Pays-Bas : fuir l'éolien pour ne plus souffrir dans son corps

"...Maintenant, suivez-moi bien, et dites-moi si ce que vous allez entendre est naturel!"
Honoré de Balzac, L'épopée impériale, Scènes de la vie de campagne : Le médecin de campagne.


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Rencontre avec les réfugiés climatiques néerlandais fuyant les parcs éoliens " incroyablement bruyants"

Edwin Timmer
2020 11 02

  Les premiers "réfugiés climatiques" néerlandais sont une RÉALITÉ. Non pas à cause de la mer qui monte mais, parce que ces citoyens ont leurs corps meurtris par le bruit et les infrasons des éoliennes.
  Mais, il n'y a pas que les machines de "guerre" en cause. Les habitants proches des centrales à biomasse se plaignent également.. La santé et l'environnement aux Pays-Bas sont-ils subordonnés à nos objectifs climatiques ? "Je vois une similitude avec le gaz de Groningue et les mines du Limbourg : les intérêts énergétiques l'emportent sur les autres intérêts."
  Chaque fois qu'il traversait le pont Haringvliet au volant de son bus de transport public Connexxion [société néerlandaise de transports publics urbains et régionaux], Claus van de Wiel regardait avec inquiétude vers le nord-ouest. À dix kilomètres, se dressaient 5 éoliennes, de 200 mètres de haut, près de Piershil.
"Comment va le vent ? N'est-il pas trop fort? Comment sera-t-il quand je rentrerai à la maison ? Est-ce que ce sera un autre soir où le bruit des turbines grondera comme un surf roulant et rugissant au-dessus de la télévision ? "Je n'ai pas dormi d'un iota. Parfois, je suis remonté dans le bus après seulement trois heures et demie de sommeil".

le Haringvliet est la "porte d'entrée de l'Europe". @https://www.tellerreport.com/life/--north-sea-water-flows-into-haringvliet--the--front-door-of-europe--is-open-.rJcxklLlS.html

 
Windfear
Windfear. D'autant plus, que le chauffeur de bus et sa compagne, Ine van den Dool, ont été des victimes de l' éolien après l'installation de la zone industrielle de Spui, à 500 mètres de leur maison. Le promoteur se vantait pourtant, à l'époque, et encore aujourd'hui, que ces machines étaient si silencieuses, les "Rolls-Royce" des éoliennes  "Mais nous avons été traumatisés. Le bruit était insupportable. La maison a été construite par mes parents, j'y ai grandi et je pensais ne partir qu'entre six planches, mais nous ne pouvions plus le supporter", raconte Aan de Wiel.
  Des infrasons frappaient les façades de trois côtés. Même les taupes ont disparu de leur jardin.
  Van den Dool aimait la verdure et l'espace dans le Hoeksche Waard [îles de la Hollande-Méridionale ]
  "C'était un endroit paradisiaque et guérisseur. Où nous étions assis dans le jardin avec des amis jusqu'à tard dans la nuit. La zone industrielle éolienne a détruit cela. C'était comme si un avion à réaction tournait sans fin au-dessus de nous. J'ai développé un asthme sévère et je ne pouvais pas m'arrêter de tousser la nuit. Comme si mon corps criait : "Au secours! Sors nous de là!"
  Et c'est ainsi qu'ils sont partis. Et sont devenus des "réfugiés climatiques" dans leur propre pays.

