Manifs pour le climat : des appels aux gouvernements. Mais pour faire quoi ?

Michel Negynas


 


Tout le monde connaît la fable de l’apprenti sorcier, popularisée d’abord par Paul Dukas, puis par le Mickey de Walt Disney. L’élève magicien avait retenu la formule pour multiplier les serviteurs (des balais) préposés au lavage du sol, mais avait oublié celle qui permettait de les arrêter. Par milliers ils déversaient des torrents, submergeant la maison. Il semble bien qu’en matière de climat et de santé, nos mickeys politiques aient joué dans le même registre. Mais reviendra t il un jour un maître sorcier pour arrêter les flots ?


Les formules magiques
La formule magique sur le climat a été proclamée au départ par quelques scientifiques produisant des calculs alarmistes susceptibles de terroriser les foules.

Les expressions clés de la formule magique « sauver la planète », « sauver le climat », « justice climatique », qui devraient être risibles et même grotesques sont reprises d’un air docte et compassé à tout bout de champ.

Dans le domaine de la santé, d’autres formules magiques sont apparues, à base d’études épidémiologiques douteuses, pour annoncer d’autres catastrophes. Les clés en sont « métaux lourds », « perturbateurs endocriniens » et autres « cocktails » dont les définitions sont floues, incertaines, voire inexistantes ou même fausses. Mais succès assuré si on annonce « qu’un cocktail de métaux lourds peut avoir des effets perturbateurs endocriniens » : avec ça on met des centaines de balais en action. 


Les mickeys
Alors entrent progressivement en scène tous les mickeys : les démocrates aux États- Unis, qui firent du CO2 un débat électoral du temps de Bush père, suivis et même surpassés ensuite par les partis européens, car cela donne un sens à des gouvernements qui en manquent cruellement. Les écologistes dogmatiques, bien sûr, qui voient là un argument de décroissance, sont à la manœuvre. Certains entrepreneurs enfin, qui font du sujet un juteux business.

Depuis vingt ans les media font du sensationnel sur ces catastrophes imminentes. Nos élites politiques sont biberonnées aux messages des gourous annonciateurs de fins du monde en tous genres. En France, c’est sans doute la dixième promotion de Sciences Po qui subit ce lavage de cerveau car les « intellectuels » enseignant dans nos grandes écoles, comme les artistes bien-pensants, adorent défendre des causes mortifères : communisme dans les années 1960, écologisme de nos jours. Notre Président lui-même, un esprit pourtant des plus brillants, prend ses informations sur le « Climat » auprès d’une actrice talentueuse, certes, mais qui n’est pas connue pour sa connaissance des équations de la physique des fluides. On est descendu maintenant aux Lycées et Collèges, qui introduisent dans les programmes des affirmations douteuses. On exhibe des égéries autistes de quinze ans. Selon le principe du nudging, les enfants en bas âge sont mis à contribution. C’est un signe qui ne trompe pas. 


Les mickeys dépassés
Mais voilà que les ONG traditionnelles, Greenpeace, WWF, sont prises de court par la multiplication de nouvelles venues aux noms évocateur : Alofa Tuvalu, Alternatiba, Surfriders, Cler, Hespul, Bizi… Elles sont condamnées à faire de la surenchère pour exister médiatiquement.

Des associations dont le but était les droits de l’Homme, comme OXFAM, ou la lutte contre la pauvreté, se croient obligées de « climatiser » leur action. Alors, toutes portent plainte. Mais contre qui ? Pour le Climat, contrairement aux pesticides, on ne peut incriminer un acteur précis.

Alors, on attaque les institutions. Aux États-Unis, en Australie, en France, des groupes portent plainte contre les États qui n’en feraient pas assez, alors même que ceux-ci sont déjà engagés dans des programmes dont les ambitions sont irréalistes.

En Colombie, 25 enfants portent plainte contre la déforestation. Aux USA, 21 enfants engagent un recours contre l’État de l’Oregon… un fermier pakistanais plaideur est médiatisé… et la liste s’allonge. C’est l’impasse juridique et l’indignation assurée si les plaintes sont irrecevables, et elles le seront sans aucun doute. Notre Président, pris au piège, se réveille : « Faut arrêter ces bêtises », dit-il. Trop tard. On décroche son effigie des bâtiments publics avec la bénédiction des juges.

Dans d’autres domaines, on promet d’arrêter l’usage du glyphosate, contre les avis réitérés d’une bonne dizaine d’agences gouvernementales… Les plaintes d’agriculteurs fusent…

Et les langues se délient chez les malthusiens et extrémistes de tout bord, appelant à des gouvernements autoritaires : un astronome appelle à « harceler les politiques », pour que « les gens au pouvoir prennent immédiatement des mesures radicales restreignant notre confort et notre liberté ». 


