Electricité : alors, Madame le ministre de la Transition écologique, "après vous, le déluge?"

  Dans 17 mois, avril 2022, se déroulera l'élection présidentielle. Que deviendra alors Madame le ministre de la Transition écologique? Personne ne saurait le dire aujourd'hui, sauf, à pronostiquer, sans trop de risque, qu'elle ne sera plus ministre. Adieu, va!
  En revanche, ce qui est bien plus préoccupant que l' avenir de Madame le ministre,dont, honnêtement, on ne va pas se mentir, on s'en fout, c'est les devenirs de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre et du réseau d'électricité français? Et à écouter ou à lire, ici et là, les experts et autres professionnels de la profession, on pourrait résumer leur point de vue par "chronique d'une mort annoncée", si l'orientation politique actuelle perdure. Et, pour le coup, nous ne sommes pas dans la prédiction, le pressentiment, le ressenti, etc.. Surtout, se joue là, l'avenir de la France et des Français!

php

***

Pénurie possible d’électricité cet hiver: «Ce n’est pas le moment de fermer des réacteurs nucléaires»

Maxence Cordiez
ingénieur dans le secteur de l’énergie.
2020 11 20

  FIGAROVOX/TRIBUNE - Si la pandémie de Covid a exacerbé un risque d’insuffisance de l’approvisionnement électrique cet hiver, le problème est cependant plus profond et réside dans la fermeture ces dernières années de capacités de production électrique capables de produire à la demande, analyse l’ingénieur dans le secteur de l’énergie Maxence Cordiez.

 https://i.f1g.fr/media/eidos/616x347_crop/2020/11/20/XVM1b9a0d4e-2b22-11eb-b69e-6fd578484a8d.jpg

La ministre de la transition écologique, Barbara Pompili. BERTRAND GUAY/AFP


  À l’occasion d’un entretien sur BFM TV jeudi 19 novembre, la ministre de la Transition écologique et solidaire Barbara Pompili a reconnu un risque de coupures localisées d’électricité cet hiver en cas de «grosse vague de froid».

À lire aussi : Éric Zemmour: «La vraie écologie est d’essence conservatrice»

  La raison de ce risque est, selon la ministre, que «pendant des années on n’a pas fait le travail d’économie d’énergie» et «un système électrique qui est trop dépendant d’une seule énergie […] on est trop dépendant du nucléaire». Voyons ce qu’il en est en pratique.


Le réseau électrique doit être équilibré en permanence
  La production électrique doit à tout instant être égale à la demande pour que le réseau soit stable. Si un déséquilibre advient, cela peut conduire en cas de manque de production à des délestages auprès d’industriels, voire à des coupures d’électricité pour les particuliers et, en cas de surplus de production, à la dégradation d’équipements. Or, l’électricité se stocke mal et moyennant des pertes importantes.
  Les capacités de production électrique doivent donc être capables de répondre à la quasi-totalité de la demande, et notamment pendant la pointe de consommation qui a lieu en France à 19 heures en hiver. À cette heure-ci, la production solaire photovoltaïque est rigoureusement nulle et, en cas de passage d’un anticyclone froid, renforçant la demande électrique pour le chauffage, la faiblesse des vents peut conduire à une production éolienne faible. Ces capacités « pilotables » sont les centrales nucléaires, les installations hydroélectriques et les centrales thermiques à combustibles fossiles et à biomasse.
  C’est pourquoi les capacités électrogènes dites «pilotables», c’est-à-dire disponibles à la demande et non pas en fonction des conditions extérieures, vent et soleil, doivent être dimensionnées pour pouvoir répondre plus ou moins seules à cette demande de pointe, modulo le potentiel d’importation depuis les pays voisins.
  Ces capacités «pilotables» sont les centrales nucléaires, les installations hydroélectriques et les centrales thermiques à combustibles fossiles et à biomasse.


