Doubs, Besançon : réouverture du Musée des Beaux-Arts, une réussite!

Didier Rykner 
jeudi 7 février 2019

Après Stockholm et Roubaix, le troisième musée récemment rouvert après travaux - et nous pourrions y rajouter les travaux menés au Musée des Beaux-Arts d’Orléans - semble confirmer une tendance lourde qui nous réjouit infiniment : les œuvres sont de retour dans les musées. Alors que certains privilégiaient ces dernières années des accrochages minimalistes - un mur, une œuvre - une mode inacceptable pour les amateurs d’art, l’inverse prédomine désormais. Ces musées aiment les œuvres d’art, et ils ne craignent pas de les montrer en grand nombre.

Les choses n’étaient pourtant pas si faciles à Besançon, une architecture moderne insérée dans une enveloppe ancienne, certes intéressante avec son usage du béton brut (et désormais classée monument historique), mais très peu pratique pour accrocher des tableaux dans un parcours cohérent. C’est pourtant l’un des défi qu’a relevé, avec brio, l’équipe de conservation et l’architecte en charge de la rénovation Adolfo Scaranello : le circuit, essentiellement chronologique, est parfaitement logique. Des espaces supplémentaires ont été gagnés dans des endroits qui n’étaient pas utilisés comme salles d’exposition, et le musée a été largement ouvert sur la ville avec la disparition de certaines parois qui occultaient la lumière. Celle-ci est par ailleurs abondante grâce aux verrières qui couvrent le bâtiment et qui permettent un éclairage zénithal naturel, toujours préférable pour des œuvres d’art.
Si l’on ajoute que la muséographie - notamment les vitrines - est dans l’ensemble plutôt élégante, on conclura que cette réouverture du Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon se solde par une parfaite réussite, à nuancer seulement - en tout cas au moment de l’inauguration, cela s’est peut-être résolu depuis - par un éclairage occasionnant parfois des reflets un peu gênants sur certains tableaux.




1. Joseph-François Ducq (1762-1829)
Portrait de Pierre-Adrien Pâris
Huile sur toile - 100 x 80 cm
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie (dépôt de la Bibliothèque)
Photo : Didier Rykner

 


Sébastien Cornu (1804-1870)
Autoportrait, 1832
Huile sur toile
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
Photo : Didier Rykner


 On commence donc le parcours au rez-de-chaussée par une salle consacrée aux portraits des grandes figures de l’histoire du musée. Il y a là - nous ne serons pas exhaustifs - l’architecte, collectionneur et grand donateur Pierre-Adrien Pâris peint par le belge Joseph-François Ducq (ill. 1), le peintre, collectionneur et non moins grand donateur Jean Gigoux figuré par Léon Bonnat, mais aussi l’abbé Jean-Baptiste Boisot dont la collection, qui fut la première en France ouverte au public, rejoignit le fonds du musée après la Révolution, et l’Autoportrait de Sébastien Cornu (ill. 2), un élève d’Ingres dont la collection de tableaux anciens et une partie du fonds d’atelier furent légués au musée par sa veuve. C’est d’ailleurs la seconde critique que nous pourrons faire pour cette réouverture : l’absence à peu près totale dans l’accrochage d’œuvres de Sébastien Cornu qui est pourtant l’un des bons élèves d’Ingres. Souhaitons que cette absence soit bientôt comblée et, pourquoi pas, qu’une exposition monographique lui soit consacrée.

 
3. Salle du Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon
Au premier plan, trois statues du jubé de la
cathédrale de Besançon par Claude Lullier (1560)
À l’arrière-plan, bas-relief des Évangélistes
provenant de la Porte Noire de Besançon, XIIe siècle
À droite, Just Becquet, Saint Ferréol, vers 1903
Photo : Didier Rykner


Après cette mise en bouche, la visite commence avec l’archéologie (hors de notre champ, mais il faut tout de même noter les grandes mosaïques), le Moyen Âge et la Renaissance. Si les collections médiévales sont peu importantes en nombre, on y trouve des œuvres de qualité, dont des bas-reliefs des Évangélistes du XIIe siècle (ill. 2), des bustes provenant du portail du collatéral sud de la nef de l’ancienne église de la Madeleine (entre 1221 et 1281), ou des Vierges à l’enfant du XIVe siècle. À deux statues de saints céphalophores (ill. 2) répond comme un clin d’œil une récente et remarquable acquisition d’une sculpture du tout début du XXe siècle, un Saint Ferréol par le bisontin Juste Becquet (ill. 4) auquel le musée consacrera bientôt une exposition (voir l’annonce).


