Jacques Masurel
Publié le 18 septembre 2017
Un café de commerce, quelque part en France…
Quelle tristesse, s’exclame le « patron » du café à l’attention de quatre copains qui venaient de prendre place au bar. Voir quelques-uns des plus beaux sites de la planète défigurés, réduits à néant, des populations qui ont tout perdu, des pauvres gens anéantis, des morts innocentes, cela me bouleverse. Excusez mon côté chauvin, mais cela me bouleverse d’autant plus que c’est en France que ça se passe…
Ainsi va la vie ! Rétorque avec componction un homme de petite taille au teint rougeaud ajoutant à l’appui de sa thèse un geste onctueux des mains.
Peut-être… Mais, suggère un individu au visage énergique dont les traits sont accentués par des rides précoces, on ne me retirera pas de la tête l’idée que si la spéculation était maitrisée on n’aurait pas construit n’importe où et n’importe comment et l’on aurait aujourd’hui bien moins de dégâts. On se trouve devant un parfait exemple de ce que produit l’économie libérale…
Un peu facile rétorque son voisin, l’œil pétillant à l’idée de pouvoir étaler son savoir en matière de cyclones. J’en ai vu d’autres et je peux vous dire que, dans le monde artificiel que nous sommes en train de créer, nous avons perdu la mémoire. Les cyclones sont en effet des phénomènes naturels qui permettent d’évacuer la chaleur accumulée par les océans. Il se fait simplement que cette année les conditions leur sont très favorables.
Des conditions favorables qui permettent au gouvernement de jouer la carte de la compassion ! persiffle le « patron ».
En tant que membre de « Sauvons le climat » je voudrais vous suggérer une hypothèse qui vous semblera peut-être inconvenante, déclara celui qui s’était tu depuis que le petit groupe s’était installé au bar.
Vous savez sans doute qu’entre 1970 et aujourd’hui le taux de gaz carbonique contenu dans l’atmosphère est passé de 320 ppm en 1970 à 400 l’an dernier, ce qui est du jamais vu depuis des millénaires. C’est cette hausse qui est à l’origine des dérèglements climatiques que nous constatons. Tout le monde s’accorde pour admettre qu’elle est provoquée par un usage excessif de carburants d’origine fossile. Au train où nous allons des « Irma » deviendront plus puissants et l’avenir des petites îles se posera.
En fait nous sommes maintenant en droit de nous poser la question de savoir si Irma est une catastrophe uniquement naturelle…
Cela peut devenir intéressant ! suggéra le petit homme dont le teint du visage s’était coloré.
Merci ! Je vais donc me permettre d’aller plus loin et affirmer qu’ Irma aurait été beaucoup moins joufflue si tous les pays de l’OCDE avaient, comme la France depuis 1970, réduit d’un tiers[1] leurs émissions de gaz carbonique. Comme vient de l’expliquer notre ami, il y aurait eu moins de chaleur à évacuer des océans et les cyclones seraient moins violents.
Se pose la question de savoir pourquoi d’autres pays n’ont pas suivi la même voie que la France (ou la Suède), et qui sont les responsables de cette attitude ?
On pense, bien sûr, aux lobbys charbonniers, pétroliers et gaziers ; c’est dans l’ordre des choses. Mais comment ne pas sentir monter la colère quand on constate que ce sont ceux qui se targuent d’être les vrais défenseurs de l’environnement et de la planète qui sacrifient consciemment la lutte contre le réchauffement climatique à leurs a priori idéologiques ? En prêtant main forte à ces lobbys, en toute ignorance pour beaucoup, mais en toute complicité pour certains, ils se contredisent gravement et nous mettent en danger.
Nous n’avons malheureusement pas le temps d’attendre que d’autres solutions et notamment celles qui impliquent le stockage de grandes quantités d’électricité soient au point, (probablement pas avant plusieurs dizaines d’années). Il faut utiliser toutes les formes d’énergie disponibles, dont l’énergie nucléaire, une énergie qui a su montrer sa fiabilité et sa sécurité depuis 50 ans en France. Il est temps que la lutte contre le réchauffement climatique devienne une priorité absolue. Il est temps que cessent les pudeurs de jeunes filles de certains experts climatiques qui pourraient prendre exemple sur le grand climatologue James Hansen[2]
N’y allez-vous pas un peu fort reprit le « patron » ?
Non, et quand je vois les malheurs que nous prépare le réchauffement climatique, je ne crois pas que l’on puisse se passer d’une large part de nucléaire dans le mix énergétique des grands pays émetteurs de CO2. Franchement, je ne comprends pas que tant de gens puissent, comme les allemands et bon nombre de pays européens, considérer qu’il est plus important de se débarrasser des centrales nucléaires que de réduire les émissions de CO2. Heureusement qu’en dehors de l’Europe les choses se passent souvent autrement. Plus de 200 réacteurs sont en construction ou en projet…
Au nom d’ Irma, je suggère donc, que vous veniez rejoindre « Sauvons le climat », une association qui milite pour que l’on apprenne à compter et à dépasser des idéologies de la peur.
- Bien vu pour la pub ! s’exclamèrent en cœur les quatre amis, non sans constater que les faits « pourraient bien finir par donner raison à Sauvons le Climat » ...
[2] James Hansen, directeur du GISS de 1981 à 2013 (NASA Goddard Institute for Space Studies à New York, qui fait référence pour l’observation du climat) a été le premier à avoir témoigné devant le Sénat US sur la réalité du réchauffement climatique. L’Administration de George Bush, dominée par le lobby pétrolier, avait tenté, en vain, de le faire taire en 2005. A la COP21 il a pris position publiquement et très clairement en faveur de l’énergie nucléaire, provoquant l’irritation ou l’ironie des économistes et journalistes français bobos suffisants et antinucléaires ralliés à la bannière de Green Peace.
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