Par Michel Gay.
Publié le 26 avril 2016
Commentaire: «La vérité nous paraît toujours odieuse quand elle ne nous est pas favorable».
Jean-Baptiste Massillon (1663-1742)
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Une analyse des chiffres qui ont été donnés au fil des années sur Tchernobyl montre qu’il est difficile d’avoir accès à des informations fiables et que le nucléaire reste un sujet sensible.
Le samedi 26 avril 1986, à 1h23, le réacteur nucléaire de Tchernobyl explose, avec rejet de matières radioactives dans l’atmosphère sous forme de gaz, d’aérosols et de combustible finement fragmenté. C’était il y a tout juste 30 ans. Cet accident nucléaire, le plus grave survenu dans le monde, va entraîner le déplacement de 270 000 personnes.
La danse macabre des médias, alimentés par les associations antinucléaires, va commencer. Dans les jours, les mois, et les années qui ont suivi cette catastrophe, des informations souvent farfelues et mensongères ont été diffusées. Hélas, « Tout mensonge répété devient une vérité ». (Chateaubriand,Mémoire d’Outre-tombe. 27-III)
30 ans plus tard, avec le recul du temps, il est possible de mettre en lumière ces mensonges proférés par des prophètes du malheur.
En France, les spécialistes en matière de radioprotection, mondialement reconnus pour leur expérience, avaient donné des avis mesurés sur les très faibles retombées attendues dans notre pays. Ces avis seront confirmés ultérieurement par les rapports officiels. Ils ont été ignorés et déformés, sans aucun souci de vérité. Cela ira jusqu’à la diffamation, reconnue par la justice1, du Professeur Pellerin, avec la fameuse expression du « nuage arrêté aux frontières » inventée par un journaliste de la télévision.
L’aspect inoffensif du nuage sur le plan sanitaire sera confirmé à plusieurs reprises :
– par l’Agence pour l’Énergie Nucléaire (AEN), dans son rapport de novembre 1995, et publié par l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE),
– par l’Organisme de Protection contre les Radiations Ionisantes (OPRI) et par l’Institut de Protection et de Sécurité Nucléaire (IPSN) qui publient en mai 1997 une étude conjointe « sur les taches résiduelles de césium 137 » assurant que « la santé des personnes ne pourrait pas être mise en danger par cette radioactivité très faible »,
– enfin par l’enquête coordonnée par le Comité Scientifique des Nations Unies pour l’Étude et l’effet des Rayonnements Atomiques (UNSCEAR), publiée dans l’année 2000.
Mais peu importe ! Qui s’en soucie ?
Tchernobyl, la naissance d’une rumeur
De source soviétique, il a toujours été déclaré 3 morts, brûlés par l’explosion du réacteur. Cependant, le 30 avril (soit 4 jours après l’accident) TF1 reprend le chiffre de 2 000 morts selon une information officieuse, donnée par un responsable du Pentagone, d’après des rumeurs ou des informations qui seraient arrivées jusqu’à la Maison Blanche… Malgré les précisions (Pentagone, Maison Blanche), l’information est entièrement fabriquée. Mais ce n’est qu’un début ! Le pire est à venir.
Paris-Match, en avril 1990 parle de : « 7 000 morts recensés par les écologistes ukrainiens » et ajoute que d’après Boris Eltsine (!) lui-même : «Il y a 10 à 15 fois plus d’enfants atteints de malformations qu’avant l’accident, dans les républiques de Russie et de Biélorussie » de même: « Les cas de leucémie ont augmenté de 50 % » et : « La simple logique (!) montre que la proportion d’anomalies génétiques a considérablement augmenté depuis ».
À la même époque, dans le n° 2330 du 26 avril 1990 de La Vie, Jean-Marie Pelt fait une autre comptabilité, à propos de son livre Le tour du monde d’un écologiste : il laisse entendre que Tchernobyl, comme Bhopâl, a fait 4 000 morts, et provoque 500 morts par an par malformations et cancers. Il ajoute : « On mourra encore de Tchernobyl en 2050… certains « experts » (?) parlent de 30 000 à 40 000 personnes ».