4. Just Becquet (1829-1907)
Saint Ferréol, vers 1903
Terre cuite - H. 67 cm
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
Photo : Didier Rykner


Les collections sont particulièrement riches en peintures de la Renaissance européenne. Il suffit de citer ici, pêle-mêle et sans souci de logique un portrait par François Clouet (ill. 5), plusieurs Luca Cranach dont les grands Adam et (Ève du legs Gigoux, Titien, Tintoret et L’Ivresse de Noé de Giovanni Bellini (qui était prêtée à l’exposition Mantegna-Bellini à Londres au moment de l’inauguration). L’autre grand chef-d’œuvre de la Renaissance italienne (et il ne faut pas oublier la Madone Carondelet de Fra Bartolomeo de la cathédrale) est évidemment la Pietà de Bronzino (ill. 6) qui trouve place dans la rampe d’accès aux parties supérieures, ce qui lui laisse d’ailleurs un espace isolé qui lui va bien.



5. François Clouet (vers 1516-1572)
Portrait de François de Scepeaux, vers 1566
Huile sur panneau
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
Photo : Didier Rykner


 
6. Agnolo Allori, dit Bronzino (1503-1572)
La Déploration sur le Christ mort
Huile sur panneau - 268 x 173 cm
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
Photo : Didier Rykner


Autre œuvre majeure, nordique cette fois, le triptyque de Bernard van Orley (ill. 7). Beaucoup d’œuvres des collections ont été restaurées pendant les travaux, mais l’aspect rendu à ces panneaux, débarrassés de lourds repeints, est spectaculaire. Le musée a entamé la publication d’une revue annuelle dont le premier numéro (un vrai livre) est entièrement consacré à ce retable. On y apprend beaucoup de choses sur son origine, son iconographie, sa datation (probablement vers 1530-1535) mais aussi sur son attribution qui a pu être précisée : deux manières distinctes peuvent en effet s’y observer. La conception est bien celle de Bernard van Orley qui est sans doute largement l’auteur des volets, tandis que la partie centrale aurait été déléguée à son atelier. Remarquons que la restauration a permis de démontrer que le cadre était celui d’origine.


   
7. Bernard van Orley (vers 1488-1541)
Triptyque de Notre-Dame des Sept-Douleurs
Huile sur panneaux
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
Photo : Didier Rykner 




 
8. Rampe d’accès interne au musée
Photo : Didier Rykner


En montant vers les étages on voit dans la rampe (ill. 8) de nombreuses œuvres nordiques et françaises du XVIIe siècle, classées par sujets plus que par écoles, la Madeleine d’ Elisabetta Sirani (ill. 9) côtoyant ainsi celle de Simon Vouet. Quelques beaux tableaux anonymes éveillent la curiosité comme ce Saint François pénitent génois (ill. 10) ou un Moine en prière bolonais.
Une petite salle en entresol montre de la peinture française du XVIIe siècle dont un autre Vouet, le fragment d’un retable peint pour Saint-Pierre de Rome dont un autre morceau était réapparu à Drouot il y a quelques années (nous avions été les premiers à le publier ici). De jolis tableaux ont des attributions plus hypothétiques, comme celui donné avec prudence à son frère Aubin Vouet. Une autre toile, toujours de l’école de Vouet mais qui reste anonyme, possède un véritable charme (ill. 11).



