Haute-Marne, Langres : 13 septembre 1944, la libération ou comment les Cuirassiers prennent les Forteresses

Les chars et blindés français

Commentaire : "Ce n'est pas la gloire, l' héroïsme et le pittoresque qui ont marqué pour nous ce temps- là, mais une tension dont le souvenir me devient physiquement présent dès que j' essaie de reconstituer les évènements : les luttes éprouvantes, les difficultés quasi insurmontables, et qu'il fallait pourtant surmonter, les malentendus, la suspicion."
Claude Bourdet, L’aventure incertaine, De la Résistance à la Restauration, p.11, Editions Stock, 1975.


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Monument à voir sur le rempart Ouest, près de la porte Boulière 
 







Le 12 Septembre
, à 16 heures 30, retardé une fois de plus par le ravitaillement en essence qu'il faut aller chercher de plus en plus loin, le C.C.1 quitte sa zone de stationnement pour se porter vers Langres. Le Groupement Durosoy qui comprend les 1er et 2ème Escadrons, la Compagnie Guinard du 3ème Zouaves, une Section de la 2ème Compagnie du 88ème Bataillon du Génie et deux pelotons de T.D. du 9ème R.C.A., est en tête. Le 4ème Escadron suit immédiatement avec le Groupement Letang. Rien à signaler jusqu'à Prauthoy. Les Sherman poussent allègrement sur la Nationale 74, route directe de Dijon à Langres.


À 17 heures 20 pourtant, le Groupement reçoit un message radio qui fait battre les cœurs :
" L'aviation alliée a signalé, cet après-midi, véhicules et engins avec insignes américains sur la route Neufchâteau-Langres. Prenez toutes mesures utiles pour éviter des méprises..."

 
Voilà donc près d'être réalisée la jonction historique qui enfermera définitivement dans une immense nasse tous les boches attardés dans le centre de la France !... Arrêt à Prauthoy... Dommarien, village situé à quelques 4 ou 5 kilomètres plus à l'Est serait encore occupé par l'ennemi... L'Escadron Fougère manœuvre aussitôt... Le peloton Laporte se met en place sur les hauteurs est de Prauthoy pour battre les lisières de Dommarien pendant que son Capitaine, avec les deux autres pelotons et les Zouaves du Capitaine Guinard, fait un vaste mouvement tournant par Isomes et Choilley, pour prendre le boche à revers.
Pas de chance ! Le Fritz s'enfuit sans attendre le choc. Le Capitaine Fougère ne peut que canonner ses colonnes en retraite, gêné par la destruction des ponts sur le canal de la Marne à la Saône et par la nuit qui tombe. Puis on repart et on atteint Longeau qui a été occupé par le 2ème Spahis, régiment de reconnaissance chargé d'éclairer le C.C.1.


À 22 heures, grand conseil de guerre à Longeau, au P.C. du 2ème Cuirassiers. Y assistent le Général du Vigier en personne, le Général Sudre, le Lieutenant-Colonel Durosoy, Le Lieutenant-Colonel Lecocq, commandant le 2ème Spahis, le Colonel de Grouchy, représentant des F.F.I. régionaux, le Commandant d'Astier des "Commandos de France". On examine la situation : la résistance ennemie s'est raidie cet après-midi ; le 2ème Spahis est arrêté à Bourg. On se sépare après avoir mis au point les lignes générales de l'opération décidée pour le lendemain matin : le Groupement Durosoy attaquera en suivant la route Nationale 74, pendant que le Groupement Letang débordera l'objectif par l'Est.


Le 13 Septembre, dès le lever du jour, les Spahis débouchent de Bourg, montent sur le plateau, déferlent vers Saints-Geosmes, stimulés par l'appel des tours de la cathédrale de Langres qui se profilent dans le lointain sur le fond grisâtre d'un ciel de septembre. Le Colonel suit au plus près l'attaque, prêt à jeter dans la balance la fougue hardie des chars légers du Capitaine du Boispean, intervention qui se révèle bientôt indispensable, car le feu ennemi s'est intensifié et bloque les Spahis. Le 1er Escadron est aussitôt lâché. Mission : déborder largement Saints-Geosmes en agissant de part et d'autre de la route Nationale. Manœuvre rapide menée par les pelotons Martin et Zeisser...
L'ennemi est pris à revers... Sa défense s'effondre. 


