réponse formelle n'avait été reçue aux contre-propositions polonaises, et que le gouvernement polonais avait appris le 28 avril "que le seul fait de formuler des contre-propositions au lieu d'accepter sans changement ni réserve les suggestions verbales allemandes, avait été considéré par le Reich comme un refus d'entrer en discussion".

L'accord anglo-polonais

   Le 31 mars 1939, le premier Ministre publiait l'assurance donnée par la Grande-Bretagne et par la France à la Pologne de venir à son secours "dans l'éventualité d'une action quelconque qui menacerait clairement l'indépendance polonaise et à laquelle, en conséquence, le gouvernement polonais jugerait vital pour lui de résister". Un communiqué anglo-polonais publié le 6 avril rappelait les assurances de secours mutuel sur lesquelles s'étaient entendus les gouvernements britanniques et polonais "dans l'attente de la conclusion d'un accord permanent". L'accord d'assistance mutuelle était signé le 25 août. Ses articles définissaient la garantie mutuelle dans le cas d'une agression par une puissance européenne.

Les relations anglo-allemandes et l'attitude générale britannique face à la situation internationale (avril-juin 1939)

   Les relations anglo-allemandes, tout comme les relations germano-polonaises s'étaient tendues après l'occupation de la Tchéco-Slovaquie. Le 1er avril, Herr Hitler prononçait un discours à Whilhelmshaven, dans lequel il attaquait la Grande-Bretagne et la politique britannique envers l' Allemagne et tentait une justification de la politique allemande. Herr Hitler parlait au Reichstag le 28 avril et annonçait la dénonciation par l' Allemagne de l'accord naval anglo-allemand. Le 27 avril, un mémorandum à cet effet était envoyé au gouvernement britannique. Le 16 juin, le Vicomte Halifax, dans une conversation avec l'ambassadeur d'Allemagne à Londres, niait à nouveau que la Grande-Bretagne ou tout autre puissance visait à "encercler" l' Allemagne. Une semaine plus tard (23 juin), le gouvernement de Sa Majesté envoyait une protestation motivée au gouvernement allemand et niait la validité de la dénonciation unilatérale par l' Allemagne de l'accord naval anglo-allemand ; Il réfutait aussi les arguments de fait, c'est-à-dire l'hostilité persistante britannique contre l' Allemagne, par laquelle Herr Hitler avait tenté de justifier sa dénonciation des accords navals.
   Etant donné ces faits, et devant la tension internationale croissante, le Vicomte Halifax saisissait l'occasion d'un discours à Chatam House, le 29 juin, pour définir assez longuement l'attitude et la politique de la Grande-Bretagne. Il expliquait les raisons des obligations que la Grande-Bretagne avait contractées sur le continent européen. Il discutait les relations anglo-allemandes, affirmait que la Grande-Bretagne n'avait aucun désir d'isoler l'Allemagne et que, si l'Allemagne le désirait, "une politique de coopération" pourrait être immédiatement adoptée. "La politique britannique repose sur deux conceptions essentielles et indissolubles. L'une est la ferme volonté de s'opposer à l'emploi de la force, l'autre est la conscience que nous avons du désir qu'à le monde d'activer le travail constructif pour bâtir la paix".


Aggravation de la situation locale à Dantzig (3 juin au 3 juillet 1939)

   Avec l'augmentation de l'agitation à l'intérieur du Reich, la situation locale à Dantzig empirait rapidement. Le 3 juin, le Président du Sénat de Dantzig lançait des accusations contre les inspecteurs des douanes polonaises. Le gouvernement polonais répondais le 10 juin par un démenti de ces accusations et une affirmation des droits juridiques de la Pologne dans ses rapports avec Dantzig. Le 27 juin, le Vice-Ministre polonais des Affaires Étrangères disaient à Sir H. Kennard, ambassadeur de Sa Majesté à Varsovie, qu'un corps libre se formait à Dantzig ; Les 28 et 30 juin, et le 1er juillet, Mr. Shepherd, Consul général de Sa Majesté à Dantzig, rapportait des préparatifs militaires dans la ville. Le 30 juin, étant donné la gravité de la situation, le Vicomte Halifax suggérait une consultation entre les gouvernements britannique, français et polonais pour la coordination de leurs plans. Entre temps, le gouvernement polonais observait une attitude réservée.


À suivre...



Livre bleu anglais n°I, Documents concernant les relations germano-polonaises et le début des hostilités entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne le 3 septembre 1939. présenté au Parlement par Ordre de Sa majesté par le Secrétaire d’État aux Affaires Étrangères, pp. XI à XIV, Hachette, Paris 1939.

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