 Paysage du Hoeksche Waard. @hoekschewaardbouwgrond.nl

 
Le bruit des turbines

  C'est la compression de l'air lorsqu'une pale passe devant le mât qui fait le bruit typique d'une turbine.
  "Nos normes de bruit pour les éoliennes sont beaucoup plus souples que dans les pays voisins", explique Fred Jansen, de Schagen.
  Il y a dix ans, en tant que président de la National Critical Platform for Wind Energy [Plate-forme nationale contre l'énergie éolienne], il s'était déjà opposé aux nouvelles normes de bruit du gouvernement. Selon lui, elles ne jouent qu'en faveur des constructeurs de zones industrielles éoliennes. "Les résidents locaux sont les victimes".
  L'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande que le bruit des éoliennes soit maintenu en dessous d'une moyenne de 45 décibels par jour. Un bruit plus fort "est associé à des effets néfastes sur la santé", selon le rapport 2018 "Environmental Noise Guidelines for the European Region".
  Cependant, la législation néerlandaise autorise une moyenne de 47 décibels pendant la journée et des pics bien supérieurs à 50 décibels. 3 décibels supplémentaires entrainent donc un doublement, cela permet de faire des économies, estime M. Janssen.
  Marcel Blankvoort, expert en environnement, aménagement du territoire et du Droit, confirme la position exceptionnelle des Pays-Bas. Notre pays travaille avec des moyennes, alors que d'autres pays d'Europe occidentale, à part la Norvège, autorisent une charge de pointe maximale.
  "Et nous n'incluons pas le bruit de fond. Ailleurs, une turbine dans une zone industrielle est autorisée à faire plus de bruit qu'à la campagne, parce qu'il y a de toute façon plus de bruit là-bas. Ici, la même norme s'applique partout. C'est pourquoi les éoliennes situées dans un polder auparavant calme sont plus susceptibles d'être perçues comme une détérioration du cadre de vie".
  Dans le Nijpelsian landscape ["paysage" de Nijpelsian], du nom du porteur de l'accord climatique néerlandais, les zones industrielles éoliennes "dégueulent" et, leurs ondes sonores frappent de plus en plus de citoyens.
  Malheureusement, il n'y a pas que l'énergie éolienne que le gouvernement favorise, sur le papier, pour réduire de moitié les émissions de CO2 d'ici 2030. En subventionnant la combustion de la biomasse ligneuse, il aide également les comptables de La Haye à se conformer à l'accord de Paris.
  Des milliards d'euros de subventions ont déjà été promis pour des centaines de centrales à biomasse. Mais les nuisances pour les riverains ont provoqué un vif débat social sur la combustion du bois.
  "Récemment, notre chambre était à nouveau pleine de fumée", explique Rini Ruitenschild de Ede. Il vit avec sa famille à une distance de 180 mètres d'une des centrales de biomasse locales, qui ne brûlent pas de gaz mais du bois pour le chauffage urbain.
"Ce n'est pas la première fois. Ma femme a un problème de poumon. Si toute votre maison est à nouveau remplie d'air pollué, alors vous deviendrez indiscipliné." Officiellement, l'entreprise de chauffage respecte les règles.
  Cela s'applique également à Zaandam. Mais les résidents de l'appartement pour personnes âgées De IJdoorn en ont marre. Depuis le onzième étage, Co et Jeanne Meester voient régulièrement de la fumée s'échapper de la cheminée beaucoup plus basse de la centrale à biomasse, à environ 200 mètres de là.
"La puanteur est insupportable. Comment peut-on autorisé une telle chose au milieu d'une zone résidentielle, juste à côté d'une école et à proximité d'un hôpital ?" Dit Meester. "Nous sommes préoccupés par les effets sur notre santé et celle de mes colocataires."


Les questions de santé
  Les inconvénients de la combustion du bois à des fins énergétiques sont connus depuis des années, explique Fenna Swart du Clean Air Committee [Comité de l'air propre].
  "C'est cher, ça détruit les écosystèmes et c'est mauvais pour la biodiversité. De plus, l'émission de la combustion du bois provoque une pollution de l'air. Nous n'avons même pas de normes pour les particules ultrafines qui pénètrent dans nos poumons. Et puis il y a d'autres substances très préoccupantes contre lesquelles aucun filtre ne peut rien. Ce n'est pas sans raison que les personnes qui cuisinent au bois dans les pays en développement développent des problèmes de santé. Et nous y revenons maintenant à grande échelle, aux Pays-Bas et dans toute l'Europe".
  La Dutch Lung Foundation [Fondation pulmonaire néerlandaise, organisation caritative néerlandaise qui a pour slogan "des poumons sains pour tous"]  est également préoccupée par les effets sur la santé et reçoit régulièrement des plaintes concernant les brûleurs de biomasse.
  En été, la Fondation a répondu avec satisfaction à la "suppression progressive de l'utilisation de la biomasse ligneuse", comme le souhaite le Conseil économique social, un important conseil consultatif du gouvernement néerlandais.
  "Mais nous ne voyons encore rien de cette élimination progressive", critique M. Swart. "Parce que le ministre Eric Wiebes ne parvient pas à le concrétiser avec une date de fin et des programmes de rachat. La Chambre des Représentants reste en attente. L'industrie et la politique s'accrochent l'une à l'autre et notre santé est en danger".