En 1993, trois ans après, la même revue, dans le n° 2513 réévalue le nombre de morts à 8 000 parmi 150 000 irradiés. Il faut tout de même observer qu’avec le taux annuel moyen de mortalité normal (de toute nature) de l’ordre de 1 % observé en France, et sur 7 ans (de 1986 à 1993), ce sont plus de 10 000 personnes qui sont passées de vie à trépas dans une population non-irradiée de 150 000 personnes.
Le 3 janvier 1991, L’Express titre : Tchernobyl ou l’impossible bilan !
On s’attend enfin à une grande honnêteté ! Mais non, il y a tout de même un bilan (!), et on nous propose 7 000 morts.
En 1994, huit ans après l’accident, Le Courrier de l’Ouest du 24 avril, et également Ouest-France du 26 avril, annoncent « au moins 6 000 des 350 000 volontaires appelés sur place pour apporter les premiers secours, dits aussi « liquidateurs », sont morts ».
Or, compte tenu du taux de mortalité moyen annuel de la tranche d’âge des liquidateurs (environ 0,25 %, comme partout en Europe), on arrive à 7 000 morts 2 sans avoir besoin d’ajouter l’effet de l’irradiation. Les liquidateurs ne sont évidemment pas immortels !
Mais peu importe, le mois suivant, le 11 mai, Le Courrier de l’Ouest s’emballe et publie l’estimation d’un expert russe, Vladimir Chernonsenko, qui prévoit « 15 millions de nouveaux décès d’ici 10 ans dans l’ex URSS ».
Voilà qui devient délirant !
En effet, avec une population de 250 millions d’habitants, entre 20 et 25 millions de morts naturelles seront à déplorer en 10 ans. S’il faut ajouter les 15 millions supplémentaires de Vladimir Chernonsenko, l’hécatombe devient pire que celle des épidémies de peste du Moyen-âge. Et elle aurait dû entraîner un quasi doublement des effectifs des pompes funèbres.
Et ce ne fut pas le cas !
Science et Vie, n° 878, novembre 1991 ; « le nombre de Soviétiques qui mourront par cancer des suites de l’accident, varie de 50 000 à 560 000, selon les estimations ».
La cacophonie qui commence est telle que déjà apparaît le caractère inconsistant et non crédible des informations.
Et ça continue : dans Le Point, n° 1135 du 18 juin 1994: « Un Tchernobyl 2, réédition de la catastrophe du 26 avril 1986, se solderait par un nouveau désastre après les 8 000 morts de la première explosion ». On retrouve les 8 000, comme si chacun se repassait le chiffre avec gourmandise, sans préciser parmi quelle population, et sans recoupement ni contrôle de crédibilité.
Et puis on arrive en 1996, au dixième anniversaire.
Dans La Croix du 10 avril 1996, le professeur Chernonsenko revient sur la scène, conteste les chiffres officiels, et parle de: « 7 000 à 10 000 morts, en 1991, parmi les 650 000 liquidateurs ». Ce qui, une fois de plus, correspond à l’ordre de grandeur de la mortalité normale. Les liquidateurs ne sont toujours pas immortels !
Le vendredi 26 avril, jour anniversaire, FR3 Nantes lâche : « Les millions de morts de Tchernobyl » sans aucune justification, ni source d’information.
Plus grave, l’hebdomadaire officiel de l’Éducation nationale, Les clés de l’actualité, destiné sans doute aux différents centres de documentation des établissements scolaires, affirme dans le n° 200 d’avril 1996 : « 8 000 personnes sont déjà mortes, mais on ignore combien il y en a encore ».
On retrouve toujours le même chiffre repris sans contrôle.
Le 30 novembre 1996, et malgré les informations officielles publiées antérieurement, France Inter annonce au bulletin de 13 heures que l’accident a causé : « Plusieurs dizaines de millions de morts ».
On ne peut arrêter la déferlante malgré les demandes de rectifications qui restent lettre morte. La transparence si exigée des nucléocrates est à sens unique.
