21 mai - 28 mai 1871 : la "Semaine sanglante", fin de la Commune de Paris

Mathilde Larrere


Commentaire : (...)' La Semaine sanglante, du dimanche 21 au dimanche suivant 28 mai 1871, est l'épisode final de la Commune de Paris, où elle est écrasée et ses membres exécutés en masse."
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Semaine_sanglante
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21 mai 1871
L’armée de Versailles était sous le commandement de Mac Mahon. Mi mai, elle comptait 120 000 hommes. La majorité de ses soldats qui la composaient était très jeunes et inexpérimentés.

L’armée avait été épurée de tous les suspects ayant de la sympathie pour la Commune, ou de ceux qui refusaient de participer à une guerre civile. Les soldats avaient été soumis à une intense propagande contre la Commune que l’on présentait comme un déchainement sauvage menaçant la société !

La Commune peut, elle, aligner autour de 50 000 hommes, plus ou moins bien entrainés et armés.

Le 21 mai, l’armée versaillaise stationne au pied des fortifications parisiennes. Mais ne parvient pas à entrer. Ce dimanche après-midi, les troupes versaillaises du général Douay pilonnent et assiègent le saillant que forme le rempart du Point-du-Jour. C'est alors qu'un piqueur des Ponts et Chaussées, Jules Ducatel, monte sur le bastion 64, entre la porte d' Auteuil barricadée et la porte de Saint-Cloud, pour les avertir que ce point n'est plus gardé et que la voie est libre. Traitre infâme…. Les loups sont entré dans Paris…. L’armée occupe rapidement le terrain jusqu’à la ligne de la petite ceinture. Elle fouille les maisons, fusille les premiers gardes nationaux. Le Conseil de la Commune, qui est en train de juger Cluseret, n'envoie aucun renfort, malgré la demande qu'avait formulée Dombrowski, qui commande le secteur. Ce fut certainement, l'Erreur stratégique en n’envoyant pas de troupe contre cette intrusion… Les Versaillais avancent donc sans grande opposition dans l’ouest parisien, ce 21 mai...

Le matin du 22 mai 1871, le sinistre tocsin sonne à l’aube… Partout dans Paris, une affiche de Charles Delescluze, délégué à la Guerre appelle à la prise d’arme. La proclamation ne produit malheureusement aucun grand soulèvement de masse.

Elle a surtout pour effet négatif de désorganiser totalement la défense militaire de la ville et de permettre de nombreuses désertions. De nombreux officiers de la garde profitent de la déclaration pour disparaître, abandonnant leurs hommes. Sans doute eut-il eu mieux fallu occuper les hauteurs, se servir des canons, organiser la défense... Mais les derniers fidèles se replièrent, chacun sur son quartier pour le défendre, abandonnant toute lutte coordonnée. Quelques 10 000 parisiens commencent à construire des barricades. Environ 900 barricades sont érigées. Rue Blanche, l’une d'elles est construite et défendue par des femmes.

L’armée n’attaqua pas frontalement ces barricades, préférant les canonner à distance. Depuis 1848, l’armée avait perfectionné la « guerre des rues » et savait désormais réduire les barricades…. Les attaquants s’infiltraient aussi par les ruelles, les cours, les maisons pour prendre à revers les barricades, tirer depuis les fenêtres. La barricade, symbole en 1830 du triomphe du peuple en arme, était désormais emblématique de sa vulnérabilité et sa défaite... En fin de journée, les Versaillais occupent les 15e et 16e arrondissement, l'Élysée, la gare Saint-Lazare, l'École militaire. Les Communards arrêtés sont systématiquement fusillés. Le 23 mai sera décisif, mais terrible.

Le 23 mai, inexorablement, les troupes versaillaises progressent dans Paris. La Commune placarde, à l'attention des soldats versaillais, des appels à la fraternisation. En vain. Ils ont été bien préparés. Et on les remplace dès qu’ils flanchent.

Les Batignolles, la place de Clichy et la butte Montmartre tombent ce 23 mai. La maitrise de la butte est hautement symbolique pour les Versaillais puisque c’est là qu’a commencé l’insurrection le 18 mars.

Selon Lissagaray, 42 hommes, 3 femmes et 4 enfants ramassés au hasard sur la butte sont conduits au numéro 6 de la rue des Rosiers. Contraints de s’agenouiller, tête nue, devant le mur au pied duquel les généraux avaient été exécutés le 18 mars, ils sont fusillés. Hugo, l’un des rares écrivains français à ne pas se dresser contre la Commune (sans pour autant la soutenir) mais qui condamnait la répression :

La résistance persiste à la Butte-aux-Cailles (avec Walery Wroblewski). La rue Vavin ou le carrefour de la Croix-Rouge où s’illustrent Eugène Varlin et Maxime Lisbonne, tombe après une résistance acharnée. Les Versaillais occupent l'Opéra, le faubourg Montmartre et la Concorde. Ils atteignent l'Observatoire et procèdent à des exécutions massives à Montmartre, au parc Monceau et à la Madeleine.

Le 23 mai au soir, Paris est en flamme. Les Versaillais en sont d’abord responsables, car ils ont canonnés les quartiers insurgés avec des bombes incendiaires. Puis les insurgés ont incendié les abords des barricades pour empêcher les attaquants de les contourner. Au soir du 23, les Communards incendient pour faire table rase, avant d’être massacrés. Tout ce qui évoque l’Ordre ancien, celui qu’ils voulaient mettre à bas, est brulé. Aucune décision concertée en la matière, que des actes isolés. Les Tuileries, la Cour des Comptes, le Conseil d’État, le Palais de la légion d’honneur sont la proie des flammes dans la nuit du 23. Les incendies fournirent un prétexte aux Versaillais pour de plus amples massacres.



