12/09/2018
A l’heure où démarre une série de rencontres
internationales sur le climat, le principal outil de financement des
projets climat entre le Nord et le Sud fait face à des problèmes de
gouvernance.
Avec le sommet de San Francisco qui s’ouvre le 12 septembre démarre aussi une série de rencontres de haut niveau sur le climat.
Après les collectivités locales et la société civile en Californie, New-York accueille le 24 septembre la « semaine du climat », en parallèle de l’Assemblée générale des Nations-Unis, où les chefs d’États se pressent.
Fin novembre, la COP24 en Pologne à Katowice est censée traduire en feuille de route concrète les engagements théoriques de l’accord de Paris (COP21). Mais entre ces grand-messes se glissent deux étapes cruciales pour l’avenir de la planète : l’assemblée générale du FMI et de la Banque mondiale à Bali, mi-octobre, juste avant une réunion du conseil d’administration du Fonds vert pour le Climat, à Bahreïn, le 17 octobre.
Or, le Fonds Vert pour le climat, ce fonds qui organise les transferts entre Nord et Sud, et est à ce titre un rouage majeur dans les négociations climatiques, est en suspens.
Lors de sa dernière réunion, en Corée début juillet, le conseil d’administration n’a pu adopter aucun des points à l’agenda. Le directeur exécutif du secrétariat, Howard Bamsey, a démissionné dans la foulée. La sortie des Etats-Unis de l’accord de Paris n’est qu’en partie à l’origine du blocage.
La réunion devait en effet trancher sur la reconstitution des réserves du fonds. Doté de 10 milliards de dollars au départ, le fonds doit en effet être reconstitué lorsque 60 % de ses actifs seront engagés.
Mais avec le départ des Etats-Unis, la dotation totale n’atteint plus que 8 milliards de dollars. Comme 3,8 milliards ont déjà été engagés, il serait temps de remplir les caisses. « Cela aurait dû intervenir en juillet, mais aucune décision n’a été approuvée. Le problème, c’est que le Fonds Vert cristallise les tensions entre les pays du Sud et du Nord » explique Audrey Rojkoff, responsable adjointe de la division climat à l’ AFD.
Gouvernance à revoir ?
Le conseil d’administration du fonds a une structure originale : il est composé de 12 représentants de pays du Sud et de 12 du Nord, contrairement aux bailleurs de fonds traditionnels comme la Banque mondiale ou le FMI où la place faite aux pays en développement est minime. Une belle idée a rapidement trouvé ses limites : les décisions doivent être adoptées au consensus selon les statuts du fonds, ce qui s’avère compliqué. Certains pays du Nord souhaiteraient donc revoir les règles de gouvernances avant de remettre au pot. Mais pour le Sud, c’est plutôt l’apport d’argent frais qui est prioritaire.
« Il faut absolument débloquer cette situation, le Fonds vert est essentiel dans la finance climat », assure Rémy Rioux, directeur de l’ AFD.
L’agence a justement un projet ambitieux qui attend d’être financé par la structure internationale. Soit 300 millions de dollars destinés à ouvrir des lignes de crédit aux banques des pays du Sud pour financer des projets d’adaptation. C’est un des exemples de projets qui prend du retard en raison du blocage actuel.
Allemagne et France mobilisées pour faire bouger les lignes
« Les pays du Nord ont tendance à dire que c’est le Sud qui bloque, mais c’est plus compliqué. Certains pays africains sont très constructifs, certains pays du Nord ne le sont pas du tout » note Audrey Rojkoff.
Durant les débats de l’organisation disponibles en ligne , les délégués d’Afrique du Sud, d’Égypte et d’Arabie Saoudite apparaissent souvent comme les empêcheurs de tourner en rond. Les Etats-Unis, qui resteront présents au conseil tant que leur quote part ne sera pas dépensée, n’aident visiblement pas non plus. L’Allemagne tente actuellement de peser de tout son poids diplomatique pour tenter de rétablir le fonctionnement du fonds, ce que la France souhaite également.
« Le Fonds vert et les engagements de financement des pays développés ont ouvert la porte à l’accord de Paris sur le climat. Nous n’aurions jamais eu les engagements de tous les pays du Sud s’ils n’avaient pas eu l’assurance d’avoir de l’aide» soulignait dans une tribune Laurence Tubiana, à la tête de la Fondation européenne pour le climat, en juillet.
Les crispations devraient s’apaiser avec le renouvellement complet du conseil d’administration, attendu pour début 2019, mais le doute plane quant à la réunion d’octobre.
«Le problème, c’est que les pays ont tendance à prendre le Fonds vert pour une répétition des négociations climatiques, alors que c’est un outil. C’est pour cela qu’il faut absolument apaiser les tensions avant la COP24» assure un habitué des négociations climatiques.