Tout est terminé à 9 heures. Trente prisonniers, une pièce de 105 et un mortier de 210 sont restés entre nos mains. Saints-Geosmes conquis offre un magnifique observatoire sur tout le terrain de combat. Au centre, émergeant d'épaisses broussailles, parsemées de grands arbres, se dresse la masse abrupte de la vieille forteresse de Vauban. Excellentes vues à l'Est, s'étendant bien au delà du canal de la Marne à la Saône, sur une plaine faiblement ondulée. A l'Ouest, par contre, le terrain raviné et coupé se prête parfaitement à la manœuvre, à l'infiltration. C'est là que le Colonel a décidé d'agir avant même la chute de Saints-Geosmes, y lançant la presque totalité de ses moyens : l'Escadron Fougère, la Compagnie Guinard, le peloton de Tanks-destroyers Feller. Le Capitaine Fougère devra déborder la place soit en la contournant au plus près, par le ravin qui borde la ville, soit en poussant plus à l'Ouest par Noidant, Vieux Moulins et Perrancey.

Cependant les Spahis ont dépassé Saints-Geosmes. Ils avancent vers Langres, se mettent en mesure d'affronter l'imposant obstacle qui leur barre la route. Il est impossible de trouver un créneau pour le 1er Escadron sur cet axe étroit de la Nationale 74. Mais n'y a-t-il pas mieux à faire ailleurs ?... 

À 9 heures 30, ordre au Capitaine du Boispean de déborder Langres par l'Est, par Corlée, de se saisir du pont de Peigney, sur le canal, et d'opérer la liaison avec le détachement Fougère, au Nord de la ville, réalisant ainsi son encerclement. À11 heures les Spahis attaquent. Leur assaut vient se briser contre les défenses redoutables de la citadelle. Le boche est solidement installé dans les casemates et les superstructures. Bien abrité, il tient sous un feu violent d'armes automatiques et de grenades à fusil le profond fossé qui entoure la forteresse. La porte donnant sur la Nationale 74 est barricadée et murée. Un canon de 105 prend la route d'enfilade.

Est-ce l'échec ? Non... Un deuxième assaut va être donné à 15 heures... Par ailleurs, combien sont déjà riches de promesses les premiers résultats de la manœuvre en cours.
Fractionnant son détachement, le Capitaine Fougère a lancé sur Noidant le Lieutenant Bley du 3ème Zouaves avec sa section et le peloton Moine. Il conduira lui-même, le peloton Laporte, la section Lhopitaux et le peloton Feller, par un itinéraire plus proche de la ville. Le Capitaine Guinard le suivra avec le reste du détachement ; c'est lui qui sera chargé d'un nettoyage éventuel. 


À 10 heures, le Lieutenant Bley débouche de Noidant, traverse Vieux-Moulins, atteint Perrancey.
"Mon premier est papa, dit la radio, mon second n'est pas frais..." Charade un peu simpliste, témoignant de l'extraordinaire entrain et de la magnifique bonne humeur de cette opération menée par le Régiment...


Le Capitaine Fougère s'est cependant engagé sur la route stratégique qui contourne Langres, guidé par un civil, Monsieur Beaussant. Il longe la citadelle qui s'étend à ses pieds, tel un château de sable monstrueux.
"Cette caserne est pleine de boches..." dit le guide.
L'objectif est très tentant... Ordre bref à la radio... Les Sherman s'arrêtent... Leurs tourelles tournent ...quelques salves... puis on repart...


À midi, le carrefour Nord de Langres, celui des routes de Neufchâteau et de Chaumont, est atteint. L'ennemi est au trois-quarts encerclé ; il ne lui reste plus qu'une issue, celle de l'Est.
Mais n'y a-t-il pas lieu de parfaire les résultats acquis ? La région est encore infestée de petits détachements boches ; une batterie est signalée au Fort de la Pointe ; il y en aurait une autre et de l'Infanterie à Humes, à 6 kilomètres de là.
Vite un radio au Colonel !...
...C'est d'accord !...


L'opération est confiée par le Capitaine Fougère au Capitaine Guinard. Il disposera des éléments commandés jusque là par le Lieutenant Bley, plus le peloton Feller. Resté, lui-même, à la garde du carrefour, il cherche à améliorer sa position, car il est indispensable qu'il se dégage de cette cuvette qui le met complètement à l'écart de la bataille toute proche. Son regard se pose sur une sorte de piton qui meuble l'angle formé par les routes de Chaumont et de Neufchâteau...
"C'est Notre-Dame-de-la-Délivrance" lui dit-on...
Quel nom prédestiné. Mais qui saura y conduire les Sherman ?
Monsieur Lieger s'offre spontanément. 


