Syndrome de l’éolienne : psychologique ou pas, il faut agir !

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Aurélie Haroche
mercredi 17 mai 2017

Commentaire: Enfin! Le combat continue
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 – Depuis plusieurs années, des associations de riverains résidant à proximité d’éoliennes font état de symptômes divers qu’elles associent à la présence de ces installations. Sous le terme de "syndrome de l’éolienne" sont ainsi regroupés des troubles multiples que l’on « peut schématiquement (…) distinguer en : généraux : troubles du sommeil, fatigue, nausées, etc. ; neurologiques : céphalées, acouphènes, troubles de l’équilibre, vertiges, etc. ; psychologiques (…) ; endocriniens (…) ; cardio-vasculaires (…) ; socio-comportementaux » résume l’Académie de médecine dans un rapport publié hier.

Des recommandations ignorées
L’institution s’était déjà penchée sur ces plaintes et avait formulé en 2006 une série de recommandations aux autorités qui n’avaient pas toutes été suivies, volonté de développer les énergies alternatives oblige : la distance minimale entre les éoliennes les plus puissantes et les habitations a ainsi été fixée à 500 mètres et non 1 500 mètres comme le préconisait l’Académie de médecine et aucune étude épidémiologique n’a été diligentée. En dépit de cette relative ignorance de ses préconisations, l’Académie de médecine a choisi de consacrer un nouveau rapport à ce sujet.

Quand la laideur rend malade
Ces travaux mettent en évidence la composante principalement psychologique du syndrome de l’éolienne. L’Académie de médecine admet en effet que les symptômes décrits, uniquement par une partie des riverains « ne semblent guère spécifiques et peuvent s’inscrire dans ce qu’il est convenu d’appeler les Intolérances Environnementales Idiopathiques » et paraissent pour « la très grande majorité d’entre eux (…) plutôt de type subjectif, fonctionnel, ayant pour point commun les notions de stress, de gêne, de contrariété, de fatigue ». Une exploration plus poussée du phénomène conforte cette analyse. Ainsi, les nuisances visuelles imputées à la stimulation stroboscopique ne sont pas de nature à induire un risque d’épilepsie photosensible. A contrario, l’Académie de médecine retient que la « défiguration du paysage » entraînée par des installations peu esthétiques doit être retenue comme une nuisance sanitaire : elle provoque des « sentiments de contrariété, d’irritation, de stress, de révolte avec toutes les conséquences psycho-somatiques qui en résultent ». 

Quand la peur de la technologie rend également malade

De la même manière, si le rôle des infrasons souvent évoqué pour expliquer certains symptômes doit être « raisonnablement mis hors de cause », l’Académie de médecine rappelle que le « caractère intermittent, aléatoire, imprévisible, envahissant du bruit généré par la rotation des pales (…) peut indubitablement perturber l’état psychologique de ceux qui y sont exposés ». Outre les perturbations psychologiques provoquées par ces nuisances visuelles et sonores, l’Académie de médecine invite à se souvenir que « toute nouvelle technologie charrie son lot de peurs et de fantasmes et peut fournir une explication rationnelle à des troubles fonctionnels pré-existants ». Elle souligne également encore le poids des facteurs individuels et des facteurs sociaux. Concernant ces derniers elle note que le sentiment d’être « mis devant le fait accompli », l’angoisse face à la dévaluation de son bien immobilier et la médiatisation d’informations inquiétantes sur les conséquences sanitaires des éoliennes ont nécessairement une incidence sur le développement de certains troubles. Ainsi, si aucune pathologie organique ne semble devoir être imputée à la proximité avec les éoliennes, l’altération de la qualité de vie des riverains est réelle et doit être prise en compte.

Concertation avec les riverains : une étape clé
Un tel état des lieux doit conduire à améliorer la concertation avec les riverains avant toute nouvelle installation : c’est le sens des deux premières recommandations de l’Académie de médecine qui incite les autorités à s’assurer « lors de la procédure d’autorisation, [que] l’enquête publique soit conduite avec le souci d’informer pleinement les populations riveraines » et à ne permettre « l’implantation de nouvelles éoliennes que dans des zones ayant fait l’objet d’un consensus de la population concernée quant à leur impact visuel ». Les sages invitent également à conduire une enquête épidémiologique et à favoriser les innovations permettant de brider le bruit des éoliennes. Enfin, l’Académie de médecine renonce à préconiser une distance à respecter mais suggère de « de déterminer la distance minimale d’implantation à la première habitation en fonction de la hauteur des nouvelles éoliennes afin de ne pas majorer leur impact visuel et ses conséquences psychiques et somatiques ».

L’Académie plus sensible que l’ANSES à la souffrance des riverains ?

Il y a deux mois, se penchant sur les nuisances sonores associées aux éoliennes, l’Agence nationale de l’environnement (ANSES) avait considéré que « les données disponibles ne mettent pas en évidence d’argument scientifique suffisant en faveur de l’existence d’effets sanitaires liés aux expositions au bruit des éoliennes ». Elle préconisait cependant de poursuivre les travaux sur le sujet. Elle formulait par ailleurs des recommandations proches de celles de l’Académie de médecine concernant l’information des riverains et le contrôle du bruit.

Ces rapports témoignent de la difficulté de se prononcer sur des sujets qui tout en ne concernant pas des pathologies organiques avérées mettent en jeu une plainte profonde et réelle des citoyens. Il apparaît que la sensibilité des institutions sollicitées peut avoir une influence sur leur réponse, comme le montre dans le cas de l’Académie de médecine sa perception des conséquences de la laideur des éoliennes.

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