9. Elisabetta Sirani (1638-1665)
Sainte Madeleine pénitente, 1663
Huile sur toile - 113,5 x 94 cm
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
Photo : Didier Rykner 

 


10. Gênes, XVIIe siècle
Saint François pénitent
Huile sur toile - 74 x 62 cm
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
Photo : Didier Rykner


 
11. Suiveur de Simon Vouet
L’Archange saint Michel terrassant
le dragon
Huile sur toile
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
Photo : Didier Rykner


Signalons aussi parmi les petits tableaux nordiques du XVIIe siècle des têtes de vieillard par Jordaens et Van Dyck, quelques belles natures mortes par Pieter Claesz et Willem Claesz. Heda, des paysages de Jacob van Ruysdael et Albert Cuyp. Il n’est, à vrai dire, pas facile d’accrocher des œuvres de manière cohérente dans ces espaces, mais l’ensemble tient plutôt bien. En revanche, d’autres tableaux italiens ou français de plus grande taille doivent être présentés au niveau supérieur.
On y découvre, à côté d’un Architecte attribué à Ribera (ill. 12) nouvellement restauré et qui était depuis fort longtemps dans les réserves, une acquisition de 2018 auprès de la galerie Canesso d’une toile de Giovanni Battista Beinaschi (ill. 13). Remarquons qu’un tableau de cet artiste napolitain est récemment entré au Louvre par dation (voir la brève du 23/1/14)



12. Attribué à Jusepe Ribera (1591-1652)
L’Architecte
Huile sur toile - 118 x 92,8 cm
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
Photo : Didier Rykner



 
13. Giovanni Battista Beinaschi (1636-1688)
Saint Paul, vers 1660
Huile sur toile - 126,5 x 101 cm
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
Photo : Didier Rykner

 
La peinture et la sculpture avant le XVIIIe siècle sont donc montrées dans la partie moderne, en béton, du musée. Des terres cuites et de nombreuses esquisses du XVIIIe entament le parcours dans des salles beaucoup plus classiques appartenant à la partie ancienne du bâtiment. Dans cette première pièce, les sculptures sont de Luc Breton, artiste bisontin formé à Rome, ce qui explique son style très baroque particulièrement visible dans une jolie reprise de la bienheureuse Ludovica Albertoni et une autre de l’Apothéose de saint Louis de Gonzague d’après Pierre Le Gros, mais aussi dans un Saint Jérôme (ill. 14) original mais tout empreint encore de la marque du Bernin. Il est aussi l’auteur d’une interprétation en sculpture du Testament d’ Eudamidas de Poussin, ce qui témoigne d’un bel éclectisme [1].

 
14. Luc Breton (1731-1800)
Saint Jérôme
Terre cuite - 54 x 97 x 26 cm
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
Photo : Didier Rykner



15. Jean Barbault (1718-1762)
La mascarade des quatre
parties du monde, 1751
Huile sur papier marouflé sur toile -
37,7 x 392 cm
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
Photo : Didier Rykner



Il est dommage que l’accrochage du mur principal soit un peu haut, ce qui rend difficilement visibles les œuvres placées sur le rang supérieur où l’on voit pourtant des petits tableaux de François-André Vincent. La Mascarade des quatre parties du monde (ill. 15) qui a été restaurée et est devenue beaucoup plus lumineuse qu’elle ne l’était par exemple dans la rétrospective consacrée à cet artiste à Strasbourg (voir l’article), est en revanche à la bonne hauteur. Sur le mur gauche sont accrochées dix esquisses préparatoires de François Boucher pour la Tenture chinoise.


   
16. Étienne Jeaurat (1699-1789)
Saint François de Paule ressuscitant un enfant, 1746
Huile sur toile - 242 x 169,5 cm
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
Photo : Didier Rykner 


