Huet Sylvestre
24/09/2017
Le Groenland vu par satellite (Nasa)
Surprise : pour la première fois depuis le début du siècle, la calotte de glace du Groenland sera plus épaisse que l’année d’avant. Un phénomène moins dû à une fonte estivale particulière qu’à de fortes chutes de neige en octobre, février et mai derniers.
C’est la fin de l’été boréal et donc l’heure du bilan pour la banquise arctique et la calotte du Groenland. La saison de fonte estivale a été très lente à démarrer, jusqu’à presque mi-juillet, mais s’est ensuite rattrapée avec de vastes surfaces en fusion, en particulier mi-juillet et début septembre, compensant en partie le retard initial. Mais seule la partie la plus septentrionale du Groenland a vu sa fonte dépasser la moyenne des 30 dernières années. Au total, une année très loin des records de fonte connus, mais pas non plus exceptionnelle. Elle n’est donc pas la principale responsable de cette surprise. Paradoxalement, l’été 2017 a été marqué par des feux de végétation, sur la côte Ouest de l’île, observés par satellites.
286 milliards de tonnes de glace
En revanche, l’apport en chûtes de neige a été lui exceptionnel, montre le graphique ci-dessous :
Les satellites gravimétriques sont capables de mesurer avec précision l’évolution du bilan de masse du glacier qui recouvre le Groenland. Mais seulement depuis 2002.
Exceptionnel au point de rompre avec une diminution continue de la masse de glace de la calotte, soupçonnée depuis 1996 et certaine depuis que les satellites gravimétriques surveillent le bilan de masse avec précision (notamment la mission GRACE, de la Nasa).
Le graphique ci-contre montre les résultats de cette observation minutieuse qui aurait bien étonné Newton. De 2002 à 2016 la calotte du Groenland a perdu en moyenne 286 milliards de tonnes de glace par an, contribuant directement à l’élévation du niveau marin planétaire pour 0,8 millimètre par an. Une mesure dont l’incertitude n’est que de plus ou moins 21 milliards de tonnes, peu au regard du signal enregistré. Même si les différences entre années sont nettes, la tendance est spectaculaire et a fortement impressionné les glaciologues qui ne s’y attendaient pas. La remontée de 2017 restera faible – les spécialistes évaluent à 70 milliards de tonnes au dessus des valeurs moyennes depuis 30 ans l’apport exceptionnel de neige depuis août 2016 – au regard de cette tendance dont la poursuite est très probable.
Une banquise en petite forme
Du coté de la banquise arctique, 2017 restera loin des records de rétraction de 2012… mais c’est parce que l’on s’est habitué, depuis 2007, à la voir se rétrécir comme peau de chagrin. En effet, les dix rétractions estivales les plus fortes depuis 1981, date des observations par satellites, sont toutes postérieures à 2007.
La carte ci-contre, établie grâce à des observations satellitaires quotidienne des glaces de mer, montre que le passage du Nord-Est, le long de la Sibérie, était largement ouvert à la navigation maritime. Mais qu’en revanche celui du Nord-Ouest, le long du Canada, restait périlleux.
Néanmoins, la perte de surface de glace demeure spectaculaire au regard de son extension moyenne entre 1981 et 2010. En chiffres, son extension minimale était de 4,64 millions de kilomètres carrés soit 1,58 million de km² de moins que la surface moyenne sur la période de référence.
Voir
https://youtu.be/Q-8Vh4D3IjE
De l’autre côté de la Terre, le bilan non
de l’été mais de l’hiver austral fait apparaître une banquise
antarctique en deçà de ses dimensions maximale connues depuis 1981 par
satellites :
Le
graphique ci-contre montre que depuis l’hiver austral 2016, la banquise
antarctique a rompu avec plusieurs années d’extensions supérieures à sa
moyenne climatologique. La compréhension de cette évolution demeure
faible. Durant l’été austral, elle fait intervenir fortement celle du
courant océanique circumpolaire.
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