Pyrénées : qui empoisonne les rapaces?

Clément Gassy  
26/09/2018 




Plusieurs espèces de rapaces sont régulièrement empoisonnées dans les Pyrénées 

Gypaète barbu, vautour percnoptère et fauve, milan royal : ces quatre espèces protégées ont deux points communs. Elles se nourrissent de cadavres et sont la cible d’empoisonnements. Le réseau Vigilance poison, animé par la Ligue de protection des oiseaux (LPO), collecte depuis 15 ans à l’échelle du massif des Pyrénées, leurs cadavres pour déterminer les causes de leur mort.

Les résultats sont sans appel : 24 % des cas de mortalité sont dus à l’usage illégal de poisons. « Les empoisonnements illégaux s’effectuent généralement par dépôt d’appâts contaminés par des produits toxiques interdits et utilisés à doses concentrées », précise la LPO dans un communiqué.
Deux cas de figure sont identifiés par l’association : certains rapaces sont visés directement par des personnes, tandis que d’autres, situés en bout de chaîne alimentaire, consomment vraisemblablement des cadavres d’animaux eux-mêmes empoisonnés. 


La LPO dénonce l'empoisonnement direct ou indirect de nombreux rapaces nécrophages (Photo LPO).

Un délit passible de 150 000 € d'amende et deux ans de prison
Sur 170 cadavres de rapaces nécrophages collectés, 48 cas de mortalité sont dus au poison. « Ces chiffres ne sont que la face émergée de l’iceberg. En effet, il est très difficile de trouver dans la nature un cadavre de rapace pour effectuer une analyse écotoxicologique. Pour un rapace collecté, combien meurent dans la nature sans avoir pu être analysés ? », s’interroge la LPO.
Un phénomène très inquiétant quand on sait que les Pyrénées abritent plus de la moitié de la population française et européenne de rapaces nécrophages. Ces comportements sont pourtant sanctionnés par le code de l’Environnement. Il prévoit jusqu’à 150 000 € d’amende et deux ans d’emprisonnement, sachant que l’amende est doublée si le délit est perpétré dans le cœur d’un parc national ou d’une réserve naturelle.
Mais la présence de vautours ne se limite pas aux Pyrénées. Récemment, des dizaines de spécimens ont été aperçus en train de manger deux veaux et une vache dans le Tarn.

Des dossiers souvent classés "sans suite"

« Cependant, malgré de nombreux cas d’empoisonnement d’espèces protégées chaque année dans les Pyrénées, les dossiers sont le plus souvent classés sans suite et les rares sanctions émises restent peu dissuasives », note l’association.
La LPO présente une série de mesures qu’elle souhaiterait voir en place pour mieux combattre ce phénomène : créer des commissions rogatoires pour une intervention plus rapide, créer des brigades canines anti-poisons, former des agents de la police de l’environnement et des magistrats afin de démanteler ces filières d’approvisionnement.
La sensibilisation du grand public doit aussi être renforcée. Dans ce but, la LPO et ses partenaires ont édité un livret pédagogique à télécharger pour expliquer les méfaits de ce phénomène pour ces espèces protégées.

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