Devoirs de vacances

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14/07/2016


Commentaire: Pour celles et ceux qui partent... N'oubliez pas de revenir!
Bonne chance et belles vacances.

ZÉRO ÉOLIENNE et BASTA!
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J’avoue que j’ai du mal à me motiver pour tenir mes chroniques sur ce blog. Etant parmi les chanceux qui peuvent s’offrir trois semaines au bord de la mer, je profite pour me mettre à jour de mes lectures, et j’ai du mal à m’asseoir au clavier pour écrire quelque chose de vraiment construit. Alors, sachez excuser si ce papier vous parait décousu, c’est un vrai papier de vacances.


D’abord, mes lectures. Plus le temps passe, et plus j’ai envie d’aller chercher dans le passé les sources et les références pour comprendre le présent. Du coup, je me mets à reculer dans le temps. Cette année, c’est le XVIIème siècle qui m’intéresse, et c’est donc autour de Richelieu et de Louis XIII, de Colbert, de Louvois et de Louis XIV que tournent mes lectures. Pour ceux qui me demandent des recommandations, je vous propose « Règner et gouverner : Louis XIV et ses ministres » de Thierry Sarmant et Mathieu Stoll, et « L’homme rouge : vie du cardinal de Richelieu » de Roland Mousnier. Deux livres passionnants qui détruit utilement le mythe de la « table rase » et montrent combien la créativité institutionnelle, politique et administrative de la Révolution et de l’Empire ne fait en fait que couronner des transformations commencées bien avant. Et notamment la constitution de la Nation et de l’Etat comme institutions. Ainsi, Stoll et Sarmant citent un document magnifique : Dans un mémoire écrit pour Louis XIV, Louvois, ministre de la guerre, propose une mesure en finissant « c’est ce qui sera le meilleur pour le service du Roi ». Dans le brouillon conservé, Louvois raye « du Roi » pour le remplacer par « de l’Etat ». On trouve l’écho des derniers mots de Louix XIV mourant : « je m’en vais, mais l’Etat demeurera toujours », tout comme la devise de Colbert qui sert d’introduction à ce blog : « pour le roi souvent, pour la patrie toujours ».
Et pour revenir au présent, rien de mieux que le dernier livre de Marcel Gauchet, « Comprendre le malheur français ». Les lecteurs qui suivent ce blog ne seront pas dépaysés en lisant ce livre. Bien des analyses de Gauchet convergent avec celles que j’ai développés ici. Mais le livre m’a déçu sur un point fondamental : Gauchet est un antimatérialiste. Pour lui, tout se passe dans le plan des idées. Et du coup, s’il peut constater comme je le fais un certain nombre de symptômes, il n’arrive pas à les expliquer, se contentant d’un « je ne comprends pas » ou d’un « c’est incompréhensible » alors qu’un zeste de matérialise rend les transformations en question parfaitement cohérentes…
Mais même entourés de bons bouquins, difficile de se couper de l’actualité. Et l’actualité, c’est la dissolution tranquille de la Vème République. Bien sur, la Constitution est là, tout comme les institutions, en apparence toujours aussi solides. Mais les institutions ne sont rien sans les hommes pour les faire fonctionner. Et sur ce plan, c’est vraiment un désastre de proportions bibliques. Chaque jour ou presque apporte la démonstration d’une caste politico-médiatique n’ayant d’autre boussole que sa carrière, et dont le sens de l’Etat est aussi réduit que la culture historique.
Il y eut l’épisode de la rentrée des écologistes au gouvernement, opération politique destinée à récompenser des services rendus. Non pas à l’Etat, bien entendu, mais au premier secrétaire de la France, que par abus de langage nous appelons président de la République. En d’autres temps, on se contentait de trente deniers, aujourd’hui il leur faut un ministère. Et au besoin on en crée : on a vu ainsi apparaître un « ministère de la Biodiversité » - occupé par l’ineffable Barbara Pompili, dont la connaissance de la faune écologiste sera précieuse - exemple frappant de création d’emploi fictif. Et puis, qui de mieux qualifié qu’un carriériste avoué comme Placé pour s’occuper de la carrière des fonctionnaires ?
