Campagnes solidaires: Luttes d'automne

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Novembre 2015


Le tiers des paysan.ne.s de France déclarent des revenus inférieurs à 640 euros par mois. Mais tou.te.s paient une cotisation maladie à hauteur d'un revenu de 640 € par mois. Insupportable pour beaucoup qui ne parviennent pas à ce minimum de rémunération, et pour celles et ceux qui s'installent progressivement dans le métier. La bonne nouvelle est enfin arrivée. La cotisation maladie sera proportionnelle au revenu. C'était une vieille revendication de notre syndicat. Victoire !

En espérant qu'on osera aussi regarder du coté de celles et ceux qui gagnent plutôt bien leur vie. Certaines cotisations sont bloquées à 3000 euros mensuel de revenu. Qui gagne plus ne paie pas davantage. Que de chemin à parcourir encore sur ces chapitres de la contribution et des prestations sociales, jusqu'aux retraites de misère des paysan.ne.s. Payer selon ses moyens et bénéficier selon ses besoins, voilà ce qui nous paraît juste.

La Confédération paysanne ne se complaît pas longtemps en satisfactions. La revendication et la colère redeviennent rapidement le quotidien.
Cette Pac qui n'en finit pas de se décider vient d'accoucher d'une très drôle de disposition. Les éleveurs et éleveuses qui auraient déclaré des surfaces de pâturage qui ne sont pas tout à fait de vertes prairies à l'herbe grasse se prendront une « visite » de contrôle, soupçonné.e.s d'avoir fait des surdéclarations à l'heure de consignes bien imprécises. Ce sera de la tension chez tous ceux et toutes celles qui valorisent avec leurs animaux bien davantage que les belles surfaces enherbées. Pourquoi s'en prendre aux élevages qui font vivre l'agriculture paysanne et le pastoralisme ? L'essentiel des montants de l'Europe va sur des productions et des surfaces qui n'auront aucun compte à rendre: Indécent !

Au pays de la ferme-usine aux mille vaches, c'est aussi la colère. Ramery avait introduit sans autorisation 300 vaches qui se rajoutaient aux 500 à l'entrée desquelles nous avions déjà résisté. Illégales, ces 300 vaches là: Elles seront retirées, avaient dit les plus hautes autorités. On y compte bien, lorsqu'on sait ce qu'il en coûte à n'importe quel élevage de ce pays quand il se fait repérer avec un défaut de déclaration de veau nouveau-né ! Là bas, à l'usine, la règle est toute autre. On laisse traire les 300 vaches en trop pendant des mois et on s'apprête maintenant à régulariser leur présence derrière l'enquête publique annoncée pour novembre. Complaisance ou impuissance, peu importe, c'est juste inacceptable.

À la fin du mois, le monde entier va regarder la France qui captera toutes les attentions comme en tout début 2015, après l'attentat à Charlie Hebdo.
À quelques semaines du scrutin des régionales, aussi bien dans le rural profond que sur les métropoles scintillantes, l'espérance des citoyen·ne·s semble bien émoussée et l'envie de se recroqueviller sur soi menace de l'emporter. Ordre, travail, famille, individualisme: Voilà des ritournelles d'un autre temps qui pourraient reprendre du service si l'on n'y prend garde.

Dans le même temps, le grand rendez-vous de la Cop 21 sera sans doute une vaste opération de communication pour les gouvernants. Parions que les mobilisations citoyennes seront l'amorce d'un enthousiasme retrouvé par delà les frontières, pour toutes celles et tous ceux qui croient à de vraies valeurs de justice sociale, d'égalité, de solidarité, d'humanisme et de laïcité. Un autre monde est possible, construisons-le enfin: Ça urge !

Mikel Hiribarren,
paysan au Pays Basque,
secrétaire national de la Confédération paysanne


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