"Le syndrome des éoliennes"
  À Piershil, Ine Van den Dool a cherché une explication à ses problèmes physiques depuis que les éoliennes tournent. Elle est tombée sur le "syndrome des éoliennes", un terme inventé par le médecin américain Nina Pierpont.
  Sur le plan scientifique, il y a encore beaucoup de discussions, mais Pierpont a enregistré une liste de plaintes identiques concernant plusieurs personnes qui vivent à proximité d'éoliennes : troubles du sommeil, maux de tête, acouphènes, vertiges, nausées, irritations et arythmies cardiaques.
  "Très reconnaissable. S'endormir et rester endormi n'était plus possible. Je fuyais la maison aussi souvent que je le pouvais".
  Les médecins néerlandais s'agitent aussi progressivement. Certains médecins généralistes, comme Sylvia van Manen dans le magazine Medisch Contact, mettent déjà en garde contre les effets des bruits de basse fréquence, des ombres portées et des lumières rouges clignotantes la nuit.
  Le centre médical de l'université de Leyde a récemment reconnu une aggravation des maladies cardiaques due aux bruits de basse fréquence.
  "S'il y a tant d'éléments qui confirment que c'est un problème, alors ne devrions-nous pas enquêter davantage? ", déclare Fred Jansen. "Ou, au minimum, suivre les recommandations e l'OMS. Ainsi, cela déboucherait automatiquement sur moins d'éoliennes installées aux Pays-Bas".


Intérêts énergétiques

  Au sein de la société d'ingénierie Cauberg Huygen, Marcel Blankvoort travaille en tant que leader du savoir pour les développeurs de zones industrielles d' éoliennes ainsi que pour les groupes d'intérêt qui s'y opposent.
  "Il s'agit toujours d'un compromis entre plusieurs intérêts, notamment ceux des habitants et de la production d'énergie. Il est clair, cependant, que notre gouvernement, par ses décisions en matière de normes de bruit, a fait sciemment le choix de la durabilité grâce à la transition énergétique. Je vois une similitude avec le gaz de Groningen et les mines du Limbourg : les intérêts énergétiques l'emportent à nouveau sur les autres".
  Les réfugiés climatiques de Piershil ont déménagé dans un endroit plus calme sur Goeree-Overflakkee depuis l'été. Ils sont la sixième famille en deux ans à quitter Oudendijk.
 Dans le bus, Aan de Wiel dit maintenant qu'il se sent beaucoup plus calme :  "Je comprends maintenant la situation de stress gigantesque dans laquelle nous vivions. C'était comme si j'étais là à attendre ma mort ; une fois à la maison, je n'avais plus envie de faire quoi que ce soit. Mais s'ils démontent ces turbines demain, j'aimerais bien y retourner. L'endroit où j'étais avant me manque".
  Nous ne sommes plus des "citoyens bunkerisés"", convient son partenaire. "Nous ne pouvions pas dormir là avec la fenêtre ouverte, ni nous asseoir dans le jardin. Ici, nous vivons à nouveau dehors. Et nous dormons comme des marmottes, comme si nous avions besoin de dormir pendant un siècle".
  Deux semaines après le déménagement, Van den Dool a cessé de prendre le médicament Ventolin, car ses problèmes d'asthme ont disparu comme neige au soleil. C'est une coïncidence ? "Non, cela me prouve la vie anormale que nous avons dû mener sous la violence de ces turbines pourries".


De Oudendijk à Goeree-Overflakkee, la fuite en avant des réfugiés néerlandais. @www.viamichelin.nl

  Plus d'informations sur De Telegraaf (en néerlandais)

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