Trop souvent, la sortie du nucléaire et de la problématique climatique mondiale ne jouent qu’un rôle accessoire pour la majorité des élus se disant favorables à l’implantation d’éoliennes. Il s’agit d’abord d’augmenter les recettes fiscales d’une petite commune dont la démographie est en perte de vitesse sans penser aux conséquences.
À un niveau politique plus élevé, on justifie pourtant volontiers les politiques de « transition énergétique » par la sensibilité particulière du public au risque nucléaire. Suite à l’accident de Fukushima (et l’anniversaire de « Tchernobyl 1986 »), cette sensibilisation est médiatisée à outrance parfois, il faut bien le dire, sans pour cela vouloir minimiser la souffrance des nombreuses victimes bien réelles. Le consensus politique européen évite le sujet pourtant, et ne poursuit officiellement « que » l’objectif climatique de réduction du CO2.
Suite à la catastrophe de Fukushima – peu de temps après l’Allemagne la France aussi – mais tout en disposant d’un patrimoine industriel très différent – s’est engagée souverainement sur la diminution radicale (de 90 à 75% d’ici 2020) voire entière (« Rapport 2050 » de l’ADEME) de sa production d’électricité d’origine nucléaire.
Ceci ne correspond donc pas aux ambitions officielles des lois européennes, mais les anti-nucléaires surfent naturellement sur une même « vague » de défiance industrielle…
L’objectif climatique victime de son succès
Un des problèmes avec ces 17% de renoncement aux énergies « nucléaires » risquées, et des investissements en renouvelable en France, c’est le rapport inexistant entre la réduction du risque climatique, et surtout le rapport inverse (augmentation) entre risque sanitaire direct et démantèlement nucléaire partiel.
Comme M. Jancovici, rapporteur au Parlement, expert en énergie pour le parti socialiste et pour la fondation Hulot entre autres – s’en est quelquefois inquiété: Chez nos voisins allemands, malgré une augmentation énorme de 22% en production renouvelable brut depuis 1990 et malgré une estimation de 350 milliards d’économie nationale investis, la diminution effective de production « fossile » n’a tout simplement pas eu lieu en Allemagne !
On voit sur ce graphique, que le besoin en production fossile est à la hausse en Allemagne depuis 2003 – 2005. L’Allemagne se distingue au surplus, par des prix d’électricité croissants rapidement et déjà parmi les plus élevés au monde (son prix moyen pour les ménages atteignait en 2012 : 338,75 $/MWh, contre 174,77 $/MWh en France et même 118,83 $/MWh aux États-Unis (source: wikipedia)
Or précisément, l’unique argument présenté avec le soutien – plus ou moins détourné – de la com’ climatique européenne était que la dépréciation du pouvoir d’achat et les dégâts environnementaux relatifs de l’éolien se justifieraient en fin de compte: Car on visait un assainissement de la production globalement.
N’est-il pas absurde quand même, d’invoquer l’espoir d’un assainissement global réel dans le secteur de l’énergie devant un tel gaspillage de capacité productive ? Ce n’est même pas un rêve pieux dans la mesure ou relativement, la production par centrales charbon et gaz est plus polluante et responsable directement de pathologies respiratoires outre son effet caractéristique sur l’accumulation du CO2.
250 milliards investis: Générateurs (orange) + réadaptation réseau (jaune)
Source AGEE-Stat, Federal Ministry of Environment, Germany.
Sous cette forme subventionnée, l’investissement éolien n’aura induit aucune réduction réelle de la production fossile. C’est elle qui pollue directement l’air en Allemagne pourtant ! Le risque relativement diminué par une promesse (!) de démantèlement total du nucléaire est compensé par une nocivité atmosphérique directe. Jusqu’ici ce n’est pas l’éolien qui compense réellement le nucléaire, c’est l’énergie « fossile ».
Selon un récent rapport l’OMS (Organisation mondiale de la santé), près de 600 000 décès ont été causés en 2012 par la pollution de l’air en Europe, 480 000 personnes sont mortes par la faute de l’air ambiant, 117 200 par l’air intérieur. Ce phénomène, en augmentation et les causes de cette pollution (les rejets de l’industrie, des transport ou des chauffages collectifs) sont désormais parfaitement connues et évaluées scientifiquement.
Accessoirement, la communication du gouvernement induit un manque d’intérêt dans l’opinion publique pour la maintenance et le contrôle des industries nationalisées du nucléaire. 56 centrales sont toujours en fonction en France. La filière continue donc de souffrir de la mauvaise gestion des risques « extraordinaires » inhérents et des faits de corruption troublants, mais sans que l’opinion publique n’y fasse plus attention. C’est là un accroissement réel du risque sanitaire même après le « traitement » politique et médiatique de cette forme de production « vouée à disparaître de notre conscience ». Industriellement elle reste toujours indispensable.
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