Everest : 5 tonnes de déchets récupérés à 7 000 mètres d’altitude


La Relève et La Peste
20 septembre 2018 -

Malgré le froid polaire et l’oxygène raréfié, les pentes de l’Everest n’échappent pas aux déchets. Une expédition française, menée par l’association Montagne et partage, vient d’en apporter une nouvelle fois la preuve en redescendant au cours du mois de mai plus de 5 tonnes de déchets du plus grand sommet du monde.
 
Même à plus de 7 000 mètres d’altitude, les traces du passage de l’homme parsèment la nature. Malgré les efforts redoublés d’alpinistes amoureux du toit du monde, l’Everest déborde d’ordures abandonnées par des grimpeurs peu scrupuleux. Une situation que le Népal peine à faire changer.

Les éboueurs français


Malgré le froid polaire et l’oxygène raréfié, les pentes de l’Everest n’échappent pas aux déchets. Une expédition française, menée par l’association Montagne et partage, vient d’en apporter une nouvelle fois la preuve en redescendant au cours du mois de mai plus de 5 tonnes de déchets du plus grand sommet du monde. « On a dû laisser cinq autres tonnes qui étaient visibles, et il y en a encore bien plus qui ne se voient pas, dans les crevasses », témoigne Gérard Clermidy, président de l’ONG et membre de cette expédition écologique, composée de 4 Français et de 15 Népalais.
 
Crédit Photo : Everest Green

Avec plus de 4000 ascensions recensées, en nette hausse depuis que le Népal a baissé le coût dont les expéditions doivent s’acquitter pour l’entreprendre, le toit du monde est de plus en plus fréquenté. Manne touristique pour le pays (3,5 millions de dollars de bénéfice par an pour le Népal), défi ultime pour les alpinistes de tous horizons (notamment depuis l’exploit de l’Espagnol Kilian Jornet, qui a vaincu le sommet à deux reprises en une semaine), l’activité n’est pourtant pas sans conséquences néfastes pour l’écosystème local, qu’il s’agisse de la population ou de la nature.

Topologie des déchets

A cet égard, les initiatives pour attirer l’attention sur le problème des déchets, tout en nettoyant autant que possible le massif, se sont multipliées depuis quelques années. Ainsi, le japonais Ken Noguchi mène depuis 2000 une campagne annuelle de nettoyage, rassemblant à chaque expédition environ 500 kg de déchets sur son dos et celui de ses collaborateurs. Dans ce rebus de haute altitude, on trouve principalement du matériel usagé ou abandonné (cordes, bombonnes d’oxygène, tentes), ainsi que des ordures plus classiques (emballages, boîtes de conserve, nourriture avariée).
Du fait des températures extrêmement basses, les déchets, même organiques, ne se décomposent pas, et maculent les pentes enneigées presque éternellement. Pour attirer l’attention sur le problème, Ken Noguchi organise des expositions autour des déchets au Japon, puisant dans les 9 tonnes qu’il a extraites de la montagne depuis 2000. Depuis, dit-il, le massif est « plus propre ».



Détail macabre et fascinant : parmi les « déchets » que renferme l’Everest, on compte de nombreux cadavres de malheureux alpinistes, dont les vêtements bariolés constellent parfois le bord des itinéraires d’ascension. A l’instar des ordures, ces cadavres sont figés par le froid et il faut les descendre à dos d’homme ou par hélicoptère. Gare cependant à ne pas retirer certaines dépouilles devenues repères pour les alpinistes, comme « Green Boot », le cadavre d’un grimpeur indien mort en 1996, qui sert aujourd’hui de jalon aux grimpeurs. Le travail d’une équipe de sherpas pour extraire de leur tombe glacée ces dépouilles a d’ailleurs fait en 2016 l’objet d’un documentaire, intitulé Death Zone: Cleaning Mount Everest.

Quand l’Everest n’est pas laid

Le cas des corps d’alpinistes mis à part, le nettoyage du mont Everest ne devrait pourtant pas poser un tel problème. Depuis 2014, le Népal oblige tout candidat à l’ascension à contribuer à l’effort de nettoyage en descendant en plus de ses propres déchets 8 kg d’ordures collectées durant son expédition. « Si les alpinistes ne ramènent pas les déchets, nous les poursuivrons en justice et nous les punirons », avait à l’époque prévenu le responsable du ministère népalais du tourisme. Pourtant, l’expérience indique que les contrôles comme les poursuites judiciaires sont rares.
Il faut ajouter à cela un système de traitement des ordures déficient, même à basse altitude. L’expédition de nettoyage montée par Montagne et partage a ainsi découvert, une fois les déchets non métalliques (le métal est acheminé à Katmandou par hélicoptère) descendus à dos de yak jusqu’à l’incinérateur proche de Namche Bazar, que celui-ci était hors service depuis le séisme de 2015. « Les déchets finissent par être brûlés à l’air libre », a ainsi regretté Gérard Clermidy, interviewé par l’AFP.

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