À 13 heures, alors que le Capitaine Guinard règle leur compte aux boches de Humes, les chars du Capitaine Fougère ont gravi la pente abrupte. Ils dominent de nouveau Langres et la plaine qui s'étend vers le Nord et l'Est. Ils sont bien payés de leur effort : les routes fourmillent de convois allemands en retraite... La voix des Sherman retentit furieuse, implacable... Des camions brûlent... Des fourgons sautent....

" Loiliot ! Vous brûlez, Loiliot. Ne voyez-vous pas que votre char brûle ! " Dans l'ivresse du combat, le Maréchal-des-Logis Chef Loiliot ne s'était rendu compte de rien... Il bondit, en entendant à la radio la voix de son chef, pour éteindre le" Jourdan" brûlant comme au jour de Notre-Dame-de-la-Garde, brûlant pour la deuxième fois...
Brave " Jourdan" qui portera en fin de journée soixante-huit impacts d'armes anti-chars !...
À droite, les chars légers du Capitaine du Boispean n'ont pas perdu non plus leur temps. 


À 11 heures, dépassant Corlée, ils sont exactement à l'Est de la ville, à l'intersection de la route de Vesoul et du canal de la Marne à la Saône.

À 13 heures, le pont de Peigney est atteint. Le pont est intact ! Quelle chance. " Mais, attention, disent les habitants aux Cuirassiers, tout a été préparé pour le faire sauter. Onze pionniers chargés de cette mission, sont à proximité".


Soudain, poussière sur la route... un motocycliste surgit, voit brusquement les chars, saute de sa machine, s'enfuit dans les jardins... C'est un boche ! C'est l'estafette chargée d'alerter les pionniers... Mais où sont donc ces pionniers introuvables ? Ils sont découverts par le Lieutenant Henriot. Parcourant le secteur, il entre dans une cour de ferme, pénètre dans la maison... Là ... Quelle surprise... Quatre boches sont attablés, jouant aux cartes, entourés par une dizaine de camarades armés, aussi absorbés par la partie en cours que les joueurs... " Haut les mains ! " Stupéfaits, les boches se dressent, voient le canon menaçant de la mitraillette, se rendent... La liaison est prise à la gare de Langres avec un char du 2ème Escadron. Les chars légers patrouillent à l'Est, au Nord-Est, s'approchent des portes de Peigney et de Vesoul... Aucune réaction de l'ennemi... Mais que faire sans Infanterie et sans Génie ? Les petits canons de 37 ne se sentent pas capables de faire sauter les murs épais qui barricadent les ouvertures des remparts de la ville...
Dérouté, à la suite d'une demande radio du Colonel, le Groupement Letang a abandonné sa direction primitive et s'est rabattu, lui aussi, sur Langres. 


À 13 heures, le 4ème Escadron, l'Escadron Ardisson, est à Corlée, mesurant avec surprise l'impressionnant à pic des murailles de la citadelle. Il a ordre de rester sur place pendant que les Zouaves progressent à travers champs vers la ville. C'est ainsi qu'il assiste, à 13 heures 30, au déluge de feu et d'acier qui s'abat sur la forteresse ; c'est la préparation précédant le deuxième assaut des Spahis. Préparation violente s'il en fut... Cinq cents coups de canon de 105... Plusieurs centaines de coups de mortiers... Pendant plus d'une heure, les automoteurs du 1er groupe du 68ème Régiment d'Artillerie et les mortiers de l'Adjudant Thuny déversent leurs projectiles, couvrant de poussière et de fumée le repaire du boche... Puis les chars légers du 2ème Spahis bondissent en avant, battant les superstructures de la forteresse. C'est l'assaut... assaut vain encore une fois, hélas. Spahis, parachutistes américains, maquisards qui ont tenu à prendre part, eux aussi, à la fête, tous sont cloués au sol par l'implacable tir de l'ennemi... Tentant un suprême effort, le Capitaine Beaudoin du 2ème Spahis surgit dans un magnifique élan, suivi de l'Adjudant-Chef Faizentieux de la 2ème Compagnie du 88ème Génie... Il va essayer de faire sauter la porte de la citadelle... Quelques pas... et il s'effondre, fauché par une rafale de mitraillette... L'Adjudant-Chef Faizentieux le relève et le ramène sous le feu. Il est 15 heures 30.
Le Lieutenant-Colonel Lecoq rend compte au Général du Vigier, arrivé sur le terrain de combat, de ce qu'il est contraint de renoncer à l'opération. Le Colonel Durosoy reçoit alors l'ordre de prendre sous son commandement tous les éléments du C.C.1 présents... Les Cuirassiers sont en place... Les Cuirassiers vont donner...


