Démocratie versus écologie ?

Jean-François Bouthors
19/09/2019

Écrivain et éditeur
 



Les Bahamas après le passage de Dorian Zak Bennett/AFP


La semaine internationale pour le climat, 20 au 27 septembre, s'ouvre par deux journées de manifestations et de marche, ce vendredi et samedi. L'été exceptionnellement chaud, la sécheresse persistante, les arrêtés interdisant l'usage de pesticide à proximité des lieux d'habitation, l'extrême violence de l'ouragan Dorian qui a frappé l'île de La Barbade et les incendies qui se sont multipliés en Amazonie ont évidemment placé l'écologie parmi les premières préoccupations de nos compatriotes.

Mais peut-on encore parler de « préoccupation » ? Le mot est trop faible pour décrire l'angoisse de plus en plus prégnante dans notre société. Les prophètes modernes de la fin du monde que sont les collapsologues - les théoriciens de l'effondrement - ont le vent en poupe.

De fait, les impacts écologiques de l'activité économique mondiale se font de plus en plus tranchants. L'effondrement de la biodiversité est sous nos yeux. Moins d'insectes, moins d'oiseaux... La liste des espèces menacées qui s'allonge. La fonte des glaces polaires, la montée des eaux qui en résulte sont désormais palpables et la perspective de futures migrations écologiques se dessine.

Le sentiment qui monte, c'est que nous n'avons plus le temps de chercher des solutions. Celles que l'on avance semblent insuffisantes, quand elles ne sont pas bientôt démenties par de nouveaux calculs, par de nouvelles prévisions. Que dire, par exemple, de l'empreinte écologique réelle de la voiture électrique qui semble la panacée pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les particules fines ? Se passer du glyphosate et autre pesticide, réduire l'usage des engrais, certes, disent les citadins. À quel coût ?, répondent les agriculteurs.


Danger pour la démocratie
Sans parler de la dimension internationale des problèmes qui appellent à des régulations mondiales quand le climat diplomatique est à l'affrontement et au détricotage des traités. Que faire quand un Bolsonaro considère l'Amazonie comme un capital qu'il faut exploiter sans se préoccuper des effets sur le climat ni des conséquences pour les populations autochtones et leur mode de vie particulier en refusant de voir que l'Amazonie est un patrimoine commun de l'humanité ?

La jeunesse est désormais en première ligne. On le comprend : c'est elle qui devra payer demain les conséquences de l'inaction et des atermoiements d'hier et d'aujourd'hui. Parmi elle, certains pensent qu'il faut « bloquer la machine » coûte que coûte. Ils ne croient plus que les procédures démocratiques et diplomatiques permettent de répondre à l'urgence. Ils considèrent que ceux qui sont aux commandes politiques et économiques ont partie liée avec le capitalisme - le grand coupable du désastre, selon eux - et qu'ils n'ont pas le courage et la détermination d'opérer la conversion-révolution nécessaire pour éviter la catastrophe. Nous devons les contraindre à changer, disent-ils, et pour cela il faut des actions-chocs.

L'urgence légitime à leurs yeux - et des juges ont montré qu'ils sont prêts à les absoudre - le non-respect de la loi. Nous devons être prêts à aller en prison pour sauver la planète, assurent-ils. Le propos peut paraître louable, à la manière de Gandhi. Mais cette « mystique » politique - vue à l’œuvre dans d'autres domaines que l'écologie - porte dans ses flancs tous les excès, et notamment la possibilité de tourner le dos à la démocratie, en considérant que sa lenteur la disqualifie. Ce n'est pas le moindre des dangers de la crise écologique.


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