Nucléaire civil: Un atout à consolider !

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Par Bruno Alomar 

28/04/2016

Commentaire: Non au nucléaire? Affirmatif! Mais le remplacer par quoi? Des énergies nouvelles intermittentes (éolien et solaire), mixées avec soit du gaz ou soit du charbon (CO2), nuisibles à la Santé publique, au coût exponentiel supporté par les contribuables et l'État, etc.? Avec pour finir, un service très loin du confort auquel le nucléaire nous a habitué. Réfléchissez à votre confort électrique actuel avant de crier avec les loups «écologiques» et autres consorts... car après, il sera trop tard!

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(Crédits : DR)Contrairement à une opinion répandue, le nucléaire est en plein développement, à travers le monde. La France a des atouts à faire valoir. Bruno Alomar, enseignant en économie et institutions européennes à Sciences Po, ex membre du cabinet du commissaire européen à l'énergie.

EDF, premier électricien au monde, fleuron technologique de notre pays, connaît une période difficile. La publication des comptes de l'électricien national a ainsi été, une fois encore, l'occasion pour les anti-nucléaires de dénoncer pêle-mêle la non-rentabilité de la filière au niveau national, le manque de compétitivité de nos entreprises ou le soi-disant ralentissement du développement du parc électronucléaire mondial. Au-delà des difficultés, et de certaines interrogations légitimes, il est nécessaire de remettre les faits en perspective.


Le double objectif du nucléaire


L'histoire du parc nucléaire français est bien connue, aussi il n'est pas besoin d'y revenir en détail. Il semble pourtant indispensable de rappeler que celui-ci poursuivait, et poursuit toujours, un double objectif: Permettre le développement d'une filière technologique d'excellence en France, amenuisant la dépendance aux grands pays industriels qui sont nos concurrents dans la mondialisation ; restreindre le recours aux hydrocarbures importés. Depuis les années 1970, la France limite ainsi sa dépendance aux pays producteurs de gaz, ouvrant à notre pays des options géopolitiques plus larges que nos voisins. Il n'est, en outre, pas possible de nier l'apport scientifique et économique indéniable de la filière qui au travers d'entreprises spécialisées et de laboratoires de pointe, contribue à la richesse nationale et à l'emploi.


Une capacité électrique bien plus assurée que dans d'autres pays


Le nucléaire a une autre vertu, celle de s'inscrire dans le temps long. Les centrales sont ainsi pensées, technologiquement et économiquement, pour offrir une production constante dans la durée. Deux conséquences en découlent. D'abord celle de la prédictibilité des coûts pour le consommateur final, faisant de la facture d'électricité des ménages français l'une des moins élevée d'Europe, bien loin des sommes astronomiques payées par leurs équivalents allemands.

Ensuite les centrales nucléaires sont, en moyenne et à l'exception des méga-barrages hydroélectriques, les unités de production électrique les plus puissantes. Il en résulte une capacité électrique de base, nécessaire à tout système national, bien plus assurée que dans d'autres pays. C'est bien là que le bât blesse pour les anti-nucléaires. Le déploiement en masse des énergies renouvelables nécessite, pour faire face à l'intermittence de production de celles-ci, une capacité de production de base qui ne soit pas dépendante des aléas climatiques ou naturels.


Une énergie en plein développement
Le choix d'une énergie non-renouvelable s'impose donc pour constituer le cœur du mix électrique national. L'Allemagne, en dépit de son tropisme environnemental, a fait le choix du charbon et du gaz, faisant du même coup exploser ses émissions de gaz à effet de serre. Dans l'euphorie climatique post-COP21, la France peut-elle faire de même ? Probablement pas.

Enfin, si l'on prend la peine de regarder au-delà des frontières nationales et européennes, le nucléaire s'impose à l'échelle internationale comme une énergie en plein développement. Des pays comme la Chine, l'Inde, la Turquie, le Vietnam, la Jordanie ou l'Egypte font ce double calcul de la moindre dépendance aux fournisseurs d'hydrocarbures et de la production de base constante et prévisible. Plusieurs dizaines de réacteurs sont ainsi en construction dans le monde et de nombreux pays, eu égard aux crises géopolitiques ou économiques, se tournent vers cette solution. Le ralentissement de la croissance nucléaire chinoise, dû avant tout aux difficultés économiques actuelles du pays, ne doit pas masquer la réalité, Pékin envisage la construction de réacteurs par dizaines. C'est d'ailleurs la Chine qui est le terrain de déploiement des premières unités de génération III+, l'EPR Areva, l'AP1000 Westinghouse et le VVER-1200 Rosatom.

La bataille économique entre acteurs industriels est de plus en plus âpre, comme le montre l'arrivée sur les marchés internationaux des entreprises coréennes et chinoises ainsi que le spectaculaire redressement de la filière russe, devenue championne à l'export. La France bénéficie d'atouts uniques dans ce contexte, un savoir-faire installé et reconnu, une excellence dans la sûreté et la capacité à proposer des offres intégrées depuis le combustible jusqu'au retraitement des déchets. L'intégration d'Areva dans EDF, pour complexe et longue qu'elle soit, offre enfin ce qui manquait à la filière nationale: Une unicité de décision.

Le contexte international économique mais aussi climatique ouvre donc pour la filière nucléaire des opportunités sans précédent depuis des décennies. Alors qu'EDF a pu compter sur le soutien de l'État français au moment où plus personne ne croyait en l'avenir du nucléaire civil, il serait suicidaire de vouloir l'abandonner maintenant que les perspectives de moyen et long terme sont positives. Toutes les entreprises innovantes connaissent des difficultés dans les secteurs hypercompétitifs. Qui se souvient ainsi des multiples échecs d'Apple comme le Newton, le Macintosh Portable ou la Macintosh TV ? Ce que l'on retient surtout c'est la capacité de l'entreprise à garder le cap dans les moments difficiles, marque des vrais champions technologiques.

Bruno Alomar enseigne l'économie et les institutions européennes à Sciences Po. Il a été membre du cabinet du commissaire européen à l'énergie.

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