Nous avons eu ensuite la séquence El Khomri, ministre totalement inexpérimentée désignée à la tête d’un des ministères les plus difficiles, totalement absente dans les rapports avec les partenaires sociaux et portant à moitié une loi qu’elle n’a pas écrite et qui est portée par un Premier ministre qui en a fait une question d’autorité, non pas de l’Etat, mais de sa personne. Il faut remonter à 1995 pour trouver un Premier ministre « droit dans ses bottes » aussi incapable d’établir avec les syndicats des canaux de négociation – fussent-ils confidentiels – et de créer un rapport de confiance avec eux.
Mais tout ça n’arrive à la cheville du psychodrame Macron. La coqueluche des médias continue son chemin d’égo-politicien : discours creux, propositions bateau, show à l’américaine. Rien de nouveau depuis que j’avais commis ici même un papier sur l’égo-politique. Ce qui est nouveau, par contre, c’est que l’égo-politicien peut se permettre de défier le président de la République et le Premier ministre, de critiquer la politique du gouvernement dont il est membre et de proposer une politique alternative sans susciter d’autre réponse que des commentaires assassins et des « recadrages » verbaux. Un Premier ministre mis en cause qui déclare « il faut que cela cesse » mais qui ayant le pouvoir de « faire cesser » ne s’en sert pas. Un président qui se tait. Et pourquoi donc ? Parce que l’un et l’autre craignent qu’en quittant le gouvernement Macron puisse devenir un rival électoral dangereux. La solidarité ministérielle, la discipline du gouvernement et donc l’autorité de l’Etat sont remises en cause pour un simple calcul électoral.
Bien sur, l’ambition personnelle a toujours existé. Et il est bon qu’elle existe puisqu’elle pousse les gens à se dépasser. Mais pour Richelieu ou Colbert, l’ambition personnelle était subordonnée au service de l’Etat. On devenait grand en servant un grand Roi, puis un grand Etat. Qu’auraient pensé Richelieu ou Colbert de François Hollande nommant Jean-Vincent Placé ministre et tolérant les incartades de Macron ? Je n’ose l’imaginer…
La mécanique infernale de la primaire révèle la médiocrité ambiante. C’est le règne du « pourquoi pas moi ». Et en effet : plus la moindre autocensure, plus la moindre conscience de ses limites. Le plus médiocre des égo-politiciens annonce sa participation à une primaire, ou se déclare directement candidat. Imaginez-vous De Rugy ou Benhamias présidents de la République ? Eux, oui. Et ils n’ont pas tout à fait tort : si Hollande a pu se faire élire, pourquoi pas eux ?
Heureusement pour nos politiques, ce pays a des institutions solides et une administration capable de faire fonctionner les services publics et de défendre le pays sans l’intervention des politiques. Autrement, leurs têtes seraient déjà sur des piques. Mais l’absence du politique finit par corrompre l’ensemble du système. Les hauts fonctionnaires, laissés sans guide ou transformés en chargés de communication par des ministres qui ne s’intéressent qu’à ça, finissent par se décourager et par aller dans le privé, ou l’on peut au moins gagner de l’argent. L’accumulation des mesures, des demi-mesures et des contre-mesures prises pour satisfaire tel ou tel lobby sans la moindre perspective font perdre sa cohérence au système et transforment les fonctionnaires en pompiers courant à droite et à gauche pour éteindre les incendies que les ministres ont allumés.
Et hors du gouvernement, ce n’est guère mieux. A droite, c’est la surenchère des démagogues laissant libre cours aux délires les plus droitiers avec l’espoir de décrocher la primaire – ce sont les électeurs de droite et eux seuls qui voteront – délires qu’on jettera par-dessus bord ensuite pour adopter un discours plus « rassembleur » destiné à capter les voix dans l’autre camp. Dans la gauche radicale, Mélenchon remet en route la stratégie mitterrandienne en essayant de capter les voix et la structure du PCF en divisant ce parti, avec la complicité de quelques traîtres comme Parny ou Marie-George Buffet. Mais nulle part un véritable débat sur les questions de fond.
Comment dans ces conditions s’étonner du désintérêt de nos concitoyens pour la chose politique ? Je crains que la période électorale qui s'ouvrira en septembre, et qui devrait être une opportunité de faire de al vraie politique ne soit finalement bien terne. Voilà le défi qui concerne au premier chef tous les progressistes...


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