Biodiversité : le gouvernement arrêtera-t-il la bétonisation des champs et des forêts ?

Arnaud Gonzague
04 juillet 2018

Commentaire : à cette question la réponse est NON. Et le développement intensif de l'éolien voulu par Monsieur le Président de la République va sinistrement accélérer et amplifier le phénomène :
(...) "Le soutien au développement des énergies renouvelables va passer de 5 milliards actuellement « à 7 à 8 milliards d’euros par an », a annoncé le président Emmanuel Macron, évoquant un triplement de l’éolien terrestre et une multiplication par cinq du photovoltaïque d’ici à 2030."
Transition énergétique et « gilets jaunes » : ce qu’il faut retenir du discours de Macron

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des engins de travaux sur le chantier de l 'A65 (Jean-Pierre Muller / AFP)

Le plan biodiversité présenté ce mercredi veut lutter contre la tendance des villes à noyer les espaces naturels dans le béton.

On a tous vu mille fois ce spectacle : une nuée de pavillons neufs qui s’élèvent là où, auparavant, s’étendaient quelques hectares de champs. Un bois rasé pour laisser la place à un supermarché et son immense parking goudronné. Une prairie qui "devient" une piscine municipale.
Cette tendance porte un nom aussi laid que son action sur les paysages : l’artificialisation des sols. Autrement dit, le remplacement d’espaces naturels, agricoles et forestiers par des zones bitumées, bétonnées ou couvertes de pelouses.
Une manne pour le BTP, mais une catastrophe pour la biodiversité française, à laquelle le gouvernement promet de mettre un coup d’arrêt en présentant ce mercredi 4 juillet son plan biodiversité.
Sur le principe, l’exécutif veut en effet proclamer le "zéro artificialisation nette". C’est-à-dire que la loi n’empêchera pas une mairie, un département ou une région de continuer à ouvrir le robinet à béton. Mais tout nouvel hectare artificialisé devra être compensé par un hectare de terre "naturalisé". Par exemple, en remettant en état des terres agricoles très dégradées.
25 m² perdus par seconde !
On ne sait pas encore si le gouvernement se donnera vraiment les moyens d’appliquer ce principe, mais une chose est certaine : il était temps ! Car la France métropolitaine a déjà artificialisé 9,3% de ses terres, ce qui est au-dessus de la moyenne européenne – même si l’Allemagne, le Benelux et la Grande-Bretagne font pire.
Chaque année depuis 2000, ce sont près de 75.000 hectares de terres agricoles françaises qui ont été artificialisés en moyenne, selon un rapport de l’Observatoire national de la consommation des terres agricoles (PDF) Comptez bien : cela représente 25 m² par seconde, un stade de foot toutes les cinq minutes et l’équivalent en superficie du département des Yvelines tous les trois ans.
Et les espaces agricoles ne représentent "que" deux tiers des espaces grignotés. Le tiers restant sont des zones boisées, humides ou recouvertes d’eau.


Désastre écologique

Amputer le territoire français de ces hectares de glèbe n’est pas seulement une atteinte à la beauté des paysages : c’est aussi et surtout un désastre écologique. D’abord, parce que la faune et la flore qui s’y trouvent disparaissent naturellement sous les chenilles des pelleteuses. "Mais aussi parce que le sol, même utilisé par l’agriculture, est un écosystème indispensable", rappelle Frédéric Denhez, journaliste auteur de "Cessons de ruiner notre sol" (Flammarion, 2014). "D’abord, c’est une éponge qui sert à absorber les pluies. Ensuite, c’est un puits de carbone naturel."
En clair, le sol retient une partie importante de nos émanations de CO2. "Sa 'transpiration' permet de rafraîchir la température de l’air, une fonction plus cruciale que jamais avec le réchauffement climatique."
Or, une surface artificialisée n’est pas seulement recouverte de bitume : elle est durablement endommagée. "Il faut probablement 30 ou 40 ans pour qu’une terre sans eau, sans air, et sans lumière retrouve sa richesse initiale", déplore Frédéric Denhez.
Une perspective qui reste de toute façon imaginaire, tant la tendance est à l’extension urbaine, pourtant prohibée par le Grenelle de l’environnement. Chez les élus, la tentation reste dévorante de grignoter les champs pour faire venir des administrés, des entreprises, faire entrer des impôts et créer des emplois. Face à ces mirifiques perspectives, les hectares de bois ou de prairies ne pèsent pas lourd.

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