Forêt :" on s’est trompé de ministère, la production d’énergie pour le confort humain, ce n’est jamais de l’écologie, c’est de l’industrie !"

"Où aller ? Au fond des bois ? Quels bois ? Ceux qui n’ont pas encore été rasés sont dépouillés depuis qu’on ne parle plus de forêts, mais de biomasse. De mes fenêtres, je vois clair au travers des collines. Plus de sous-bois, des champs de troncs. Le long des chemins, les arbres trop jeunes, condamnés à ne pas devenir des chênes centenaires, s’alignent, en attendant d’être déchiquetés avec beaucoup d’énergie, recollés en pellets, voire transformés en carburant ! Il y a quelque temps, un bûcheron s’inquiétait : « Dans dix ans, il n’y aura plus rien ! » Sur les photos aériennes, une bande boisée au bord des routes, pour tromper le peuple, mais c’est une coquille vide. Dix ans, c’était optimiste. Qui ose encore signer les pétitions contre la déforestation de la forêt amazonienne ? Le poumon vert de la France, ça ne compte pas ? [...] Nous préférions être abandonnés : au moins, on nous laissait tranquilles ! [...] L’écologie, c’est ce que nous avions, avant. Du silence, de vraies nuits, des forêts gérées avec sagesse en mode cueillette, avec respect pour leurs bêtes, grandes et petites. Celles qui ne peuvent pas fuir crèvent désormais au soleil de vastes étendues rasées, les autres ne savent plus où aller. L’écologie, ce n’est pas ce monde industriel qui se cache derrière des noms aguicheurs. [...] On assiste à un parfait écocide, discret, se cachant sous de pseudo « bonnes intentions », ou pire, sous une injonction de « sauver la planète ». Mais on s’est trompé de ministère, la production d’énergie pour le confort humain, ce n’est jamais de l’écologie, c’est de l’industrie !"
Blandine Vue, "Pour « sauver la planète », l’industrie tue les campagnes", extraits.

Notre VIE, notre quotidien, notre VILLAGE, nos prés, nos forêts, nos animaux et... le climat valent PLUS que leurs profits!

TENIR TÊTE, FEDERER, LIBERER! 


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La forêt est un bien commun, pas une entreprise
 Des parlementaires, des syndicalistes et des associations écologistes
 28 février 2020 
 


Baisse des effectifs, ouverture à la contractualisation massive... L’Office national des forêts se transforme progressivement en entreprise, dénoncent les auteurs de cette tribune, alors qu’« à l’heure du changement climatique, les forêts françaises nécessitent une politique forestière forte ».
La liste des signataires se trouve à la fin du texte.

Après deux ans d’une gestion catastrophique et inhumaine sur fond de contrat d’objectif et de performance 2016-2020 irréaliste et de ce fait abandonné dès 2017, puis un an d’incertitude, les personnels de l’Office national des forêts (ONF) ont vu arriver en début d’année un nouveau directeur général, Bertrand Munch. Sa lettre de mission : redresser des comptes dans le rouge sans aucune aide de l’État, transformer l’ ONF en cinq ans notamment par de nouvelles suppressions de postes et la filialisation de 40 % de ses activités.
C’est dans cette logique qu’il annonçait aux personnels, en janvier, l’ouverture à la contractualisation massive dans l’établissement. Désormais, les fonctionnaires assermentés seront remplacés par des salariés de droit privé y compris pour les missions de protection et de police ! Cette décision du gouvernement marque une nouvelle étape vers la privatisation de la gestion des forêts publiques et la disparition du service public chargé de les protéger.
Depuis les années 2000, l’Office national des forêts est soumis à une pression croissante. Le « projet pour l’Office » de 2002 préconisait un gain de productivité de 30 % en cinq ans et une baisse importante de ses effectifs. Alors que l’établissement comptait 15 900 agents dans les années 80, on en compte seulement 8 200, fin 2019, année au cours de laquelle l’État a détruit 400 postes à l’ ONF soit un emploi sur vingt en un an. Désormais, les fonctionnaires ne représentent plus que 57 % des effectifs de l’établissement.


L’endettement de l’ ONF sert de prétexte à sa transformation progressive en entreprise
L’endettement de l’ ONF qui n’est rien d’autre qu’un défaut de financement par l’État des missions confiées à l’établissement par la loi sert de prétexte à sa transformation progressive en entreprise. Cette vision néo-libérale instillée dans l’établissement a été vécue comme une grande souffrance par les agents. Sommés notamment d’extraire toujours plus de bois, de couper des arbres de plus en plus jeunes dans un seul but de rentabilité économique, ils dénoncent une perte de sens de leur métier. Dans de nombreux territoires, les liens de confiance qui s’étaient tissés entre l’ ONF et les citoyens s’étiolent et font place à la défiance et à la contestation. Tout ceci a des conséquences dramatiques : depuis 2005, on recense plus de cinquante suicides à l’ ONF.



 

Les agents sont sommés d’extraire toujours plus de bois, de couper des arbres de plus en plus jeunes.

Cette situation ne peut pas durer. Le gouvernement sacrifie les forêts publiques et l’intérêt général. Cet abandon par l’État de l’Office national des forêts ne dit pas autre chose. Or, à l’heure du changement climatique, les forêts françaises nécessitent une politique forestière forte. Le Président de la République affirmait lui-même, cet été, que la forêt était un bien commun à protéger.
Les actes valent mieux que de belles paroles. Alors que les enjeux forestiers liés au changement climatique, à la biodiversité, à la fonction sociale des forêts, à la protection des eaux et à la filière sont colossaux, le gouvernement montre une fois encore son inconséquence quand il s’agit de préserver le service public forestier.
Notre commission « Forêts, biens communs », composée de parlementaires, syndicalistes forestiers et associations de protection de l’environnement, présentera dans les prochains mois une proposition de loi de contre-modèle au système actuel de gestion forestière. Celle-ci intégrera la nécessité d’un service public forestier fort, à travers la création d’un secrétariat d’État à la forêt placé sous l’égide du ministère de l’Écologie, d’un financement à coût complet des missions de l’ ONF par l’État ainsi que d’une meilleure prise en compte des conditions de travail des ouvriers forestiers et bûcherons.
Parce que la forêt est notre bien commun à toutes et tous, il est du devoir de l’État de la protéger ainsi que celles et ceux qui y travaillent. 


La liste des signataires :
Par la commission « Forêts, biens communs » :

  • Mathilde Panot, députée, présidente de la commission
  • Sylvain Angerand, coordinateur des campagnes de Canopée, forêts vivantes 
  • Loukas Benard représentant des personnels de l’ ONF 
  • Ugo Bernalicis, député 
  • Brigitte Blang, membre de SOS forêt et du Réseau des alternatives forestières (RAF) 
  • Philippe Canal représentant des personnels de l’ ONF 
  • Guillaume Gontard, sénateur 
  • Sébastien Jumel, député 
  • Régis Lindeperg, coordinateur de SOS Forêt France 
  • Loïc Prud’homme, député 
  • Hubert Wulfranc, député.

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