Un kWh aléatoire ne remplace pas un kWh garanti

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Par Jacques Treiner, physicien
06/05/2017

« On peut se tromper soi-même ou tromper les gens, mais on ne peut tromper la nature... »


Jacques Treiner

Lors du débat de vendredi soir avec Emmanuel Macron, Jade Lindgaard a montré qu’elle ne faisait pas la différence entre une puissance électrique garantie et une puissance électrique intermittente. Son interlocuteur non plus, d’ailleurs. Dommage !

Jade Lindgaard, spécialiste de l’énergie à Mediapart, a demandé à E. Macron pourquoi il ne s’engageait pas explicitement pour un objectif de 100% de renouvelables et n’affichait pas clairement une sortie du nucléaire. Son argument principal consistait à remarquer que le solaire et l’éolien terrestre devenaient compétitifs avec le nucléaire de nouvelle génération.

Mais c’est considérer qu’un kWh en vaut un autre. Or il n’en est rien : une centrale thermique ou nucléaire délivrent de l’électricité à la demande - ces sources sont dites pilotables - alors qu’une éolienne ou un panneau photovoltaïque (PV) délivrent de l’électricité quand il y a du vent ou quand il y a du soleil, indépendamment du besoin d’électricité. Du coup, les fluctuations de la puissance instantanée produite sont énormes : pour le solaire, cette puissance varie entre 0 (la nuit) et une valeur proche de la puissance maximale; pareil pour l’éolien, car cette puissance est proche de zéro en l’absence de vent, et proche de la puissance installée par grand vent.

Donc si l’on envisage un déploiement massif de ces sources hautement variables, on produit nécessairement des périodes de manque et des périodes d’excès d’électricité. D’où un fort besoin de stockage, ou de sources d’appoint (back-up). Dès lors, comparer le coût du kWh d’une source pilotable à celui de l’éolien ou du PV n’a pas de sens, car il faut rajouter dans ces derniers le besoin de stockage ou de back-up. Aujourd’hui, les fluctuations de la demande - qui sont de l’ordre de 15% de la puissance moyenne - sont gérées en France essentiellement par l’hydroélectricité. Mais on ne sait pas, aujourd’hui, gérer des fluctuations de la production 5 fois plus grandes. Par exemple, si l’on voulait stocker avec des batteries ne serait-ce que 1% de l’énergie électrique consommée en 1 an en France, il faudrait pouvoir disposer de 10 fois l’énergie contenue dans TOUTES les batteries du monde !

Le 100% renouvelable électrique est donc purement idéologique. Je ne comprends pas que quelqu’un qui se prétend spécialiste de l’énergie n’intègre pas, année après année, cette donnée élémentaire concernant le stockage.

Apparemment, les conseillers d’E. Macron n’ont pas encore intégré cette donnée non plus. Il faudra bien que cela vienne : on peut se tromper soi-même ou tromper les gens, mais on ne peut tromper la nature...

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