Le 28 mai 1998, Ouest France va même affiner les chiffres précédents et précise : « 12 519 morts en 12 ans selon le ministre ukrainien de la santé, parmi les 350 000 liquidateurs ». Malgré la précision, qu’on pourra apprécier, on retrouve toujours la non immortalité des liquidateurs.
Nous arrêterons cette litanie des morts au 24 décembre 2000, veille de Noël, avec Radio France Internationale (RFI), où l’écologiste Jean-Marie Pelt, très demandé par les médias, déclare une fois de plus : « Il faut savoir que Tchernobyl aura fait une dizaine de milliers de morts. On ne connaît pas le chiffre exact parce que les cancers sont étalés dans le temps, mais ce sera des dizaines de milliers, peut-être 100 000 morts ».
2 000, 7 000, 8 000, 12 519, 100 000, quinze millions. Peu importe dirait Tchitchikov, le héros de Gogol « j’achète ! et ainsi je pourrai emprunter beaucoup ! » Nos médias font comme Tchitchikov, ils achètent tous les chiffres pour satisfaire leur propension au catastrophisme qui se vend si bien.
Où est la vérité ?
Et si on allait voir ailleurs que dans les médias ? Par exemple dans les informations officielles fournies dans les rapports des instances internationales chargées des études sur les conséquences de la catastrophe. Curieusement, les médias, ou bien les ignorent ou, au mieux, s’ils y font partiellement allusion, c’est pour les dénigrer. Car bien sûr, il n’y a que les organisations dites indépendantes, et malheureusement toutes antinucléaires, qui sont dignes de foi…
En 1996, soit 10 ans après l’accident, l’organisation de coopération et de développement européen (OCDE) a publié un rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) qui indique 28 décès auxquels il faut ajouter les 3 brûlés au moment même de l’explosion, soit 31 morts.
« Aucune progression n’a été observée en ce qui concerne la leucémie, les malformations congénitales, les taux d’avortement spontanés ou toute autre affection induite par les rayonnements sur la population, soit des régions contaminées, soit de l’Europe occidentale, qui puisse être imputée à cette exposition. Selon toute vraisemblance, la surveillance de l’ensemble de la population ne fera pas apparaître une augmentation notable de la fréquence des cancers ».
Bien que le cancer de la thyroïde soit dramatique pour la personne atteinte, il faut noter qu’il se soigne bien, notamment chez l’enfant, et 99 % des cas relevés ont été guéris.
Alors, où est la vérité… Les organismes officiels et les médecins seraient-ils tous des vendus au lobby nucléaire parce qu’ils infirment totalement les déclarations catastrophistes des organisations antinucléaires relayées par les médias ?
En résumé
Oui, Tchernobyl a été la cause directe d’une trentaine de morts et la cause première de plusieurs centaines de décès prématurés dus au traumatisme des déplacements imposés (on sait aujourd’hui qu’ils étaient injustifiés), et aux suites psychologiques de ce drame (alcoolisme, maladies diverses, suicides…). Tout le reste n’est qu’une suite d’affabulations effrayantes et de mensonges grossiers maintenant mis en évidence à la lumière de 30 ans d’observations.
Tchernobyl a été construit par un régime totalitaire communiste sans souci de la sécurité de ses citoyens. Ce réacteur avait été programmé pour produire du plutonium de qualité militaire pour produire des bombes atomiques au moindre coût. Les victimes ont été assassinées par un manque de sens des responsabilités de la part de leur gouvernement.
Non, Tchernobyl n’est pas une raison suffisante pour décider de se passer du nucléaire pour les pays, dont la France, qui ont les capacités humaines et industrielles de bénéficier de cette technologie.
Au contraire, il faut y investir nos talents pour développer de plus en plus, en toute sûreté, la production d’électricité à partir de l’énergie nucléaire. Ses avantages en termes de santé et de niveau de vie sont bien supérieurs à ses inconvénients. Elle contribue à la production d’énergie massive et bon marché nécessaire au développement et à l’épanouissement de l’humanité.
1.Voir les explications complètes et les références dans le livre « Vive le nucléaire heureux ! » publié en mars 2016..
2.350 000 x 0,25 % x 8 ans = 7 000 morts.
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