À 13 heures 45,
un message radio du Colonel a prescrit au Capitaine Fougère de regrouper son détachement, d'aborder une porte de la ville et de la faire sauter à coups de canon...
Le regroupement prévu demande du temps ; il faut attendre l'issue de l'opération de nettoyage entreprise à Humes. Le Capitaine Fougère profite des délais qui lui sont imposés par sa situation pour prendre la liaison téléphonique avec le Capitaine F.F.I. Henri, prêt à agir à l'intérieur de la ville.
Le Capitaine Ardisson, de son côté, bout d'impatience. 


À 15 heures, n'y tenant plus, il décide de pousser en jeep jusqu'à la porte de Langres, donnant sur la route de Vesoul. Il est suivi par l'Aspirant Virpt, le Lieutenant de Tinguy, officier d'échelon de l'Escadron, et le Capitaine Petitclerc, Commandant la 1ère Batterie du 68ème R.A.
Les Jeeps débouchent de Corlée, filent à travers champs, rejoignent la Nationale 19, route de Vesoul, y trouvent, arrêtés, les chars du peloton Gérard. La route est, en effet, coupée par un fossé sur la moitié de sa largeur ; il est à craindre que l'autre moitié ne soit minée. Des coups de feu isolés partent des remparts... des balles sifflent... Le Lieutenant de Tinguy et l'Aspirant Virot rampent, examinent le sol. ... Pas de mines... " En avant !" Les Jeeps arrivent à la première porte de la ville. Les Zouaves sont là... la section Godard vient de surgir à pied, des couverts, précédée par le Capitaine Le Morillon.


À 15 heures 30, le Capitaine Ardisson, toujours suivi par ses camarades, passe la deuxième porte. Ils sont rejoints par le Lieutenant Bonvillain, Officier de transmissions du C.C.l. A leur suite, les Zouaves s'engouffrent dans Langres... puis ce sont les chars... Nettoyage à la grenade....Fracas des rafales de mitraillette... Un homme se dresse soudain devant le Capitaine Ardisson. Le Capitaine de Pompiers, chef F.F.I., vient le renseigner...L’État-major de la garnison serait dans une tour fortifiée, près de la Place Bel-Air... " En avant !" La lourde masse du "St-Raphaël" progresse vers la tour. Ses chenilles broient le macadam...Quatre obus coups de semonce... puis le Capitaine Ardisson se porte en avant, somme les boches de se rendre…"Attention" dit un civil, " il y a une autre porte de l'autre côté... Ils peuvent s'enfuir..." Le Capitaine Ardisson bondit... Trouve la porte entr'ouverte...
" En arrière !"... lui crie le Maréchal-des-Logis Navarro.
Il était temps. Une grenade lourde fend l'air, éclate dans un fracas assourdissant...
Mais le "St-Raphaël" a suivi. Il se remet en batterie. Inutile. Un drapeau blanc flotte sur la tour.
Deux Commandants, deux Capitaines, un Lieutenant apparaissent successivement, les bras levés.
Mais l'affaire n'est pas terminée ; le combat fait rage toujours, tout près, dans la direction de la citadelle, pendant que les cloches des églises sonnent à toute volée, annonçant la libération toute proche... Il s'agit de convaincre les officiers prisonniers de persuader leurs camarades qui résistent encore, de mettre bas les armes... C'est fait... Un Hauptmann négociera leur reddition... On le conduit bien vite au Capitaine Fougère qui s'emploie à régler la question à coups de canon.