Avec le sommet de San Francisco qui s’ouvre le 12 septembre démarre aussi une série de rencontres de haut niveau sur le climat.
Après les collectivités locales et la société civile en Californie, New-York accueille le 24 septembre la « semaine du climat », en parallèle de l’Assemblée générale des Nations-Unis, où les chefs d’États se pressent.
Fin novembre, la COP24 en Pologne à Katowice est censée traduire en feuille de route concrète les engagements théoriques de l’accord de Paris (COP21). Mais entre ces grand-messes se glissent deux étapes cruciales pour l’avenir de la planète : l’assemblée générale du FMI et de la Banque mondiale à Bali, mi-octobre, juste avant une réunion du conseil d’administration du Fonds vert pour le Climat, à Bahreïn, le 17 octobre.
Or, le Fonds Vert pour le climat, ce fonds qui organise les transferts entre Nord et Sud, et est à ce titre un rouage majeur dans les négociations climatiques, est en suspens.
Lors de sa dernière réunion, en Corée début juillet, le conseil d’administration n’a pu adopter aucun des points à l’agenda. Le directeur exécutif du secrétariat, Howard Bamsey, a démissionné dans la foulée. La sortie des Etats-Unis de l’accord de Paris n’est qu’en partie à l’origine du blocage.
La réunion devait en effet trancher sur la reconstitution des réserves du fonds. Doté de 10 milliards de dollars au départ, le fonds doit en effet être reconstitué lorsque 60 % de ses actifs seront engagés.
Mais avec le départ des Etats-Unis, la dotation totale n’atteint plus que 8 milliards de dollars. Comme 3,8 milliards ont déjà été engagés, il serait temps de remplir les caisses. « Cela aurait dû intervenir en juillet, mais aucune décision n’a été approuvée. Le problème, c’est que le Fonds Vert cristallise les tensions entre les pays du Sud et du Nord » explique Audrey Rojkoff, responsable adjointe de la division climat à l’ AFD.
Gouvernance à revoir ?
Le conseil d’administration du fonds a une structure originale : il est composé de 12 représentants de pays du Sud et de 12 du Nord, contrairement aux bailleurs de fonds traditionnels comme la Banque mondiale ou le FMI où la place faite aux pays en développement est minime. Une belle idée a rapidement trouvé ses limites : les décisions doivent être adoptées au consensus selon les statuts du fonds, ce qui s’avère compliqué. Certains pays du Nord souhaiteraient donc revoir les règles de gouvernances avant de remettre au pot. Mais pour le Sud, c’est plutôt l’apport d’argent frais qui est prioritaire.
« Il faut absolument débloquer cette situation, le Fonds vert est essentiel dans la finance climat », assure Rémy Rioux, directeur de l’ AFD.
L’agence a justement un projet ambitieux qui attend d’être financé par la structure internationale. Soit 300 millions de dollars destinés à ouvrir des lignes de crédit aux banques des pays du Sud pour financer des projets d’adaptation. C’est un des exemples de projets qui prend du retard en raison du blocage actuel.
Allemagne et France mobilisées pour faire bouger les lignes
« Les pays du Nord ont tendance à dire que c’est le Sud qui bloque, mais c’est plus compliqué. Certains pays africains sont très constructifs, certains pays du Nord ne le sont pas du tout » note Audrey Rojkoff.
Durant les débats de l’organisation disponibles en ligne , les délégués d’Afrique du Sud, d’Égypte et d’Arabie Saoudite apparaissent souvent comme les empêcheurs de tourner en rond. Les Etats-Unis, qui resteront présents au conseil tant que leur quote part ne sera pas dépensée, n’aident visiblement pas non plus. L’Allemagne tente actuellement de peser de tout son poids diplomatique pour tenter de rétablir le fonctionnement du fonds, ce que la France souhaite également.
« Le Fonds vert et les engagements de financement des pays développés ont ouvert la porte à l’accord de Paris sur le climat. Nous n’aurions jamais eu les engagements de tous les pays du Sud s’ils n’avaient pas eu l’assurance d’avoir de l’aide» soulignait dans une tribune Laurence Tubiana, à la tête de la Fondation européenne pour le climat, en juillet.
Les crispations devraient s’apaiser avec le renouvellement complet du conseil d’administration, attendu pour début 2019, mais le doute plane quant à la réunion d’octobre.
«Le problème, c’est que les pays ont tendance à prendre le Fonds vert pour une répétition des négociations climatiques, alors que c’est un outil. C’est pour cela qu’il faut absolument apaiser les tensions avant la COP24» assure un habitué des négociations climatiques.
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