Après la commune, ses opposants n’eurent de cesse d’utiliser les incendies pour la flétrir, la noircir, la dénoncer. On inventa le mythe de la pétroleuse, alors qu’aucune femme ne put être accusée d’avoir allumé un incendie. Le mythe de la pétroleuse concentre la haine de classe et la haine sexiste des Versaillais triomphants. On fit des incendiaires, les figures emblématiques d’un monde ouvrier, alors honni, présenté comme monstrueux et barbare, le "Néron" des faubourg.


Le 24 mai, les Versaillais continuent de progresser… La gare du Nord et celle de l’Est sont enlevées dans la journée La place Vendôme, le Palais Royal, les Tuileries (en flammes) et le Louvre sont aux mains de la troupe.

Rive gauche, l’armée se concentre sur la prise du Panthéon. Les Communards en avaient fait leur dépôt d’armes. Le drapeau rouge flottait à son sommet.


Les combats sont acharnés rue Soufflot. Les défenseurs de la barricade, arrêtés, désarmés, sont exécutés rue Saint Jacques.

Le soir, l’armée est à l’Hôtel de Ville que le Conseil de la Commune a abandonné dans la journée avant d’y mettre le feu.

Devant l’ampleur des massacres perpétués par les Versaillais, les Communards fusillent des otages. La Commune avait en effet arrêté nombre de représentants de l’Ordre ou des ecclésiastiques. En avril, la" loi des otages", menaçant d’exécuter des otages si Versailles fusillait des prisonniers, avait été votée. Mais non appliquée jusqu' alors. Elle avait aussi profondément divisée les Communards, nombreux s’y opposant. D’ailleurs, quelques jours après cette « loi des otages », des gardes nationaux du 11e arrondissement avait brulé une guillotine place Voltaire pour signifier leur refus de la peine de mort.

En revanche, la propagande Versaillaise s’était abondamment servi de ce décret pour peindre la Commune sous les jours les plus noirs. Mais dans la "Semaine sanglante", quand le pavé parisien se couvrait du sang des Communards, certains ont finalement appliqué le décret. Le 24 mai, 6 otages sont fusillés ; l’archevêque de Paris est l’un deux, ainsi que le Président de la Cour de Cassation. De nombreux Communards dénoncèrent ces exécutions. Elles servirent à alimenter la légende noire de la Commune. Après la Commune, de nombreux photomontages (notamment d’ Appert) représentent les exécutions. Ils furent abondamment diffusés (l'image ci dessous est donc un photomontage).

26 mai 1871, la semaine sanglante continue…La pluie tombe, éteignant les incendies mais rendant les combats encore plus rudes…. Dans la journée, la Bastille, la place du Trône (actuelle Nation), la rotonde de la Villette tombent. Ranvier, un peintre décorateur sur laque, défend héroïquement Belleville et la Villette.

Des otages sont encore exécutés, comme le banquier Jecker, connu pour ses opérations financière douteuses pendant la "campagne du Mexique." Les Fédérés se sont réfugiés au Père Lachaise. Les Versaillais bombardent le cimetière depuis la butte Montmartre. Les derniers combats ont lieu à l’arme blanche au milieu des tombes.

Les derniers sont fusillés contre un des murs du cimetière, 147 tombent sous les balles. Leurs corps sont enseveli au pied du murs avec les milliers de victimes faites ce jour là. Ce « mur des fédérés » dont je vous raconterai l’histoire un autre jour.

Le 28 mai 1871, c'est la fin de la semaine sanglante

Le 28 au matin, il ne reste plus aux Communards que quelques rues, entre les rues Faubourg du Temple, des Trois-Bornes et le boulevard de Belleville. En début d'après-midi, les Versaillais prennent la dernière barricade des Communards, dont l'emplacement reste incertain. Elle est commémorée par une plaque rue de la Fontaine-au-Roi dans le XIe arrondissement.

Mais dans ses mémoires, Gaston Da Costa précise que la dernière barricade à tomber est, non loin de là, celle du Faubourg du Temple. Lissagaray la localise, lui, rue Ramponeau. Qu’importe finalement… Elle tombe... Le 28 en fin d’après midi, Eugène Varlin, membre de l'Internationale, est arrêté rue Cadet. Il est trainé dans Paris, conduit là où les généraux Lecomte et Thomas avaient été fusillés le 18 mars. Il y est lynché et fusillé.

On ne saura jamais avec certitude le nombre de morts de la Commune. Entre 10 et 20 000 morts? Une boucherie sans équivalent dans l’Europe du XIXe , une véritable saignée.

Au soir du 28 mai, 43 000 Communards attendaient alors d’être jugés ; les convois de prisonniers, reliés par des cordes, commençaient à partir pour Versailles..

Il y eut 46 835 jugements (dont 3 313 par contumace) 23 737 non lieu, 2 445 acquittements, 95 condamnation à mort, 251 travaux forcés, 1 169 condamnations à la déportation dans une enceinte fortifiée, 2 417 à la déportation simple. Le reste fut des peines d'emprisonnement.

55 enfants de moins de 16 ans furent envoyés dans des maisons de correction. Les déportés furent envoyés en Nouvelle Calédonie (comme Louise Michel). 5 à 6 000 Communards durent s'exiler pour échapper à la justice (Jules Vallès par ex...). Les Communards ne furent amnistiés qu'en 1880.... Et la majorité des mesures de la Commune furent appliquées dans les années qui suivirent…



 Pour compléter
-La commune de Paris - Henri Guillemin
https://youtu.be/PwXwDp3Ze7Q

-Les nombreux et incontournables articles de Jacques Rougerie
https://t.co/JVZyBK2TBE

-Éloi Vallat

- Tardi



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