Allemagne : le gaz russe pour unique horizon?

 
Commentaire : voilà le résultat pour un Etat qui mène la politique utopiste et irresponsable du tout  Enr, éolien et solaire : être "accro" au gaz! Cette situation est synonyme de perte de son indépendance énergétique et de se retrouver, de fait, à la merci du bon vouloir d'un autre Etat, aujourd'hui, la Russie, et demain... Heureusement, cela ne risque pas d'arriver en France, hein? 😕 Quand à sauver le Climat et la planète? Parlons d'autres choses...
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 Nord Stream 2 : la guerre des tuyaux aura-t-elle lieu ?

Olivier Durin
03/09/2019



 
 Credit : Reuters

OPINION. Nous aurions bien aimé nous glisser dans la peau d'une petite souris infiltrée dans le salon du Fort de Brégançon ce 19 août. Curieux que nous sommes, nos oreilles auraient écouté attentivement les échanges entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine. Car il est fort à parier que parmi les discussions entre le président français et son homologue russe, la question de Nord Stream 2 était au menu. Par Olivier Durin, rédacteur en chef du site "Le Monde de l'énergie"


Nord Stream 2, c'est ce gazoduc controversé qui doit relier la Russie à l'Allemagne début 2020 (traversant les eaux territoriales de cinq pays : la Russie, la Finlande, la Suède, le Danemark et l'Allemagne).

Controversé, le mot est faible tant les pressions se font sentir sur ce tuyau de 1.200 kilomètres au cœur d'une bataille géopolitique et économique entre le géant russe Gazprom et ses partenaires européens d'une part, et la Commission européenne, Donald Trump et d'autres pays du Vieux continent d'autre part. Surnommé le pipeline de Poutine, Nord Stream 2, au centre donc de problématiques qui agitent les corps diplomatiques depuis plusieurs semaines devient embarrassant pour l'Allemagne. 


L'impasse énergétique de l'Allemagne
Embarrassant, car Berlin, avec ce gazoduc, s'est enfermée dans une réelle impasse énergétique. Après son annonce fracassante en 2011 de l'arrêt de ses réacteurs nucléaires d'ici 2022, Angela Merkel et son gouvernement, misant sur les énergies renouvelables (solaire et éolienne), n'ont su anticiper les conséquences : les centrales à charbon, elles, continuent de tourner à plein régime. Un chiffre résume à lui seul la situation : en 2018, 22,5% de l'électricité en Allemagne a été produite à partir du lignite et 12,8% à partir de l'anthracite, soit un tiers au total pour la houille. Nos voisins d'outre-Rhin, selon l'Agence internationale de l'énergie, formaient, en 2016, le 6e pays le plus émetteur de CO2 par habitant (8,88 tonnes par an).

Or, à l'heure où la lutte mondiale contre le réchauffement climatique bat son plein, le charbon est de loin l'énergie la plus nocive, alors que la filière nucléaire n'émet que peu de CO2. 


Énergie complémentaire

Face à cette impasse, la chancelière Merkel, appuyée par des experts, a lancé début 2019 un programme de fermeture des centrales à charbon et des mines de lignite d'ici à 2038 voire, si tout va bien à 2035.

En attendant cette échéance lointaine et incertaine - il fallait bien trouver dès aujourd'hui une énergie complémentaire -, l'Allemagne a fait le choix de tendre les bras au gaz naturel russe. Nord Stream 2 doit ainsi permettre d'assurer à Berlin un approvisionnement supplémentaire en gaz, en doublant les capacités du premier gazoduc Nord Stream 1. Mais cette solution, totalement assumée par les dirigeants allemands et qui paraissait parfaite, est en fait dangereuse. 


Un jeu d'échecs

Car Vladimir Poutine, en fin stratège, parachève un coup de maître sur l'échiquier énergétique européen. Considéré par la Pologne, le Danemark et les députés du Parlement européen comme un projet politique qui permet au Kremlin d'affaiblir l'Ukraine, traditionnel pays de transit du gaz, Nord Stream 2, qui devrait à terme acheminer 55 milliards de mètres cubes de gaz chaque année, va rendre le Vieux continent particulièrement dépendant de Moscou. Une dépendance inévitable dans un contexte international plus que bouleversé. Il est à craindre des coups de pression à l' « ukrainienne », grâce auxquels le maître du Kremlin, quelque peu affaibli sur la scène internationale, pourrait s'amuser à réactiver. Par exemple, couper les vannes en cas de désaccords entre l'Europe et la Russie, alors que la Norvège, autre fournisseur de gaz, est au maximum de ses capacités de production.

N'oublions pas que, l'an passé, la Russie était déjà à l'origine de plus de 40% des approvisionnements européens en gaz naturel (l'Allemagne représente le quart des importations européennes). Des chiffres qui ne réjouissent pas un certain Donald Trump... 


Une Europe divisée
La réalisation de Nord Stream 1, il y a dix ans, avait été globalement bien accueillie par l'Union européenne qui se sentait prise en otage par le bras de fer entre Kiev et Moscou et les ruptures d'approvisionnement qui en découlaient.

En 2014, le projet alternatif "South Stream" acheminant lui aussi le gaz russe vers l'Europe, mais en passant cette fois par la mer Noire avait été abandonné, le consortium Gazprom n'y trouvant plus un intérêt économique suffisant.

Mais au-delà des sujets économiques, c'est bien le risque géopolitique de domination qui inquiète la Pologne, l'Ukraine, les pays baltes... et la France, qui a régulièrement affiché son opposition au projet. Prudent, Paris n'en multiplie pas moins, depuis le début d'année, les discrets coups de pression à l'encontre de Berlin, au point que les deux pays ont frôlé la crise en février dernier. L'histoire commerciale chaotique (et donc diplomatique) de Nord Stream 2 ne fait donc que commencer. On aurait vraiment aimé être une petite souris à Brégançon pour écouter le tête-à-tête entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine.

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(*) https://www.lemondedelenergie.com

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