Par Michel Gay et Bruno Comby
Commentaire: Mme Royal et ses différentes équipes ont toujours été "généreuses" et "inventives" concernant la dépense publique (voir l'éolien, la biomasse). L'heure de leur demander des comptes n'est-elle pas venue?
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Ségolène Royal a signé le 9 mai 2017 son dernier arrêté fixant les nouvelles conditions d’achat de l’électricité produite par des panneaux photovoltaïques. Ceci pourrait être un gouffre financier sans équivalent.
Avant de quitter le ministère de l’Énergie et de l’Écologie, Madame Ségolène Royal a travaillé jusqu’à la dernière minute pour mettre en place avant de partir un système tarifaire incitatif encourageant l’autoconsommation d’électricité solaire. Elle a signé le 9 mai 2017 son dernier arrêté fixant les nouvelles conditions d’achat de l’électricité produite par des panneaux photovoltaïques.
Il est à première vue sympathique et vertueux (au sens « vert » du terme), mais en apparence seulement, car comme souvent le diable se cache dans les détails.
La formulation alambiquée de ce texte est une véritable usine à gaz, parsemée de formules mathématiques époustouflantes et incompréhensibles pour le commun des mortels (parcourez l’arrêté, juste pour voir…).
Des dizaines de milliards d’euros pour le contribuable
Ce qui est clair, après quelques calculs, c’est que son application va coûter des dizaines milliards d’euros qui s’imposeront aux successeurs de Ségolène et aux Français.
Le système est ouvert pour seulement 18 mois (jusqu’à fin 2018). Mais les consommateurs français d’électricité devront payer pendant 20 ans après fin 2018, donc jusqu’à fin 2038 !
La nouvelle prime à l’installation et le nouveau tarif d’achat pourrait coûter à la collectivité jusqu’à plus de 100 milliards d’euros ! (Voir en annexe : « petits calculs »)
Cet arrêté tarifaire s’applique aussi bien aux particuliers qu’aux entreprises, pour des installations d’une puissance inférieure à 100 kilowatts crête (kWc). Il s’applique à la revente de la totalité de la production (comme jusqu’à présent), et aussi à l’autoconsommation (avec un petit bonus dans ce cas).
Une idée des tarifs
Pour une famille qui voudrait installer entre 20 et 60 m2 de capteurs solaires sur son toit (soit 3 à 9 kW crête), le tarif d’achat s’étale de 15,89 c€/kWh à 18,7 c€/kWh.
Ce prix d’achat est moins généreux que les 60 c€/kWh dont certains chanceux ont bénéficié en 2010, mais toujours bien supérieur au prix de production industriel de l’électricité d’environ 5 c€/kWh. Il varie légèrement en fonction de plusieurs paramètres, et avec le temps qui passe, pour un même abonné (avec des formules mathématiques compliquées).
– Pour une installation entre 9 et 36 kWc (plutôt pour des PME, ou le toit d’une piscine ou d’un magasin, par exemple) = 12,07 c€/ kWh
– Pour une installation entre 36 et 100 kWc (environ 2400 à 6600 m2 de capteurs) = 11,5 c€/ kWh.
Il existe aussi une prime pour l’intégration au bâti de 3 c€/kWh limitée aux 6 premiers trimestres.
Il sera désormais possible de bénéficier du tarif de rachat pour des panneaux PV posés sur un toit-terrasse, ou servant d’ombrière au dessus d’une terrasse ou d’un balcon par exemple. Les conditions pour bénéficier du tarif sont plus souples qu’auparavant.
Dépôt et recyclage des panneaux obligatoires
La dépose et le recyclage des panneaux en fin de vie dans une usine agréée à cet effet est dorénavant obligatoire. Elle est à la charge du producteur d’électricité (c’est-à-dire vous).
La définition de l’intégration au bâti change. Elle permet de ne plus enlever les anciennes tuiles, et de poser les panneaux solaires jusqu’à 20 millimètres au dessus d’un toit existant (les panneaux produisent alors davantage car, étant ventilés, ils chauffent moins).
En cas d’autoconsommation (le surplus est vendu), il y a une prime à l’installation (en plus du tarif de rachat) dont le montant est de l’ordre de 1200 € maximum pour 3 kWc (c’est proportionnel à la puissance mais avec des seuils et des tranches).
Les primes dégressives
Cette prime dégressive est versée sur 5 années au « producteur » (vous, si vous installez des panneaux sur votre toit) par l’acheteur (ENEDIS). Elle est fixée à :
-400 €/kWc pour une installation jusqu’à 3kWc
-300 €/kWc pour une installation entre 3 et 9 kWc
-200 €/kWc pour une installation entre 9 et 36 kWc
-100 €/kWc pour une installation entre 36 et 100 kWc
La quantité d’électricité achetée au tarif de rachat est limitée à 1600 heures maximum d’équivalent de production pleine puissance par an (soit un facteur de charge de 18%).