La salle suivante, remplie d’œuvres à touche-touche, est également dédiée au XVIIIe siècle, essentiellement aux tableaux d’histoire, religieux ou mythologiques. On peut y voir un tableau d’Étienne Jeaurat (ill. 16) qui était à l’église Saint-François-Xavier de Besançon, ainsi que trois autres grandes toiles, commandes bisontines à un artiste romain : Placido Constanzi, provenant du même édifice pour deux d’entre elles et de la chapelle du collège Victor Hugo pour la troisième.
D’autres toiles monumentales dont un François Lemoyne et un Carle van Loo complètent cet accrochage avec de nombreuses esquisses ou tableaux de petite taille. On y découvre plusieurs dépôts d’œuvres remarquables déposées par l’association diocésaine de Besançon. Leur provenance mériterait un article à lui tout seul, plus complet : il s’agit d’une collection léguée au diocèse par un collectionneur local, Pierre Cousin, décédé en 2016. Certains objets, moins intéressants, ont été vendus, mais plusieurs tableaux de petite taille ont désormais rejoint le musée (on peut les considérer comme des acquisitions), et d’autres grandes toiles sont ou vont être installées à la cathédrale (nous leur consacrerons une brève). On peut déjà voir ici une Didon anonyme (ill. 17), ainsi qu’une Résurrection de Lazare inédite de Jean-Baptiste Deshays (ill. 18), artiste représenté par deux autres esquisses. On verra ici également des acquisitions récentes dont nous avions parlé : L’Intercession de la Vierge par Nicolas-René Jollain (voir la brève du 27/10/14) et La Vierge en prière de Jean-François de Troy (voir la brève du 14/11/17).


 

17. École française du XVIIIe siècle
La Mort de Didon, vers 1760
Huile sur toile
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
Dépôt de l’Association diocésaine
Photo : Didier Rykner


 
18. Jean-Baptiste Deshays (1729-1765)
La Résurrection de Lazare, vers 1763
Huile sur toile - 36,5 x 45 cm
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
Dépôt de l’Association diocésaine
Photo : Didier Rykner


Remarquons aussi, dans cette même salle et dans la suivante, plus petite, un bel ensemble de sculptures. Une Pietà, encore de Luc Breton (ill. 19), plâtre préparatoire à un groupe en marbre encore conservé dans le transept droit de l’église Saint-Pierre de Besançon. Un autre artiste originaire de Franche-Comté, qui fit sa carrière à Rome dans la suite de l’ Algarde, Pierre-Étienne Monnot, est l’auteur d’un buste de Christ datant de sa jeunesse avant son départ en Italie. Notons aussi plusieurs petites esquisses en terre cuite : Augustin Pajou pour une statue d’Henri IV, Clodion avec la maquette du mausolée de Fifi (dont on connaît au moins une autre version dans une collection privée française en 2003) et huit anges de François-Nicolas Delaistre (ill. 20) préparatoires pour des sculptures de la façade de la cathédrale d’Orléans. Notons enfin un fascinant modèle de catafalque en cire bois et feuille d’or et d’argent par Pierre-Adrien Pâris.


19. Luc Breton (1731-1800)
Pietà, 1771
Plâtre - 70 x 58,5 x 40 cm
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
Photo : Didier Rykner

 

20. François-Nicolas Delaistre (1746-1832)
Huit esquisses d’anges pour la cathédrale
Sainte-Croix d’Orléans, vers 1787-1789
Terre cuite
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
Photo : Didier Rykner 


 
On arrive ensuite dans la grande salle consacrée au XIXe siècle [2] (ill. 21) avec, là encore, un choix de couleur (un mauve) qui met parfaitement bien en valeur une peinture qui ne supporte pas les murs blancs, et un accrochage serré, façon Salon.
Si, bien entendu, Gustave Courbet est à l’honneur, c’est bien le moins avec notamment L’Hallali du cerf et Les Paysans de Flagey revenant de la foire, deux dépôts d’Orsay [3], on découvre aussi beaucoup de grands formats d’artistes académiques sortis des réserves et restaurés à cette occasion. C’est ainsi que l’on pourra admirer une peinture religieuse de Charles Timbal (ill. 22), Dante et Virgile aux Enfers du méconnu Édouard Baille, un peintre bisontin, ou encore des œuvres de Jules Richomme, Théobald Chartran, Fernand Cormon et Gustave Courtois (ill. 23). On reconnaîtra aussi Les Derniers rebelles de Benjamin-Constant, importante toile orientaliste qui avait été présentée lors de la rétrospective de Toulouse (voir l’article).