Ce n'est qu'à 15 heures 30 que le Capitaine Fougère se trouve en mesure d'agir, ayant récupéré le détachement Guinard. L'expédition d'Humés a été fructueuse ; elle nous a valu une vingtaine de prisonniers ; de nombreux cadavres boches sont restés sur le terrain ; une batterie de D.C.A. a été mise hors de combat. Mais ce n'était qu'un intermède ; il importe maintenant de trouver un moyen de pénétrer dans Langres.
Le Capitaine Fougère se hâte d'envoyer une patrouille à pied pour reconnaître les portes Nord et Ouest. Un Adjudant-chef F.F.I. servira de guide... Le Chef d'Escadrons de Maison Rouge l'accompagne...
Vive fusillade... Fausse alerte. La patrouille revient : pas de boches... ils se seraient tous retirés dans la citadelle...
L'itinéraire à suivre a été reconnu... "Allô ! Isidore..." le Colonel s'impatiente à la radio... Sa voix est couverte par le son des cloches... Il est 16 heures.


Les Sherman s'ébranlent, gravissent une longue côte, longent les remparts, accèdent à une porte, la franchissent.
La ville est déjà pavoisée. Des acclamations... des fleurs... un char qu'on croise ; le 4ème Escadron est donc déjà là...
Le "Dupleix" est en tête, suivi du "Davout". Puis c'est le "Desaix" et le Capitaine Fougère à bord du "Dunois "...
Les Zouaves de la section Lhopitaux se dressent, la mitraillette à la main, sur les plages arrières des chars...


Un boulevard... une place... un autre boulevard... soudain virage... Le "Dupleix" s'y engage... un pont... des murs massifs... le char emporté par son élan foule le pont d'accès à la porte Nord de la citadelle... Un fantassin boche, un fusil à la main, est rentré précipitamment par la porte murée aux trois-quarts... lueur métallique dans la demi obscurité du porche... à peine le temps de réaliser que c'est la bouche d'un canon de fort calibre... char et canon de 105 tirent ensemble... Puis deuxième coup de canon, trop court, couvrant le pont d'une épaisse fumée noire...
Les Zouaves ont bondi du char dans le fossé. Ils tirent sur la porte... Le tireur du "Dupleix", le Cuirassier Bert, tire lui aussi, à coups redoublés tandis que des superstructures, crépite un feu intense de mitrailleuses. " En arrière !" crie cependant à son conducteur le Maréchal-des-Logis Guermont, chef de char. Le "Dupleix" trop avancé, est surplombé par les remparts. Il faut lui donner du champ...
Le char recule et son équipage étonné voit sa chenille droite se dérouler sur le sol... Le premier coup de 105 boche a porté. N'écoutant que son courage, le Maréchal-des-Logis Guermont saute à terre et, sous le feu, à 20 mètres de l'ennemi, guide le "Dupleix" comme à la parade, le serre au plus près du talus, le fait virer vers la droite malgré sa chenille coupée. Désormais bien placé, le char reprend sa place dans le combat.
Derrière lui, à 50 mètres, le "Davout" qui s'est arrêté dès le premier coup de canon. Le "Desaix" a dégagé dans les arbres, à droite. Le "Dunois" est en bonne position derrière le "Davout".


C'est alors qu'apparaît le Hauptmann parlementaire.
" Explique-lui, crie le Capitaine Fougère au Maréchal-des-Logis Guermont qui sert d'interprète, que je leur donne un quart d'heure pour se rendre. Après, je rentre et je massacre tout..."
Le feu s'arrête à la vue de l'officier ennemi porteur du drapeau blanc. Il pénètre dans la forteresse... Dix minutes d'attente... Le parlementaire ressort accompagné par un capitaine d'artillerie. Même ultimatum...


"Nous serait-il permis de sortir en rangs et en armes ?"
" Oui, mais que ce soit rapide ! "


Une demi-heure à peine, et une longue colonne franchit le porche, défile devant les chars, se dirige vers l'endroit prévu pour son désarmement. Après l'Infanterie, ce sont les canons, puis les fourgons avec leurs chevaux. Dix officiers, trois cent gradés et hommes, trois pièces de 105, dont deux intactes, des mitrailleuses, des armes anti-chars, un matériel considérable, tel est le tableau de chasse du 2ème Cuirassiers. Il est 18 heures, le Général Sudre, Commandant le C.C.1 et le Colonel Durosoy assistent à la reddition de la garnison. Les rues de Langres fourmillent d'une foule enthousiaste... Mais se rend-elle bien compte de l'exploit unique auquel elle vient d'assister ?


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