Désobéissance civile
Mais voilà que les lycéens et les étudiants défilent « pour la Planète » : le 15 mars, ils étaient 40 000 à Paris, des millions dans plus de 2000 villes du monde, et le 16 mars, dans la manifestation « adulte », beaucoup étaient revenus. Alors qu’ils n’ont pas dépassé en moyenne 40 000, peut-on les comparer à des Gilets jaunes qui ont mis tout le monde en émoi ?

Le 20 septembre, ils étaient encore 15 000 à Paris ; les Gilets jaunes essaient de s’y raccrocher, les black blocs aussi. Normal, Extinction Rébellion a déjà attaqué la suite de l’Histoire. Quand on dit rébellion, ça ouvre des horizons !

Les jeunes dans la rue, c’est une autre histoire, on ne sait jamais où ça va s’arrêter, car ce sont eux la puissance en devenir. Et lorsqu’on on leur a inoculé le climatisme depuis leur plus tendre enfance, il sera difficile de les vacciner à l’âge adulte. Ils sont nombreux à se reconnaître dans le mouvement « Extinction rébellion », qui prône la désobéissance civile.

Comme le dit le dénommé Gad, organisateur, le 20 avril, du « blocage » de La Défense, « nous avons la légitimité et même le devoir de désobéir en tant que citoyens ». Pour l’instant, ces mouvements sont plus ou moins non violents, mais on peut s’attendre à une radicalisation, de la part d’individus prêts à mourir pour leur cause, comme cet avocat, « très engagé dans la protection de l’environnement chez « Bip Apple », qui confirme s’être aspergé d’essence avant d’y mettre le feu, une métaphore de la destruction de la planète. » 


Comment les gouvernements vont-ils répondre ?

Comment les gouvernements vont ils répondre ? Leurs propres décisions concourent à les délégitimer. La journée du 16 mars 2019 à Paris a de quoi laisser perplexe plus d’un gouvernement : comment concilier les deux manifestations, celle des anti‑taxe carbone et celle des sauveurs de planète ?

Comment vont-ils annoncer aussi qu’on a toujours besoin du nucléaire en France, et du charbon en Allemagne ? Comment vont-ils se défausser devant les tribunaux ? Comment vont-ils faire pour supprimer les 2000 substances dangereuses que nous utilisons couramment ? Pourront-ils l’éviter, alors que sous la pression de l’opinion publique ils en sont à décider contre les avis de leurs propres institutions et experts sur les OGM et le glyphosate ? Comment les entreprises manufacturières, qui, dans une logique de court terme, ont pris le train en marche, vont enrayer la désaffection des jeunes élites pour leurs activités ?

La jeunesse s’enflamme, elle est généreuse, elle se projette dans l’avenir et c’est tant mieux. Mais toute une génération qui se soulève contre la génération d’avant, et à l’échelon mondial, comment cela peut-il finir ? Et cela surtout lorsque le principe de réalité se rappellera aux décideurs. Il le fait déjà d’ailleurs : on a besoin d’énergie fiable, les pays pauvres plébiscitent les OGM, on a besoin de nombreuses substances, y compris dangereuses, dont le public ignore même l’existence…

La frustration est mauvaise conseillère. Quand les enfants dénoncent les parents, cela rappelle de mauvais souvenirs. La sociologue Cécile Van de Velde déclare, dans Le Monde :
« En 1968, Margaret Mead, dans son ouvrage Le Fossé des générations, annonçait une inversion de la transmission entre générations : au lieu d’être descendante – des parents vers les enfants –, cette transmission pouvait devenir ascendante. C’est cette forme d’inversion générationnelle qui est à l’œuvre aujourd’hui sur les questions climatiques et environnementales. »

Sauf que cette « inversion » là n’est pas, comme en 1968 ou lors de la flower power une volonté d’émancipation et de liberté. Elle n’est que le fruit d’un bourrage de crâne où se mêlent contrevérités, exagération, catastrophisme, irrationalités, mélange des genres entre écologie et social… La situation a davantage à voir avec des périodes historiques nettement plus sombres.

On a bien l’impression que la machine à seaux d’eau est en route. Les surenchères n’auront plus de limite, elles sont la condition d’exister pour chacune des parties prenantes.

Et on ne voit pas quel maître sorcier pourrait maintenant tout arrêter.

« Faites très, très attention à ce que vous mettez dans cette tête, car jamais, jamais, vous ne l’en retirerez. » Thomas Cardinal Wolsey (1471-1530)


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