21. Grande salle du XIXe siècle
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
Photo : Didier Rykner 




22. Charles Timbal (1821-1880)
L’Agonie du Christ au jardin des Oliviers, 1867
Huile sur toile - 135 x 215 cm
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
Photo : Didier Rykner


Si une cimaise privilégie les grands formats, une autre rassemble un bel ensemble d’œuvres de taille plus modeste, parmi lesquelles on verra une étude de Théodore Chassériau, un rare exemple de tableau de chevalet par James Pradier, une très pure étude de Sainte Pélagie par Hippolyte Flandrin ou encore la célèbre Jeune fille dans une vasque de Paul Delaroche.
De beaux portraits ornent également ce mur tel celui du poète Jean-François Ducis par le baron Gérard, du duc de Richelieu par Thomas Lawrence ou encore de l’architecte Jean-Baptiste Desdéban par Ingres. On notera aussi, mis en pendant d’un Portrait de jeune femme de Jean-Léon Gérôme, une très belle figure de femme par son maître Charles Gleyre (ill. 24) offerte au musée en 2017 par Eveline Toillon-Seltzer.
De la collection Gigoux, on ne peut manquer de signaler deux petits tableaux de Goya et le Portrait d’homme en oriental dit Portrait de Mustapha par Géricault, ainsi que celui d’un naufragé du même artiste. En revanche, la Nature morte : trois pièces de gibier, toujours de Géricault, a une provenance différente puisqu’elle a été léguée par Édouard Grenier en 1902.


 
23. Gustave Courtois (1853-1923)
Dante et Virgile aux Enfers ; cercle
des traîtres à la patrie, 1879
Huile sur toile - 299 x 215 cm
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
Photo : Didier Rykner



24. Charles Gleyre (1806-1874)
Portrait de Thérèse Gaugiran-Nanteuil
Huile sur toile - 94 x 75 cm
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
Photo : Didier Rykner


Au centre de la pièce ont été disposées plusieurs sculptures dont un Joseph en Égypte de Just Becquet (ill. 25) qui démontre que celui-ci pouvait être également très classique dans son inspiration, ainsi que plusieurs œuvres de Jean-Baptiste Clésinger, autre sculpteur originaire de Besançon, rendu célèbre par le scandale autour de sa Femme piquée par un serpent (Orsay), et qui fut aussi le gendre de George Sand. Parmi celles-ci, on admirera particulièrement un Combat de taureaux romains en terre cuite (ill. 26).




25. Just Becquet (1829-1907)
Joseph en Égypte, vers 1878 repris en 1904
Marbre
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
Photo : Didier Rykner



26. Jean-Baptiste Clésinger (1815-1883)
Combat de taureaux romains, vers 1862
Plâtre teinté - 88 x 144 x 60 cm
Just Becquet (1829-1907)
Saint Ferréol, vers 1903
Terre cuite - H. 67 cm
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
Photo : Didier Rykner


En sortant de cette grande salle, on retombe sur les cimaises en béton où l’on peut voir encore de nombreux paysages du XIXe siècle, du néoclassicisme au réalisme. Chronologiquement, on commence avec l’ami de Girodet, Jean-Pierre Péquignot [4] (ill. 27), en passant par un paysage classique plus tardif par Achille Bénouville (Adam et Ève chassés du Paradis terrestre (ill. 28) du Salon de 1842) jusqu’à des œuvres de l’école de Barbizon. Beaucoup de paysagistes locaux également, souvent de belle qualité comme ceux d’Alexandre Rapin ou d’Albert Cadix.