Les économies d’énergie sont un vrai sujet
  Face aux enjeux climatiques, la France va devoir se défaire de ses centrales à combustibles fossiles, dans l’ordre suivant: fioul et charbon puis gaz.
  Un premier moyen d’en fermer certaines sans déséquilibrer le réseau est d’économiser l’électricité, par exemple en isolant les bâtiments, en renforçant les normes d’efficacité des équipements électriques, en remplaçant les radiateurs électriques à convection par des pompes à chaleur, etc. Ces économies peuvent être complétées par une flexibilisation des usages, en décalant certaines consommations, éviter d’utiliser les chauffages électriques entre 18h et 20h, par exemple.

À lire aussi : Green Deal européen: «Cessons d’incriminer le nucléaire!»

  Si on observe l’évolution de la consommation totale d’électricité ces vingt dernières années, les économies réalisées ne sont pas flagrantes. La consommation a même plutôt eu tendance à augmenter légèrement sur la période.
  Dans tous les cas, cette tendance à la hausse devrait se renforcer significativement avec la nécessaire électrification de la mobilité et d’une partie de l’industrie pour remplacer les combustibles fossiles.  Côté flexibilisation c’est pareil, très peu de progrès ont été réalisés.


Le réseau électrique est «sans marge»
  Ces dix dernières années, la France a fortement réduit son parc pilotable : - 8,7 GW de capacités fossiles, et - 1,8 GW de nucléaire avec la fermeture cette année de la centrale de Fessenheim. Le système est à présent «sans marge» pour reprendre les mots de RTE.
  Or, c’est de l’existence de marges que dépend notre capacité à faire face à des aléas tels que la pandémie de Covid - qui a contraint EDF à revoir le calendrier des maintenances de réacteurs - et des hivers particulièrement froids. D’où l’incertitude aujourd’hui quant au fait que nous puissions passer l’hiver sans coupure d’électricité.Contrairement à ce qui a pu être dit, la part de l’énergie nucléaire dans le bouquet électrique français n’est pas en cause
  Cette situation est amenée à s’aggraver dans les prochaines années car de nombreux pays européens - dont la Belgique, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et le Royaume-Uni - prévoient également de fermer des capacités pilotables, chacun comptant sur ses voisins pour lui fournir de l’électricité en cas de besoin. Or, la situation apparaît de plus en plus critique et les gestionnaires des réseaux électriques européens - comme Elia en Belgique et TenneT aux Pays-Bas - ne cessent d’alerter leurs gouvernements à ce sujet en les appelant à se coordonner.
  Contrairement à ce qui a pu être dit, la part de l’énergie nucléaire dans le bouquet électrique français n’est pas en cause, sauf à souhaiter la remplacer par d’autres capacités pilotables qui ne peuvent être que des centrales à combustibles fossiles, probablement à gaz, ce qui serait incompatible avec l’objectif d’atteindre la neutralité carbone. Si nous avions moins de centrales nucléaires, la situation serait encore plus tendue.

À lire aussi : Maxence Cordiez: La France produit-elle encore assez d’électricité?

  Un système électrique n’est pas un jeu de mikado, dans lequel le but serait de fermer indifféremment et progressivement des unités de production électrique jusqu’à ce que le système, au bord de l’instabilité, frémisse. Si nous voulons atteindre l’objectif de neutralité carbone, ce qui sera extrêmement complexe, nous devons traiter ces questions de manière pragmatique.
  Cela impose de ne pas fermer de réacteurs nucléaires qui peuvent encore fonctionner et d’anticiper dès aujourd’hui le renouvellement du parc. Sans cela, nous finirons par perdre sur tous les tableaux: le climat et la sécurité d’approvisionnement électrique. Nous disposons de toute les informations pour agir. Si nous ne le faisons pas, c’est par choix mais nous devrons alors en assumer les conséquences.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

TOUT COMME L' UNION EUROPÉENNE, L' AUSTRALIE ENTRETIENT LE MYTHE DU TOUT RENOUVELABLE CONTRE SA POPULATION

  Les citoyens du monde libre se mobilisent contre la " transition énergétique ",  du moins, celle, qui, tout en promettant le b...