C’est à peu près le rendement des meilleurs panneaux bien orientés plein sud. Il ne sera donc plus possible de tricher comme certains malins en Espagne qui revendaient de l’électricité prétendument solaire en éclairant les panneaux solaires la nuit avec des LEDS.
Un système toujours généreux
Il est possible de procéder à des installations multiples pour un même propriétaire (par exemple sur la résidence principale ET sur la résidence secondaire), mais avec un tarif de rachat éventuellement légèrement inférieur (en fonction des seuils de puissance).
Ce système est donc toujours généreux. Il s’agit encore d’une énorme subvention ! Des milliards d’euros sont actuellement déjà jetés par la fenêtre (plus de 5 milliards d’euros par an, à quoi va s’ajouter ce nouveau système).
L’électricité est toujours rachetée sur le site de production (chez vous) en petite quantité à un prix supérieur au prix de vente au détail qui inclut le transport et surtout les taxes pour la collectivité, ce qui n’est pas logique sur le plan social et commercial.
Derrière les promesses des technocrates…
Cependant, attention il s’agit peut-être d’un piège : car derrière les belles promesses d’une vie plus verte, il serait vicieux que les technocrates antinucléaires poussent massivement les Français à s’équiper de panneaux solaires d’ici fin 2018, pour ensuite annoncer en 2019 des taxes sur ces mêmes panneaux…
C’est déjà le cas en Espagne et en Allemagne où, après avoir été généreusement encouragés, les propriétaires de panneaux solaires sont maintenant surtaxés. Ils doivent payer une taxe de réseau, qui ne va pas tarder en France également.
Ce qui est d’ailleurs logique dès lors qu’on demande au réseau de reprendre l’électricité photovoltaïque à un moment où celui-ci n’en a pas besoin, ce qui induit des complications et des coûts élevés.
Ce nouveau système est donc une magnifique usine à gaz pondue par la technocratie verte qui va coûter une fortune.
Heureusement qu’il restera encore les réacteurs nucléaires pour produire l’électricité quand on en aura besoin…
ANNEXE « Petits calculs »
Si 5 millions de foyers (sur plus de 23 millions) profitent de ce nouveau tarif en installant seulement 20 m2 de panneaux PV sur leur toit, soit 3 kW (12 panneaux de 250 Watts-crête = 20 m2), combien cela va-t-il coûter à la collectivité ?
(Rappel : il est possible d’en installer trois fois plus car le tarif reste intéressant pour les particuliers jusqu’à 9 kW).
-Tarif de rachat : 18,7 c€/kWh
-Prime d’intégration au bâti : 3 c€/kWh
-Total rachat avec prime : 21,7 c€/kWh
Comme ce tarif va s’éroder avec les années qui passe, prenons un tarif moyen de rachat de 20 c€/kWh sur 20 ans (en tenant compte de la réindexation qui agit dans l’autre sens).
-Production moyenne des panneaux (en région parisienne) : 3000 kWh par an (ajouter 15% à Nice).
3000 kWh par an x 20 ans x 20 c€/kWh = 12 000 €
S’y ajoute la prime d’installation : 1200 € (et d’éventuelles aides de la région, du département ou de la ville).
Soit un coût de 13 200 € à régler par la collectivité pour chaque foyer bénéficiaire x 5 millions de bénéficiaires = 66 milliards d’EUROS au total sur 20 ans (!)
Avons-nous besoin d’une telle hémorragie financière en période de disette budgétaire ?
Encore un gigantesque gaspillage d’argent public pour produire de l’électricité uniquement de jour, et principalement en été au moment où elle est largement inutile puisque nos réacteurs nucléaires freinent déjà leur production (surcapacité) tout en coûtant le même prix à exploiter qu’il y ait une production d’électricité solaire ou non.
En cas de succès de ce nouveau tarif de rachat pour l’autoconsommation, tripler et même quadrupler le prix de l’électricité pour tous les consommateurs est-il vraiment un objectif à atteindre ? Cela alors que 12 millions de Français (un sur cinq) sont déjà en situation de précarité énergétique…
Les seuls qui y gagneront sont les grands industriels fabricants de panneaux solaires chinois et américains (essentiellement).
Il est donc à espérer pour nos concitoyens que ce dispositif ne séduira pas des millions de Français, comme l’espère Madame Royal.
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