27. Jean-Pierre Péquignot (1756-1807)
Paysage des environs de Naples :
Cava dei Tirreni, 1803
Huile sur toile - 55 x 80 cm
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
Photo : Didier Rykner 


 

28. Achille Bénouville (1815-1891)
Adam et Ève chassés du Paradis terrestre, 1841
Huile sur toile - 114,5 x 146,5 cm
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
Photo : Didier Rykner 


Le parcours se termine avec le XXe siècle et des œuvres post-impressionnistes et nabi (notamment de grands Bonnard - ill. 29), mais Besançon n’est pas un musée d’Art moderne, et l’on espère qu’il conservera sa spécificité. Les quelques œuvres contemporaines placées ça et là sur le parcours sont assez belles et savent se faire discrètes.
Nous ne dirons qu’un mot de l’exposition de dessins italiens car cet article sur la réouverture venant un peu tard, elle se termine dans onze jours. Il faut néanmoins rappeler que Besançon est un des plus riches fonds graphiques de France (6000 feuilles), notamment grâce aux collections Pierre-Adrien Pâris et Jean Gigoux. Le fonds a été partagé entre la bibliothèque et le musée comme ce fut parfois le cas dans certaines villes (à Rouen aussi par exemple). L’exposition concerne les feuilles italiennes des XVe et XVIe siècles qui viennent presque toutes de Jean Gigoux. On y trouve deux portraits d’homme attribués à Mantegna, et des œuvres de la plupart des grands noms du dessin italien de cette époque (Fra Bartolomeo, Primatice, Federico Barocci, Bronzino, Parmigianino, Federico Zuccaro...). Les chefs-d’œuvre sont nombreux tel ce Saint André à la sanguine du Cavalier d’ Arpin (ill. 30) ou ce « Martyre de saint Sébastien » d’un maître anonyme génois connu sous le nom de Triangular Style Master (ill. 31). Rappelons qu’une belle feuille de Palma Giovane a été préemptée il y a moins d’un an (voir la brève du 24/4/18). Nous recommandons par ailleurs l’excellent catalogue qui accompagne cette exposition.




29. Peintures de Pierre Bonnard au
Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
de Besançon
Photo : Didier Rykner 



 
30. Giuseppe Cesari, dit le Cavalier d’ Arpin (1568-1640)
Saint André, vers 1600
Sanguine
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
Photo : Didier Rykner




31. Triangular Style Master
(Gênes, première moitié du XVIIe siècle)
Martyre de saint Sébastien
Pierre noire, plume, encre brune
lavis brun
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
Photo : Didier Rykner


Avec un budget de 11 millions d’euros, Adolfo Scaranello a donc permis de rapprocher deux architectures a priori irréconciliables : celle de Pierre Marnotte, l’auteur de la halle aux grains de 1843 qui forme l’enveloppe du musée, et celle de Louis Miquel qui s’y insère. Alors qu’il était fermé depuis quatre ans et qu’il était resté assez discret ces dernières années [5], le retour de Besançon dans le concert des grands musées français est une excellente nouvelle.


Collectif, Dessiner une Renaissance. dessins italiens de Besançon (XVe - XVIe siècles), Silvana Editoriale, 264 p., 30 €, ISBN : 9788836640010.





Bernard van Orley, Le Triptyque de Notre-Dame des Sept-Douleurs, Silvana Editoriale, 2018, 120 p., 12 €, ISBN : 9788836640034.

 
 






Collectif, Guide des collections. Musée des beaux-arts et d’archéologie de Besançon, Silvana Editoriale, 2018, 308 p., 15 €, ISBN : 9788836640027.











Notes
[1] Remarquons que le musée possède beaucoup d’autres terres cuites de Luc Breton qui ne sont pas exposées. Cet artiste également mériterait une rétrospective.

[2] Sur les tableaux du XIXe siècle du Musée des Beaux-Arts de Besançon, voir aussi la recension de l’exposition récente du Musée des Beaux-Arts de Rennes.

[3] En réalité, des dépôts du Louvre car Orsay n’existait pas à l’époque, le premier en 1882, le second en 1959.

[4] Sur Péquignot, voir cet article.

[5] Remarquons qu’entre 2003, date de création de La Tribune de l’Art et 2014, nous n’avions parlé qu’à trois reprises du musée. Depuis 2014, c’est déjà la sixième fois que nous lui consacrons un article.


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